Des romans pour frissonner à Halloween !

C’est bientôt Halloween et quoi de mieux qu’une sélection de romans japonais pour vous faire frissonner le 30 octobre ? Journal du Japon vous propose cette année deux articles autour du sujet, mais interprété à sa façon. Voici ainsi la première sélection de l’équipe : 4 romans qui pourront peut-être vous faire frissonner et réfléchir à votre prochain le temps d’un Halloween détonnant. Découvrez ou redécouvrez ces romans, entre nouveautés de l’année 2022 et un autre plus ancien. Attention, âmes sensibles s’abstenir ! 

Notre sélection de romans policier/noir/thriller pour Halloween

Eugénia – Riku ONDA

Couverture de Euginia chez Akatombo

C’est une fois de plus un livre atypique que nous proposent les éditions Atelier Akatombo.

L’histoire elle-même est effrayante. Lors d’un été caniculaire, dans une ville japonaise en bord de mer, la riche et réputée famille Aosawa organise une grande fête pour les 60 ans du chef de famille et les 88 ans de la grand-mère. Toute la ville est en ébullition. Cette famille possède une clinique et leur maison à l’architecture originale est connue de tous les habitants de la ville. C’est lors de cette journée où la chaleur moite laisse place à des pluies diluviennes que se produit un drame inimaginable : la fête tourne au cauchemar, 17 personnes meurent empoisonnées, toute la famille est éradiquée à l’exception de Hisako, la fille de la famille, collégienne, qui est aveugle depuis un accident de balançoire. Makiko et ses deux frères qui habitent dans le même quartier découvrent cette scène horrible alors qu’ils se rendent à la fête. La police a peu d’indices, juste un mystérieux poème posé sous un vase dans lequel se trouve une unique fleur, et un livreur en imperméable jaune.

Le poème :
Eugenia, mon Eugenia,
c’est pour avoir la chance de te rencontrer
que j’ai poursuivi mon long voyage solitaire.
Aujourd’hui, prennent fin
ces jours où l’attente de l’aube lointaine me faisait trembler.
Désormais, nous sommes ensemble pour toujours.
Les chansons flottant au bord de mes lèvres,
les petites bêtes écrasées sous mes semelles
au matin dans la forêt,
mon petit cœur pompant mon sang
sans discontinuer,
tout cela, je te le dédie.

L’enquête est dans l’impasse, mais quand un jeune homme se suicide en laissant une lettre d’aveu, elle est vite, trop vite close.

Et c’est là la grande originalité du livre : Makiko a écrit une dizaine d’années plus tard un livre en recueillant les témoignages dans la ville, le livre connaît un beau succès mais ne résout rien. On chemine alors une vingtaine d’années après la publication du livre avec de nouveaux récits. Certains témoins sont morts, Hisako est partie vivre aux États-Unis ; Makiko est toujours hantée par cette histoire. Chaque témoin, chaque protagoniste de l’affaire livre une dernière fois le récit de ce jour particulier, ce qu’il en a compris, ce qu’il a ressenti. Des éléments semblent s’imbriquer, d’autres se contredire. Le lecteur tâtonne, parfois il semble deviner ce qui s’est réellement passé, puis le flou s’installe à nouveau. C’est à la fois passionnant et effrayant. Qui est coupable, y a-t-il plusieurs coupables, pourquoi, comment, qui savait ?

C’est un livre étrange qui laisse une impression d’inachevé. Une énigme géante, un Cluedo troublant. Chacun détient sa vérité, sa vision, et trouver la vérité au milieu de tout cela s’avère bien plus compliqué qu’il n’y paraît ! Le lecteur prendra des notes, croisera les témoignages, sera heureux de trouver des éléments de réponse, aura parfois l’impression d’avancer, d’autres fois de reculer. Qui croire, qui détient un bout de la vérité, qui manipule, qui ment ? Fascinant !

« Quand diverses personnes parlent de la même chose, leurs récits diffèrent toujours légèrement ; ils dépendent des connaissances, de l’éducation et de la personnalité de chacun, vous voyez ? »

Roman sorti le 6 octobre en France. Plus d’informations sur le site de l’éditeur : éditions Akatombo.

Ma sœur est morte à Chicago – Naomi HIRAHARA

Couverture du Ma soeur est morte à Chicago aux éditions 10/18

On ne pouvait pas ne pas proposer l’une des dernières autrices lauréate du fameux prix Edgar (Edgar Allan Poe Awards) aux États-Unis : Naomi HARIHARA !

