Gaming Memories #49 – Duck Tales
Bienvenue dans ce Gaming Memories de septembre 2022. A nouveau, nous allons nous plonger dans une licence américaine transposée en jeu vidéo par les japonais… cette fois-ci, il s’agit du plus grand boss de toute la ville ! Il vaut des milliards, en or en dollars… vous l’avez deviné, retour sur Duck Tales (La Bande à Picsou), sorti sur la NES de Nintendo en 1989 et signé Capcom !
C’est le plus chiche, le plus roublard ! D’accord, arrêtons avec ça…
Balthazar Picsou (Scrooge McDuck en version originale) est un personnage de la famille des canards de Disney, créé en 1947 par le scénariste et dessinateur Carl BARKS. C’est une icône de la firme à placer à coté de Mickey Mouse ou son propre neveu Donald Duck (dont nous avons déjà parlé dans un précédent numéro de cette rubrique). Si vous êtes né dans les années 1980/90, il est assez peu probable que vous ayez échappé aux dessins animés ou bandes-dessinées mensuelles !
Sans entrer de trop dans la fortune de l’Onc’Picsou, l’aventureux a été décliné en de nombreux médias, pas seulement bande-dessinée, dessin animé et produits dérivés. En plus de quelques apparitions dont nous parlerons plus tard, il est aussi le protagoniste principal de trois jeux Duck Tales, et c’est du premier de ceux-ci dont nous allons parler.
Ce premier opus est en quelques sortes un tournant pour Capcom. Producteurs de nombreux jeux Disney exclusifs à la Super Nintendo (là où SEGA s’occupait de la plupart des versions Mega Drive, qui n’étaient pas les mêmes jeux donc un bonne occasion de creuser encore plus le fossé de la guerre des 16 bits), Duck Tales a été leur première vraie collaboration avec la firme à la souris. La chasse au trésors de Picsou inclut plusieurs personnes ayant déjà travaillé sur Mega Man, tels que ses producteurs (l’illustre et iconique Keiji INAFUNE en tête) et sound-designer.
Le jeu passa par plusieurs modifications au cours de son développement, pour se rapprocher plus de l’univers Disney peut-être. Par exemple, les cercueils que vous pouvez voir un peu plus loin dans cet article portaient une croix avant d’être remplacés par l’inscription R.I.P.. Aussi, certains éléments graphiques ont été changés, notamment les burgers rendant des points de vie qui ont cédé leur place à des crèmes glacées après que l’équipe du jeu apprenne que c’était la friandise favorite de l’Onc’Picsou ! Au niveau des détails amusants supprimés pour apporter plus de fidélité, il faut savoir qu’une action possible était de jeter de l’argent (probablement à la figure d’ennemis pour les blesser… ?), mais cela a été jugé trop « pas Picsou » et donc retiré !
Disney’s Duck Tales est sorti (sans aucune surprise) aux Etats-Unis en premier le 14 septembre 1989 et seulement quatre mois plus tard au Japon. L’Europe a carrément dû attendre décembre 1990, soit plus d’un an, pour que le multimilliardaire ne pose ses palmes sur notre territoire.
Un canard et sa canne
Il n’y a pas vraiment de scénario dans ce jeu. Picsou, comme tout le monde sait, est avare et avide de richesses et, afin d’avoir un peu plus de trésors, va partir voyager autour du monde… et aussi aller jusqu’à la Lune !
Duck Tales est un jeu de plate-forme 2D. Bien sûr, vu son genre, on avance et on saute dans tous les sens, on dégomme des monstres et ce jusqu’à arriver au boss de fin du niveau. On a des points de vie et un nombre de vies limité par « continue », on a un score – qui est de la monnaie recueilli à chaque ennemi éliminé. Parfois, on croise des personnages demandant de l’aide, indiquant la marche à suivre. Quatre-cent secondes limitent un niveau et si on les dépasse, on perd une vie.
Il y a des ressemblances avec Mega Man : dans les deux, on avance dans des sortes de « tableaux » séparés par des écrans qui coulissent pour afficher le suivant, et on ne va pas seulement de gauche à droite mais aussi vers le haut ou le bas. Au contraire du Blue Bomber en revanche, on ne fait pas qu’avancer et il est possible de revenir en arrière au cours de l’exploration. Les niveaux ne sont pas linéaires et toutes les parties ne seront pas forcément toujours les mêmes pour arriver à la fin à chaque tentative (nous sommes dans un jeu de NES cependant donc il n’y a pas des dizaines de différents).
L’originalité de ce soft vient de la canne de Picsou : ce n’est pas juste un élément décoratif dans sa palme, mais bien ce qui va lui permettre de se démarquer de la masse de platformers de cette époque. Avec elle, il pourra non seulement effectuer un swing sur certains objets pour les jeter sur des ennemis, mais surtout effectuer ce qui s’appelle un Pogo Jump. Avec ce mouvement, le canard mettra sa canne sous lui et rebondira dessus tant que l’on maintient le bouton enfoncé. C’est une canne super puissante, car elle peut non seulement éliminer les bestioles belliqueuses qui lui font face, mais aussi rebondir à outrance sur des éléments dangereux du décor (pieux, par exemple) qui pourraient blesser Picsou. L’arme ultime !
Vaut-il vraiment des milliards ?
Duck Tales accueille le joueur sur le thème musical culte de La bande à Picsou, dans une version chiptune du plus bel effet. Puis l’on choisit son niveau parmi les cinq disponibles et l’aventure commence sans plus tarder. On peut les faire dans l’ordre de son choix (comme dans un Mega Man, à la différence que cela n’a aucune importance par rapport aux pouvoirs et boss).
