Boichi : l’interview d’un mangaka engagé et visionnaire !

Sun-Ken Rock ©2014 Studioboni

Parmi les quelques mangakas au nom connus en France, il y en a un qui se démarque des autres par son style et son origine : Mujik Park, alias Boichi, auteur originaire de Corée du Sud, âgé de 41 ans dont 21 ans de carrière. Il est connu chez nous pour Sun Ken Rock (éditions Doki-Doki) mais aussi HE (Editions Tonkam), Sanctum et Hotel (éditions Glénat) ou, prochainement, WALLMAN qui arrive en juillet aux éditions Kazé Manga.

A l’occasion de ses 3 ans, le site internet sunkenrock.com a réussi à rentrer en contact avec ce mangaka sud-coréen, qui vit et travaille au Japon depuis une décennie. Avec l’accord du site et du mangaka lui-même, Journal du Japon vous propose aujourd’hui la version française inédite de cet entretien.

L’auteur revient sur ses débuts coréens dans le shôjo, la censure qui a frappé la Corée à partir de 1997 puis son départ au Japon qui en a découlé 6 ans plus tard, l’impact du séisme de 2011 et la création de HE mais aussi ces toutes dernières histoires, Sun-Ken Rock et WALLMAN ou son prochain titre The Origin, avec quelques surprises à la clé !

Une carrière coréenne compliquée

Sunkenrock.com : Votre style et le public que vous visez ont radicalement changé depuis votre arrivée au Japon. Pourquoi avez-vous décidé de passer du shôjo au seinen ?

Boichi: Comme vous le savez déjà, j’ai travaillé pendant dix ans en Corée en tant que mangaka shôjo. Je ne dessinais pas que du shôjo pour vivre, mon identité était vraiment celle d’un mangaka shôjo.

Quand j’étais enfant, j’ai grandi entouré de science fiction. J’étais littéralement un geek de Sci-Fi. Mais ensuite, à 18 ans, j’ai lu pour la première fois un manga shôjo. C’était un monde absolument dingue, tellement créatif ! Ça m’a complètement absorbé ! J’ai alors commencé à étudier le shôjo et à l’aube de mes 20 ans, j’ai débuté dans un magazine de manga coréen pour jeunes filles. Après cela, j’ai vécu en tant que mangaka shôjo pendant un certain temps, entre 1993 et 2003.

Boichi

Pour en revenir à 1997 et mes premières heures de mangaka shôjo : à cette époque le gouvernement coréen avait annoncé le Juvenile Protection Act 1997 (loi pour la protection des mineurs) ! Beaucoup de mangakas et d’éditeurs coréens ont alors été poursuivis. L’association Parents-Enseignants coréenne (une sorte de FCPE, ndlr) ainsi que les procureurs affirmaient que les mangas étaient nocifs pour les enfants et les adolescents. Ils nous ont traités comme des criminels. Parfois, ils nous appelaient même à la barre.

Avant que tout cela commence, le marché du manga coréen possédaient quatre grands magazines pour adultes (mais pas hentai ou érotique, plus du seinen), et ils se vendaient tous assez bien. Après que le Juvenile Protection Act soit passé, ces magazines ont été contraints de cesser leurs publications !

Bien que la loi ne s’applique pas directement à des publications dans des revues et autres, de nombreux mangakas adultes ne purent s’exprimer sur le sujet en vertu des règles de la loi sur la protection des mineurs, et les librairies ne tardèrent pas à bannir les mangas et leurs magazines de prépublication. Le Juvenile Protection Act a eu un impact considérable sur l’ensemble de l’industrie du manga coréen.

L’âge sombre du manga coréen débuta alors !

J’ai pensé que c’était totalement injuste envers les mangakas et l’industrie du manga coréen. J’ai alors commencé à dessiner des mangas, à écrire des articles, à manifester dans la rue à propos de la liberté d’expression qu’offre les mangas. Je voulais leur prouver que personne, aucune énergie ne pouvait gagner contre la main droite d’un mangaka et sa passion pour la création …
Malgré cette controverse, j’ai dessiné quelques mangas érotiques pour des raisons qui me sont propres, mais c’était le seul acte de « résolution personnelle » que j’ai pu accomplir. Après tout, c’était devenu interdit.

