J-rap : Top 10 des rappeurs à suivre en 2022

Faire un top 10 de l’industrie du rap japonais actuelle n’est pas chose facile. Pour la simple raison qu’elle est très riche, aussi bien au niveau national que régional, mais aussi parce que l’on risque d’en oublier. Journal du Japon vous propose donc un focus sur les rappeurs japonais qui font et continuent de faire du bruit depuis cette moitié d’année 2022. Vous n’y trouverez pas toutes les légendes et les têtes d’affiche. On ne les a pas oublié mais ce petit classement permettra aux non-initiés de se faire une idée des tendances actuelles aussi bien que de la scène locale. Et pour les amateurs, cela permettra de garder un œil sur les actualités. 

Focus sur la scène rap japonaise actuelle

BAD HOP

BAD HOP

©ヒップホップLOVE

On ne présente plus le groupe BAD HOP, composé de ses huit membres : T-Pablow et Yzerr (ils sont jumeaux), Vingo, Tiji Jojo, Benjazzy, Bark, Yellow Pato et G-Kid. Originaires de Kawasaki, ville nichée entre Tokyo et Yokohama, ils grandissent dans la zone industrielle du sud de la ville, au cœur d’une pauvreté ignorée par le gouvernement. La fatalité aurait voulu qu’ils finissent dans les usines du coin à travailler à la chaîne comme la plupart de leurs camarades de classe, mais c’est sans compter sur leur envie de sortir de leur condition depuis un très jeune âge. Ils commencent à faire parler d’eux autour de  la capitale à partir de 2014 alors âgés de 19-20 ans avec la compilation BAD HOP ERA qu’ils auto-produisent et distribuent gratuitement en CD et en ligne.

C’est en 2015 qu’ils se font connaître du grand public notamment grâce au documentaire de Vice Japan intitulé Made in Kawasaki dans lequel ils se présentent dans leur quartier natal. Le groupe sort un album chaque année et chacun des membres gère sa carrière solo en parallèle, appuyé par les apparitions et featurings du reste du groupe. C’est en 2017 qu’arrive la consécration avec la sortie de leur album Mobblife qui les propulsera au plus haut des charts et à la première place du classement général de iTunes. Ils organisent leur première tournée nationale dans la foulée et multiplient les succès depuis.

S’ils n’ont pas encore sorti d’album en 2022, leurs membres apparaissent régulièrement en featuring de groupes montants de la scène hip hop en ce milieu d’année. Benjazzy a rappé aux côtés du rappeur BIM dans le morceau skippin’ Rock au mois de juin ou encore sur Go, morceau de Hideyoshi également sorti en juin, pour les collaborations les plus récentes. Yzerr, quant à lui, a collaboré avec la rappeuse Awich (lire notre article ici) sur GILA GILA fin 2021 et ce mois-ci sur TEIHEN du rappeur ZOT on the WAVE. Ils apportent leur touche Trap au rap nippon. Un passage dans leur discographie est indispensable pour se plonger dans l’évolution de la scène hip hop actuelle.

¥ellow Bucks

Yellow Bucks

©Spincoaster.com

Le rappeur ¥ellow Bucks, de son vrai nom Kazu Sakaguchi, est de tous les featurings et festivals hip hop. Connu sous le nom de Young Tokai Teio, il est actuellement au centre de la scène hip hop japonaise. Il est né en 1996 à Takayama, dans la préfecture de Gifu, et représente la riche scène rap de la région de Aichi, la ville de Nagoya en particulier. S’il se destinait plutôt à une carrière dans le baseball, la musique le rattrape dès le collège et c’est avec la saison 3 de l’émission musicale de TBS CDTV Rapsta qu’il se fait connaître et connaît un rapide succès en remportant la victoire.

