Manga Taishô 2024 : les 10 prétendants au Grand Prix

Pour la 17e fois (déjà !) depuis 2008, voici la nouvelle édition des Manga Taishô, alias le Grand Prix du Manga ! En effet, chaque début d’année au Japon va de pair avec ce concours littéraire où sont nommés une douzaine de mangas aux nombreuses qualités, dont l’un d’entre eux est primé chaque année.

À la clé c’est une reconnaissance nationale et internationale ! Presque tous les Grand Prix ont été publiés en France depuis et ce sont des titres qui séduisent très souvent les connaisseurs de mangas, voire davantage : Vertical, March comes in like a lion, Chihayafuru, Thermae Romae, Bride Stories, Silver Spoon ou plus récemment Blue Period, Frieren, Darwin’s incident… Et Kore Kaite Shine de Minoru TOYODA primé en 2023, annoncé chez nous aux éditions Panini et qui devrait sortir le 21 août 2024.

La liste de nommés est toujours une savoureuse occasion de découvrir de nouvelles pépites ou de confirmer tout le talent de certains mangakas. Journal du Japon vous propose donc de découvrir cette sélection de la session 2024, avec leur histoire et leurs points forts, en attendant les résultats qui tombent généralement dans le courant du mois de mars. Comme d’habitude attendez-vous à des noms connus, des titres attendus et des mangas que nous n’avions jamais vu : en route pour cette 17e édition !!

Préambule : qu’est-ce que le Manga Taishô ?

Depuis sa création en 2008, l’événement a toujours permis à son comité organisateur de poursuivre un objectif double. Sa devise est de recommander les mangas que le jury a trouvé les plus intéressants possibles. En premier lieu, le but est de mettre en lumière des œuvres « récentes » au-delà de toute considération financière. Pour être nommé, un manga doit seulement avoir été publié au cours de l’année précédente et ne pas excéder les 8 volumes. Si sa réalisation répond à ces deux conditions, tout mangaka, qu’il ou elle soit débutant(e) ou artiste expérimenté(e), peut dès lors défendre ses chances.

À ce titre, une nomination peut parfois leur offrir une visibilité providentielle. En effet, les libraires au Japon accordent beaucoup d’importance aux différents classements et prix manga décernés au cours de l’année et n’hésitent pas à les mettre en avant dans leurs rayons. C’est moins le cas en France, en dehors du célèbre Prix Goncourt en littérature, mais il n’y a pas d’équivalent pour le manga dans notre hexagone, malheureusement.

Néanmoins les éditeurs français ne s’y trompent pas et gardent toujours un œil attentif, même si les titres des Manga Taishō ne sont pas forcément des best-sellers chez nous en France mais plutôt des middle-sellers au succès commercial varié, mais toujours très bien accueillis par la critique. La lauréate 2018, la mangaka Paru ITAGAKI avec Beastars a, par exemple, reçu de nombreuses autres distinctions, dont le prestigieux Prix culturel Tezuka et celui du manga Kôdansha, lui offrant ainsi une reconnaissance mondiale méritée. À noter que la série, toujours en cours, est arrivée en France aux éditions Ki-oon depuis. Blue Period, Freiren et Darwin’s Incident, les lauréats 2020, 2021 et 2022 ont eux aussi trouvé leur éditeur français, respectivement Pika édition, Ki-oon édition et Kana Édition. Le dernier lauréat ne s’est pas fait attendre puisque Kore Kaite Shine sera publié en août chez Panini Manga, comme nous vous le disions en introduction.

Voici d’ailleurs la remise des prix de l’an dernier où, après l’annonce des nommés, vous pouvez découvrir (à 12’15 environ) l’éditeur du manga primé en 2022, Kôji TERAYAMA, des éditions Kôdansha pour le Monthly Afternoon représenter Darwin’s Incident et son auteur Shun UMEZAWA, qui remet donc le prix directement à l’auteur, Minoru TOYODA, ravi de sa récompense et venu, semble-t-il, avec toute sa famille et ses amis.

Si on prend un peu de recul sur les vainqueurs des éditions précédentes, on notera un lectorat cible plutôt adulte, des connaisseurs de mangas et pourquoi pas amateurs de BD : Vertical (2008), Chihayafuru (2009), Thermae Romae (2010), March Comes in Like a lion (2011), Silver Spoon (2012), Kamakura Diary (2013), Bride Stories (2014), Golden Kamui (2016), Beastars (2018), Blue Period (2020), Frieren (2021), Darwin’s Incident (2022)… On est plutôt sur un beau palmarès !