Le temps a passé, et en 2003 j’ai reconsidéré ma situation. J’ai annoncé à mes bien-aimés fans coréens que je n’allais plus jamais dessiner des shôjo en Corée, et que je n’allais plus manifester dans les rues. J’ai commencé à concentrer mes efforts pour débuter au Japon, et ai commencé à étudier la réalisation de films à la Korean film arts school dans le but d’essayer d’organiser au mieux mes théories sur le manga. Du coup, j’ai décidé d’emblée de profiter des libertés qu’offrent l’industrie du manga japonais, une liberté que je ne n’avais jamais pu vivre en Corée. Et c’est ainsi que j’ai commencé ma carrière au Japon en tant que ero-mangaka.

 

Boichi par lui-même ©2014 Studioboni

Je suis donc allé à l’école de cinéma en 2004, ai annoncé quelques ero-mangas au Japon, et suis finalement devenu mangaka là-bas. L’industrie japonaise du manga est tellement bien, c’est vraiment incroyable. Il y avait des mangakas très talentueux qui travaillaient dur sur leurs propres mangas, et j’ai eu la chance de rencontrer de grands mangakas et éditeurs japonais. De plus, j’ai pu bénéficier d’une liberté d’expression que je n’avais jamais eue jusqu’alors. Je pense donc que ce sont ces différents aspects qui m’ont permis de grandir.

 

L’arrivée chez Shueisha

HE ©2014 Studioboni

Wallman a de nombreux liens avec Sun-Ken Rock. Avec-vous l’intention de l’écrire comme une suite de Sun-Ken Rock, ou bien est-ce totalement différent ?

Avant de pouvoir répondre à cette question, je pense qu’il faut que je vous parle d’un de mes autres mangas, H.E., The Hunt for Energy.

En 2011, le Japon a subi une terrible catastrophe naturelle connue sous le nom de « tremblement de terre du Tohoku ». Après ce qu’il s’est passé, j’ai eu besoin de temps pour réfléchir profondément à ce que je pouvais faire pour mes fans choqués au Japon, mais aussi à travers le monde.

J’étais un nerd de Sci-Fi, et j’avais étudié la physique en tant que matière majeure à l’université pour pouvoir ensuite dessiner des mangas de SF. Je me suis également toujours beaucoup intéressé aux ECO énergies, alors je comptais élaborer un manga sur l’introduction des ECO énergies et la découverte de la vérité derrière cette industrie. Je pensais que mes nouveaux travaux pouvaient s’avérer utile dans l’éducation de mes fans japonais et mondiaux.

Un éditeur japonais, la Shueisha, a compris mon projet et m’a donné la chance de pouvoir le publier dans ses colonnes. J’ai donc commencé à travailler sur ce manga, qui s’est terminé début 2013. Après cela, j’ai décidé que mon prochain travail devait être beaucoup plus amusant, et une fois de plus, Shueisha m’a donné ma chance.

A cette époque, j’avais vu le film d’action coréen The Thieves. Le style de ce film m’a vraiment touché, devenant rapidement l’un de mes films d’action préférés, tous genres confondus.

The Thieves me rappelait le film hong-kongais Time and Tide, ainsi que le film d’action thaïwanais Chocolate, deux œuvres qui trônaient dans ma collection, et qui m’ont beaucoup inspirées, notamment les techniques de combat avec des câbles qu’utilisent les tueurs pour se battre et assassiner des gens à travers les murs de gros bâtiments. J’ai tout de suite pensé que ce style de combat pourrait être intéressant à exploiter dans un manga.

Un jour, le rédacteur en chef du magazine pour jeunes adultes de la Shueisha, le Grand Jump, m’a demandé de concevoir une histoire amusante pour jeunes adultes. Je lui ai donc proposé le concept de tueurs qui utilisent des câbles et se battent sur les parois des bâtiments. Ce concept s’est transformé pour devenir le WALLMAN sur lequel je travaille aujourd’hui.

A ce moment-là, WALLMAN et Sun-Ken Rock n’avaient aucun lien. Pourtant, quand j’ai commencé à écrire WALLMAN, je me suis dit qu’après tout, je pouvais les relier l’un à l’autre.

L’univers Sun-Ken Rock – WALLMAN

WALLMAN ©2014 Studioboni

[SPOILER]
Boichi : Je voudrais parler de WALLMAN, mais je vais devoir dévoiler un peu l’intrigue ! Je vais donc un peu spoiler, ne lisez pas si vous n’êtes pas prêt !

