Gaming Memories #27 – Mugen Senshi Valis (The Fantasm Soldier Valis)

Bienvenue dans ce dernier rendez-vous rétro de 2019. Cette fois encore, nous vous entrainons loin dans le passé,  et plus précisément en décembre 1986 ! Que peut-il bien y avoir de si intéressant à cette époque ? Nous allons rendre visite à l’une des toutes premières héroïnes du monde du jeu vidéo ! Intrigué ? Alors suivez-nous sur MSX en direction de Mugen Senshi Valis de Telenet Japan !

Mugen Senshi Valis

Précurseur méconnu

Bien que le jeu vidéo soit encore loin d’être ce qu’il est aujourd’hui, la majorité des personnages principaux dans les années 80-90 étaient déjà masculins. Quand les joueurs découvrirent que Samus Aran (Metroid, Famicom Disk System, 1985) était une femme, cela surprit beaucoup de monde ! On a ensuite vu Athena ASAMIYA, protagoniste de Psycho Soldier en arcade quelques mois plus tard. Et si ces deux premières sont toujours plus ou moins d’actualité chacune de leur coté (Super Smash Bros. Ultimate en 2019 pour l’une, SNK Heroines l’année précédente pour l‘autre), celle qui nous intéresse cette fois-ci n’a pas eu droit à un destin aussi brillant…

Mugen Senshi ValisMugen Senshi Valis (夢幻戦士 ヴァリスThe Fantasm Soldier Valis) est un jeu qui se jette en plein dans des genres comme les Magical Girls, ces jeunes filles qui ont des pouvoirs magiques (vous savez… vous la connaissez forcément… Se-ra-mun ! Oui, Sailor Moon), avec un coté « héroïne en armure très légère » (ou Bra armor… vous la connaissez forcément… Xena la guerrière… ? Ou Tyris Flare, personnage jouable de Golden Axe) armées d’épées. Un fantasme de l’époque ? C’est peut-être l’idée.

Le jeu est donc sorti en décembre 1986 sur deux ordinateurs (MSX et PC-8801) et a eu visiblement suffisamment de succès pour être porté sur d’autres machines de l’époque (X1 de Sharp et FM7 de Fujitsu), et aussi avoir d’autres versions assez différentes. Celle sur Famicom était plus un jeu d’exploration avec des combats, et celles sur PC-Engine et Mega Drive revenaient sur les bases tout en les améliorant. Au final, ce sont trois versions pour le même jeu qui sont sorties entre 1986 et 1992. Revenons par laMSX.

Le destin du meeonde n’attend que toi, jeune guerrière !

Mugen Senshi Valis

Notre héroïne du mois.

Yûko ASÔ est justement une lycéenne comme les autres (hormis qu’elle a les cheveux bleus… ça aussi, les couleurs de cheveux douteuses c’est typique de l’époque). Un jour pluvieux, elle remarque son amie Reiko passer devant elle et lui tenir des propos étranges … pas si amicaux.

Quelques instants plus tard, une inconnue apparait devant Yûko, et l’informe que les différents mondes sont en danger. Le monde des humains et le Dreamland sont convoités par le vil Rogles (Roguresu), qui a déjà envoyé ses troupes jusqu’à ce dernier monde. Il n’y a qu’une seule personne qui puisse l’arrêter, ou qu’une arme : la Valis Sword. Yûko en étant la porteuse, elle a donc la mission de sauver tout ce monde !

Ainsi, après un premier temps d’introduction, la jeune fille finit par se transformer et devenir la combattante que l’on contrôle, armée de son épée. Il faudra traverser cinq niveaux tous remplis de monstres, tout en retrouvant son chemin de plate-forme en plate-forme. Tous sont conclus par un boss, qui ne la laissera forcément ​pas passer aussi facilement.

MSX is on fire !

Mugen Senshi Valis, est un jeu sorti fin 1987, nous sommes donc dans une ère 8 bits. Ce scénario décrit juste au-dessus n’est donc pas retranscrit dans la première version, dans laquelle on commence tout de même avec la lycéenne . La narration est encore assez absente de ce jeu, et pourtant l’année suivante sortaient des titres comme Phantasy Star et deux ans après, Snatcher, nettement plus fournis en histoire. Bien sûr, pour un jeu de plate-forme, on ne peut pas demander un scénario digne d’un Metal Gear Solid mais pourtant, ce soft brille sur d’autres points pour son époque.

