Dr. Slump et le monde loufoque de Arale

Avant d’être connu pour son œuvre Dragon Ball, AKIRA TORIYAMA avait travaillé sur de nombreux projets. Mais ils n’ont pas tous connu la même notoriété… Hormis un petit robot pourvu d’une jolie frimousse enfantine : Arale Norimaki. Prépubliée dans le Weekly Shônen Jump de 1980 à 1984, la série eut droit à deux éditions françaises de 18 tomes chez Glénat. Le manga fut aussi adapté deux fois en animes par Toei Animation : la première de 1981 à 1986, la seconde de 1997 à 1999.

Alors que l’œuvre papier s’est achevée il y a 39 ans, les conventions continuent de regorger de casquettes au nom de l’héroïne et son humour fait toujours mouche ! Découvrez l’univers aussi loufoque que attachant ayant inspiré Dragon ball.

L’édition de 1995 ©Glénat – Akira Toriyama

En résumé : Arale est présentée comme la meilleure invention du savant farfelu Senbei Norimaki, jusqu’à devenir le personnage central de la propre histoire du Dr.Slump. Elle est présentée comme sa petite sœur de 13 ans et nous suivons son quotidien loin d’être banal. Même si Senbei essaie de l’habiller convenablement, de lui apprendre les bonnes manières, de l’inscrire à l’école, de cacher ses particularités de robot (comme dévisser sa tête)… La petite fille ne tient jamais en place et elle n’en fait qu’à sa tête.

La « perfect edition » de 2009 ©Glénat – Akira Toriyama

La mascotte qui a la bougeotte

Le plus souvent Arale est représentée avec une longue chevelure violette (parfois brune), des lunettes de vue, une casquette ailée, des gants et une salopette. L’un de ses accessoires iconiques étant le caca, rose et souriant, qu’elle adore tripoter puis exhiber avec un bâton. Elle séduit son entourage par sa gentillesse et sa candeur (qui peuvent aussi lui porter préjudice et faire douter ses amis sur son sérieux). La petite androïde a aussi des poses et comportements iconiques : elle écarte les bras sur les côtés et crit « kiiin » quand elle court, elle présente sa paume et dit « ncha » quand elle salue, et elle fend facilement la Terre en deux d’un coup de poing.

Bien que son univers soit déjà loufoque (un cochon annonce chaque jour le programme de la journée depuis un arbre, le soleil a un visage et des bras, les humains cohabitent avec des animaux anthropomorphes, le mangaka interagit directement avec ses personnages), la petite robot arrive à surprendre son entourage. Par sa force physique démesurée et sa naïveté enfantine, elle ne prend pas conscience du danger qu’elle représente pour ses camarades. Ce qui en fait, pour les villageois Pingouin, soit une menace latente agissant au gré de son humeur, soit une amie qui aspire à la franche camaraderie et aux petits bonheurs simples.

N’étant pas amie avec les règles de courtoisies et de politesses, la plupart de ses gags viennent de son décalage avec les rapports d’autorité et les normes de la société. Tels les policiers dont elle ne comprend jamais la gravité de ses « actes de rébellion » involontaires…

Des camarades tout aussi rigolos

Les personnages de TORIYAMA ont des inspirations variées, tel Astro de OSAMU TEZUKA pour l’apparence de l’androïde Obbotchaman ou Superman pour Suppaman. Certains costumes, personnages tierces et scènes font aussi un clin d’œil à des œuvres internationales (films, livres, contes populaires…). Ces détournements avec dérision sont plusieurs fois présents car il n’y a pas ici de fil rouge, juste des enchaînements de gags. Par moment les épisodes sont connectés dans un même scénario mais il s’agit surtout de tranches de vie.

Le quotidien de Arale est ponctué d’aliens envahisseurs, d’angelots capable de projeter des rayons lasers et/ou d’un savant fou aux inventions souvent catastrophiques. Mais on y trouve aussi de petites (més)aventures de la vie de tous les jours : aller à l’école, rencontrer de nouveaux amis, regarder du sport ou jouer en extérieur… Il lui arrive aussi d’expérimenter les dernières inventions de Senbei (à la manière de Nobita testant les gadgets futuristes de Doraemon).

Avec cette jeune androïde qui s’intéresse à tout et ne tient jamais en place, on n’a pas le temps de s’ennuyer !