Enfin le prix a également vocation à proposer de nouvelles pistes aux lectrices et lecteurs curieux de nouvelles histoires à découvrir. Des suggestions bienvenues dans un monde où les nouveautés se comptent chaque année par centaines. Le large jury, d’une centaine de personnes environ, choisi pour établir la sélection n’est composé que de passionnés, parmi lesquels bon nombre de libraires, aux goûts multiples et à l’affût constant de la moindre perle. L’harmonisation de leurs votes a toujours offert des listes variées et révélatrices des potentiels du moment.

Quels sont donc les 10 nommés parmi les quelques 257 titres à avoir tenté leur chance ? Voyez par vous-même avec cette sélection 2024 !

Kanda Gokura-chô Shokunin-Banashi de Akihito SAKAUE

Kanda Gokura-chô Shokunin-Banashi
Kanda Gokura-chô Shokunin-Banashi

Immersion dans l’artisanat traditionnel japonais à Kanda Gokura-cho, un quartier connu pour ses artisans, à l’époque Edo. Dans cette anthologie d’histoires courtes on traverse le quotidien d’hommes et de femmes, des forgerons aux constructeurs de bâtisses, en passant par les couturiers. La passion, la détermination et le dévouement des artisans qui préservent des techniques séculaires est mis en exergue tout en explorant leurs vies personnelles et professionnelles, chacun révélant les défis et les récompenses de leur métier.

Signé par un mangaka inconnu au bataillon, Akihito SAKAUE, chez la maison d’édition japonaise Leed, la série a été prépubliée de manière irrégulière dans le magazine Comic Ran (Le dernier envol du Papillon) de décembre 2020 à avril 2022, avant d’être sérialisée sur le site web Torch (Kakuemon, Comet Girl, Panda Detective Agency) à partir du 19 octobre 2022.

Voici donc un one-shot aux airs de vitrine de l’artisanat japonais, sans doute l’une des raisons qui ont permis à ce titre de se faire connaître et remarquer. Ici et dans d’autres prix aussi d’ailleurs : Kanda Gokura-chô Shokunin-Banashi est aussi nommé au Prix culturel Osamu TEZUKA et il s’est classé 3e au Kono Manga Sugoi. Bref, un titre qui commence à faire parler de lui. Est-ce par nostalgie, pour son hommage à l’artisanat japonais ou pour ses qualités intrinsèques de seinen historique / tranche de vie ? On espère le voir publié en France un jour pour le savoir.

Kimi to Uchû wo Aruku Tame ni de Inuhiko DORONODA

Kimi-to-Uchu-wo-Aruku-Tame-ni
Kimi to Uchu wo Aruku Tame ni

Kobayashi, victime de TDAH et de dyslexie, est un voyou incapable de se concentrer sur ses études ou de conserver un emploi à temps partiel. Un jour, l’excentrique Uno, atteint de symptômes du spectre autistique, est transféré dans sa classe. Uno sauve Kobayashi d’un emploi à temps partiel douteux proposé par un élève plus âgé, et les deux deviennent bons amis après cet incident. Plus Kobayashi apprend à connaître Uno, plus il est attiré par son mode de vie et il essaie de changer, de se changer lui-même.

Il s’agit à nouveau d’un manga signé d’un inconnu, Inuhiko DORONODA, publié dans le &Sofa de la Kôdansha, un magazine de prépublication en ligne dans la veine de notre très cher Afternoon, et lancé en novembre 2021. Un seul tome au compteur pour le moment, le second arrivant en mai au Japon.

Très intéressante histoire d’amitié entre deux personnes qui sont complètement opposées en termes d’incapacité à vivre normalement, mais qui s’avèrent complémentaires et qui luttent pour trouver le bonheur malgré les obstacles que la vie a mis sur leur chemin. Les deux sont des marginaux, mais s’avèrent immédiatement attachants, avec une excellente mise en scène et une narration bien pensée, faisant de cette histoire un incontournable, particulièrement pour ceux qui se trouvent confronté à ces troubles, ou qui cherchent à mieux les comprendre… ou voulant tout simplement découvrir un bon manga sur une amitié pas comme les autres.

Quand on se souvient de la réussite qu’a été A Silent Voice, on imaginerait bien les éditions Ki-oon nous en proposer la publication en France. En tout cas, voici l’une des révélations de cette édition, et un coup de cœur direct !

