Gaming Memories #53 – Progear no Arashi

Bienvenue dans ce premier Gaming Memories de 2023, également premier passage d’un éditeur encore jamais vu dans la rubrique à savoir CAVE. Sorti sur le système arcade CPS-2 de Capcom en 2001, nous allons cette fois revenir sur Progear no Arashi, un nouvel enfer de boulettes colorées. Si vous êtes prêts à découvrir un shoot relativement méconnu, alors c’est parti !

Progear logo

Come in my Cave!

L’éditeur derrière notre jeu du mois, CAVE, fait son premier passage dans Gaming Memories après plus de 50 numéros. Il s’agit d’une société japonaise fondée en 1994 par des anciens employés de Toaplan (dont nous avons déjà parlé dans un précédent numéro consacré à Zero Wing) après faillite. CAVE est l’acronyme de Computer Art Visual Entertainment. Éditeur spécialisé dans le domaine du shoot’em-up ou plus particulièrement de ce que l’on appelle damnaku (littéralement « rideau de balles »), manic shooter ou encore bullet hell, CAVE a créé plus de 40 jeux du genre dont les plus connus sont DonPachi, DoDonpachi, Mushihimesama ou encore le plus récent Deathsmiles. Ce nombre incroyable de danmaku a octroyé à ses créateurs le titre de société la plus prolifique de tous les temps dans le domaine, au point d’être dans un livre des records pour cette prouesse. Leurs jeux sont donc ainsi très prisés des connaisseurs et amateurs.

Progear no Arashi (Storm of Progear) ou tout simplement Progear est sorti sur le système arcade CPS-2 de Capcom que les plus fervents lecteurs de Gaming Memories connaissent bien maintenant, au travers d’un certain nombre de beat’em-ups déjà traités (Alien vs Predator, Battle Circuit…). Celui-ci est un tournant déjà important pour CAVE : seulement le 6e shoot (8e jeu au total) et la firme considérait déjà l’idée de quitter la scène arcade. Finalement, c’est leur premier danmaku à défilement horizontal, là où ce genre est plus souvent vertical à cette époque. En effet, c’est pendant le développement du jeu que le changement s’est opéré. Tout comme  son titre, qui est passé de Propeller Wars à Garden of Progear (un titre presque poétique au vu de la jeunesse des personnages et du style graphique !), noms jugés trop « intellectuels » par l’un des membres de Capcom (aucune idée de ce qu’il sous-entendait par là, en revanche…). Second jeu de CAVE développé sous le CPS-2, Progear est sorti en arcade le 17 janvier 2001 au Japon et aux États-Unis, et deux mois plus tard en Chine. Certains téléphones mobiles japonais ont aussi eu droit à une version du jeu à l’époque.

Progear

War (scenario) in a pocket

Progear se déroule dans le royaume imaginaire de Parts. Certains y ont trouvé le moyen de ne plus jamais vieillir, mais cela ne fonctionne visiblement qu’avec les anciens nobles. Cinq d’entre eux, pourvus de cette « jeunesse » éternelle, entreprennent de construire un nouvel ordre mondial, semant la destruction, le chaos et la mort sur leur passage au cours de leur entreprise. Cinq jeunes pilotes, âgés de 12 à 17 ans, se dressent cependant contre cette tyrannie qui s’abat sur Parts et partent à l’assaut des cinq anciens !

Ce scénario, sachez-le, est assez absent du jeu lui-même puisqu’il n’y est expliqué nulle part. On le découvre, ou plutôt on le devine car on incarne ces pilotes, et les anciens font office de boss. Pour le reste… Bon, ce qui importe le plus, c’est de devoir détruire tout ce qui passe dans un festival de boulettes, et surtout, survivre, à un ou deux joueurs !