¥ellow Bucks puise son inspiration des États-Unis, New York plus particulièrement, où il a séjourné à plusieurs reprises. Mais c’est à Nagoya qu’il se fait un nom, d’abord à travers la scène reggae, plus prolifique à ses débuts. Il se fait un point d’honneur de représenter la scène rap locale. C’est le rappeur Kojoe (lire notre article sur Kojoe ici) qui sera son mentor suite à sa victoire à l’émission Rapsta et le poussera à sortir son premier album officiel.

Sa collaboration avec DJ Ryow sur Grow Up le projette aux yeux de tous sur la scène nippone, et le reste est désormais dans les annales de l’histoire du hip hop japonais.

Il multiplie actuellement les collaborations avec les plus grands noms du moment : JP THE WAVY, MIYACHI, AK-69, Awich, DABO, DJ PMX, MC TYSON et la très célèbre AI pour ne citer qu’eux. ¥ellow Bucks a plus d’un tour dans son sac et encore de belles surprises à nous révéler. 

RYKEYDADDYDIRTY

RIKEY DADDY DIRTY

©Pointed.jp

RYKEYDADDYDIRTY, anciennement nommé RYKEY, est né à Hachioji (Tokyo) le 12 décembre 1987. Il est à moitié japonais (par son père) et kenyan (par sa mère), et a commencé à rapper à l’âge de 17 ans. Le déclic lui vient après avoir vu son senpai se produire dans un clubhouse. En 2008, il rencontre son acolyte et producteur JIGG, et ils commencent à travailler ensemble. Ils sont toujours associés actuellement. En 2012, il participe au remix de la chanson phare du rappeur AKLO Red Pill avec SALU et se fait un nom. Il sort son premier album en juin 2015 intitulé Pretty Jones, suivi en novembre de la même année d’un second : AMON KATONA. Il a aujourd’hui 5 albums à son actif, le dernier étant sorti le 8 mars dernier sur Apple Music intitulé sobrement RYKEY DADDY DIRTY.

Après une interruption d’environ un an, RYKEY a redémarré à l’hiver 2017 suite à un séjour en prison. Le dernier séjour date de 2019, il en a multiplié 10 depuis ses débuts. Les textes de RYKEYDADDYDIRTY puisent son inspiration de son vécu: 「人生をやんないと、人生語れないじゃん」comme il le dit lui même : « Si tu ne vis pas la vie, tu ne peux pas parler de la vie ». C’est ainsi que son rap littéraire décrivant des scènes réalistes de la « rue », ses chansons brutes tirées de son quotidien le placent parmi les figures de proue du mouvement hip hop actuel. Mais malgré ses arrestations répétées, Il ne perd rien de son caractère contestataire et rebelle. Il est connu pour son comportement souvent controversé et destructeur ainsi que son franc-parler.

Il continue les provocations auprès de ses compères hip hop et multiplie les polémiques. La plus grosse date de 2018 avec le rappeur YZERR du groupe BAD HOP durant laquelle il lui reprochait de copier ses beats et son univers. La dernière date de 2019 lors d’un live sur Instagram où il défie Tatsumasa Ashizawa à un combat de 2 minutes en 2 rounds. Ses polémiques sortent toujours en même temps que ses albums, mais il se défend de toute stratégie marketing.

Malgré sa personnalité sulfureuse RYKEYDADDYDIRTY n’en reste pas moins un pilier de la scène rap japonaise actuelle et un artiste talentueux qui mêle les beats mélodieux et mélancoliques avec des lyrics authentiques et réalistes. C’est un parolier talentueux reconnu au Japon qui sait décrire les situations et son vécu avec poigne. 