Seihantai na Kimi to Boku de Kôcha AGASAWA

Seihantai na Kimi to Boku
Seihantai na Kimi to Boku

Tout semble opposer la fashion et énergétique Suzuki et le très franc mais réservé – taciturne même – Tani. Mais voilà, Suzuki en pince pour lui, mais elle n’a jamais osé le dire à qui que ce soit ! Alors quand Tani lui-même fait le premier pas, Suzuki décide de prendre son courage à deux mains. C’est justement parce que tout les oppose qu’ils iront loin ensemble !

Premier titre de chez Shueisha de la liste, il y en a plusieurs cette année ! Vous l’aurez compris il s’agit d’une comédie romantique qui semble assez classique au premier abord. Surtout qu’il nous vient de l’usine à hit Shônen Jump plus : Astra Lost In Space, lauréat du Manga Taishô pour la 12e édition, DanDaDan, Black Clover, Kaiju N°8, Blue Flag, Takopi, Spy X Family… On arrête là, vous avez compris l’idée. La série comporte 6 tomes pour le moment.

Nous nous étonnions de voir la série nominée l’an dernier au Manga Taishô. Et pourtant elle s’était classée 3e ex-aequo en 2023, et la revoilà ! Le duo phare y apprend à comprendre et à apprécier leurs différences, tout en abordant l’amitié, l’amour, le développement personnel dans un récit plein d’humour et de tendresse. Sa seconde nomination indique que ce titre de Kôcha AGASAWA a quelque chose en plus, sans doute son héroïne Suzuki, véritable boule d’énergie qui la transmet au lecteur, chapitre après chapitre. Elle est rêveuse, romantique, bavarde, part dans de longs délires de prince charmant avec ses copines, mais elle fait toujours attention à ce qu’elle dit, et à son image… Alors que Suzuki, avec sa coupe lambda et ses lunettes, est le parfait exemple de l’intello handicapé social qui ne sait pas – ou ne veut pas – prendre de gants avec son entourage. Il est sérieux, posé et, en apparence, imperturbable.

Il est amusant de voir à quel point ils se mettent l’un l’autre sur un piédestal, rêvant d’être un peu plus lui comme elle et elle comme lui. C’est assez mignon, et les premiers chapitres sont une bonne petite lecture, bien agréable.

Le mangaka avait obtenu la seconde place des Next manga awards (un prix décerné par les votes du public) pour une autre série, Super no Ura de Yani Sû Futari. Pas de quoi imaginer le titre en gagnant du Manga Taishô pour autant, mais on espère que le titre finira par arriver dans notre Hexagone, pour y jeter un œil.

Tamaki to Amane de Fumi YOSHINAGA

Tamaki to Amane

Un manga Shûeisha à nouveau mais, par rapport au précédent, nous avons deux salles, deux ambiances comme on dit souvent. En effet, on parle ici d’un one-shot josei bien loin de la love com lycéenne : en rentrant du travail, Tamaki voit sa fille Akari embrasser Norimoto, une fille de la même classe qu’elle, dans un terrain vague. Tamaki rentre chez elle et en parle à son mari, mais celui-ci semble avoir des sentiments singuliers sur cette aventure… Des souvenirs aussi : son mari est déjà tombé amoureux d’un garçon de la même classe, alors qu’il était en troisième année de collège, tout comme Akari.

Un omnibus décrivant les différentes « formes d’amour », des histoires douces-amères entre romance et amitié, abordant avec sensibilité les complexités des relations interpersonnelles, les luttes intérieures et la recherche de l’acceptation.

Encore une fois un titre assez mystérieux, qui a capté notre attention, d’autant que son auteure n’est pas n’importe qui : Fumi YOSHINAGA, l’auteure du Pavillon des Hommes ou du très récemment sorti en France What did you eat yesterday aux éditions Soleil Manga. Au Japon il a été publié dans le Cocohana, où sont proposés quelques titres de Akiko HIGASHIMURA, et certains se souviendront peut-être de Brainstorm Séduction de la bien connue Setona MIZUSHIRO, publié en 2009 chez Kazé.

Le titre ne semble pas trop avoir le profil pour l’emporter mais il a aussi été nommé au Prix Culturel Osamu Tezuka, donc sait-on jamais. En tout cas, un nouveau Fumi YOSHINAGA en France, on ne dit pas non !

