L’art du bonsaï sous toutes ses formes

Journal du Japon vous propose aujourd’hui de vous pencher sur un art ancestral, celui de reproduire la nature en miniature, c’est-à-dire l’art du bonsaï. Nous avons sélectionné pour vous quatre ouvrages, aussi différents que complémentaires, pour mener à bien cette traversée. Car s’intéresser aux bonsaïs, c’est aussi découvrir tout un pan de la culture et de la philosophie japonaise…

L’art du bonsaï : philosophie et pratique

Deux livres, chacun écrit par un auteur différent, existent sous ce titre. Si le premier (publié aux éditions Marabout) vous permettra d’en savoir plus sur la philosophie et l’histoire aux origines de cette pratique, le second (publié chez Ulmer) vous donnera les bases nécessaires pour vous lancer à votre tour sur ce chemin ! Deux approches différentes qui se complètent et se répondent.

L’art du bonsaï de Bruno Heller : « La pratique des petits arbres en pot fait grandir les hommes »

Bruno Helmer, maître du bonsaï français, nous fait découvrir sa passion à travers un livre à la couverture magnifique, à la mise en page et aux illustrations claires. Nous plongeons avec délectation dans l’univers du bonsaï : son histoire, sa philosophie, son vocabulaire et ses techniques permettant de faire naître à son tour un arbre en pot.

Mais savez-vous ce que signifie ce terme, « bonsaï » ?

Le mot « bon » évoque le pot, la coupe ou le récipient alors que le vocable « saï » est l’action de cultiver. Vous remarquerez que le mot « ki », l’arbre, est absent de notre histoire mais il est entendu pour tout le monde que le bonsaï est un spécimen d’arbre planté en pot, cultivé à l’extérieur et, attention, jamais à l’intérieur !

Une note accompagne ces explications : il arrive néanmoins de trouver chez les débutants des bonsaïs cultivé en intérieur (espèces tropicales ou subtropicales uniquement), mais nombre d’espèces ne le permettent pas. Bien plus qu’un guide pratique, ce bel ouvrage est un véritable livre d’art : les photographies sont magnifiques et présentent de véritables chefs-d’œuvre du bonsaï. Créations sur pierre (forme Ishizukuri), troncs multiples, pommetier de Siebold (Malus sieboldii) avec ses fruits (qui font la taille de groseilles)…

Divisé en plusieurs parties claires et concises, ce livre nous propose dans un premier temps de découvrir l’histoire et les origines du bonsaï, puis de comprendre comment élaborer un projet avant de voir les différentes espèces d’arbres et enfin de s’intéresser au matériel et à l’entretien. Un lexique des termes japonais en fin d’ouvrage vient compléter le tout.

Disponible à 21€90 dans toutes les bonnes librairies ! Plus de renseignements sur le site de l’éditeur.

L’art du bonsaï de Léo Di Mario : « Où commence le lien à l’arbre, à la nature, et où commence l’égo ? »

Léo Di Mario, jardinier paysagiste, s’est formé auprès de maîtres renommés au Japon. Plus technique que l’ouvrage précédent, il aide tout débutant à prendre confiance en lui et à bien connaître son arbre grâce à ses photographies et son graphisme. Avec lui, tailler, pincer et ligaturer n’aura plus de secret pour vous ! Et au-delà du plaisir du jardinage, l’auteur nous invite à prendre connaissance de l’aspect philosophique derrière cette pratique.

Nous avançons avec lui. Nous vieillissons avec lui, et si nous sommes compétents nous mourrons avant lui, et il passera dans d’autres mains, découvrant un nouveau bonsaïka.

Il trace les liens entre cette pratique et celle du zen ou de la méditation. Des arts de vie, où l’on apprend à contempler, à écouter, à nous recentrer… Faire naître ou continuer à entretenir des bonsaïs est une manière de garder un lien avec la nature, de nous rappeler au quotidien d’où nous venons et de créer une forme d’amitié avec nos arbres. L’auteur va jusqu’à les comparer à des enfants : « Si nous y parvenons […] nous ne ferons qu’un avec nos arbres. Nous n’élevons pas nos enfants dans le but de nous valoriser, mais pour leur donner le meilleur de nous-même, le plus possible de valeurs et de moyens de réussir, et qu’ils soient heureux, épanouis. »

Bien loin de l’image occidentale du paysagisme où les arbres sont là pour être pliés à notre volonté dans des formes qui nous représentent, l’art du bonsaï amène à révérer la nature et à faire croître des arbres immortels… Le bonsaïka ne les façonne pas pour obtenir une reconnaissance quelconque, mais plutôt pour engager un dialogue avec eux et se reconnecter à une certaine humilité.

Lorsqu’ils prennent un bonsaï en mains, les Japonais commencent par le regarder sous toutes ses coutures mais ils n’hésitent jamais très longtemps, car ayant vu des milliers d’arbres dans leur vie, ils savent exactement comment travailler le sujet, quoi faire, jusqu’où pousser et surtout ce qui sera le plus adapté, le plus juste pour lui, pour le mettre en valeur et révéler son potentiel. Ils savent écouter et regarder, mais en se mettant totalement en retrait. Ils sont au service des arbres uniquement.

Extrêmement complet, le livre s’articule autour de six grandes parties : l’origine et la présentation, comment comprendre la structure d’un bonsaï, les principaux styles, les techniques avancées pour le travailler, des études de cas et enfin tout ce qui concerne l’exposition et la mise en valeur d’un arbre.

Disponible à 25€ dans toutes les bonnes librairies ! Plus de renseignements sur le site de l’éditeur.

