Gaming Memories #57 – Spécial 40 ans de NES !

Bienvenue dans ce 57e numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, nous allons souhaiter un joyeux anniversaire à la Famicom, plus connue sous le nom de NES chez nous, qui fête ses 40 ans en ce mois de juillet 2023 ! Retour sur sa création, son succès, ses titres phares et plus encore !

UNE Gaming Memories NES
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels :
Tous droits réservés ©Nintendo ©Capcom ©Konami

Situation du jeu vidéo de l’époque et création de la console

Bien que la Family Computer – ou Famicom pour faire court – soit sortie en 1983, son histoire remonte à quelques années plus tôt. A cette époque, le jeu vidéo connaissait un boom, une sorte de révolution dans les salles d’arcade depuis 1978 avec Space Invaders (Taito) et Galaxian (Namco) l’année suivante. De nombreuses machines de salon telles que l’Atari 2600 (1977), Intellivision (Mattel en 1979 : oui oui le constructeur de jouets) ou surtout la Cassette Vision (Epoch, 1981) règnent. Nintendo, de son coté, a déjà connu un certain succès avec les Game & Watch, ces petits jeux à écran aux cristaux liquides. Certains en interne savaient déjà qu’ils ne dureraient pas éternellement…

En arcade, la firme s’illustre également avec Donkey Kong en 1981, qui devient un énorme succès, ce genre de succès que l’on qualifie de best sellers, se faisant porter sur toutes les machines aux alentours. Pourtant, aucune n’était assez puissante pour faire tourner le jeu à sa pleine capacité. Nintendo envisage donc de lancer leur propre console en partant sur le jeu lui-même comme base. Pari plutôt osé, le président du constructeur à l’époque, Hiroshi YAMAUCHI, demanda à ses employés de créer une console plus puissante et moins coûteuse… !

Le « Project GAMECOM », telle qu’est appelée la Famicom pendant son développement, débute en 1982. La machine est censée avoir un clavier, un lecteur de disquettes et un modem incorporés, mais YAMAUCHI préfère plutôt en faire une console simple, au prix les plus bas possibles aussi bien à la production qu’à l’achat pour les joueurs, et pense que tant d’options pourraient déstabiliser les joueurs les plus novices ou éloignés de la technologie. Résultat, la console aura à la place un port externe permettant d’ajouter des accessoires pour qui les voudraient. Masayuki UEMURA, derrière le design de la machine, aurait même envisagé que la Famicom soit utilisable sans fil (cela existait depuis TV Tennis Electrotennis d’Epoch, sorti en 1975).

La Famicom est une console dite 8 bits de troisième génération (l’Atari 2600 faisait partie de la 2ème génération et la Super Nintendo 4ème). Elle est capable de projeter en affichage aux dimensions 256×240, jusqu’à 25 couleurs simultanément (sur 52 au total) et va jusqu’à 64 sprites (personnages, ennemis, éléments avec lesquels interagir) à la fois. La taille des jeux allait de 16 à 512 kilo-octets et ses manettes, comportant un pad à quatre directions et deux touches d’action (A et B) étaient reliées directement à la console. Cela restait moins puissant que la machine d’Epoch sortie un an plus tôt (16 couleurs, 128 sprites, affichage à 309×248…) mais c’était visiblement suffisant pour faire tourner Donkey Kong à pleine puissance.

Elle sort le 15 juillet 1983 au Japon avec trois jeux de lancement : Donkey Kong, bien évidemment, et aussi Donkey Kong Jr. (la revanche de Mario, anciennement « Jumpman » qui kidnappe Donkey Kong pour se venger ! Wouah.) et Popeye (oui, le marin adepte d’épinards en boîte). Les trois jeux se ressemblent atrocement, reprenant le même gameplay (écrans fixes où le personnage doit éviter des tas de pièges comme des barils pour arriver jusqu’en haut du tableau et ainsi enchaîner sur le suivant). Certains niveaux, ainsi que les écrans de transition, sont supprimés de cette version console mais le jeu s’y vend tout de même à plus d’un million d’exemplaires !

