Little Witch Academia : les tribulations d’une jeune sorcière

Quand la jeune Akko décide d’intégrer la meilleure école de magie, c’est pour s’impliquer à fond dans son rêve de jeunesse ! Envieuse d’à son tour proposer un jour d’éblouissants spectacles, elle va devoir s’affirmer dans un monde dont elle ne connaît pas les codes. Ridiculisée pour ses passions et son comportement « puérils », Akko va démontrer que chaque passion est fantastique à sa façon.

Un long projet prometteur

Lors de la présentation des animes de l’hiver 2017, Little Witch Academia (リトルウィッチアカデミア) se démarquait déjà du catalogue. Ses débuts ont été permis grâce au Young Animator Training Project, où chaque année le gouvernement soutient financièrement de jeunes animateurs au talent prometteur. L’un des objectifs de l’Agence gouvernementale japonaise pour les affaires culturelles étant de préserver et de mettre en valeur le savoir-faire des studios et artistes nationaux. Pour l’édition 2013, l’organisateur et créateur du projet JAniCA (Association japonaise des créateurs d’animation) avait sélectionné ce court-métrage en tant qu’un des Projets Mirai 2013.

Son créateur Yoh YOSHINARI et les deux fondateurs de son studio d’animation (Studio Trigger) sont étroitement liés au Studio Gainax. En effet, tous trois sont des anciens de ce studio ayant notamment travaillé sur Neon Genesis Evangelion (Yoshinari y était animateur principal et directeur de l’animation mécanique). Le Studio Trigger est ensuite créé en 2011 par Hiroyuki IMAISHI et Masahiko ŌTSUKA, peu de temps après leur départ de Gainax et la création des dernières séries de Imaishi au sein de celui-ci (Gurren Lagann et Panty&Stocking). Depuis, on retrouve chez Trigger leur esthétique si particulière, colorations fluorescentes et combats dynamiques, dans Kill la Kill, B.N.A., Promare

Anecdote amusante, le cour-métrage Death Billiards (qui deviendra la série Death Parade deux ans plus tard), est lui aussi un des Projets Mirai 2013 qui a été produit par le studio Madhouse où Yoh Yoshinari avait failli travailler. Ayant postulé en même temps à Madhouse et Gainax, il avait rejoint la première car ayant accepté en premier sa candidature. Il n’y restera que 3 mois, Gainax ayant répondu tardivement mais également positivement, ce dernier étant le premier choix de Yoshinari.

Le Studio Trigger a fêté ses dix ans le 21 août 2021 avec ce condensé d’extraits.
Pour les plus curieux, cette vidéo détaille l’histoire et les séries produites par le studio.
©TRIGGER Channel

Un univers qui ne cesse de s’étoffer

Le court-métrage a eu une suite en 2015, Little Witch Academia: La Parade Enchantée, partiellement financée par un financement participatif Kickstarter. Grâce aux dons des nombreux fans, l’objectif de 150 000 dollars a été atteint en moins de cinq heures. Ainsi, le petit projet a pu devenir un film d’animation. C’est en 2017 que Little Witch Academia est pleinement développé avec son univers sur 25 épisodes d’environ 25 minutes chacun, sur la plateforme Netflix. Deux making-of (sous-titrés anglais) présentent les différentes étapes de création d’un métrage. Le premier pour le Projet Mirai 2013 et le second pour le long métrage.

En dehors des projets d’animation, l’univers a eu quelques adaptations mangas :

  • deux one-shot de Terio TERI dans l’Ultra Jump (2013 puis 2015) compilés dans un mangas en 2016.
  • un début de série de Yuka FUJIWARA dans le Ribon (2015) qui n’a pas eu de publication reliée.
  • une série de Keisuke SATO dans le Shonen Ace (2017) compilée en trois tomes en 2018.

Hormis la dernière série qui ponctue ses histoires de quelques adaptations d’épisodes, les histoires sont ici inédites. Qu’il s’agisse de performance en groupe lors d’un concours cosplay ou de jeux vidéo de courses de balais, l’univers est une source d’inspiration. Pour comprendre l’engouement créé autour des petites magiciennes, intéressons-nous à l’intrigue.

Little Witch Academia : la chambre du temps est sorti sur Playstation 4 et sur PC en 2018
©A+ Games – Bandai Namco Entertainment

Une histoire de magie, de confiance en soi et d’amitié

Depuis qu’elle a assisté au spectacle de la fabuleuse Shiny Chariot, Atsuko (surnommée Akko) rêve d’être elle-aussi magicienne. Mais pas n’importe où : en se formant à l’école Luna Nova, celle où son idole a été formée. Son objectif : être une sorcière aussi talentueuse que Shiny pour à son tour diffuser de la joie autour d’elle ! Et accessoirement réparer les dégâts causés par sa maladresse légendaire.