Que recèle véritablement cet art ancestral ?

Ces deux ouvrages révèlent ce qu’est réellement un bonsaï : un regard, une réflexion sur la relation entre l’homme et la nature. Ici, il n’est pas question de torturer un arbre, mais de l’accompagner en douceur dans sa pousse, avec lenteur, observation et réflexion. Cultiver un bonsaï est toute une philosophie de vie… c’est aussi l’éloge de la patience ! Aucun résultat n’est acquis d’avance. Maîtrise des codes et hasard se mêlent pour façonner ces petits arbres.

Nous découvrons ainsi qu’ils peuvent représenter, en groupe, une mini-forêt. Que leur écorce peut être travaillée en bois mort (jin et shari). Quelle importance recèlent le nebari (base du tronc aux racines apparentes) et l’harmonie à respecter avec la forme et la couleur du pot. L’existence d’une terre spéciale venue du Japon (substrat idéal qu’est l’akadama ou le kiryû). Que selon les espèces, leurs racines doivent être taillées et leur substrat renouvelé régulièrement… Ou encore qu’ils sont généralement accompagnés d’une petite sculpture qui sert, lors des expositions, à inscrire l’arbre dans une saison ou un paysage défini…

Il existe de nombreux styles et formes de bonsaïs, toutes très bien décrites et illustrées dans ces ouvrages. C’est un pur délice de découvrir tous ces arbres ! Nous comprenons rapidement que, comme dans une forêt, les bonsaïs ont besoin d’un écosystème riche et cohérent (terre, soleil, eau) qui doit être soigneusement entretenu par l’Homme. Ils requièrent un regard et des soins constants. Ils évoluent sur des dizaines, voire des centaines d’années et se transmettent de génération en génération. Les bonsaïs sont ainsi des vecteurs de liens, liens entre la nature et les êtres humains mais aussi entre les humains eux-mêmes, qui se doivent de les transmettre à leurs enfants pour que la vie continue.

Guides pratiques pour entretenir son propre bonsaï

Le petit Larousse des bonsaï d’Isabelle et Rémy Samson

Guide pratique aux jolies photographies, ce livre présente une introduction de presque 80 pages présentant étape par étape et avec force illustrations, les différentes techniques permettant de s’occuper au mieux de votre bonsaï. Après avoir rappelé ses origines, présenté ses symboles et ses styles, les auteurs expliquent en détail le semis, bouturage, marcottage et greffage. Puis c’est au tour du choix et de l’entretien : rempotage, taille et ligaturage, engrais, techniques spéciales, outillage nécessaire, maladies et soins, etc. Tout le reste de l’ouvrage est ensuite consacré aux différentes espèces, classifiées par ordre alphabétique et décrites en détails : comment les créer, les entretenir et les soigner.

La production et l’entretien du Bonsaï comportent un rituel rigoureux dont les prescriptions sont immuables. Les premiers Bonsaï étaient des arbres prélevés dans la nature : des arbres que de mauvaises conditions de vie avaient miniaturisés naturellement. Aujourd’hui, en Europe comme au Japon, il est interdit de prélever des végétaux. Cependant, on peut créer soi-même son Bonsaï, de différentes façons.

Le petit Larousse des bonsaï a le mérite de donner des explications clairement illustrées, présentant « en direct » toutes les étapes nécessaires via des photographies du spécialiste de ces arbres en plein travail.

Disponible au prix de 22€95 ! Plus de renseignement sur le site de l’éditeur.

La Bible des Bonsaïs de Peter Chan

Uniquement descriptif, le livre de Peter Chan (traduit de l’anglais par Antonia Leibovici), s’attarde quant à lui sur la description de chaque espèce d’arbre pouvant devenir bonsaï.

Il pourra venir aider les amateurs qui auront franchi le pas de l’achat ou de la pousse d’un arbre miniature. Ce petit livre se présente comme un guide pratique et didactique pensé pour l’entretien de son arbre (emplacement, risques de maladies, entretien spécifique…) et le choix de l’essence.

Après avoir rappelé que l’art du bonsaï est né en Chine avant d’arriver au Japon, l’auteur précise :

Actuellement, les bonsaïs sont présents dans le monde entier : ils règnent en maîtres dans la plupart des pays asiatiques, dont l’Inde, l’Indonésie, le Vietnam, le Sri Lanka, sont devenus populaires en Europe et en Amérique du Nord, sont cultivés en Australie, en Afrique et en Amérique du Sud. Il n’y a pratiquement pas de pays où l’art des bonsaïs ne soit pas pratiqué aujourd’hui.

Présentant les 180 espèces les plus populaires classées en quatre catégories –bonsaïs d’extérieur conifères, bonsaïs d’extérieur feuillus, bonsaïs d’extérieur à fleurs et bonsaïs subtropicaux d’intérieur– sur presque 300 pages, il comprend également une introduction qui explique dans les grandes lignes comment s’en occuper. Un livre pratique, donc, qui peut aider à s’occuper correctement de son arbre une fois le projet entamé, mais très éloigné de la philosophie originale.

Disponible au petit prix (et petit format) de 18€ ! Plus de renseignement sur le site de l’éditeur.

Peut-être qu’après ces lectures, vous irez comme nous, planter quelques graines d’arbres dans l’espoir de voir pointer une première pousse, prémices d’un futur arbre en pot et d’une complicité patiente avec la nature… Ou bien irez-vous simplement vous balader en forêt pour mieux respirer l’odeur de l’humus et vous laisser aller à observer les formes envoûtantes qui se créent dans les recoins des arbres tortueux qui la façonnent.