Mesdames et messieurs, la (supposée) toute première publicité pour la Famicom !

Console en kit, pour le meilleur et le pire !

Comme dit plus haut, la conception de la Famicom a été pensée pour être la moins coûteuse possible à la fois à la production et à l’achat. Cela lui vaut de nombreux accessoires et gadgets à brancher dans le port d’extension. Au passage, saviez-vous que la deuxième manette était dotée d’un microphone au Japon ? Certains jeux réagissaient au son, avant même que cela ne devienne une idée « révolutionnaire » de la NDS !

Là-bas, la console pouvait accueillir un clavier et lire une cartouche de langage informatique BASIC, ce qui permettait de créer des petits programmes voire des jeux à sauvegarder sur des disquettes ; il y eut un casque nommé Famicom 3D System qui promettait des jeux avec un rendu 3D stéréoscopique pour plus d’immersion (et qui fut un flop total, avec seulement une dizaine de jeux dessus) ; on retiendra aussi le NES Zapper, un pistolet pour tirer sur son écran avec des jeux tels que Duck Hunt ou Operation Wolf.

On pourra également citer R.O.B., ce pauvre petit robot très anecdotique qui pouvait être contrôlé à la manette, pour le faire se déplacer, porter des objets avec des bras à positionner plus ou moins haut et… c’est à peu près tout. Différents accessoires de fabriquants tiers sont aussi sortis : on notera par exemple l’ASCII Stick L5 pensé pour les fans de RPG plus particulièrement mais fait pour jouer à une seule main. Plutôt dispensable, mais ce n’est pas le seul : par exemple, le Laser Scope concocté par Konami permettait de jouer aux jeux de tir sans les mains et en hurlant « SHOOT ! » à la place (et qui fut un bide complet), ou encore le Power Glove qui était… un gant avec des touches de manette sur l’avant-bras pour ne plus avoir à se servir de manettes et simuler une sorte de réalité virtuelle… le futur du passé, en somme !

En dehors de tout cela, si l’on devait ne citer qu’un seul « accessoire » lié à la Famicom, ce serait bien évidemment le Famicom Disk System. En allant dans les magasins équipés, les joueurs pouvaient acheter et graver un jeu sur une disquette pour y jouer sur leur console, puis décider de les garder ou les effacer pour réutiliser la même disquette. Ce support permettait des graphismes légèrement meilleurs que sur cartouche grâce à une capacité de stockage plus élevée, et aussi de sauvegarder, avant même que cela ne devienne monnaie courante sur cartouche. Adieu les mots de passe longs et pénibles à écrire sur une feuille de papier et à garder précieusement, tout était contenu au même endroit ! Définitivement une excellente idée.

Une collection de spots télévisés pour différents jeux de la console.

La console des innombrables premières fois

Parler de la Famicom c’est bien, mais une machine sans jeu est totalement inutile. Et pour le coup, celle-ci fut le théâtre de la première apparition de nombreuses séries et personnages devenus cultes par la suite. D’abord, et bien évidemment, c’était la première apparition de Mario en tant que franchise à part entière. Son frangin Luigi le talonna dans la foulée, et d’autres licences de l’éditeur suivirent comme The Legend of Zelda et Metroid (1986 tous les deux) par exemple. Bien entendu, cette rubrique se doit de citer Shigeru MIYAMOTO, ou Yokoi GUNPEI sans qui la machine n’aurait eu cette aura…

D’autres éditeurs tiers se sont aussi joints à la fête en apportant leur pierre à l’édifice : Konami, Capcom, Namco, SquareSoft, Enix et bien d’autres, la Famicom a été le lieu de naissance de séries devenues légendaires comme Castlevania, Mega Man, Final Fantasy ou Dragon Quest pour ne citer qu’elles. Mais tout ce qui sortait sur la console n’était pas toujours fantastique ni du meilleur goût, ce qui poussa Nintendo à créer l’Official Seal of Quality. En effet, après le crash du jeu vidéo et un certain E.T. sur Atari 2600 entre autres, la qualité du jeu vidéo en général a beaucoup chuté et le constructeur a tenu à prouver que leurs jeux étaient de qualité. Seuls ceux sans licence officielle ne l’avaient pas. Le début des adaptations d’anime commença là aussi, on peut donc trouver du Dragon Ball, Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque), Captain Tsubasa (Olive et Tom)… mais la qualité n’était pas toujours au rendez-vous…