Jin Dogg

JIN DOGG

@JaME WORLD

Jin Dogg, de son vrai nom Jake Yoon, est né à Ikuno Ward, dans la préfecture d’Osaka, le 10 septembre 1991. Il a un style et un sens du style uniques dans la scène hip hop du Kansai. Il crie sa colère et ses émotions sur les rythmes de morceaux lourds et inquiétants. Coréen « zainichi » d’Osaka, il affirme que la discrimination dont il a été victime au Japon et son expérience dans une école internationale ont fait de lui ce qu’il est. Le nom Jin Dogg vient de la race de chiens Jindo Coréen et du rappeur Snoop Dogg

il a vécu à différents endroits de la ville d’Osaka en suivant sa mère. Il a été victime d’intimidation parce qu’il y avait peu de Coréens vivant au Japon dans le quartier de Tennoji à l’époque, et a déménagé en Corée du Sud à l’âge de 10 ans pour fréquenter une école japonaise locale. En Corée, il a été malmené parce qu’il était perçu comme japonais et s’est débattu avec son identité. Il a par la suite étudié en Australie, avant de retourner dans une école américaine toujours en Corée du Sud.

Bien qu’il ait écouté du rap sous l’influence de sa grande sœur, c’est un camarade de classe à l’école américaine qui lui a donné envie de faire de la musique. Après avoir été expulsé de l’école américaine pour avoir « trop séché les cours », Jin Dogg s’est inscrit dans un lycée japonais où il y a fini sa scolarité. C’est là qu’il a été invité à la session d’enregistrement d’un ami, et après avoir enregistré une chanson, il a décidé de se mettre sérieusement au rap. Il s’associe au rappeur Young Yujiro et ensemble, ils créent le label Hibrid Entertainment. À cette époque, il a été exposé à la Trap par le biais de Keith Ape et Okasian. C’est ainsi qu’a évolué le style musical de Jin Dogg, auparavant influencé par le G-funk. En 2017, il sort sa deuxième mixtape, 2nd High.

La mixtape a été réalisée dans une influence de film d’horreur. Ses deux albums SAD JAKE et MAD JAKE sortent en décembre 2019. La dualité entre intensité et sensibilité est le thème de prédilection de ce rappeur hors normes. Il se concentre sur les émotions lorsqu’il crée des chansons et considère la musique comme son propre moyen d’évacuer le stress. Il se spécialise dans un style de rap oral, moins axé sur les rimes, et utilise son dialecte du Kansai. En 2022, Jin Dogg est désormais une figure omniprésente et incontournable du paysage hip hop japonais.

LEX

LEX

©i-D Magazine VICE

Né le 1er mai 2002 à Shonan, dans la préfecture de Kanagawa, LEX a grandi dans une famille très pauvre. Il a choisi son nom de scène en hommage à son beau-père américain, seule figure paternelle dont il se souvienne enfant, et qui les a quitté pour retourner aux États-Unis. Il espérait devenir si célèbre que son beau-père entendrait parler de lui d’où il est aujourd’hui.

LEX est un écrivain prolifique qui enregistre pratiquement tous les jours. Il produit en moyenne huit chansons par semaine. Vers l’âge de 15 ans, il disposait déjà de tout l’équipement nécessaire et commençait à produire de la musique. À l’époque, il écoutait des rappeurs populaires tels que KID FRESINO et C.O.S.A. Il publie sa première chanson sur SoundCloud à l’âge de 16 ans.

Son talent est salué par divers artistes, dont la légende du hip hop Zeebra et le producteur de musique KM. BAD HOP et le rappeur JP THE WAVY ont également reconnu son talent et ont fait appel à lui en featuring de leurs morceaux. LEX continue de présenter de nouvelles valeurs sur la scène locale, transcendant les règles et les normes qui prévalent dans le monde du hip-hop japonais. 

Il a sorti son premier album autoproduit LEX DAY GAMES 4 en avril 2019. En décembre de la même année, soit environ huit mois après la sortie du premier album, il publie son deuxième album intitulé « !!! » sur Mary Joy Recordings, le label des rappeurs Dengaryu, Shing02 et YuruFuwa Gang.

En février 2021, il est nommé aux SPACE SHOWER MUSIC AWARDS 2021 pour le prix du MEILLEUR ARTISTE HIP HOP, qui est décerné à l’artiste ayant le plus de succès sur la scène hip hop. Le style de LEX est indéfinissable. C’est un caméléon qui est là où on ne l’attend pas. Il ne veut pas être catégorisé et s’efforce de se réinventer constamment. Il est cependant très respecté pour son talent multi-facettes et actuellement sur le devant de la scène.

