Gaming Memories #31 – Tail Concerto

Bienvenue dans ce nouveau numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, comme prévu, nous allons retourner dans un monde à la population anthropomorphe, et plus particulièrement dans la fourrure d’un jeune policier chevauchant son robot : Tail Concerto, le premier jeu de la société CyberConnect2 ! Si vous êtes prêts à (re)découvrir ses aventures dans un monde à tendance steampunk, alors c’est parti ! Accrochez-vous, on va voler d’île en île.

TC

Concurrence rude… et en retard.

Les origines de Tail Concerto remontent à 1996, alors que les très ambitieux et convaincants NIGHTS into Dreams et Super Mario 64 avaient déjà vu le jour. L’intention de CyberConnect (sans le 2 à cette époque) était de donner à la PlayStation un jeu en 3D aussi réussi que ces concurrents. Ils contactèrent alors Bandai qui s’est montré très intéressé par ce projet, qui finalement a pris deux ans pour se concrétiser. Le 16 avril 1998, il fut enfin commercialisé au Japon.

Le jeu eut un peu plus de mal à arriver en dehors du territoire nippon : la traduction en anglais fut visiblement un dur labeur qui lui valut de ne pas sortir à temps pour respecter sa deadline. A cause de cela, les droits et la traduction passèrent de studio en studio jusqu’à atterrir chez Atlus USA, qui profitèrent de cette occasion pour permettre de diversifier un peu leur parc de jeux et les genres y étant présents.




Trailer du jeu.

Il est à noter qu’avec ces versions, en fonction du pays, le jeu comporte des différences un peu incompréhensibles : par exemple, au Japon c’est la chanson For Little Tail interprétée par la célèbre musicienne KOKIA qui sert de thème principal. Le logo sous-titré en katakana est toujours présent dans la version US, mais c’est une autre chanson instrumentale qui remplace celle de KOKIA. En Europe, et plus particulièrement en France, les katakana disparaissent… mais on a bel et bien l’intro japonaise, sous-titrée dans notre langue qui plus est !

 

Il était une fois des îles flottantes




Le thème principal du jeu.

Tail Concerto nous met dans la fourrure de Waffle, un jeune inspecteur de police… qui commence son aventure un beau matin… où ses vacances étaient censées débuter ! Censées seulement, car à son réveil son supérieur l’appelle pour lui dire d’ailler voir en ville, où le gang des Chats Noirs sème la zizanie ! Il faut les arrêter, et forcément… vous avez compris qui va devoir s’y coller ? Après avoir stoppé le menu fretin du gang, il fait la rencontre de ses chefs : Stair, Flare et Alicia. Celle-ci et Waffle semble se connaitre, même si elle le nie… Mystère !

Peu de temps après cette rencontre, Waffle découvre que les trois petites chattes cherchent à s’emparer de cinq cristaux secrets, mais sans en connaitre leurs vrais pouvoirs. Les pierres précieuses, à la base, ont autrefois servi de source d’alimentation à un robot géant qui a détruit le monde lors d’une grande guerre, plusieurs siècles auparavant… mais comme Alicia, Flare et Stair ne sont pas courant de tout cela, qui sait ce qui pourrait arriver… ?!

 Tail Concerto  Tail Concerto

 

Steambot Waffle

Dans Tail Concerto, le héros que l’on contrôle passe le plus clair de son temps sur le dos de son robot, qui lui permet d‘effectuer différentes actions : se déplacer ou sauter bien sûr (il vaudrait mieux, dans un jeu de plate-forme…). Grâce aux bras de sa machine, il lui sera possible d’attraper un peu tout ce qui nous passe devant si c’est prévu – des objets à récupérer ou à jeter sur quelqu’un, ou pour se soigner –, ou même agripper certains ennemis. Les chatons que l’on doit capturer au début du jeu en sont un très bon exemple pour s’entraîner. Avec ses bras, il peut aussi « voleter », ce qui permet de rester un peu en l’air et y parcourir une plus grande distance.

Tail ConcertoOn peut se défendre directement, sans juste relancer les projectiles d’un ennemi en plein dans sa figure, en tirant des bulles d’eau et ainsi endommager un ennemi ou, si c’est possible, l’immobiliser pour le capturer. Parmi ses déplacements, Waffle pourra aussi se jeter sur les cotés ou en arrière afin d’esquiver une attaque. Car, en plus des ennemis par-ci par-là, le jeu vous confrontera à des boss au passage. Contre tout ce qui est hostile, il faudra veiller à sa jauge de vie pour ne pas être battu… et chuter de trop haut ou dans le vide fait aussi perdre des points de vie. Mais il est possible de revenir si l’on possède des « sifflets » en stock (un objet qui « invoque » automatiquement un collègue policier qui répare votre robot en cas de « mort »).  Mais sans eux, c’est game over.