La guerre des (deux) boutons

Progear a un gameplay classique dans ses bases : défilement d’écran automatique et horizontal, deux vies par continue, tir et bombe. Les ennemis font face aux jeunes pilotes en permanence jusqu’à atteindre le boss final du niveau et pour s’en débarrasser, on dispose de deux types de tir différents selon que l’on maintienne le bouton ou qu’on le martèle. Les deux pilotes, ainsi que les trois copilotes (ou artilleurs), ont une capacité différente. Ces deux types sont capitaux : l’un a un tir puissant et déplacement lent (en maintenant le bouton) et sera également capable de cibler automatiquement donc pas besoin d’être en face pour atteindre un vaisseau ennemi. L’autre, quant à lui, shootera dans le tas et couvrira une plus grande zone à l’écran, sera un peu moins puissant aussi mais au contraire sera plus rapide et donnera donc une plus grande mobilité. C’est un coté tactique à prendre en compte pour le bon déroulement de sa partie !

On peut récupérer des upgrades au cours de la progression, et le jeu dispose d’un système de scoring assez intelligent qui permet de tenter des choses différentes si l’on est adepte de l’idée. Lorsqu’un  ennemi est détruit, il lâchera un type de bonus différent en fonction du tir qui l’a éliminé, et les deux peuvent se cumuler pour enchaîner le score. On se voit ainsi attribuer un rang à la fin de chaque stage, qui prend aussi en compte l’utilisation du copilote. Perdre une vie ou utiliser une bombe fait diminuer le score que l’on aurait pu avoir.

Progear

Sketched sky crawlers

De l’avis de ses créateurs, Progear est sorti sur un système qui n’était pas assez puissant, et en tout cas moins que ceux utilisés pour leurs précédents jeux. Et effectivement, le CPS-2 avait déjà un bon nombre d’années au compteur, et d’autres cartes arcade plus puissantes avaient vu le jour entre temps. Cependant, notre jeu du mois n’est pas à jeter techniquement pour autant, loin de là ! Les graphismes sont jolis, avec des arrière-plans fournis qui procurent une impression de progresser d’un lieu à un autre. Les ambiances peuvent être un peu différentes au cours d’un même niveau pour souligner cette impression d’avancer, et le style steampunk mêlé à cette pâte graphique crayonnée lui donnent un cachet propre et plaisant. Les sprites des vaisseaux et des boulettes sont de taille suffisante en permanence, et les boss peuvent être énormes, animés en plusieurs parties également. Le character design a un coté désormais un peu rétro agréable qui colle très bien avec l’ambiance globale. On remarque cependant, lorsqu’on prend un peu le temps de détailler ce qui se passe devant nous, qu’on a l’impression de parfois tirer sur quelque chose qui ne se trouve pas sur le même plan (plus loin en profondeur), ce qui ne devrait pas être possible… C’est un détail, personne ne fera attention à cela en plein jeu !

La maniabilité du soft, intuitive, s’incruste bien vite dans la mémoire et elle réagit sans problème. Les hitbox de notre vaisseau sont petites mais pas inexistantes, donnant souvent l’impression d’avoir été touché sans que cela ne soit le cas, ce qui est bien là un classique de ce genre de jeux, qu’il faut apprendre pour savoir où sont les limites de nos déplacements. Le jeu ralentit parfois, lorsqu’il y a trop d’éléments à l’écran – un défaut technique pour sûr, mais qui peut être une certaine aide à des moments…

Si à coté de quelques détails le jeu est très satisfaisant, il y a quand même un petit bémol à signaler : malgré qu’il y ait plusieurs types de tirs différents en fonction du pilote et de son allié choisi, il n’en reste pas moins que l’aventure est extrêmement courte, 20 minutes environ. Oui, 20 minutes ! Et même pour un danmaku, c’est loin d’être énorme. Alors certes, le challenge est bien là, et le jeu propose d’ailleurs un second loop – une deuxième partie, en somme – avec une difficulté augmentée. Plusieurs fins sont proposées, en fonction des performances du joueur, ce qui donne bien sûr une couche supplémentaire à la replay value, mais on peut déplorer une durée de vie brute aussi courte.