Cette dernière qui vit aux States, livre en ce mois d’octobre une nouveauté classée parmi les meilleurs romans policiers du New York Times à date, qui devrait ravir les amateurs du genre policier à retrouver en France aux éditions 10/18.

L’histoire elle-même reste intrigante : 1944, sur la côte californienne, Aki Ito, 20 ans, et ses parents viennent d’être libérés du camp de Manzanar, où ils étaient détenus par le gouvernement américain depuis le bombardement de Pearl Harbor, aux côtés de milliers de citoyens Américains d’origine japonaise. La vie qu’ils avaient avant-guerre n’existe plus et ils sont contraints de quitter leur région pour se réinstaller à 2 000 kilomètres de là, à Chicago, où la sœur aînée d’Aki, Rose, avait été envoyée quelques mois plus tôt. Rose vit dans le nouveau quartier nippo-américain, près de la station de métro Clark & Division. Mais à la veille des retrouvailles de la famille Ito, Rose est tuée par une rame de métro. Les autorités concluent à un suicide, mais Aki, qui vénérait sa sœur, est stupéfaite : comment cette jeune femme, parfaite, polie et optimiste, a pu mettre fin à sa vie ? Ne se fiant qu’à son instinct et à son amour fraternel, Aki se lance dans une enquête qu’elle est la seule à pouvoir mener.

Et dès le début du roman, on est plongé dans l’ambiance, et dans cet amour fraternelle très fusionnel des deux sœurs :

Notre première rencontre devint la légende de la famille Ito, cette façon dont je vis le jour dans notre ville de Tropico, un nom que quasiment plus personne à Los Angeles ne connaît aujourd’hui. Pendant un temps, je n’ai pas eu le souvenir d’un moment où j’aurais été séparée de Rose. Nous dormions enroulées comme deux punaises sur le même matelas tout fin, un pachanko aussi plat qu’une crêpe, mais ça ne nous dérangeait pas. À cette époque, nos colonnes vertébrales étaient pleines de souplesse.

Très vite l’écriture de Naomi Harihara sait capter l’attention de son lecteur, et le voilà dès lors embarquer dans une histoire dont il ne pourra que subir les dénouements, les avancées, les blocages et tout ce qu’une enquête peut amener en surprise. Aki est seule à fouiller la ville de Chicago, à la recherche des indices qui prouveront que pour elle, sa sœur ne s’est pas suicidée car c’est tout simplement une chose qu’elle ne peut pas accepter.

Le récit est direct, incisif et efficace. On est happé dans cette ville si urbaine qu’est Chicago, avec son effervescence, à une époque également où tout se remettait en marche. La fin de la Seconde Guerre mondiale reste une période en effet difficile, et c’est appréciable de la découvrir à travers Aki. Si vous cherchez un roman qui saura vous tenir en haleine, alors Ma sœur est morte à Chicago devrait vous plaire !

Roman sorti le 6 octobre en France. Plus d’informations sur le site de l’édition : éditions 10/18.

Le Singe venimeux – Arimasa ŌSAWA

Couverture de Le Singe venimeux aux éditions Akatombo

Deuxième ouvrage de cette sélection à provenir des éditions Akatombo car sorti lui aussi cette année : Le Singe venimeux écrit par Arimasa ŌSAWA.

L’histoire vous transporte à Shinjuku, l’un des quartiers les plus animés de Tokyo : Le capitaine Samejima, que tous les yakuzas de Tokyo surnomment le « Requin de Shinjuku » pour ses méthodes musclées, reprend du service dans le quartier le plus chaud de la capitale. Une planque devant un tripot clandestin l’amène à s’intéresser de près aux liens entre les mafias japonaise et taiwanaise à l’origine d’un juteux trafic de stupéfiants et d’armes entre les deux pays.

Il n’est pas le seul. Kuo, un policier de Taipei arrivé à Tokyo avec un visa de tourisme, lui révèle être sur la piste d’un impitoyable tueur à gages, le Singe venimeux. Kuo prévient Samejima : l’homme, qui a pris pour cible un caïd taïwanais protégé par un gang japonais, ne reculera devant rien. Sa seule faiblesse : il ne parle pas japonais et a besoin d’un interprète pour l’aider à « interroger » ceux qui lui permettront de remonter jusqu’à sa proie.

L’assassinat du gérant d’un bar à entraîneuses n’est que la première étape d’une course contre la montre pour éviter que le Singe, « qui ne lâche jamais sa proie », n’accumule les victimes et que les gangsters japonais s’en prennent à d’innocents civils chinois.