Tout cela se fait au travers de différents endroits, que l’on visitera sur le dos du RoboArmure. Il n’y a généralement pas à chercher trois heures ce que vous devez y faire, car chaque étape du voyage sera l’équivalent des « donjons » que l’on croise dans nombre de jeux. De ce fait, on incarne très rarement un Waffle qui se déplace à pattes mais l’histoire avance tout de même, au travers de différentes quêtes. Tous sont réparties sur une « world map » sur laquelle on déplace le dirigeable miniature du canidé (on vous l’a dit que c’est un monde ou les îles volent… un peu comme dans Skies of Arcadia quelques années plus tard, en fait !) pour trouver sa destination. Et peu importe où l’on se trouve, il y a toujours des objets à ramasser (soins, sifflets ou parties d’illustrations pour ceux qui sont atteint de collectionnite).

Tail Concerto

Naviguez entre les différentes îles via la carte du monde (ici incomplète).

 

Valeureux petit Waffle

Tail Concerto est une production intégralement faite en 3D, si l’on excepte les cinématiques qui le coupent régulièrement, elles toutes droit sorties d’un anime japonais. Ces graphismes sont globalement corrects, plutôt jolis même si finalement, pour ceux qui y ont joué l’année suivante au minimum, il apparaisse déjà un peu daté. Cela ne l’empêche pas de garder son charme, et d’être beaucoup plus qu’une bouille de pixels.

Même s’il est globalement lisse et plaisant à voir, ce soft reste simple et souffre tout de même de quelques problèmes, par exemple de scintillements par endroits (une ligne au sol qui pour une raison inconnue clignote un peu…). Les visages des personnages sont corrects eux aussi, même s’ils ne sont pas des plus détaillés et voir que Waffle ne cligne jamais des yeux fait un peu étrange. Pourtant, les décors sont variés, le jeu est capable d’afficher de nombreux éléments dans une seule zone (voir par exemple le champ d’îlots sur lequel il faut retrouver quelqu’un…), et il ne manque pas de couleurs. Il n’y a pas deux PNJ identiques et l’on se plait à voyager sur les différentes îles de Prairie. On pourrait peut-être se plaindre de clipping (éléments qui apparaissent progressivement comme si l’on était dans le brouillard, NDLR) par endroits, mais ils sont toujours suffisamment lointain pour ne pas gêner. Tout cela fait de Tail Concerto une jolie œuvre dans la norme, sans être moins bien ni meilleure au final.

Tail ConcertoL’animation du jeu est fluide, rapide à réagir et les temps de chargement assez rares, ou en tous cas pas trop longs (cinq secondes quand on change de zone, au maximum – et on évite les écrans hideux avec une barre qui se remplit… lentement). Tout comme les graphismes qui font de leur mieux pour être agréables à l’œil, les mouvements sont souples, le jeu ne ralentit pas, et se permet même quelques petits « extras » (Waffle qui fait son salut militaire lorsqu’il croise quelqu’un à qui parler dans son village, ou le robot qui s’écrase façon cartoon quand on chute de trop haut…). L’action reste suffisamment rapide et réactive même lors des phases d’action pour éviter les problèmes, qui sont finalement surtout causés par la caméra… qui a le défaut d’être assez peu maniable.

On peut modifier la hauteur de sa visée via les gâchettes L1 et L2, mais surtout, de base, elle n’est pas recadrable naturellement. Elle est censée se remettre directement derrière Waffle en toutes circonstances et y parvient la majorité du temps, mais parfois et dans certaines conditions pas si explicables que cela, on n’a d’autre choix que de se déplacer et faire se retourner le petit policier pour qu’elle suive le mouvement… si elle est décidée à le faire. Cette fameuse phase où l’on vole d’île en île est même un cauchemar tant prévoir ses actions avec cette caméra est souvent hasardeux. C’est au final ce qui risque d’être le plus désagréable dans l’aventure…

Tail ConcertoTout s’enchaîne quasiment naturellement dans ce jeu, ce qui fait que l’on a rarement à fouiller pour trouver où est la suite de l’histoire. Certes, il n’y a au final pas tant de zones que cela à explorer, mais leur intérêt et charme suffisent à ne pas en avoir besoin de dizaines. Ce qui créée tout de même un petit problème en terme de durée de vie car en résumé, Tail Concerto se termine en à peine sept ou huit heures, même lors d’une toute première partie – ce qui le rend extrêmement faiblard à coté de ses « modèles » Super Mario 64 ou même Nights into Dreams. Mais comme nous l’avons dit plus tôt, pour ceux qui aiment collectionner des choses, on peut récupérer des tonnes de petits morceaux d’illustrations à visionner chez Waffle. Un petit bonus « sympathique ».

Nobuteru YÛKI, le character-design de Kids on the Slope, Vision d’Escaflowne ou encore Chrono Cross, nous offre ici un univers aux personnages anthropomorphes globalement assez kawaii et un peu enfantins, bien que rafraîchissants et attachants. Il se marie très bien avec l’univers mignonnet voulu, dans lequel personne n’est jamais vraiment méchant – enfin, presque. Mais, dans tous les cas, cela concorde avec un jeu plutôt abordable, grâce à des objets de soin réguliers et palliant souvent aux erreurs faites à cause du combo maniabilité trop rapide + caméra qui a décidé de faire ce qu’elle veut.