Mugen Senshi ValisGraphiquement, par exemple, on se trouve devant un jeu assez solide, avec un personnage principal qui a plusieurs animations, des ennemis certes pas très détaillés mais rapides, plusieurs attaques et décors différents.  Aucun boss n’est  en double et capables d’envoyer un bon nombre de boulettes lumineuses à Yuko. Aucun lag ni ralentissement ne sont à signaler malgré le nombre de tirs, si ce n’est une animation un peu saccadée dans le défilement des niveaux vers la fin. Mais seulement le décor, car le reste continue à bouger sans problème.

Les lieux dans lesquels on passe sont variés, allant d’une ville à une grotte en passant par un décor qui semble plus aquatique. Les espaces de jeu sont assez vastes, et au contraire des autres jeux de plate-forme, pas linéaires. Dans les autres softs du genre, on avance de gauche à droite pour atteindre la sortie mais ici, il se peut très bien qu’on doive aller aussi en haut ou en bas. Les stages ont plusieurs niveaux (en général le sol, un sous-sol et un autre en hauteur). L’exploration vers la tanière du boss est donc là et on peut très bien tenter de trouver soi-même ou suivre la flèche en bas de l’écran qui indique grossièrement le chemin (tout n’est donc pas en ligne droite, comme avec la boussole de Grandia… que de références dans cet article !). Cela donne une indication, et forcément si elle dit d’aller à droite alors qu’on se trouve devant un mur…

Mugen Senshi ValisLes niveaux sont donc infestés de monstres qui assaillent Yuko de toutes parts. On doit de préférence les tuer grâce à l’épée, mais chasser tout ce qui passe n’est pas nécessaire, hormis si bien sûr on veut tenter d’assurer ses arrières. Yuko commence au niveau 3 (soit comme si elle avait trois barres de vies) et forcément, chaque coup reçu fait perdre de la vie. En revanche, en tuant des bestioles, la jauge monte et plus on gagne de niveau, plus on devient résistant. On peut aller jusqu’à 255 (ce qui équivaut à la sixième et dernière arme). Faire du « grinding » est donc une bonne chose, surtout que les niveaux acquis sont conservés (ils auraient pu revenir à zéro à chaque fois).

Cela dit, les monstres apparaissant de partout donnent toujours envie de les détruire pour être un peu tranquille. Chaque attaque ou projectile reçu repoussera Yuko en arrière quelques millimètres à chaque fois. On est parfois tellement assailli de toutes parts qu’on a plus l’impression de jouer un ballon qu’une jeune fille, ce qui devient vraiment pénible lorsqu’on doit s’y reprendre à plusieurs fois pour atteindre une plate-forme pourtant assez proche. Mais pour le coup, on peut essayer de s’en servir comme un avantage aussi, (être repoussé peut parfois nous faire finir là où on voulait aller sans que ce soit à portée par des sauts normaux) car grâce au double saut que Yuko peut parfois faire (en s’accrochant à une paroi au dessus), il est possible d’atteindre des plates-formes difficiles autrement.. Au contraire, certaines zones d’un niveau sont parfois complètement vides… au final, on n’a pas vraiment un juste milieu car un peu moins d’exploration et plus d’ennemis (pour un shoot pur) ou l’inverse (pour un jeu de plate-forme pure) aurait peut-être mieux marché. Cela dit, tout ceci contribue à donner un challenge certain… le premier niveau est assez douloureux.

Mugen Senshi ValisValis, d’ailleurs, propose cinq niveaux à la difficulté progressive ; enfin, les boss ne sont jamais si difficiles que cela (sauf quand on n’arrive pas à toucher leur point faible), mais si le niveau de Yuko est assez haut, ils ne sont finalement pas ce qu’il y a de plus violent. Comme les jeux de l’époque, il n’y a pas de sauvegardes mais des mots de passe à enter au démarrage et si l’on connait certaines combinaisons, on peut rendre le jeu assez aisé et le finir sans trop de soucis. Au final, c’est tout de même une bonne heure qui sera demandée (oui c’est ridicule maintenant, mais à l’époque un jeu d’une heure était déjà long) avec une Yuko « full power », mais le grinding d’xp étant vraiment long pour être à l’aise, on peut rester plus.

Si les graphismes sont plutôt bien pour l’époque, que l’animation est fluide et le gamesystem global qui diffère ce jeu des autres sont plutôt bons, Mugen Senshi Valis propose aussi une bande-son globalement bonne, avec des thèmes dynamiques et héroïnes pour certains. Il y en a bien un qui est un peu en dessous du reste et on sera surpris de ce stage au BGM semblant tout droit tiré du monde de Kraid (Metroid).