Dr.Slump et ses amis ont fait une collaboration avec le Tower Records Cafe en mai 2016.
©Animés Animés (liens vers quelques photos en lien à l’évènement)

La grande sœur de Songoku

On retrouve plusieurs similitudes entre le héros de Dragon Ball et la petite androïde :

– Héros/Héroïne enfantin, naïf, impulsif et ayant une force surhumaine.

– Blagues autour du pipi-caca, des petites culottes et des jolis femmes.

– Illustrations avec des véhicules détaillés et/ou des éléments militaires.

– Cohabitation entre les humains et les animaux anthropomorphes.

– Les jeux de mots pour les noms de personnages, leurs groupes et leurs familles.

Tous deux ne connaissant pas les codes sociaux (la pudeur, la hiérarchie, la politesse, la valeur monétaire…). Ils adoptent souvent des comportements déroutants. Ils n’hésitent pas à poser des questions dérangeantes, car intimes ou hors-sujet, sans comprendre ce qui dérange dans leur spontanéité. Par leur force innée, ils ne cernent pas leur décalage avec la majorité de la population. Les réactions grimaçantes de leur entourage créant la majorité des gags. Quand les autres personnages ne restent pas de marbre face à ses exploits, les deux héros les considèrent comme banals.

La première fois quelle rencontre Songoku, c’est dans le chapitre 81 et dans l’épisode 55 de Dragon Ball. Son aide va directement impacter le scénario ©Toei Animation – Akira Toriyama
Dans le film « Dragon Ball : la grande aventure mystique »  (1988) , Arale ridiculise à nouveau un adversaire en considérant leur affrontement comme un jeu innocent et amusant. ©Toei Animation – Akira Toriyama

Comparé à Songoku, Arale ne va jamais évoluer malgré les péripéties rencontrées. Dr.Slump est un enchaînement de gags avec quelques fils rouges n’invitant pas à la remise en question. Au fil des évènements les rapports évoluent et des personnages s’ajoutent à l’univers, mais sans impacter les personnalités. Mais les gags redondants arrivent à surprendre les attentes des lecteurs comme des protagonistes. Quand l’un d’eux pense avoir appris de ses erreurs et s’être préparé à toutes les éventualités, Arale arrive toujours à à contrecarrer ses plans. Et ce sans jamais prendre conscience des moyens colossaux investis, même quand on les lui cite. Ce qui fait de Arale un personnage immature détaché de tout bien matériel et ne prenant jamais conscience de l’impact de ses actes.

Si Arale a inspirée le caractère de Goku, elle ne fut pas la seule référence pour Dragon Ball : Suppaman a inspiré la lâcheté et l’air imbu de Mr.Satan ; Tsukutsun a inspiré l’apparence et le rapport compliqué aux filles de Yamcha ; Peasuke a inspiré Plume par sa petite taille et son bonnet à oreilles pointues…

Ils se retrouvent dans Dragon Ball Super (épisodes 43 puis 69). Malgré les expériences gagnées au fil de ses aventures, Songoku estime que Arale est toujours plus forte que lui. ©Toei Animation – Akira Toriyama
Le jeu mobile gratuit « Dragon Ball Z Dokan Battle » (2015) a rendu hommage à Arale, ses apparitions et ses amis pour les 35 ans de Dr.Slump. ©katsuki Inc – Bandai Namco Games

Une oeuvre intemporelle

L’humour de Dr.Slump est simple et efficace, accessible aux jeunes publics et par moment cocasse. Quand elle compare sa morphologie à celle d’une jolie femme, quand elle montre sa culotte en public sans pudeur, quand elle pose des questions sans comprendre la gêne qu’elle occasionne… La jeune Arale surprend autant qu’elle amuse toutes les générations. Les petits et grands enfants se reconnaissent dans ses pitreries ou dans les réactions des villageois, pas vraiment plus matures. En les plaçant dans un environnement coloré et farfelu, avec des gags visuels dans les grimaces et les gestes déplacés, on obtient des gags parlant à toutes les générations et à toutes les nationalités.

Si le succès de son « petit » frère Dragon Ball, lui permet de continuer de faire des apparitions sur le petit écran et ailleurs, ce sont bien ses qualités et la liberté de ton qui la caractérise (qui peut encore manier le caca dans un manga grand public en 2023 ?) qui la rendent intemporelle et qui lui confère un telle aura, unique en son genre, qui perdure 39 ans après ses débuts… Une icone, à sa façon !

Si vous souhaitez vous aussi rejoindre Arale au village Pingouin pour de palpitantes aventures, rendez-vous sur la plateforme ADN. Si vous souhaitez en apprendre d’avantage sur la version mangas, direction notre présentation sur instagram.

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