Diamond no Kôzai de Oohashi HIRAI

Diamond no Kôzai

Shûeisha, et de trois ! Encore une fois, on part sur totalement autre chose puisque nous avons cette fois-ci un manga sportif, sur le base-ball qui plus est : Jiro Ayasegawa a un talent inné pour le baseball. Pourtant, c’est un garçon seul et délaissé, peu importe ce qu’il fait. Par son talent, des joueurs perdent face à lui, et abandonnent leurs rêves. Alors qu’il souffre de cette solitude, il découvre les Bambies, une équipe de jeunes joueurs de base-ball dont le leitmotiv est le fun. Ayasegawa prend alors plaisir à jouer au base-ball avec eux, mais…

Celui là, même si le pitch a l’air diablement classique et dans les canons du manga sportif, sent le hit au Japon, a plein nez. Le manga compte déjà 5 tomes, et il est signé par un inconnu à nouveau, Oohashi HIRAI, mais il est le vainqueur des Kono Manga Sugoi 2024, côté lectorat masculin. La série a aussi été classée septième au Next Manga Award et positionnée quatrième dans la liste des comics recommandés par les employés des librairies nationales en 2024. Ce seinen a donc les projecteurs un peu braqués sur lui. Il est publié dans le Young Jump, autre magazine hyper célèbre de l’éditeur avec des classiques comme Gantz, Ascension, Golden Kamui, Kingdom, Tokyo Ghoul… mais aussi des titres récents et appréciables comme Alma, Boy’s Abyss, Oshi no Ko, Kowloon, etc.

En plus on trouve que la couverture du premier tome est assez ensorcelante… Donc, certes, ce n’est pas exactement un manga profilé pour le Manga Taishô mais les multiples intérêts qu’il a sollicité au Japon semble indiquer qu’il a quelque chose en plus. C’est avec une quasi certitude en tout cas que nous en réentendrons parler, les négociations sont surement en cours (bouclées ?) pour la France !

Tenmaku no Jadougal Jaadugar de Tomato Soup

Tenmaku no Jadougal Jaadugar
Tenmaku no Jadougal Jaadugar

Au 13e siècle, Fatima, capturée par l’Empire Mongol (le plus puissant Empire sur Terre à cette époque) a été faite prisonnière et servante au Palais Impérial. Formée en Iran, lieu où se rassemble des experts de la médecine et la science alors, Fatima recherche un lieu où elle pourra exprimer ses talents en la matière. Elle va croiser la route de Töregene, la sixième épouse du deuxième Empereur ÖgedeïUne femme qui a des sentiments mitigés, en ce qui concerne l’Empire Mongol…

Une histoire de la Mongolie à travers les yeux d’une sorcière : voici un manga qui mélange habilement faits historiques et fantaisie, explorant l’impact des croyances et de la magie sur les sociétés anciennes, tout en tissant une histoire captivante d’aventure, une lutte de pouvoir et de survie. Il faut dire que le matériau historique a de quoi inspirer puisque Öhedeï est le fils de l’illustre Gengis Khan et Töregene lui survivra après 16 ans de règne pour assurer la régence de leur fils pendant 5 ans… Une femme intrigante à n’en pas douter.

Malgré sa couverture inhabituelle et son héroïne à l’allure réservée, ce titre historique signé Tomato Soup s’est déjà octroyée la première place au classement féminin du Kono Manga Sugoi en 2023 et il était également nommé l’an dernier au Manga Taisho, où il était arrivé 5e. Le manga est prépublié depuis 2021 dans le méconnu magazine Souffle, un magazine josei de l’éditeur Akita Shôten, et compte pour le moment 3 tomes. Il a fini par séduire (au moins !) un éditeur français de manga, Glénat Manga, qui le publiera en France en septembre prochain.

On se souvient de Bride Stories, qui nous emmenait déjà dans les steppes, primé au Manga Taisho 2014, et on peut aussi penser à Arslan de Hiromu ARAKAWA, même si Tenmaku no Jadûgal tient largement plus de TEZUKA graphiquement que de Kaoru MORI (quelques planches ici pour vous en convaincre). Mais, comme nous le disions l’an dernier : les coulisses du pouvoir d’une dynastie méconnue à travers les yeux d’une héroïne qui a tout à prouver mérite qu’on s’y attarde… n’est-ce pas ?

Hirayasumi de Keigo SHINZÔ

Hirayasumi
Hirayasumi

Amusant de croiser au Manga Taishô (de recroiser en vrai, car il a déjà été sélectionné en 2022), un manga dont nous sommes déjà fans à la rédaction… Tout comme de son auteur d’ailleurs !

