The Dark Pictures : Man of Medan – Le début d’une grande anthologie ?

Until Dawn, sorti en 2015 exclusivement sur Playstation 4, a marqué les esprits et s’est vite imposé comme un jeu d’horreur interactif réussi, inspiré des slashers du cinéma tout en ajoutant des éléments vidéo-ludique pour renforcer l’immersion. Après les très moyens Hidden Agenda, The Impatient et Bravo Team, Supermassive Games revient avec un projet ambitieux, celui de concevoir une anthologie d’horreur : The Dark Pictures Anthology. Édité par Bandai Namco Entertainment, le premier épisode nommé Man of Medan est sorti le 30 août 2019 sur Playstation 4, Xbox One et PC. Il a la lourde responsabilité de lancer cette série… de huit jeux, rien que ça !

Alors, que vaut donc ce premier opus ? Réponse dans ce test.

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Comme au cinéma

Entre 1947 et 1948, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un navire néerlandais du nom de SS Ourang Medan alors proche des eaux indonésiennes envoyait alors un message de SOS en morse. Deux navires sont alors envoyés à son secours. Quand celui-ci est retrouvé, l’équipage est sans vie, sans raison apparente, du capitaine au donneur d’alerte, tous décédés sans blessure apparente mais avec comme dernière expression celle de la peur.

Voici la véritable histoire ou plutôt le mythe qui a inspiré Man of Medan.

Le véritable SS Ourang Medan

L’histoire prend alors place une soixantaine d’années après ces événements. Comme pour Until Dawn, nous contrôlons plusieurs personnages à tour de rôle, ici au nombre de cinq. Ces jeunes adultes vont se retrouver à bord de ce bateau à la recherche d’un trésor. Le joueur influencera par ses choix le caractère, le destin et donc la vie des différents protagonistes.

Shawn Ashmore dans le rôle de Conrad

Shawn Ashmore dans le rôle de Conrad

Comme à son habitude, Supermassive Games compte sur son casting pour faire vivre ses personnages. On retrouve d’ailleurs Shawn Ashmore (ci-dessus) qui n’est pas inconnu au monde vidéo-ludique, ayant déjà une expérience avec Quantum Break. La plupart des autres acteurs sont assez méconnus mais font vivre leurs personnages parfaitement. Nous avons ici la force du studio, faire vivre des personnages comme au cinéma, avec une animation et une modélisation propres au studio, exploitant le photo-réalisme à tous les niveaux, que cela soit au niveau des visages, des expressions, et même des décors et autres effets de lumières splendides.

Tout ceci démarre donc, sur le plan visuel, assez bien, et laisse entrevoir également un potentiel pour le futur de la Dark Pictures Anthology. Les personnages que nous venons d’évoquer sont eux aussi bien construits et sortent des clichés habituels des jeux d’horreur.

 
Motion Capture

La motion capture toujours aussi impressionnante.

Malheureusement quand on se penche sur les autres caractéristiques du soft, le portrait est beaucoup moins flatteur…

Un sentiment d’inachevé ?

La base du jeu a de quoi nous intriguer de part son histoire : la déception est d’autant plus présente ! En effet, Supermassive Games a fait le choix de multiplier des jeux à plus petit budget pour cette anthologie, et ce manque de ressources se fait ressentir. Le jeu est moins bien finalisé et moins travaillé que leur dernier succès par exemple. Au delà du gameplay à proprement parler qui reprend le système de QTE (Quick Time Event) popularisé par Quantic Dreams et Telltale, le jeu est parfois limite techniquement : les personnages sont lents et lourds, et les mouvements de caméra, trop souvent fixes, ne facilitent pas l’exploration. Même si les personnages sont réussis, comme nous l’expliquions précédemment, les dialogues oscillent entre le bien écrit et le vide de sens, d’autant que les répercussions liées aux choix du joueur peuvent parfois manquer de logique au vu de certaines phrases. Toute cette faiblesse technique sera un des axes d’amélioration majeurs pour le studio pour les prochains épisodes. Enfin, niveau durée de vie, il vous faudra compter à peine quatre heures pour terminer le jeu une première fois.

La boussole des choix

Le sentiment d’inachevé est donc réel et on sent que le studio a voulu faire les choses trop rapidement en reprenant la formule à succès d’Until Dawn. Car le jeu ne manque pas d’idées intéressantes, sur le papier : un système de vision qui permet de voir les différents futurs possibles des personnages a été repris mais il est mal exploité et finalement artificiel. Chaque personnage dispose aussi de différentes jauges permettant de visualiser les relations établies au fur et à mesure de l’aventure avec les autres membres du groupe, chacun possédant leur propre trait de caractère que le joueur pourra influencer en fonction de ses choix. Cela aurait pu être un bon point mais au final ça ne sert pas à grand chose, si ce n’est débloquer des choix supplémentaires mais sans réel impact dans le jeu ! Comme pour le psychologue dans Until Dawn, ici, le quatrième mur est brisé par Le Conservateur (NDLR : le personnage parle directement au joueur, et sait que c’est un joueur !), qui vient narrer nos faits et gestes tout au long de l’aventure, une très bonne idée, mais quelle tristesse d’observer que celui-ci n’apporte pas grand-chose… dans Until Dawn, le joueur répondait à cet interlocuteur et la dialogue avait un sens et faisait partie du jeu lui même. Cette conversation n’a désormais plus la même influence que dans l’idée initiale, et c’est bien dommage !

Les relations entre les personnages présentées

Enfin, là où le jeu échoue réellement, c’est à nous faire peur. L’histoire est intéressante et assez bien racontée, l’ambiance est réussie même, pour un thriller, et c’est ce qui pousse le joueur à aller jusqu’au bout du récit pour connaître la fin. Mais cela manque tout de même d’un petit quelque chose : le frisson. Le jeu multiplie les jump scare mais au mauvais moment et ils sont donc peu efficaces, et on ne rencontre que peu de réelles expériences horrifiques comme on  pourrait s’y attendre.

Malgré tous ses défauts, Man of Medan n’est pas un mauvais jeu : disons plutôt qu’il essaye avec les « moyens du bord » de proposer une expérience intéressante, qui manque de temps et de finition. On peut enfin citer une dernière bonne idée, pour contrebalancer nos déceptions : un très bon mode coopératif, que ce soit en local ou en multijoueur, qui propose une expérience assez inédite. Chaque joueur contrôle alors un personnage, chacun faisant ses propres choix. Cette sensation de ne pas contrôler toute l’histoire et tous les personnages apporte un peu plus de suspense et de stress.




Suppermassive Games reprend ainsi une formule qui fonctionne normalement très bien, mais faute d’investissement – dans tous les sens du terme – ne marche pas aussi bien que pour Until Dawn. Loin d’être mauvais, The Dark Pictures : Man Of Medan n’arrive pas à nous faire peur, en ratant son immersion complète par une petite liste de défauts : des dialogues parfois bâclés, une réalisation technique très aléatoire et à un rythme en dent de scie. Mais tous ces défauts, s’ils empêchent ce coup d’essai de Bandai Namco d’être un coup de maître, peuvent être réglés et cela laisse à cette anthologie à fort potentiel toutes ses chances. Rendez-vous donc au prochain épisode, Little Hope, courant 2020 !

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