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Japan Expo 2023 : les artisans de Tokyo à découvrir à Wabi Sabi

Japan Expo ne serait pas ce qu’il est sans son espace Wabi Sabi et, comme chaque année, c’est avec plaisir que nous déambulons dans les allées de la zone traditionnelle, à la découverte ou redécouverte de l’artisanat japonais. Pour cette 22e édition de Japan Expo et la 13e année de présence de Wabi Sabi au salon, nous nous sommes particulièrement intéressés au projet Tokyo Teshigoto, reconnaissable à sa couleur violette, qui regroupe des dizaines d’artisans traditionnels de la capitale, lorsqu’elle portait encore le nom d’Edo…

Wabi Sabi 13, l’espace culturel et traditionnel sous le signe de l’innocence cette année

Les parapluies artisanaux Ramuda

Ichihara Co., Ltd est une entreprise fondée en 1946 qui produit et distribue des accessoires de mode, dont les parapluies. La production est restée au Japon depuis la création de la société pour maintenir la qualité de leurs produits. Ramuda est le nom de la marque de leurs parapluies unisexes qui entend bien « faire attendre ses clients avec impatience les jours de pluie ». Deux artisans traditionnels certifiés par le gouvernement métropolitain de Tokyo travaillent dans l’atelier de fabrication qui se situe à Tokyo, dans le quartier Nihonbashi. Le manche des parapluies est en bois naturel et il est choisi avec soin par les artisans. Les baleines sont en fibres de carbone pour assurer une bonne durabilité aux produits, qui respectent les critères stricts de qualité de la Japan Umbrella Promotion Association.

Les parapluies sont dessinés selon le style européen, différent de la forme d’ombrelle que l’on trouve traditionnellement en Asie. Ramuda ajoute sa touche japonaise avec des motifs traditionnels que l’on retrouve notamment sur des kimono depuis des temps anciens. Sur le stand, on pouvait admirer les belles grues sur le motif rayé où l’animal est un symbole de longévité, de vitalité mais aussi d’harmonie pour les couples car il reste fidèle à sa moitié toute sa vie. En observant bien, vous pourrez remarquer la forme originale Tani-ochibari du parapluie, résultat de 60 années d’expérience.

Plus d’information sur le site officiel et sur Instagram.

La teinture Edo Sarasa avec l’atelier Some no Sato Ochiai

Sur les plus de 300 ateliers de teinture qui existaient durant les ères Meiji (1868-1912) et Taishō (1912-1926) dans la capitale, seule une petite dizaine a survécu aujourd’hui. Réunis d’abord à Kandakonyachō, les teinturiers de l’ancienne Tokyo ont migré, au début de l’industrialisation du pays sous Meiji, à la croisée des rivières Kanda et Myōshōji dans le district d’Ochiai, à Shinjuku.

Some no Sato Ochiai est l’un de ces résistants qui a très à cœur de préserver les traditions remontant à l’époque d’Edo (1603-1868). La galerie-atelier centenaire, fondée en 1920 par Shigeo KOBAYASHI sous le nom de Futaba-Ya, continue de perpétuer les techniques d’Edo Komon et d’Edo Sarasa, et les touristes de passage à Tokyo peuvent ainsi essayer dans des ateliers les techniques d’impression à la main utilisées à l’époque d’Edo. La quatrième génération se lance même dans la teinture à l’indigo, Aizome, avec pour l’instant une petite plantation d’indigotier dans la cour. Sur leur stand, de belles pièces dont un tote bag en chintz étaient exposées. Les festivaliers pouvaient assister à deux ateliers de teinture les vendredi et dimanche.

Stand de Some no Sato Ochiai
Stand de Some no Sato Ochiai à Japan Expo ©David Maingot pour Journal du Japon

Lors de son introduction par les Nanban, c’est-à-dire les « barbares du sud » portugais et hollandais, le Sarasa était dans l’archipel un objet de luxe. Les tissus teints selon cette technique venue d’Inde par la route maritime de la soie étaient alors réservés aux plus riches du pays. Ce n’est qu’à l’époque d’Edo que cette technique connaît un véritable essor. Les artisans d’Ise ont fait leur l’art séculaire de la découpe de pochoirs en papier appelé katagami ou Ise-katagami en hommage au nom de sa région de production depuis la fin de l’époque Kamakura (1185-1333), exigeant de la minutie, de la dextérité et de la patience. Selon l’objet à teindre et son motif, plusieurs sous-motifs selon le nombre de couleurs employés sont utilisés. Les katagami sont alors numérotés dans l’ordre d’application des pochoirs. Pour réaliser un kimono Edo Sarasa, en général, on compte 30 katagami mais pour les motifs les plus sophistiqués, le nombre peut atteindre 300 feuilles de papier découpées !