Yumin, la déesse de Sun-Ken Rock, apparaîtra dans WALLMAN ! Nami, l’héroïne de Wallman, a déjà fait une apparition dans Sun-Ken Rock, de sorte qu’il y aura un double crossover entre les deux séries. Yumin, cependant, aura un rôle beaucoup plus important dans WALLMAN.

Je vais également glisser un autre spoiler : Je prévois d’intégrer à l’histoire de WALLMAN l’apparition de l’héroïne de H.E. Si tout marche bien comme je l’ai prévu, Sun-Ken Rock, H.E. et WALLMAN seront alors tous reliés dans le même univers.

Dans la même veine, mon prochain manga SF nommé The Origin, dont l’histoire se déroule 30 ans après la saga WALLMAN, sera également connecté aux autres. Malheureusement, je ne peux actuellement pas vous dire quel sera le lien entre Wallman et The Origin, ou comment je compte intégrer l’apparition de l’héroïne de H.E. Désolé !

Nous abordons en ce moment l’arc final de Sun-Ken Rock. Pensez-vous déjà à un nouveau manga ?

Eh bien, ma plus grande préoccupation actuelle est de continuer de travailler sur WALLMAN, même si je songe déjà à quelques nouveaux titres. Si j’ai de la chance, je devrais être en mesure de les annoncer bientôt.
[/SPOILER]

L’ouverture au monde et au numérique

Vous avez publié une collection d’illustrations dans votre galerie Deviantart « Studioboni ». Avez-vous l’intention de les réunir dans un artbook ?

Mon manager et moi avons décidé de partager mon travail sur Deviantart pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je veux montrer mes œuvres les plus récentes à mes fans de part le monde, et partager aussi vite que possible des nouvelles sur le studio. La seconde raison concerne mes fans japonais : je veux leur montrer mes anciens travaux, ceux que j’ai commencés avant de travailler au Japon.

 

T.R.Y SUN dans 1993 to 2003 Korean Works ©2014 Studioboni

 

Sun-Ken Rock a récemment été licencié en anglais pour une sortie digitale. Quel est votre opinion sur le manga numérique ?

En 1998, l’un des éditeurs pour lequel je travaillais a terriblement mutilé mon travail. Ils ont dit que c’était un accident, mais cela m’a conduit à penser que je ne voudrais plus jamais travailler avec un éditeur qui refuserait de prendre soin de mes œuvres ! À partir de ce moment-là, je me suis promis de ne plus jamais envoyer mes planches originales aux éditeurs, et j’ai arrêté de travailler le manga de manière traditionnelle. Par exemple, concernant les tons dans mes travaux, j’ai commencé à utiliser Photoshop pour ajouter la touche finale numériquement.

J’étais déjà arrivé à cette conclusion avant d’utiliser Photoshop pour les mangas numériques. C’est ainsi que je travaille à présent, mais je savais à l’époque que ma manière de travailler aurait besoin d’être applicable au manga numérique, et qu’en conséquence je devais me préparer aux différents dispositifs numériques dans lesquels nous allions retrouver le manga.

En 1999, deux ans avant que le marché coréen du manga ne chute sous le poids du Juvenile Protection Act 1997, le système de manga coréen commençait à essayer de créer un nouveau marché appelé webzines numériques, ainsi que d’autres services autour du manga numérique. Inutile de dire qu’au bout du compte, beaucoup de discussions et d’expériences suivirent. À l’époque, j’étais impliqué dans le webzinat coréen, et en 2001, j’avais annoncé une série en publication dans l’un de ces webzines coréens pour mangas. J’étais alors prêt pour le manga numérique et avais décidé de participer au mouvement coréen du manga numérique.

Le numérique a un immense potentiel sur le marché du manga. C’était le cas à l’époque, et ça l’est toujours aujourd’hui.

J’aime tout à propos du manga ! J’aime le passé, le présent, et l’avenir du manga ! Je crois que le manga sera un jour aimé par des gens issus de toute classe et toute position sociale. C’est tellement amusant à lire ! Je pense qu’il englobe une harmonie parfaite entre l’image et le texte, ce qui en fait le support média le plus complet de l’histoire de l’humanité.

Il n’y a aucun autre média comme le manga ne peut combiner l’image et le texte. Cette forme narrative si dramatique par laquelle le manga transmet le texte et l’image est vraiment incomparable ! Le manga possède encore le potentiel pour se développer car c’est encore un média relativement jeune. C’est ce que je crois.

