Kanoa IGARASHI : l’ambassadeur du surf japonais

A quelques jours de la dernière étape du World Championship Tour, le championnat annuel réunissant les 34 meilleurs surfeurs au monde, Journal du Japon vous emmène à la rencontre de Kanoa IGARASHI, 21 ans, 8ème au classement général et bien décidé à placer une fois pour toute, le Japon sur la carte du surf.

©Quiksilver

American dream

Sous la lumière des projecteurs depuis ses 11 ans, Kanoa IGARASHI a toujours représenté le pays où il est né, les États-Unis. Pourtant, depuis 2018, c’est sous un nouveau drapeau que le jeune homme surfe, celui de son pays d’origine, le Japon. Au cœur de cette double identité fondatrice dans sa carrière comme dans sa vie, un rêve, celui de son père, Tsutomu IGARASHI, surfeur de son état qui a choisi, avec sa femme, d’émigrer en Californie pour offrir à leur fils à naître l’opportunité qu’ils n’ont jamais eue, celle de devenir surfeur professionnel. C’est donc avec un poids particulièrement lourd sur les épaules que le jeune Kanoa a surfé ses premières vagues à seulement 3 ans. Le poids d’une double nationalité avec laquelle il a dû composer, envers et contre tout, vivant à l’américaine à l’école et à la japonaise une fois rentré chez lui, mais aussi et surtout celui du futur de sa famille, dépendant du succès d’une carrière où l’échec ne pouvait tout simplement pas être une option. Et le moins que l’on puisse dire est que ce pari, qui avait tout d’un projet fou pour ce couple ne parlant pas anglais et joignant difficilement les deux bouts au pays de l’oncle Sam, a fini par payer puisque Kanoa a gagné sa première compétition à 6 ans, avec déjà trois années de surf au compteur. À 11 ans, il signait son premier contrat avec son sponsor de toujours, Quiksilver. Depuis, il a fait le tour du monde un nombre incalculable de fois et surfé les meilleurs vagues de la planète. Surtout, en 2016, à seulement 18 ans, il s’est qualifié pour le CT, le Championship Tour, soit la compétition réunissant les meilleurs surfeurs du monde, confirmant à ses parents qu’ils avaient raison de croire en lui, et d’hypothéquer leurs vies pour sa carrière.

20ème du tour lors de sa saison de rookie (Ndlr : nouveau venu) , 17ème en 2017, Kanoa arrive cette année à Hawaï – où se déroulera, du 8 au 20 décembre, la dernière épreuve du CT, le Billabong Pipe Master – huitième du classement général. Au vu de ses performances les années précédentes sur cette même épreuve – 3ème l’année dernière et vice-champion en 2016, il fait partie des favoris pour gagner, non pas le titre de champion du monde qui est d’ores et déjà hors de sa portée, mais celui de vainqueur du Pipe Master, victoire qui terminerait en beauté ce qui est déjà sa meilleure année de compétition.

©Quiksilver via boardsportsource.com

De prodige en puissance à champion d’une nation ?

Par ailleurs, le jeune homme a grandi sous l’œil attentif de tous les médias de surf qui ont documenté son adolescence de façon méthodique, de ses premiers succès à ses voyages à travers le monde ou son amitié avec le surfeur italien Leonardo FIORAVANTI. C’est donc toute sa carrière, et par conséquent la quasi-totalité de sa vie qui est exposée dans de nombreux courts-métrages, si bien que Kanoa n’est pas étranger à la pression et semble même s’épanouir sous cette dernière. Cela, il l’a en effet prouvé en gagnant consécutivement, en 2017 et 2018, le Vans US Open of Surfing, à Huntington Beach, la ville et le spot où il a grandi, prouvant qu’il n’avait pas peur de porter avec lui les attentes de ses proches mais aussi de sa communauté tout entière. En choisissant le drapeau japonais pour sa saison 2018, devenant ainsi le premier japonais, et, par extension, le premier asiatique, sur le CT, c’est désormais à un autre niveau d’attentes que le jeune homme a dû faire face, puisqu’il ne s’agissait plus pour lui de représenter uniquement sa famille ou sa petite ville, mais un pays, voire un continent tout entier. Et à cet exercice, le moins que l’on puisse dire, est que Kanoa IGARASHI ne s’en sort pas trop mal, puisque non content de réaliser sa meilleure saison en individuel sous ses nouvelles couleurs, il a offert à l’équipe nationale du Japon pas moins que la médaille d’or aux World Surfing Game qui se sont déroulés, justement, au Japon, en septembre dernier.