Plus d’informations sur le site officiel, leurs réseaux sociaux (Instagram, Facebook et Twitter) et leur chaîne YouTube.

Des fleurs en papier washi plus vraies que nature avec Okahan

On ne présente plus le papier washi que l’on aime utiliser, notamment, pour les loisirs créatifs comme le pliage origami. Le papier japonais réalisé à partir d’écorces de mûrier peut devenir de beaux objets décoratifs comme avec les fleurs artificielles d’Okahan fondé en 1922. Yuji OKADA, artisan de troisième génération, réalise de jolis bonsaïs artificiels à qui il aime « insuffler vie à travers les techniques » transmises dans sa famille. Avec (beaucoup) de patience et de dextérité ainsi que de multiples couches de papiers collés ensemble, on obtient des feuilles, des pétales et diverses parties qu’il faut ensuite assembler.

Stand de Okahan à Japan Expo
Stand de Okahan à Japan Expo ©David Maingot pour Journal du Japon

Les fleurs de cerisier et d’oranger sauvage, qui semblent naturelles, accompagnent à merveille les hina ningyo, les poupées exposées lors du hina matsuri, « la fête des poupées » qui a lieu le 3 mars. Si les créations florales ne volent pas la vedette aux reines, disposées sur l’escalier à 7 niveaux recouvert d’un tapis de feutre rouge, Yuji OKADA est fier de ses fleurs qui « rehaussent l’image des poupées » et qui « s’intègrent harmonieusement dans l’ensemble ». L’artisan nous confiait qu’il regrette que les Japonais perpétuent de moins en moins la tradition des poupées, par manque de place notamment. Il en résulte des ventes en baisse, d’où la nécessité de se diversifier en créant des mobiles, un jeu de société présenté aussi sur son stand et enfin de s’exporter à l’international, dans des pays où la natalité n’est pas en déclin notamment.

Plus d’informations sur le site officiel et la page Facebook.

Les poupées en bois et en tissu de Kakinuma Ningyo

C’est avec plaisir que l’on retrouvait les Edo kimekomi ningyo de l’atelier Kakinuma Ningyo fondé en 1950. A côté du stand d’Okahan, le fabricant de poupées est d’ailleurs l’un de ses clients, les fleurs artificielles de Yuji OKADA se mariant bien avec les objets de décoration recouverts de tissu, selon la méthode traditionnelle du kimekomi. En plus des traditionnelles poupées pour la fête des filles et des garçons, on pouvait admirer des bibelots porte-bonheur, à exposer au quotidien et pas uniquement pour les fêtes saisonnières, sous diverses formes : en maneki-neko, en chiens gardiens des sanctuaires komainu et même Hello Kitty !

Stand de Kakinuma Ningyo Co., Ltd à Japan Expo
Stand de Kakinuma Ningyo Co., Ltd à Japan Expo ©David Maingot pour Journal du Japon

Comme on peut le voir sur la photo, la base est en tōso, un mélange de sciure de paulownia et d’amidon de blé comprimé dans un moule. Pour habiller la poupée, différents tissus sont rentrées et collées dans les fentes de la base en bois grâce à une spatule. Si à l’origine, les bases étaient uniquement en bois, pour les chats porte-bonheur, l’artisan utilise un support en plastique imprimé par des machines 3D : le fameux « Japon, entre tradition et modernité » en somme !

Base en bois de kimekomi ningyo et maneki neko en cours de fabrication
Base en bois de kimekomi ningyo et maneki neko en cours de fabrication ©David Maingot pour Journal du Japon

Plus d’informations sur le site officiel.