Peut-être connaissez-vous cet auteur japonais ? Il fut en effet durant environ 5 ans, le président des « Mystery Writers of Japan » de 2005 à 2009. Il a écrit plusieurs romans qui ont par ailleurs eu une adaptation cinématographique, notamment La ville qui ne dort jamais : Shinjuku Shark par Yojiro Takita dans les années 1990. Auteur plutôt prolifique et aimant les thrillers, il aime offrir des récits en immersion.

Le Singe venimeux ne fait pas exception car dès le début de l’histoire on vous met face au quotidien du fameux Samejima qui semble en planque. Mais très vite le récit se met en marche et dès lors, impossible de relâcher le livre tant on veut savoir si cet inspecteur, le « Requin » va réussir ou non à contrecarrer le fameux Singe, ce tueur impitoyable qui ne semble que laisser des corps sur son sillage… Un bon moyen d’obtenir de jolies sueurs froides tout en se demandant ce qui va attendre l’inspecteur Samejima dans la suite de son périple haletant.

Roman sorti le 22 janvier. Plus d’informations sur le site de l’éditeur : éditions Akatombo.

La Belle Suicidée d’Aoyama – Maïko KATO

Couverture de La belle suicidée d'Aoyama aux éditions du Seuil

Pour terminer cette sélection spéciale Halloween, voici un ouvrage sorti non pas cette année mais l’an dernier : La Belle Suicidée aux éditions du Seuil dans la collection Cadre noir !

Le synopsis de l’histoire envoie déjà l’ambiance du roman : Tokyo, 2022. Le cadavre d’un journaliste, Shoji Kurita, est retrouvé dans un appartement inoccupé par le capitaine Yoshida et le lieutenant Kanda. L’autopsie révèle un corps prématurément vieilli, incompatible avec le jeune âge de la victime. Tandis que les deux enquêteurs rencontrent son voisin, Shunji Hasegawa, commercial chez Cellvie, dont le président était au cœur des investigations du journaliste, l’ex-compagne du mort est embauchée par le gros fabricant de compléments alimentaires anti-âge japonais. Entre-temps, Haruma Kanda sauve du suicide Yuki Nakatani, l’une des héritières dudit empire pharmaceutique ; une amulette bouddhique, vestige d’un crime ancien, réapparaît. Et si le passé enténébrait cette affaire ultra-sensible ?Commence pour Yoshida et Kanda une plongée dans les ramifications de Cellvie et de l’association Next Youth, entre secrets enterrés et pratiques eugénistes, sur fond d’élection d’un nouveau Premier ministre.

Et ce n’est pas le prologue du roman qui indiquera l’inverse de ce qui attend le capitaine Yoshida et le lieutenant Kanda :

Cette nuit, le songe est différent. Pour une fois, il n’a pas tué ni découpé méticuleusement. Il parle au ralenti, les lèvres collées.
– Mais la différence entre notre nature humaine et cette… monstruosité, c’est le Temps !
– Le Temps est une question toute relative, tu le sais aussi bien que moi. Nous allons en gagner, pour plusieurs siècles.
– Non, ne faites pas ça… par pitié, ne faites pas ça !
Dans la pénombre, la nuit noire éclot. Il se regarde dans le miroir. Ce qu’il voit le remplit de terreur. Il suffira de quelques soubresauts et une nouvelle identité Supra émergera en lui, magnifique, étrange, aussi vaste que l’univers. Il se réveille dans sa cellule de pré-Supra. L’Entité viendra aujourd’hui, et il lui obéira comme la dernière fois qu’il a tué.

Très vite, ce titre annonce la couleur et promet une scrutation de la société japonaise, presque malsaine vu qu’on s’attaque à certains sujets un peu tabou : la jeunesse éternelle, la recherche d’éternité à tout prix. Deuxième roman de cette autrice, habitant en France, on nous dépeint une société quelque peu sordide avec Cellvie et ce qu’ils réalisent dans leurs locaux. Une enquête pas comme les autres qui risque bien de vous faire dresser les cheveux sur la tête !

Roman sorti en avril 2021. Plus d’informations sur le site de l’éditeur : éditions du Seuil.

1 réponse

  1. L. Boultrex dit :

    Les lecteurs qui apprécient les romans policiers de l’auteur chinois Qiu Xiaolong, ceux de Montalban et enfin ceux de Camilleri, aimeront les romans de Jean Tuan (L’empreinte du dragon / Terres rares / Oxymore) chez CLC Éditions. Une plongée dans « les basses œuvres » du régime chinois menée par un sympathique commissaire de police dont le sens critique et l’amour de la gastronomie (française et chinoise) ne sont pas en reste comparés au commissaire Montalbano et au privé Pépé Carvalho. On se régale (au sens propre et au figuré)…

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