Les graphismes sont plutôt bons pour une NES, certes il y a eu des titres plus détaillés à regarder mais celui-ci est joli, a des arrière-plans et est coloré. Les décors traversés sont plaisants et ont une identité propre qui fera qu’au fil des parties, on préfèrera aller dans l’un d’eux plus que dans un autre. Ils sont truffés d’ennemis et de diamants à faire apparaître un peu partout, assez au hasard mais aussi en frappant tout ce qui se trouve en face de nous. Les bestioles que l’on croise ne sont pas forcément belliqueuses et se contentent de faire des allers-retours ou se promener (certaines bougent en fonction de votre approche ou non), reviennent à l’infini tant que l’on reste sur place, ou même en revenant en arrière. Ils font parfois apparaître un diamant supplémentaire, donc cela ne coûte rien de les éliminer : au contraire !
Le jeu réagit bien aux commandes et est rapide, bien que cela soit parfois un piège car notre bon vieux Onc’Picsou semble avoir du mal à respecter les hitboxes. Il arrive donc parfois d’être touché alors que l’on avait enclenché la canne avant de soi-même heurté. La canne qui s’enclenche mais, pour une certaine raison, votre personnage sera dans une zone où elle ne touchera pas mais lui subira des dégâts, arrive régulièrement. Ce qui tend au final à devoir jouer prudemment. Cela est forcément bienvenu puisqu’il s’agit d’un jeu de plate-forme et que les sauts par-dessus le vide seront légion. Bondir dans tous les sens et même rebondir à répétition sur la canne est amusant et donne au jeu un certain plaisir à parcourir grâce à sa réactivité – si l’on excepte ce petit problème avec les ennemis, bien sûr. On remarque cependant qu’il y a parfois des ralentissements, certes pas si nombreux mais bels et bien là.
L’aventure n’est également, et malheureusement pas très longue et peut être bouclée en une poignée d’heures. Il y a cinq stages différents, et trois choix de difficultés. Le challenge n’est pas forcément très élevé, et les boss ne sont clairement pas ce que l’on peut appeler de plus menaçants. Peut-être pour cibler plus facilement un public enfant, au vu de la licence dont il est tiré ?
La bande-son qui l’accompagne, en tous cas, est plaisante et dynamique, elle reste en tête sans déplaisir et contribue à rendre l’expérience de jeu agréable. Elle n’est pas très longue, forcément, mais fait parfaitement son travail. Certains thèmes, comme celui du niveau de la Lune, sont carrément devenus cultes avec le temps !
Si l’on en fait vite le tour, vu son année, Duck Tales reste cependant accrocheur et très amusant à jouer. Que l’on s’y soit essayé à l’époque ou pas encore, il mérite le coup d’essai car il n’a pas vieilli tant que cela, si l’on pardonne son année. Mais niveau jouabilité, il est plaisant et bien qu’il n’oppose pas spécialement de challenge, on s’amuse à le (re)découvrir. C’est probablement ce que l’on peut appeler un classique, foi de canard !
Riche en or, riche en gloire aussi !
Duck Tales reçut des critiques très positives en son temps. La plupart allèrent dans une moyenne de quatre-vingt dix pourcents, certaines étaient cependant plus basses. Mais dans tous les cas, ce titre est devenu l’un des best-sellers, l’un des jeux considérés parmi les tout meilleurs de la NES et ce, même parmi des classements plus récents. C’est un succès mérité qui lui valut un portage très réussi et fidèle sur GameBoy l’année suivante.
Une suite vit le jour en 1993, tout simplement nommée Disney’s Duck Tales 2. Celle-ci était très similaire au premier, avec la même idée de pouvoir choisir son niveau parmi plusieurs et les faire dans l’ordre de son choix. Si la quête du premier épisode mettait en sous-trame la vile sorcière Miss Tick qui voulait s’emparer du sou fétiche de Picsou encore une fois (on ne le comprenait vraiment qu’à la fin puisqu’elle était le boss final, en quelques sortes), ce nouvel épisode nous confrontait au rival de toujours, Archibald Gripsou. Le jeu possédait quelques améliorations, et proposait deux fins dépendant de la réussite à trouver tous les morceaux d’une carte au trésor disséminés par delà le monde (c’était une sorte de sous-quête). Il fut également porté sur GameBoy à une période où la NES laissait progressivement sa place à sa petite-sœur la Super Nintendo.
Puis arriva Duck Tales Remastered, produit par WayForward Technologies (responsable de divers jeux adaptés de dessins animés mais aussi de Contra 4 et du très bon Double Dragon Neon). Le jeu est sorti sur WiiU, Xbox 360, PS3, Steam et smartphones entre 2013 et 2015. En 2,5D (c’est-à-dire en 2D avec des éléments 3D dans les décors), ce remastered ne se contente pas seulement de lisser des graphismes mais aussi de rendre les niveaux plus longs et intenses à parcourir, ajouter de nouveaux éléments scénaristiques et narratifs, des cut-scenes et dialogues, bref, c’est une très bonne nouvelle version au jeu d’origine, fidèle et qui respire l’affection.
Capcom, avec cette première collaboration avec Disney, a prouvé son talent en créant un jeu qui n’a pas tant vieilli de nos jours. Devenu culte pour plus d’une personnes, c’est un must-have de la NES toujours aussi bon à jouer malgré le poids des âges. Si l’occasion de vous y essayer vous est offerte, n’hésitez pas car il n’est pas de ces jeux de plate-forme que l’on regrette d’avoir essayé à cause de personnages aux semelles glissantes et autres pièges absurdes !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©The Walt Disney Company ©Capcom