D’après ce qu’il est possible de trouver sur Internet, la console aurait accueilli 1053 jeux au cours de sa carrière. Le tout dernier d’entre eux sorti officiellement au Japon était Takahashi Meijin no Bōken Jima IV (Adventure Island IV) en juin 1994 mais les Etats-Unis et l’Europe eurent quelques derniers softs en 1995. Une longévité exceptionnelle, si l’on considère que le premier jeu est sorti onze ans plus tôt et que la Super Nintendo avait déjà vu le jour. Hm ? Et Mario, dans tout ça ? Hé bien, c’est lui qui détient le score de ventes les plus haut de toute la console avec quelques 40 millions de cartouches vendues pour Super Mario Bros…

Petit détail populaire amusant : avec la difficulté relativement élevée de certains jeux, l’absence de sauvegarde et une tendance à devenir des die and retry, les joueurs ont commencé à considérer certains titres comme faisant partie d’une fausse gamme nommée Nintendo Hard ! Contra, Castlevania, Ninja Gaiden ou encore le Super Mario Bros. 2 exclusif au Japon n’étaient pas à mettre entre toutes les mains ! Dans le genre, l’auteur de cette rubrique placerait bien Teenage Mutant Hero Turtles dans le lot… vous y avez forcément joué si vous aviez une NES (Désolé pour le cauchemar !)

A noter qu’il manque la version GameBoy dans cette vidéo, qui en plus de comporter le jeu d’origine ajoutait des dizaines de niveaux supplémentaires… et qui fut un cauchemar d’enfance  de l’auteur de cette rubrique !

Autour de la console

La Famicom se vendit plutôt bien à sa sortie, avec 500 000 exemplaires écoulés en deux mois. Cependant, les joueurs se plaignaient d’un hardware assez peu fiable, causant des graphismes pauvres et des plantages en cours de jeu, ce qui força Nintendo à stopper la production temporairement, pour la reprendre une fois les problèmes résolus. En résultat, à la fin de l’année suivante, 2.5 millions de consoles avaient trouvé acquéreur, la plaçant loin devant la SG-1000 de SEGA et dépassant même la Cassette Vision.

La Famicom n’arriva pas directement en tant que telle sur le territoire américain : en effet, utilisant le hardware de la version de salon, celle-ci débuta comme Nintendo VS. System dans les salles d’arcade. C’était tout simplement une Famicom portant un certain nombre de ses jeux (avec plus ou moins de succès) et avec quelques exclusivités temporaires. A cette époque, le crash du jeu vidéo que nous avons déjà évoqué plus haut avait réussi à éloigner la plupart des joueurs des consoles, mais l’arcade tenait encore le coup…

Cette décision fut la bonne à prendre, car dix à vingt mille unités s’écoulèrent en une année (sur un marché mourant, rappelons-le encore une fois). Ce succès encouragea grandement Nintendo à publier la console sur le territoire américain, avec pour stratégie de d’abord lancer leurs jeux au Japon sur console, puis de les adapter sur arcade et enfin sur la NES, notre version de la 8 bits. Recette qui fonctionna du tonnerre et fut au final reprise par beaucoup d’autres – on ne compte pas le nombre de beat’em-ups, de shoot’em-ups et autres qui ont suivi la même route même chez la concurrence… La Nintendo Entertainment System (NES), penchant US de la Famicom, sort en octobre 1985.

En Europe, sa distribution fut quelque peu chaotique. Au lieu d’une sortie globale dans tout les pays, chacun eut une date différente. Sa première apparition fut en septembre 1986 en Suède pour s’étaler jusqu’en octobre 1987 en France : sortie prévue pour concurrencer directement la Master System de SEGA publiée ce mois-là ! Mais malgré son succès au Japon et aux Etats-Unis, la NES peine à se faire remarquer pendant plusieurs années, pendant lesquels la MS est la machine la plus vendue dans certains pays.