  La génération des miracles ?

En 2020, c’est accompagné de deux lieutenants de choix que Kanoa prendra d’assaut les jeux Olympiques et essayera de ramener l’or à son pays d’origine, Shun MURAKAMI et Hiroto OHHARA. Focus sur ces deux espoirs du surf Japonais.

Shun MURAKAMI :

21 ans, originaire de Yugawara, dans la préfecture de Kanagawa, Shun MURAKAMI, ne brille pas vraiment sur le QS ( Ndlr : le circuit permettant de se qualifier pour le CT) où il est actuellement 207ème. Néanmoins, il a été essentiel à la victoire du Japon aux World Surfing Game où il a obtenu la quatrième place en individuel.

©ASP

Hiroto OHHARA :

21 ans lui aussi, originaire de Chiba, il surfe à Shidashita depuis toujours, ce qui devrait être un avantage de taille pour faire face aux meilleurs surfeurs du monde aux JO de 2020. Par ailleurs, il réalise une excellente saison 2018, se plaçant à la 38ème place du QS, et, surtout, participant à une étape du CT, le Surf Ranch Pro, étape dont il s’est fait éliminer par le gagnant et actuel numéro un mondial, Gabriel Medina. À noter aussi qu’en 2015, il remporte le Vans US Open of Surfing éliminant Kanoa en demi-finale face à son propre

© WSL

Si la victoire est déjà un succès en elle-même, elle représente avant tout une première étape pour toute une génération de surfeurs japonais qui n’ont plus qu’un objectif en tête, les JO de Tokyo, en 2020, où le surf sera, pour la première fois, une discipline olympique. C’est à cette génération que Kanoa, en abandonnant le drapeau américain, a voulu donner un exemple à suivre, espérant réussir, avec une bonne performance lors des JO, à offrir au surf asiatique l’impulsion qu’il attend pour se développer. Par ailleurs, en 2016, Quiksilver, pour célébrer son entrée sur le CT, avait réalisé une vidéo le montrant au Japon, impliqué dans la tradition du pays du soleil levant ; priant au temple, préparant des soba dans le restaurant de son oncle ou se recueillant devant la tombe de son grand-père et surtout, rencontrant ses fans à Tokyo. Arborer le drapeau du Japon pour les années à venir et aux Jeux Olympiques est aussi sa façon de remercier ses fans japonais, sa famille restée au pays et ses grands-parents pour la confiance qu’ils ont placée en lui depuis le début de sa carrière. Les remercier en leur offrant la possibilité de le voir surfer à domicile sous les couleurs de leur pays, et, pourquoi pas, le tout premier titre de champion Olympique de surf de l’histoire. Enfin, notons que le spot où se dérouleront les jeux en 2020, Shidashita, dans la préfecture de Chiba, a été découvert par … Tsutomu IGARASHI, le père de Kanoa ! Tout un symbole qui a, sans aucun doute, pesé dans la balance.

À 14 ans, habitué à voyager seul à travers le monde pour chasser les meilleurs vagues, Kanoa se casse la jambe. Face à la blessure il réalise non seulement que tout ce qu’il aime peut s’arrêter brutalement, mais aussi que, contrairement à ce qu’il pensait, il est encore un enfant. Sept ans plus tard, non seulement sa carrière n’a pas pris fin, mais elle est encore loin d’être à son apogée. Aujourd’hui, il est devenu un jeune adulte qui porte avec lui les espoirs et les ambitions de tout un pays et qui semble s’épanouir chaque jour un peu plus dans son statut de role model et d’ambassadeur de sa discipline.

1 réponse

  1. 19 août 2021

    […] Kanoa Igarashi, définitivement le “ikemen” de ces jeux, côté Japon, qui remporte la médaille d’argent de l’épreuve individuelle. Il est Américano-japonais, et il est né à Santa Monica aux Etats-Unis, il est le fils de Tsutomu Igarashi qui a fait le choix de partir avec sa femme vivre là où devenir surfeur professionel était possible. Un portrait intéressant a été fait par le journal du Japon en 2018.  […]

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