La bande-son, quant à elle, s’avère plutôt agréable et globalement légère, bien que comme souvent on puisse trouver certains thèmes meilleurs que d’autres. Les bruitages fonctionnent bien et même celui très « dessin animé » des pas de Waffle ne dérange pas tant que cela. Et surtout, le thème principal (voir plus haut) est envoûtant et charmant… dommage qu’il ait été changé dans la version US. On remarque, cela dit, que les thèmes musicaux du jeux sont souvent composés de boucles d’une minute ou deux, qui se succèdent avec un petit temps de silence, durant lequel la console rechargera le morceau dans un bruit de lentille bien audible…




 

Le thème US en question.

Bien qu’il soit modeste, surtout pour ses ambitions de se placer à coté des autres titres déjà cités plusieurs fois, Tail Concerto est finalement un petit jeu, mais un petit jeu qui fonctionne plutôt bien, qui est divertissant grâce à un rythme dynamique (l’exploration n’est jamais « trop » longue, les phases d’action non plus…) et une ambiance bon-enfant… qui divisera peut être les joueurs alors que, au vu de certains passages plus difficiles, il n’est pas adressé spécifiquement aux enfants dans sa globalité. Un jeu familial que l’on pourrait qualifier de familial, en somme ?

 TC TC 

 

Boules de poils et mecha +1

Force était de le constater, Tail Concertoavait marqué suffisamment de joueurs pour pouvoir faire un retour en 2010. Solatorobo : Red the Hunter (Sola to robo : and then, to CODA au Japon) est une sorte de suite spirituelle améliorée, qui reprend une majorité d’éléments du jeu d’origine. Ici, on y incarne Red, un canidé chasseur de prime, ou plutôt chien à tout faire. Il va devoir visiter plusieurs îles du continent voisin à Prairie, où il vit. Accompagné de sa sœur adoptive Chocolat Gelato (… aucun commentaire, s’il vous plait) à bord de son vaisseau, il va finir par faire la rencontre de Elh, une félidée mystérieuse et poursuivie pour une raison que nos héros ignorent. Mais finalement, ils vont décider de l’aider malgré le danger que cela représente… entre missions annexes et exploration des différentes îles qui s’offrent à eux.

Si Red passe le plus clair de son temps sur le dos de son robot (comme Waffle), il peut en descendre afin d’explorer certains endroits, et surtout améliorer sa machine avec diverses pièces de plus en plus puissantes. La customisation de l’appareil est bien plus mise en avant car le nombre d’emplacements pour insérer des améliorations est limité, et il est aussi possible d’en changer le type selon son choix au bout d’un moment (défensif, offensif…). Si l’on retrouve des figures connues le temps d’un chapitre, on constate aussi que le scénario et la durée de vie ont largement pris du galon. Deux « épisodes », au final deux jeux en un forment une histoire plus complexe, plus sérieuse car elle explique enfin ce qui est arrivé au monde… ce qui se trouve au sol, très loin en dessous des nuages.

Le jeu n’était pas non plus un très gros soft, mais suffisant pour être joli à regarder avec un character-design toujours accrocheur, et une maniabilité bien plus correcte. Le fait qu’il soit en 3D mais avec une caméra qui ne bouge que pour suivre le personnage (donc plus façon 2D avec de la profondeur dans les tableaux) le rend bien plus jouable. On regrettera peut-être un peu qu’il se déroule entièrement sur l’écran tactile de la console, pour une raison inconnue (mise à part éventuellement un manque de moyens… ?), alors que sa fonction principale (le tactile, donc) n’est pas spécialement utilisée… malgré cela, Solatorobo reste un jeu plaisant à faire.




 

L’opening du jeu en question. Un vrai petit anime charismatique.

La série « Little Tail Bronx » dont font partie ces deux jeux ne s’arrête pas là, puisqu’il existe un free-to-play sorti sur mobile japonais en 2014. Et depuis 2019, on parle d’un nouvel épisode ! Autant dire que l’on n’a peut-être pas encore fini d’entendre parler de la série de CyberConnect2. Tail Concerto, quant à lui, restera sans doute l’un de ces « petits jeux » qui doit avoir tout de même marqué ses joueurs, pour une raison ou une autre. Soyons honnêtes : avec un peu de tolérance et un regard d’enfant, l’aventure de Waffle est toujours aussi mignonne et divertissante à jouer !

 

Bon retrogaming et, le mois prochain : ne ratez pas le premier numéro de nos Gaming Memories hors-série !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©CyeberConnect2 ©Bandai

1 réponse

  1. Pignnot dit :

    Comme d’habitude bon reportage qui rappel le des souvenirs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi...

Verified by MonsterInsights