Le Main theme du jeu.

Là où vous devriez trouver tout cela vraiment « ringard », il faut bien prendre en compte les années passées et en cela, cette production une très bonne. Pour un premier épisode sur une machine pas particulièrement puissante, on se retrouve devant un jeu plein de challenge et une durée de vie suffisante, de bonnes idées de gameplay encore jamais vues (le système d’upgrade/downgrade en fonction de la performance du joueur…). Mais, pourtant, une version encore meilleur techniquement est sorti la même année sur PC-88… (bon, vous aurez compris que tout ceci est à lire avec une vision de l’époque… et des cheatcodes pour rendre tout plus facile.)

 

La fameuse « autre » version.

(presque) Invasion des consoles

En août 1987, Valis quitte les ordinateurs pour atteindre la Famicom de Nintendo. Celui-ci reprenait les bases des jeux précédents et le mélange d’action et plate-forme, mais ajoutait un coté exploration plus prononcé du fait que l’on pouvait totalement aller dans des endroits sans intérêt pour la suite de l’histoire.  On obtenait des objets dans des boutiques, notamment pour pouvoir attaquer les ennemis (on peut gagner des bombes dans le premier niveau… ah, les jeux 8 bits et leurs logiques parfois étrange !)

Un court-métrage promotionnel pour la version NES, diffusé au Japon.

Yuko revint encore une fois, mais chez SEGA sur Mega Drive en décembre 1991. C’est la seule version à être arrivée jusqu’aux Etats-Unis. On retourne à nouveau sur un jeu de plate-forme, plus linéaire et classique, mais aussi plus facile et ajoutant des cut-scenes à quelques endroits pour améliorer la narration. Sa bande-son était en demi-teinte, puisqu’elle reprenait l’originale. Les bon thèmes étaient encore meilleurs, les moins bons… l’étaient encore moins. Pourtant, cela n’empêcha pas la série de prendre ses marques sur la console.

Mars 1992 signa l’arrivée de ce premier épisode sur le PC Engine CD-Rom². Bien sûr, comme d’autres jeux portés ou créés sur cette machine, l’utilisation de CD-Roms comme support de stockage permettait d’en rajouter plus. Le jeu devient presque un anime entrecoupé de phases de jeu, et la bande-son change aussi. Bien qu’elle soit moins puissante, la petite 8 bits ajoute des animations plus fluides et reprend la glissade vue sur MD. En soi, sur toutes ces versions, on est loin des simples portages…

 Valis MD Valis PCE Valis MD US 

De gauche à droite, la cover Mega Drive japonaise, PCEngine et Mega Drive US (Genesis) .
Certains n’ont pas compris ce qu’est une lycéenne, on dirait…

Les ennuis continuent… et la déchéance arrive.

Le premier Mugen Senshi Valis a été suivi de trois épisodes plus un spin-off. Profitant aussi des autres machines, ils sont tous sortis en premier sur celle de NEC (PC-Engine donc). Ils restaient dans la veine du premier, avec des cinématiques, des monstres et des plates-formes, et surtout ajoutaient de nouveaux personnages jouables à partir du troisième.

Valis III a eu droit à son portage sur MD quelques mois après le premier, et pour le coup était meilleur en tous points. Il perdait des niveaux par rapport à la version d’origine mais gagnait un certain boss plus impressionnant. Somme toute, c’était tout de même un bon jeu… quant à Valis II,  la console au hérisson eut un SD Valis, épisode en quelques sortes original et tout « chibi ».

ValisValis IV, lui, fut porté sur Super Nintendo, de façon assez surprenante. Mais cet épisode est finalement un peu étrange, car il perdait des scènes de jeu (dont un niveau d’intro tutoriel), malgré une ambiance intéressante qui fait un peu penser à du Castlevania dans certains passages. Le problème, c’est qu’on perdait quand même deux des trois personnages jouables…

Mais ce n’est pas le pire. Après ce quatrième volet, où l’on n’incarnait pas Yuko (désormais devenue une déesse après la fin de Valis III… oui carrément), la série revint en 2006 dans quatre Visual Novels où elle réapparaissait comme si de rien n’était, ainsi que d’autres qui n’avaient pas forcément à être là (car supposés morts). Telenet Japan, la société à l’origine de la série, ayant mis la clé sous la porte, la licence a été revendue à une autre… ces Visual Novels, alors ? Ce sont des jeux érotiques… pornographiques, même.

