Japan Promotion : une sélection d’artistes japonais au Art Shopping du Carrousel du Louvre

La société Japan Promotion s’est donnée pour objectif de diffuser l’art japonais à travers le monde et en France. Elle présente un stand à chaque nouvelle édition de Art Shopping, le salon international d’art contemporain qui s’est tenu du 31 mars au 2 avril dernier au Carrousel du Louvre. 

Pour la seconde fois depuis 2019, Journal du Japon a voulu rencontrer les nouveaux artistes qui ont fait le déplacement depuis le Japon pour nous parler de leur art. A noter que c’est la première fois depuis le covid qu’ils ont pu faire le déplacement, et nos échanges ont été des plus enthousiasmants, tels de vieux amis qui se revoient après une longue absence. Voici une petite sélection de nos coups de cœur pour cette édition.

Japan Promotion Art Shopping
©Japan Promotion

Jiro Kawamura ou la confrontation entre les humains

Né à Kanagawa en 1976, Jiro KAWAMURA a un parcours atypique dans le monde de l’art et un esprit espiègle. Il aime dessiner sur de très petits formats d’un seul trait et en fait des vidéos sur Instagram. Ses œuvres s’inspirent beaucoup de la Pop Culture des années 90. On ressent une influence de ses séjours à l’étranger. Il a vécu à Londres en 1997. Mais il est imprégné profondément par sa culture japonaise. Nous lui faisons noté combien son œuvre Eau et Huile nous rappelle un masque du théâtre nô dans son exécution. Il nous répond calmement que son background et sa culture impactent son art sans qu’il n’y prête attention. Il n’avait pas fait le rapprochement lui-même et s’en étonne.

Il présente deux œuvres qui juxtaposent l’eau et l’huile comme « une confrontation entre les Hommes ». Il nous explique que la clé d’un monde en paix réside dans la cohabitation des différences : « On peut travailler avec nos différences pour créer un monde équilibré et harmonieux. J’ai utilisé des matières fondamentalement difficiles à travailler car elles ne se mélangent pas. J’ai voulu montré qu’elles peuvent cohabiter sur une même surface et même se compléter ». Il utilise de la peinture acrylique, l’uréthane, l’encre ou des produits anti-moisissure. De nature généreuse, il nous sort tous ses dessins en petit format et les étale sur la table, nous expliquant un à un l’idée qui se cache derrière. Il finit par nous en offrir un. 

Pour le suivre, voici sa page Instagram: boytonhouse12

Jiro Kawamura ©Cristina Thais pour Journal du Japon

Megumi Matsukawa, les émotions en couleur

Née à Kanagawa, Megumi MATSUKAWA est un rayon de soleil. Elle illumine la pièce de son sourire bienveillant et vous enveloppe de sa chaleur humaine. Très sollicitée sur son stand, nous avons finalement trouvé un instant pendant lequel elle était seule et avons pu discuter de ses œuvres avec elle. L’année 2020 l’a marqué profondément et l’a conduite à réfléchir à « l’espoir » et au « respect de la vie ». Elle présente deux de ses œuvres de la Collection d’insigne héraldique sur le stand :  Papillon Machaon et Chrysanthème Flottant. Elle veut faire connaître au monde les attraits du Japon et pour cela, l’art actuel lui permet de redorer des marques comme les « armoiries familiales » ou kamon en japonais qui font partie de la tradition japonaise. Elle nous confie que même au Japon les plus jeunes ne savent plus ce que c’est.

Megumi Matsukawa est une artiste qui maîtrise les caractéristiques de l’encre à l’alcool et trace les lignes comme si elles descendaient du ciel. Elle nous tend une brochure de ses tableaux avec un grand sourire et se penche vers nous pour nous expliquer le sens de chacun. Nous lui demandons quel est son processus de création et sa méthodologie. Elle ferme les yeux, pose ses mains sur son cœur puis répond : « Je me laisse guider par les émotions qui me submergent. L’encre est un élément très difficile à maîtriser. Elle décide où elle va, elle fait ce qu’elle veut. Les émotions viennent en moi, m’envahissent et se transforment en couleurs, en énergie. J’exprime ma vision à travers des couleurs que me suggère une émotion ». C’est ainsi que son œuvre le Chrysanthème flottant représente les armoiries de la famille impériale. Elle nous explique qu’elle a utilisé le bleu en raison de la paix ressentie à la pensée de la symbolique du chrysanthème impérial.

Pour la suivre, voici sa page Instagram: matsukawa_megumi

Megumi Matsukawa ©Cristina Thais pour Journal du Japon

Eriko Miyagi, la vie au travers des plantes

Née à Saitama en 1967, Eriko MIYAGI travaille la peinture à l’huile depuis des décennies. Depuis sa petite enfance, grâce à une voisine peintre, elle se passionne d’art et court chez cette dernière à la moindre occasion pour absorber toute technique possible. Mais arrivée au lycée, elle avait beau retoucher et peaufiner ses œuvres, son professeur ne la félicitait jamais et elle finit par perdre le goût de la peinture. Très discrète et d’une humilité désarmante, nous l’approchons doucement, alors qu’elle est accompagnée de sa fille, pour avoir plus de détails.