Mais Akko s’attire vite les reproches cinglants de ses camarades et professeurs, notamment ceux de l’élève modèle Diana. Impulsive, naïve, imprudente, maladroite, impatiente… Ses ambitions démesurées et son optimisme infatigable tendent à énerver certains sorciers. Et le contexte où elle étudie ne facilite pas son intégration :

  • Ne venant pas d’une famille de magicien, Akko a beaucoup de lacunes et une vision idéalisée de leur monde.
  • Elle enfreint plusieurs fois des règles, volontairement ou non, et elle n’hésite pas à les critiquer ouvertement.
  • En s’impliquant intensément dans ses passions, il lui arrive de mettre ses amies (voire toute l’école) en danger.
  • Les spectacles magiques, comme ceux de Shiny Armor, sont jugés superficiels et infantiles par ses pairs.

Heureusement la jeune élève peut compter sur des alliées : la timide Lotte, l’étrange Sucy et l’humble professeure Ursula.

On constate que l’héroïne répond à un schéma plutôt classique, celui du personnage trop ambitieux et optimiste dont la majorité des personnages se moquent des rêves naïfs. Elle en a conscience mais elle ne se démonte jamais. Ses prises de risque et ceux de ses amies ayant un impact sur l’école voire à plus large échelle. Elles en ont conscience et apprennent progressivement de leurs erreurs. Cela ne les empêche pas d’en refaire plusieurs fois, mais elles sont différentes. On ne ressent pas de redondance dans les problèmes rencontrés ou de leçons répétitives.

Akko peine à se faire accepter de tout son entourage et à rendre crédible ses intentions sincères. Par ses aventures, elle apprend à faire attention avec son impulsivité et à écouter plus attentivement son entourage. Mais celui-ci va apprendre aussi à mieux la connaître, à ne pas s’arrêter à ses actions dangereuses et à cerner la pureté de sa bonté maladroite. Personne n’est parfait et tous le reconnaissent, certaines sorcières ayant elles-aussi une vision peu commune de la magie. Akko va les surprendre en se prenant trop vite d’intérêt pour les passions atypiques de ses camarades, habituées à ce qu’on les moque ou blasphème. Par son point de vue de non-magicienne, Akko s’émerveille de toute forme de pouvoir et amène un point de vue innocent. Il est agréable de voir une héroïne qui désire toucher à toutes les formes de magie sans en favoriser aucune.

Bande-annonce présentant des extraits du premier épisode de la série Netflix ©TOHO animation

La magie incompatible avec la modernité ?

Un des thèmes récurrents dans les épisodes est la place de la magie dans le monde contemporain. Les sorcières se confortent (ou imposent aux dissidentes) dans une forme de magie « traditionnelle ». Elles veulent conserver les savoirs anciens réfutant tout changement de mode opératoire. Akko va les remettre en question par sa présence, étant la seule élève ne venant pas d’une famille de sorcières, par ses reproches acerbes et par ses difficultés à réussir dans ce cadre scolaire uniforme. Elle n’est pas la seule à ne pas s’y sentir adaptée, mais elle va réclamer ouvertement que les cours s’adaptent aux élèves (et non imposer l’inverse).

Face à cette critique sur les enseignements stricts et uniformes, deux personnages (Croix et Constance) apportent une solution qui dérange les sorciers : remplacer la magie désuète par une approche innovante. Elles proposent de la combiner à de la technologie avancée de deux façons. Soit alimenter des appareils avec leurs pouvoirs, soit amplifier la magie avec des outils. Une fois que ces modifications sont vues comme complémentaires à la magie, et non aptes à la remplacer, elles sont mieux acceptées.

Un autre personnage critique la magie : Andrew. Présenté comme l’hériter du Premier Ministre de leur nation, il n’hésite pas à déclarer plusieurs fois celle-ci comme inutile et dépassée. Avec lui, Akko va aussi essayer de démontrer que la magie peut être bénéfique par sa simple beauté. Même si les personnages sont différents par leurs personnalités, leurs histoires, leurs objectifs, leurs passions… beaucoup se rejoignent sur l’idée que la magie n’intéresse plus grand monde et qu’elle va disparaître. Les actes surprenants et les opinions rafraîchissantes de Akko démontrent que la magie n’est pas un phénomène de mode passager. Qu’il peut s’adapter à son époque et aux désirs et besoins de chacun.

Quelques artworks présentés lors du kickstarter du 2e métrage ©Studio Trigger

Conclusion : Pourquoi regarder Little Witch Academia ?

  • Comparé au reste des productions du Studio Trigger, celle-ci est grand public.
  • Le projet a été soutenu financièrement par le gouvernement japonais puis par les fans.
  • La série parle de harcèlement scolaire, de confiance en soi, de solidarité et de différences.
  • L’univers magique ne se limite pas aux éléments récurrents : balais, chaudrons, baguettes…

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