HENTAI SHINSHI CLUB / 変態紳士クラブ

変態紳士クラブ

©xtrend Nikkei

Hentai Gentlemen’s Club (変態紳士クラブ en japonais) est composé du rappeur WILYWNKA (très actif aussi en solo), du DJ reggae VIGORMAN et du producteur/trackmaker GeG, dont la chanson YOKAZE, sortie en 2020, a été vue plus de 300 millions de fois en streaming. Les trois membres du groupe formé en 2017 vivent à Osaka. Suini ni yaru est devenue leur chanson fétiche. WILYWNKA et VIGORMAN sont amis depuis leur adolescence, et GeG les a rejoint pour former le Hentai Gentlemen’s Club.

Né en 1997, le rappeur WILYWNKA s’est fait un nom dans le High School Rap Championship. Il a été félicité par le rappeur SEEDA pour avoir « adapté ses mots au rythme » et a fait ses débuts sur le label 1%, dirigé par ANARCHY, en sortant son deuxième album PAUSE le 20 septembre 2019. VIGORMAN est né à Sakai City, dans la préfecture d’Osaka, comme WILYWNKA en 1997. C’est un DJ et chanteur reggae. Il a été très actif dans sa ville natale, remportant des prix au DeeJay Clash, une bataille de MC dans la scène reggae. En 2016, il a lancé son label Pocket Dank Factory et a sorti son premier album SOLIPSISM le 30 août 2019. Et enfin GeG est né à Hyogo. Il est également membre du groupe néo-reggae Yard Vibes Band. En tant que producteur et trackmaker, il joue plusieurs rôles : le 7 août 2019, il a sorti son œuvre entièrement produite Mellow Mellow – GeG’s PLAYLIST. Le 4 mars également, I gotta go feat kojikoji, WILYWNKA et Hiplin est sorti en distribution limitée.

Le groupe fait ses débuts sur un grand label le 2 février 2020 avec la sortie en distribution limitée de DOWN de Toys Factory. Le même jour, ils ont également organisé un live, Hentai Gentlemen’s Ball -2222-, au Shinkiba STUDIO COAST, avec des membres affiliés tels que Junshi Inoue (KEY/showmore), KenT (SAX&KEY/Soulflex), RaB (Dr/Soulflex), Funky D (BASS/Soulflex, Yard Vibes Band), Tatzma the Joyful (G/Yard Vibes Band) et KKJ (G/Juicy Hip Apartment). La superbe équipe a présenté un spectacle live spectaculaire.

Le groupe se définit « non genré » et ne veut pas être catalogué dans un style musical comme le J-rap ou la J-pop. Malgré les vibes très groovy de leurs morceaux et balades rap, ce sont de véritables caméléons écoutés à grande échelle. Ils sont appréciés de différents types de public et ont une visibilité grandissante en 2022.

BIM

BIM

©CINRA

En 2020, alors que de nombreux artistes sont contraints d’interrompre leurs activités ou choisissent de s’arrêter d’eux-mêmes, le rappeur BIM montre toute sa force. Né en 1993, entre Tokyo et Kanagawa, BIM a été une figure centrale de THE OTOGIBANASHI’S et de CreativeDrugStore lancés en 2011, et a commencé sérieusement sa carrière solo en 2017 avec le clip Bonita et une apparition en tant qu’invité de PUNPEE, un membre senior de son label, SUMMIT. BUDDY feat. PUNPEE lui a permis de se faire reconnaître, et son premier album The Beam, sort en juillet 2018.