Pour ceux qui ne connaissent pas encore la dernière série du mangaka publié chez Le Lézard Noir en France, en voici un résumé : Hiroto Ikuta, 29 ans, est employé à mi-temps, insouciant et célibataire. Il vit son existence paisiblement, sans se soucier du lendemain dans une petite maison de plain-pied dont il a hérité d’une vielle voisine. Lorsque Natsumi, sa cousine de 18 ans étudiante en art à Tokyo, vient vivre chez lui, Hiroto va apprendre à côtoyer des individus bien plus tourmentés que lui et qui vont lui rendre la vie difficile.

Manga tranche de vie par excellence, tout aussi drôle qu’apaisant et feel good, voici une introspection dans la vie quotidienne d’individus ordinaires, présentant des récits touchants sur la vie, les aspirations et les relations humaines. Avec un style narratif délicat et contemplatif, ce manga explore ces petits moments de beauté de l’ordinaire quotidien, et la complexité des émotions humaines.

Le titre compte 4 tomes en France, 6 au Japon, où il est édité par les éditions Shôgakukan dans le Big Comic Spirits, un autre grand magazine, qui sont décidemment très populaires cette année au Manga Taishô. On y trouve des mangas de Naoki URASAWA, de Taiyô MATSUMOTO, de ASANO, de ADASHI, et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Un bon candidat, nous serions ravis de le voir l’emporter !

Family Restaurant Iko de Yama WAYAMA

Family Restaurant Iko
Family Restaurant Iko

Yama WAYAMA n’en est pas à son coup d’essai car l’autrice a déjà été nommée à plusieurs reprises à ce prix, pour Muchû sa, Kimi ni et surtout Hoshi dans le jardin de filles, publié en France également, un josei qui nous raconte le quotidien d’un professeur de japonais et conseiller d’orientation dans une école réservée aux filles. Dans Family Restaurant Iko on suit suit Satomi Oka (apparu dans la précédente série de l’autrice, Karaoke Iko!, qui a connu un certain succès au Japon) qui déménage d’Osaka à Tokyo, pour rentrer à la fac. Sur le chemin du retour d’une soirée du nouvel an, il découvre puis devient un grand fan d’un petit restaurant familial… et y trouve un job à mi-temps.

Dans une ambiance qui rappellera peut-être la Cantine de minuit, on retrouve donc Satomi Oka et, si on en croit a couverture, son bro’ de karaoké, le yakuza Kyôji Narita.

Le titre est édité d’abord chez Enterbrain, avant d’atterrir chez Kadokawa Shôten, éditeur qui publiait aussi la préquelle de toute façon, Enterbrain publiant lui, en 2019 Muchû sa, Kimi ni que nous citions plus haut (Yama WAYAMA aurait-elle la bougeotte ?). Comme Karaoke Iko, Family Restaurant Iko est prépublié dans les pages du Comic Beam, magazine assez intéressant où l’on trouve des titres et des auteurs originaux comme Atsushi KANEKO, Gô TANABE, Suehiro MARUO ou encore Kaoru MORI.

Malgré ses nombreuses nominations, Yama WAYAMA n’a jamais remporté le fameux prix, provoquant autant l’intérêt que l’indifférence selon ses lecteurs et ayant du mal à faire l’unanimité parmi les jurés. 2024 et ce nouveau titre changeront-ils la donne ? On ne pense pas.

Heiwa no Kuni no Shimazaki he de Gôten HAMADA et Takeshi SESHIMO

Heiwa no Kuni no Shimazaki he

Que voilà une singulière couverture… Et les suivantes sont du même acabit, mais il faut dire que le héros de ce récit n’est pas un rigolo, avec son air de Mads Mikkelsen des mauvais jours : Aujourd’hui adulte, Shingo Shimazaki a été enlevé enfant par l’organisation terroriste internationale LEL, lors d’un détournement d’avion, et en est devenu l’un de ses soldats. Après 30 ans, il réussit à s’échapper de l’organisation et retourne dans sa ville natale au Japon. Shimazaki pourra-t-il retrouver une vie « paisible » dans son nouveau pays ?

Second titre de la Kôdansha pour cette édition avec ce seinen de 4 tomes au Japon (toujours en cours) publié dans les pages du Morning. Le Morning, ENCORE un magazine d’anthologie : le Manga Taishô est une vraie vitrine des plus grands magazines de prépublication au Japon cette année ! Les gouttes de Dieu, Billy Bat, Cesare, Gon, Love Fragrance, Vagabond, Planètes et bien d’autres… On ne joue pas chez les débutants, clairement, même si Heiwa no Kuni no Shimazaki he (Cher Shimazaki, dans ce pays en paix) est la première œuvre de HAMADA (scénario) et SESHIMO (dessin).

