Les Enfants Loups, Ame & Yuki ou l’une des plus belles histoires d’amour maternel

Le 29 août 2012 sortait au cinéma le sixième film du réalisateur Mamoru Hosoda intitulé Ōkami kodomo no Ame to Yuki, ou Les Enfants Loups, Ame & Yuki en français. Treize ans après sa sortie, le long-métrage a fait son retour dans les cinémas français dans une version restaurée 4K. L’occasion rêvée de revivre l’un des plus grands films d’animation japonais de ces vingt dernières années, porté par la sensibilité et le regard uniques de Mamoru Hosoda.

Entre fable intime et récit initiatique, Les Enfants Loups, Ame & Yuki nous invite à découvrir avec douceur et délicatesse les liens entre une mère veuve et ses enfants loups. Une histoire dans laquelle nature sauvage et instinct primitif vont se confronter à la société humaine et sa logique parfois glaciale.

Les Enfants Loups, Ame & Yuki ou l’une des plus belles histoires d’amour maternel

Il y a des films qu’on n’oublie pas. Des récits qui nous ont marqués si profondément, qui ont résonné si fort avec notre âme et notre cœur qu’ils nous collent à la peau et chaque occasion est bonne pour les revoir. Et à chaque visionnage, ce sont les mêmes émotions qui remontent à la surface. Les Enfants Loups, Ame & Yuki, réalisé par Mamoru Hosoda, fait partie de ces films. Au même titre que ceux de Makoto Shinkai ou d’Hayao Miyazaki.

Aux côtés de Summer Wars et La Traversée du Temps, le film a bénéficié d’une ressortie cet été dans les cinémas français. L’occasion, donc, de le (re)découvrir et de le faire découvrir à celles et ceux qui l’avaient manqué à l’époque. Et dès les premières images, impossible de ne pas se souvenir de ce qui nous avait tant bouleversé devant Les Enfants Loups, Ame & Yuki.

Les Enfants Loups, Ame & Yuki : une histoire fantastique, mais plus moderne qu’on ne le croit

Dans Les Enfants Loups, Ame & Yuki, nous suivons Hana, une étudiante douce et discrète, qui tombe amoureuse d’un homme portant en lui un secret ancestral : celui d’être un homme-loup. De leur amour vont naître deux enfants, Yuki et Ame, qui héritent à leur tour de cette double nature, humaine et animale. Malheureusement pour la petite famille, le destin se montre capricieux et Hana se retrouve seule pour élever les deux enfants.

La jeune femme est alors confrontée à l’incompréhension de la société moderne et au regard des autres. Une situation qui la pousse à faire un choix radical : quitter la ville pour s’installer à la campagne, dans une maison isolée, loin de tout. Là-bas, elle espère pouvoir offrir à ses enfants une vie simple, protégée et dans laquelle ils pourront peu à peu apprivoiser leur double identité.

Une ode à la maternité, dans toute sa complexité

Ce que nous propose Mamoru Hosoda dans ce film n’a rien de spectaculaire. Pas de batailles épiques, pas de pouvoirs ahurissants. Seulement une mère, seule face à l’inconnu, qui apprend chaque jour à composer avec la différence de ses enfants, leurs besoins changeants et leur évolution intérieure. Dans Les Enfants Loups, Ame & Yuki, la maternité est présentée telle qu’elle est réellement : sans filtre, sans idéalisme, dans ce qu’elle a de plus quotidien, mais aussi de plus admirable.

Le personnage d’Hana n’est ni une héroïne parfaite, ni une martyre. Comme toutes les mères, elle doute, elle pleure, elle tombe, mais elle se relève toujours. Sa tendresse n’a rien de puérile : Hana est une mère exigeante, résolue, prête à tout pour le bonheur de ses enfants. Et c’est peut-être là que réside la force du film : dans cette capacité à représenter l’amour maternel non pas comme un sacrifice, mais comme un lien vivant, mouvant, parfois douloureux, toujours sincère. Ce portrait de la maternité évite superbement bien les clichés. Il montre avec pudeur ce que signifie élever seule deux enfants différents, dans un monde qui ne laisse que peu de place à la nuance.

©2012 “WOLF CHILDREN” FILM PARTNERS

Grandir librement, à son propre rythme

À travers les personnages de Yuki et Ame, le film aborde aussi la question de l’identité, de la différence et du choix. En grandissant, les deux enfants empruntent différents chemins, dictés autant par leur nature profonde que par leurs aspirations personnelles. L’un se rapproche de la société humaine, l’autre s’en éloigne pour explorer sa part sauvage. Comme pour nous rappeler qu’aucun choix n’était réellement bon ou mauvais et qu’il s’agissait avant tout d’être en accord avec soi-même, de trouver sa propre place dans un monde qui, parfois, nous dépasse.

Que ce soit dans Les Enfants Loups, Ame & Yuki ou Le Garçon et la Bête, par exemple, Mamoru Hosoda ne cherche jamais vraiment à imposer une morale. Le réalisateur ne semble avoir qu’un but : raconter simplement la complexité de grandir et d’exister quand on ne correspond pas aux cases imposées par la société. Et c’est là que résident la magie et le talent de Mamoru Hosoda : montrer que l’identité n’est pas un héritage figé, mais une construction intime, progressive, fragile parfois. Les Enfants Loups, Ame & Yuki n’a pas vocation à nous apporter des réponses, ni même à expliquer quoi que ce soit. Il nous rappelle que, bien que l’on puisse se sentir en décalage avec le monde qui nous entoure, nous sommes nous, et personne d’autre.

Treize ans après sa sortie, Les Enfants Loups, Ame & Yuki n’a finalement rien perdu de sa force. Au contraire, le film parvient à rester actuel en dépit du temps qui passe. Un pouvoir qu’il doit à la capacité de Mamoru Hosoda d’évoquer des choses simples et pourtant universelles comme le fait d’aimer sans avoir de mode d’emploi ou encore grandir dans un monde qui ne nous comprend pas toujours.

Finalement, voir ou revoir ce long-métrage en 2025, c’est s’offrir une parenthèse de poésie dans un monde toujours plus bruyant et clivant. C’est accepter de ralentir, de ressentir et d’écouter ce que certains artistes font de mieux : raconter l’humain dans toutes ses contradictions.

Juliet Faure

Tombée dans la culture japonaise avec le célèbre "Princesse Mononoké" de Miyazaki, je n'ai depuis jamais cessé de m'intéresser à ce pays. Rédactrice chez Journal du Japon depuis 2017, je suis devenue la yakuza de l'équipe. Plutôt orientée RPG et Seinen, je cherche à aiguiser de nouvelles connaissances aussi bien journalistiques que nippones.

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