2020 a également été pour BIM une année au cours de laquelle il a affronté ses craintes sur sa propre identité et sa légitimité en tant que rappeur, étudié et développé ses compétences et sa créativité en s’engageant auprès de divers artistes. Dans le cadre de son propre travail, il a invité kZm (YENTOWN), SIRUP, Bose (Schadaraparr), STUTS, KEIJU (KANDYTOWN), Shohei Takagi (cero), CwondoNo Buses, et a également été invité en featuring sur des chansons de Kaela Kimura, BES et G.RINA. Depuis, le rappeur est sur tous les fronts et s’est construit une identité solide avec laquelle il a gagné le respect de ses pairs. Il multiplie les collaborations et le dernier titre en date est Skippin’ Rock featuring Benjazzy (BAD HOP). Il est à suivre plus que jamais en 2022 !

JP THE WAVY

JP THE WAVY

©Arama Japan

JP THE WAVY crée le buzz avec une seule chanson, son premier titre Cho Wavy De Gomenne, qu’il a mis en ligne sur YouTube. Un mois après avoir mis en ligne cette chanson, il sort Cho Wavy De Gomenne Remix feat. SALU. La chanson est devenue un succès viral et le morceau rap représentant la première moitié de l’année 2017.

JP THE WAVY, qui fait actuellement parler de lui, est né en 1993. Il dit avoir commencé à rapper à l’âge de 18 ans. Il a d’abord fait partie de l’équipe de danse Do The Light Inc. lorsqu’il était au collège. Il a commencé à rapper à la fin de l’année 2016 sous le nom de JP THE WAVY. Il tire son nom de « jp », qui signifie « Japon », et de « wavy », qui évoque les vagues de l’océan dans sa ville natale, Shonan Hiratsuka, et sa permanente naturelle. 

Il est reconnu non seulement sur la scène locale, mais également aux États-Unis, fait rare pour un rappeur japonais. Il a en effet participé à la bande originale du 9e film de la série de films populaire Fast & Furious, aux côtés de A$AP Rocky, Ty Dolla $ign et Pop Smoke. Le film, est sorti aux États-Unis le 25 juin 2021 et au Japon en août de la même année.

JP THE WAVY sort son nouvel EP WAVY TAPE 2 en mars 2021, environ un an après son premier album LIFE IS WAVY. LEX, OZworld, ELIONE, YZERR et Benjazzy de BADHOP et d’autres gardent actuellement un œil sur l’artiste prometteur, et nous aussi !

NORIKIYO

Norikiyo

©Hardest Magazine

NORIKIYO, de son vrai nom Kiyonori Ueno, est né le 12 décembre 1979 à Sagamihara, dans la préfecture de Kanazawa. Il s’est mis au skateboard lorsqu’il était au collège et a découvert le hip hop en voyant une vidéo de skate où figurait une chanson de DE LA SOUL. Il s’est de plus en plus immergé dans la culture hip hop alors qu’il était lycéen, apprenant à danser avec un ami danseur puis s’intéressant au DJing après avoir vu le film Juice.

NORIKIYO tire donc ses influences des États-Unis. Son style est comparable à des rappeurs comme Aklo, Zorn ou encore Hannya. En 1999, il forme et dirige le groupe HIPHOP SD JUNKSTA avec des amis locaux. A l’époque, l’artiste ne s’appelait pas NORIKIYO, mais K-NERO. Les membres du groupe sont NORIKIYO, Bron-K, TKC, KYN, WAX, OJIBAH, SITE, DJ Deflo et sortent 3 albums en indépendants. Ils sont toujours populaires à ce jour et considérés comme des classiques nippons. Sur le marché de l’occasion (car oui le CD va encore très bien au Japon), ils se vendent plus de trois fois le prix d’origine.

La dynamique de NORIKIYO ne s’est pas arrêtée depuis, avec la sortie de l’album Experimental Fragments en 2015 en collaboration avec des artistes de Kanagawa, puis le 7e album Bouquet en 2017 et le 8e album Fools and Shears en 2018. En janvier 2019, il sort son recueil d’œuvres O.S.D., et en mars de la même année, son 9e album Heisei Express. NORIKIYO a toujours été très actif dans l’industrie et a produit de nombreux hits. Il est sans aucun doute l’un des principaux artistes hip hop du Japon. Il ne se contredit pas cette année également.