Elle n’arriva carrément pas dans certains d’entre eux, ou pas vraiment officiellement : la Corée du Sud, par exemple, ne l’eut qu’en 1991 et sous licence « officielle » via la marque Hyundai, le pays pratiquant un embargo total sur les produis japonais après la seconde guerre mondiale et ce jusqu’en 1998. En Russie, la seule façon pour la console d’entrer a carrément été d’avoir un clone non officiel fabriqué à Taiwan…  ne parlons pas du Brésil ou lesdits clones étaient légions, faisant par la même occasion de l’ombre à la véritable console

De gauche à droite et de haut en bas : Mega Man 6, Super Mario Bros. 3, Sweet Home et le fameux Tortu(r)es Ninja

The Game is never Over

Au Japon, environ 20 millions de Famicom ont été vendues. Si l’on considère que les concurrentes directes – la Master System et la PC-Engine ont respectivement trouvé un et huit millions de possesseurs, on peut dire que la machine de Nintendo se trouvait loin devant. Dans le monde entier, tous pays confondus, c’est la somme astronomique de presque 62 millions unités qui se sont écoulées pour un total de plus de 500 mille jeux vendus.

Son succès commença à décliner à partir de 1991 avec l’apparition des consoles de génération suivante, les Mega Drive et Super Famicom. Pourtant, au Japon, elle a été fabriquée jusqu’en septembre 2003 ! La console, ainsi que sa manette (aux coins qui faisaient mal aux mains !) sont devenus des icônes du jeu vidéo au fil du temps, qui revint perpétuellement. On a ainsi vu des rééditions de jeux tout au long des années, depuis le GameBoy Color et son portage de Super Mario Bros., la gamme NES Classics sur GameBoy Advance qui rééditait des titres comme Metroid, Excitebike, Ice Climbers ou encore The Legend of Zelda pour seulement quinze euros (dommage qu’il ne s’agisse pas des version Disk System cependant). D’autres jeux comme Metroid Zero Mission proposeront leur ainé en contenu bonus, et bien entendu, la boutique de jeux en ligne sur Switch donne accès à nombre de softs NES… n’oublions pas la Nintendo Classic Mini sortie en 2016, une NES avec ses manettes comme à l’époque et trente jeux inclus dans sa mémoire interne !

Bien sûr, cet article est loin d’être exhaustif : que ce soit l’histoire de la console, sa ludothèque ou sa popularité persistante parmi les fans et dans la pop-culture moderne, on n’a pas fini d’entredre parler de la Famicom. Mais Gaming Memories se devait d’en parler pour ses quarante ans, pour la faire (re)découvrir au plus grand nombre possible. Joyeux anniversaire, Famicom !

Toujours plus de Famicom dans GM :
Gaming Memories #02 : Akumajô Dracula
Gaming Memories #05 : Spécial RPG de Noël (Final Fantasy/Phantasy Star)
Gaming Memories X2 : Mario VS Sonic, LE duel de plate-forme !
Gaming Memories #49 – Duck Tales

2 réponses

  1. Doc dit :

    Ha la FamiCom… Cette console cultissime que je squattais parfois chez les potes à l’époque ! Ça rappelle plein de bons souvenirs, et pour moi ça en fait un peu une console spéciale, puisque c’était assez rare et exceptionnel de pouvoir y jouer.
    J’étais plutôt team Sega, mais ça fait toujours plaisir d’en apprendre plus sur cette console iconique et de se remémorer les grands classiques. Merci pour ce dossier !

    • Team Sega ! Oups, je me suis démasqué. Bon, ce n’est pas comme si on ne le savait pas en regardant le nombre d’articles sur leurs jeux. Ahem.
      Merci pour le commentaire !
      Je pense que la Famicom va encore faire parler d’elle pendant un bon bout de temps, l’air de rien…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi...

Verified by MonsterInsights