La belle verrerie par Shiina-Kiriko (Glass-Lab)

Le travail du verre est une histoire de famille pour Takayuki SHIINA qui a fondé son entreprise Glass-Lab en 2014. Il est la troisième génération à concevoir, créer et vendre le verre mobilisant tout le savoir-faire maîtrisé par sa famille. Depuis 1950, l’atelier se situe dans le district Kiyosumi Shirakawa de Tokyo. Le père de Takayuki, Yasuo a affiné durant de nombreuses années sa technique du hira kiriko, une technique traditionnelle du Edo kiriko (verre ciselé Edo). Avec son petit frère Yasuyuki, ils ont développé leur propre technique de sablage au laser de précision, qui peut produire des lignes très fines jusqu’à 0,09 mm de largeur. En combinant ces deux techniques de verre ciselé et sablé sous le nom de suna kiriko, Glass-Lab insuffle une nouvelle vie à la verrerie d’Edo en créant des pièces uniques. La précision de la taille du verre et la réfraction permettent de magnifiques jeux de lumière.

Stand de Shiina-Kiriko (GLASS-LAB) à Japan Expo
Stand de Shiina-Kiriko (GLASS-LAB) à Japan Expo ©David Maingot pour Journal du Japon

Plus d’informations sur le site officiel.

ONITETSU, des talismans de démons protecteurs

On quitte Tokyo Teshigoto pour découvrir pour la première fois à Japan Expo les onigawara miniaturisés et faits à la main de façon artisanale de ONITETSU. Sur le stand, la tuile aux visages d’ogre japonais était déclinée sous différentes formes : en objet de décoration, en amulette porte-bonheur à porter autour de son cou, en cravate à cordons et en t-shirt.

Sur les toits des temples au Japon, aviez-vous déjà remarqué un petit détail, ces tuiles à visage de démons ? Lorsque l’on visite le pays, les visiteurs peuvent découvrir une architecture dépaysante avec les torii, portails sacrés vermillons, les majestueuses pagodes à 3 ou 5 étages et diverses statues de divinités… En levant les yeux, vous remarquerez les onigawara, tuiles à l’effigie des oni, les effrayants gardiens des lieux. Avec leurs crocs acérés, ils auraient le pouvoir d’empêcher les mauvais esprits de pénétrer les bâtiments religieux.

Onigawara sur le toit du temple Ikegami Honmon-ji
Onigawara sur le toit du temple Ikegami Honmon-ji – Photo de OiMax (Flickr) (CC BY 2.0)

A la fin du 6e siècle de notre ère, le clan Soga fonde le temple Asuka-dera considéré comme le précurseur des temples bouddhistes au Japon, dans la toute première capitale impériale. À Asuka, le toit n’est pas couvert de chaume mais des fameuses tuiles qui n’avaient pas encore les visages d’oni mais des fleurs de lotus, symbole de pureté et de renaissance dans le bouddhisme. C’est plus tard à l’époque de Nara, au 8e siècle, que les premiers onigawara à tête de démons japonais sont fabriqués pour décorer le toit du palais impérial et des temples de la nouvelle capitale Heijō-kyo.

Vous pouvez suivre l’actualité de ONITETSU sur Instagram. Une boutique en ligne acceptant les commandes à l’étranger est aussi disponible si vous avez raté le coche à Japan Expo.

Souvenir du stand de ONITETSU avec jizô dans ma bibliothèque
Souvenir du stand de ONITETSU avec une statuette de jizô dans ma bibliothèque ©David Maingot pour Journal du Japon

Nous remercions toute l’équipe de Japan Promotion ainsi que les différents stands du pavillon Wabi Sabi pour leurs explications, leur temps et leur disponibilité. Le temps passe vite dans l’espace traditionnel japonais et comme chaque année, il y a de belles découvertes avec des artisans toujours heureux d’expliquer leur artisanat et les techniques qu’ils mettent des années à maîtriser. Même si les prix peuvent sembler excessifs, les visiteurs peuvent toujours repartir avec un petit souvenir pas trop cher tant il y en a pour toutes les bourses. Cette année, ce sont les stands de Tokyo Teshigoto qui auront le plus attiré notre attention ainsi que les onigawara de ONITETSU. A l’année prochaine pour de nouvelles découvertes !

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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