On ne va pas vous détailler le nombre de vices et abus de personnages vus dans ces « productions », mais entre « fantasme » et « érotisme », il y a une différence que certains n’ont pas bien compris. Valis joue sur le personnage petite lycéenne qui se bat peu vêtue, mais en aucun cas elle n’avait à finir ainsi. On préfèrera quand même terminer en notant que les jeux sont disponibles sur PSN japonais et qu’un dernier remake y est sorti sur mobile… en 2006. Des manga sont sortis à l’époque aussi.

Mugen Senshi Valis, série désormais totalement oubliée du grand public (à part ses fans inconditionnels), a pourtant eu son succès, son originalité et ses qualités certaines. Maintenant, c’est certes quelque chose de difficile à apprécier correctement avec le poids de l’âge, mais son coté typiquement rétro japonais a un charme indéniable. Si l’on pouvait oublier la fin de la série et la relancer, qui sait si cela n’aurait pas de succès de nos jours ? Imaginons déjà juste ce que cela aurait donné sur les consoles 32 bits pour voir qu’il y avait un coup à faire… c’est d’autant plus dommage qu’au final, Yuko restera sans doute dans les méandres des jeux oubliés. Heureusement que Gaming Memories est là pour rattraper le coup, n’est-ce pas ? Sur ce, à bientôt pour une nouvelle année de voyages temporels !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Telenet Japan.

5 réponses

  1. Myamoto dit :

    Encore un jeu ou je suis passé à côté et qui à l’air sympa.
    Il faut dire que mon engouement n’a débuté qu’avec les Steeets of Rages que j’ai joué et rejoué à m’en user les doigts. Un bon article. Bonnes fêtes et à l’année prochaine (on va dans le passé pour voir le futur)..

    • Wow un commentaire du mois dernier auquel j’ai oublié de répondre, désolé.
      Il faut dire aussi que, comme il est sorti uniquement au Japon (pour cette version) et aux US (pour la version Mega Drive assez différente), c’est normal d’être passé à coté. Surtout à l’époque où les moyens de communication n’étaient pas aussi poussés, surtout poru un tel sujet que le JV…
      Merci pour le commentaire, en tous cas.

  2. fiston dit :

    Félicitation pour cet article assez exhaustif d’une saga méconnue, j’ai joué à peu près toutes les versions PCE et Megadrive à l’époque, et je place Valis 2 sur cd-rom2 au sommet, j’ai un affect très fort pour cet opus plutôt insignifiant et au gameplay souvent hasardeux, mais ses phases de dessins-animés, son scénario, et surtout sa bande-son me font craquer, c’est le seul que j’ai gardé depuis toutes ces années ( acheté en 1994 au moment ou les 32 bits faisaient leur apparition) et j’y rejoue de temps à autre bref nostalgie quand tu nous tient….
    Quid de S.D Valis sur Megadrive ? qui reprend beaucoup d’élément de Valis 2 (boss, ennemis, niveaux) qui devrait également figurer sur l’article..^^

  3. Devilman dit :

    Je n’ai jamais joué un Valis, et pourtant, ils font partie de ces jeux qui me faisaient fantasmer dans les magazines d’époque, et qui m’ont faire choisir la PC Engine CoregraFX comme première « console de Noël » plutôt que la Megadrive (ça devait être en 1990) 🙂

    Les jeux PC Engine semblaient tellement exotiques à l’époque, on avait bien des dessins animés japonais à la TV, mais pas encore la « culture japanim' » qui s’installera vers le milieu des 90’s, en plus, la console de NEC ne semblait pas avoir de soucis à montrer du boob, ce qui était plutôt un bon point pour un ado 😀

    Bref, rien que sur magazine, cette console faisait voyager et rêver, et c’était plutôt pa mal une fois manette en main 🙂

    J’ai jamais eu l’occasion de posséder un CD-ROM, je rêvais souvent que j’achetais la Duo, bizarrement, j’ai arrêté de faire ce rêve une fois que j’ai eu la Saturn lol

    J’étais bizarrement pas nostalgique de la console, mais depuis quelques semaines, je me tape un petit trip en émulation (je viens de terminer YS Book I), je pense que je jetterai un œil aux Valis 🙂

  1. 29 février 2020

    […] (Valkyrie Profile, la plupart des Star Ocean… et aussi l’un des membres fondateurs de Telenet Japan !) et Motoi SAKURABA parmi les habitués de la […]

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