Nous sommes intrigués par les deux œuvres qu’elle a apporté: TANIKU Medulla et TANIKU Dulcinée. Elles représentent deux plantes charnues vu de haut, les bords estompés. L’interprète sur place nous explique que c’est une symbolique très intéressante sur la force de la vie. Si l’on tire une feuille de ces plantes, un ensemble de bourgeons vont se former pour réparer la blessure et repousser. Eriko Miyagi adore ces plantes. Elle s’en est entourée dans son atelier privé. Elle prête attention aux « estompages » et peint lentement par petites touches.  Elle nous montre les photos de ses plantes et les peintures à l’huile qu’elle a laissé chez elle. Nous lui disons que les couleurs sont de toute beauté et que ses peintures sont magnifiques, elle rougit et se confond en remerciements. Ses œuvres expriment sa délicatesse d’âme.

Eriko Miyagi ©Cristina Thais pour Journal du Japon

Yuki Matsuoka, le cœur pur

Né en 1984 à Himeji dans la préfecture de Hyogo, sa créativité débordante l’a sauvé. Enfant, il a été victime de brimades et a perdu tout espoir en la vie. Il avait des difficultés à communiquer et à s’exprimer, ce qui a été également un complexe… Mais en 2020, il a commencé ses activités artistiques et a découvert que l’art était un endroit où il pouvait exposer ses émotions et être « libre d’être lui-même ». Il veut créer un avenir où il pourra, grâce à son art, être là pour quelqu’un qui souffre quelque part. Et c’est ce qui se dégage de lui aussitôt que vous l’approchez.

On est d’abord frappé par la différence dans le style des 4 œuvres qu’il a apporté. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’artistes différents. Nous lui demandons donc comment il a pu créer des œuvres aux styles si différents. La question semble lui faire plaisir, il sourit et nous explique : « en fonction des rencontres que l’on fait au cours d’une vie, des situations et environnements dans lesquels on baigne, nos visions et nos sentiments changent, n’est-ce pas ? Par exemple, nos échanges aujourd’hui, le fait que je sois à Paris, ce sont des moments irrépétibles. Alors pourquoi s’enfermer dans un style dans lequel on vous attendra au tournant pour vos prochaines créations ? L’être humain est changeant. » Son œuvre la plus remarquée lors du salon est Let’s stop it sur laquelle est représenté un enfant nu, les yeux bandés, qui pleure à travers son bandeau sur fond de jaune et bleu.

Pour le suivre, voici sa page Instagram: matsuoka___yuki

Yuki Matsuoka ©Cristina Thais pour Journal du Japon

Kengo Bonsai Gallery, la joie de la vie

Né en 1984, c’est le seul artiste que nous n’avons pas eu l’occasion de rencontrer au salon, mais qui nous a touché dans son art. Les magnifiques bonsaïs flottants dans ses œuvres sur un fond or joyeux sont un pur bonheur pour les yeux. Nous avons été intrigués et avons posé des questions à l’interprète qui couvrait cette partie du salon. Elle nous indique que l’artiste n’est pas au salon et nous explique qu’il souffre d’anxiété sociale qui rend impossible toute participation à un tel évènement.

La force de la vie qui se dégage de ses œuvres est puissante. Le bonsaï qui reçoit les soins quotidiens de l’homme peut vivre 1 000 ans dans un petit pot. Il symboliserait la symbiose entre la nature et l’homme ainsi que le développement durable qui sont les thèmes de l’œuvre. L’artiste a passé son enfance sans aller à l’école occupant ses journées à peindre. Il communiquait avec sa famille à travers les couleurs et les pinceaux plutôt qu’avec les mots. C’est sa mère, professeure d’arrangement floral qui lui a transmis cet amour des plantes. C’est à l’âge de 20 ans qu’il s’intéresse spécifiquement au bonsaï et entre en tant qu’apprenti auprès du meilleur éleveur de bonsaï du monde. Il réalise que la croissance des arbres au fil du temps peut par l’intermédiaire de la main de l’Homme engendrer bien des formes d’art plastique.

Son site en ligne: https://kengo-bonsai.com/

Les artistes rencontrés sur cette édition avaient chacun un style bien affirmé et personnel, et autant d’enthousiasme et d’ouverture au monde à nous transmettre. Nous avons senti une soif d’échanger, d’ouvrir nos horizons réciproques et un besoin de communiquer avec l’étranger encore plus fort qu’avant. 

Cette période noire pendant laquelle nous ne pouvions plus voyager nous a tous profondément appris. Ce qui nous paraissait être facile d’accès nous a été brusquement enlevé et nous avons tous en commun aujourd’hui cette soif d’explorer, de voyager et de communiquer. Chacun des artistes présents nous a laissé cet enthousiasme pour le monde. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’évènement Art Shopping au Carrousel du Louvre et les prochaines participations de Japan Promotion, visitez leurs sites en direct :

Art Shopping : https://www.artshopping-expo.com/

Japan Promotion : http://www.japanpromotion.org/en/about/

Japan Promotion sur Instagram : https://www.instagram.com/japanpromotion/

 

Cristina Thaïs

Je suis passionnée de culture japonaise. J'aime étudier, comprendre les différences et les complexités de ce magnifique pays, non sans mille contradictions. Je voyage une fois par an au Japon pour le parcourir de long en large. J'ai un point faible pour les expositions, la mode, les cosmétiques japonais, le J-rap et la bonne cuisine locale. J'adore échanger sur ces sujets, alors n'hésitez à me laisser un commentaire! @tinakrys

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