Avec son air flippant, Shimazaki semble aspirer désormais à une vie paisible et tranquille, fait de petits boulots commun mais la classification action et drame de ce seinen ne laisse pas beaucoup d’espoir quand à sa vie au Japon… Peu de chance que l’on tombe dans le feel good, mais plutôt dans le deuil et le souvenir, le manga abordant plutôt, avec délicatesse, les thèmes de la mémoire, de la résilience et la quête de paix intérieure. Beaucoup de mystère demeurent quand au passé de Shimazaki mais les quelques pages que nous avons pu lire en font un personnage rapidement passionnant, dans un manga très immersif. Si vous êtes fan de The Fable par exemple, vous espérerez comme nous que le titre figure en bonne place et nous arrive prochainement en France !

Yomi no Tsugai de Hiromu ARAKAWA

Tsugai

Le Manga Taisho a le bon goût, en toute subjectivité, d’apprécier Hiromu ARAKAWA et l’a d’ailleurs récompensé en 2012 en faisant de Silver Spoon le lauréat de l’époque. Dans ce nouveau manga de l’autrice de Fullmetal Alchemist, Arslan et Nobles Paysans, on découvre le jeune Yuru, chasseur aguerri, qui mène une vie paisible dans un village reculé au sein des montagnes, au contact de la nature. Il prend grand soin de sa jeune sœur jumelle, Asa, recluse depuis sa naissance afin de satisfaire un rituel divin. Mais son destin bascule, se révèle à lui, plutôt, quand de mystérieux oiseaux de métal attaquent la cité ancestrale. Les rouages du destin se mettent alors en marche… dans un monde où les démons et les humains coexistent dans une précaire balance de pouvoir.

Dans ce manga qui joue sur les duos et la dualité à tous les niveaux, c’est un véritable choc des cultures et des civilisations dès le premier tome avec un héros qui va voir son monde, assez proche de l’époque Edo, s’écrouler, et il va devoir s’adapter rapidement à un nouveau, le notre, le monde moderne et toute sa technologie. Il apprend également que sa famille ne l’est pas vraiment, et que de lourdes responsabilité l’attendent.

Le titre est publié dans les pages du Shônen Gangan de la maison Square Enix, où l’on a pu croiser Soul Eater, FMA, Doubt et Judge dans les années 2000 et 2010. On retrouve un mix entre action, aventure, fantasy, folklore japonais sans oublier l’humour et le coup de crayon typiques de la mangaka. Comme tous les titres de l’autrice on peut déjà en profiter de ce shônen depuis juillet 2023 chez Kurokawa, avec un 3e tome sorti en février.

Si la sélection de cette année est un peu plus courte que d’habitude, 10 mangas contre onze ou douze habituellement, cela ne nuit pas à sa richesse. Trois mangas viennent d’être, ou le seront très bientôt, publiés en France – Tenmaku no Jadougal Jaadugar, Hirayasumi et Tsugai – et trois titres sont nommés pour la seconde fois.

Mais, comme l’an dernier on est surtout content de découvrir cinq nouveaux mangakas : Akihito SAKAUE, Inuhiko DORONODA, Oohashi HIRAI, Gôten HAMADA et Takeshi SESHIMO. Une liste à compléter avec d’autres prix, avec les Kono Manga Sugoi ou le prix culturel Osamu TEZUKA, ou en allant jeter un œil à notre nouvelle rubrique, Lectures du Japon.

En tout cas, rendez-vous fin mars pour l’annonce du gagnant, sur nos réseaux sociaux et ici-même. Nos 4 préférés sont Kimi to Uchû wo Aruku Tame ni, Tenmaku no Jadougal Jaadugar, Hirayasumi et Heiwa no Kuni no Shimazaki he… Mais honnêtement une grande majorité des titres a sa chance, soit pour ce qu’il nous dit du Japon, soit de par ses qualités intrinsèques. Et vous, dites-nous en commentaire, quel est votre favori ?

Vous pouvez retrouver le site officiel de l’événement : www.mangataisho.com
Pour jeter un œil aux éditions précédentes, c’est ici !

Sources : Manga Taisho, Anime News Network, Manga Updates, Nautiljon, Manga News

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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