Comme dit plus tôt, le challenge est bien là, mais la difficulté est plus que correcte. Bien entendu, on est dans un jeu où perdre des vies est monnaie courante, et il ne faut honnêtement pas s’attendre à le finir en un seul crédit du premier coup. Les boulettes ennemies sont nombreuses et les patterns assez jolis et trompeurs parfois. Tirs de vitesses différentes, aux formes et courbes surprenantes, pluie de balles, tout est là pour tenter de mettre des bâtons dans les hélices de nos jeunes héros. Cependant, s’il demande de l’apprentissage comme n’importe quel jeu du genre, Progear est progressif dans sa difficulté, permettant de se faire la main avant d’attaquer les choses vraiment sérieuses.

La bande-son, quant à elle, fait son travail. Elle est un peu anecdotique, car d’une part les mélodies sont souvent couvertes par les bruits de tirs et de bonus incessants, et qui seront ce que l’on entend le plus. Mais d’autre part, car si elle n’est pas désagréable, il y a peu de chances qu’un thème en particulier reste en tête. Peut-être celui du premier niveau, qui représente bien la jeunesse et l’audace des pilotes que l’on contrôle ? Le reste souligne un danger et une situation difficile dans lesquelles il faut rester en alerte en permanence, et éventuellement, le thème plus planant et paisible du cinquième stage fera la différence… Il est à noter, au passage, que les personnages ont des catchphrases récurrentes et que celles-ci ont toutes été retirées dans les versions non-japonaises.

Progear

La guerre est finie (ou presque)

Progear no Arashi a reçu en son temps des avis généralement positifs. Que cela soit pour ses graphismes 2D à l’ambiance steampunk dessinée, son gameplay, sa difficulté progressive, il a été encensé par la critique et aussi par les joueurs au final : c’est le 4e jeu d’arcade le plus joué du moment. Bien qu’il soit resté un jeu unique, sans suite et sans non plus être le shoot le plus connu au monde, il a continué à faire parler de lui au cours de années : les portages que nous avons évoqué plus tôt sont apparus en 2004, alors qu’en 2003 puis 2014 sortaient des albums de la bande-son du jeu, avec des artworks en prime.

Le jeu, resté proche de Capcom bien qu’il soit une production CAVE, a refait surface en 2019, et c’est la raison pour laquelle nous nous permettons d’en parler cette fois-ci : il fait partie de la compilation Capcom Arcade Stadium (PlayStation 4, Xbox Series/X/S, Nintendo Switch et Amazon Luna – la plateforme de jeux en cloud).

Toutes ces qualités, ainsi que la possibilité d’enfin y jouer officiellement et pour un prix réduit, font de Progear no Arashi un damnaku certes pas parfait, et surtout bien trop court, mais aussi tolérant envers les débutants qui n’auraient que peu d’expérience dans le domaine. Bien sûr, il faut s’accrocher, comme dans tout jeu du genre, mais son ambiance graphique charmante devrait continuer de faire leur travail et donner envie de s’y essayer. Plus besoin de mettre des dizaines de pièces maintenant : deux euros à peine suffisent pour l’avoir pour soi et définitivement sur sa console !

Progear

L’une des illustrations de fin

Et la prochaine fois, nous aurons un menu chargé puisque nous irons dévorer des dieux !

Toujours plus de boulettes :

Gaming Memories #15 – Tôhô Rei’iden
Gaming Memories #24 – Zero Wing
Gaming Memories #44 – Gynoug

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©CAVE ©Capcom

5 réponses

  1. Doc dit :

    J’aime bien CAVE mais je ne connaissais pas cette licence, merci pour la découverte !
    Graphiquement c’est vraiment chouette, surtout le côté hydravions. Je vois qu’il est aussi sur Steam, ça pourrait me réconcilier avec les danmaku horizontaux 😛

  2. Patrick Pignot dit :

    Même si à 65 ans ce n’est plus mon style de jeu, l’article donne envie d’essayer, même si dans mon cas la défaite est au bout .

    • Ce genre de jeux demande de beaucoup s’impliquer, et de ne pas avoir peur d’avoir mal aux yeux ! Mais les options comme le retour en arrière, ou baisser la vitesse du jeu, peuvent bien aider.
      Merci pour le message.

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