ASHURA MIC / 阿修羅MIC

ASHURA MIC

©Minari Media

ASHURA MIC, de son vrai nom Ken Sakaguchi, est un rappeur de la préfecture de Hyogo. Il s’est fait connaître à l’âge de 19 ans en remportant un record de victoires sans précédent dans les rap battles du Kansai et de Kobe. D’une famille très religieuse, son oncle est prêtre et directeur de l’université de Kwansei Gakuin. ASHURA MIC y fait ses études dans un cadre strict au département d’économie, tout en s’appliquant au kendo. Il finit pourtant par faire plusieurs séjours par la case prison à l’âge de 20 ans pour une série de crimes. 

Il est actif principalement à Osaka et à Kobe au sein du groupe CONCORD FAMILY et se spécialise dans le rap hardcore. Ces arrestations répétées l’ont fait disparaître de la scène pendant 5 ans. Il est de retour depuis 2015 et a sorti plusieurs morceaux avec JAGGLA (lire notre article ici) de la famille Tornado Records. Il a également attiré l’attention par ses collaborations avec RYKEYDADDYDIRTY, BADSAIKUSH et NAMEDARUMA/舐達麻, mais son profil est étonnamment peu connu malgré son talent. Sa popularité ne cesse de grimper depuis 2019 au fil des featurings, en particulier le morceau Choice One feat. RYKEYDADDYDIRTY (prod. DJ PMX), qui est sortie au moment de l’arrestation de RYKEY (qui n’apparaît pas dans le clip pour ce motif), et la chanson 365DAYS feat. BADSAIKUSH et DELTA9KID avec NAMEDARUMA/舐達麻. Il a reçu une réponse chaleureuse du public japonais. Il ne faut donc pas le perdre de vue car il est en pleine ascension.

Pour aller plus loin…

Si vous souhaitez peaufiner vos connaissances sur l’industrie J-rap actuelle au Japon, le documentaire de GQ Japan sur le sujet devrait vous intéresser. Il est très bien ficelé et comporte une série d’interviews de plusieurs rappeurs cités dans cet article. Vous y trouverez des témoignages de l’évolution du hip hop au Japon, et des styles par région.

La scène rap japonaise a donc encore de belles années devant elle. La relève est assurée. Si très souvent au Japon, les rappeurs les plus célèbres et commerciaux finissent par se diriger vers la J-pop pour toucher un plus gros marché, les rappeurs japonais nouvelle génération eux, expriment les blessures et stigmates d’une société souvent dans l’ombre et camouflée par le gouvernement et qui a besoin d’une voix. Le hip hop japonais n’est donc plus une simple activité récréative, mais bien un moyen d’expression sociale.

Et vous, quel est votre artiste J-rap préféré ?

Cristina Thaïs

Je suis passionnée de culture japonaise. J'aime étudier, comprendre les différences et les complexités de ce magnifique pays, non sans mille contradictions. Je voyage une fois par an au Japon pour le parcourir de long en large. J'ai un point faible pour les expositions, la mode, les cosmétiques japonais, le J-rap et la bonne cuisine locale. J'adore échanger sur ces sujets, alors n'hésitez à me laisser un commentaire! @tinakrys

6 réponses

  1. F0lky dit :

    Merci pour cet article !!
    J’adore aussi le j rap et je ne connaissais pas tous ces artistes ! En plus c’était cool d’avoir un peu de contexte !

  2. Axter dit :

    Wow je m’attendais pas du tout a un article francophone d’une qualité aussi poussé sur le jrap . Je suis FAN de ouf. Je vais partager à tout mes potos qui écoutent du jrap aussi le travail est excellent bravo !!

  3. Yannis dit :

    Actuellement mon rappeur japonais préféré c’est eyden 🙂

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