 

Croquis Sun-Ken Rock ©2014 Studioboni

 

Je rêve de différents types de mangas qui donneront énormément de bonheur à pleins de publics différents dans des contextes divers et variés. Les smartphones ont ouvert de nombreuses possibilités pour agrandir le panel des lecteurs de mangas, permettant aux gens de profiter des mangas autant qu’ils le désirent. Le manga devient le meilleur contenu disponible sur les tablettes et les smartphones. Il n’y a tout simplement aucun autre média qui puisse donner autant de joie sur ces supports que le manga.

En fait, je pense que dès le départ, les tablettes ont été créées pour le manga. Fermez les yeux et essayez d’imaginer ça : 2,5 cm sur 5 cm, un petit espace, suffisant pour lire un manga, et qui peut vous faire éprouver une joie sans pareille. Au cours des cent dernières années de l’histoire du manga, il a immensément diverti à travers un encart limité, en 2D, et sur une surface plane qu’est le papier. En fait, n’importe quelle surface plane peut servir de support au manga. Même les murs d’un immeuble ou les côtés des bus.

Plus tard, les smartwatch pourront également être un bon terrain de jeu pour des personnages chibi mignons ! En cette période numérique, les objets dits intelligents représentent le meilleur support pour les mangas. Comme les gens cherchent d’autres formes de divertissement aux travers de leurs iPad ou iPhone, il y aura toujours un public, et l’amour et le désir des lecteurs pour les mangas alimenteront leurs recherches.

Ce n’est pas cher, et pourtant c’est le format de lecture le plus amusant et le plus joyeux jamais créé ! L’ère numérique va donner des ailes au manga !

Pour les entreprises de services de contenu digital cherchant à offrir cinq minutes de bonheur à leurs clients, est-ce que leurs employés, dans n’importe quelle forme de média, pourraient travailler pour 500$ ?

L’animation et les jeux ? Les créateurs ne pourraient même pas calmer le brasier de colère émanant de leurs clients pour si peu ; les animateurs et les concepteurs de jeux vidéo ne pourraient même pas se permettre ne serait-ce que de commencer à travailler pour une si maigre somme.

Mon équipe et moi-même ? Pour ce prix-là, nous pouvons offrir au public trois à cinq pages de manga (même si pour être honnête, il me faudrait faire un rabais sur mon tarif habituel à la page). Qui plus est, il y a beaucoup de mangakas issus de la nouvelle génération qui peuvent dessiner dix à vingt pages pour seulement 500$ !

Dans ce contexte, je pense que l’avenir du manga numérique est positif. Cependant, avant que le manga puisse émerger dans l’ère numérique, mis à part les efforts constants, il y a deux choses que les mangakas modernes doivent garder à l’esprit. Tout d’abord, peu importe le type de média ou de plateforme numérique utilisés pour partager son manga, cela doit rester du manga, par n’importe quel moyen ! Les mangas numériques ou de smartwatch ne doivent pas utiliser l’animation ou des sons. Les meilleurs mangas de ces cent dernières années nous ont déjà donné toutes les réponses ! Le manga doit être montré à la façon du manga ! C’est cela qui le rend si plaisant à lire !

 

Croquis Space Chief Caisar ©2014 Studioboni
 
 

Ensuite, le manga doit s’adapter au contexte numérique ! Il y a des techniques pour le manga numérique qui ont été créées en Corée, comme le système Webtoon. Les coréens appellent cela le « scrolling toons ». Cela montre bien la façon dont les mangas peuvent trouver une forme correspondant au contexte digital auquel ils sont soumis.

L’un des plus grands et respectables mangakas, Murata Yusuke-sensei, nous montre la voie du futur du manga numérique à travers son manga web nommé Onepunch-Man. Il a prouvé que la réponse à la survie du manga dans un nouvel environnement numérique se trouve dans les techniques traditionnelles du manga !

Je pense que ce sont les deux points les plus importants !

Dernière question : Vous avez des fans partout dans le monde. Qu’aimeriez-vous leur dire ?

En ce moment, qu’est-ce qui vous fait souffrir dans votre vie de tous les jours ? Moi, c’est la déprime que je ressens à l’idée de ne devoir dessiner que des personnages masculins puants ! Juste, les muscles des hommes, vous voyez ce que je veux dire ? Tous les matins je me lève, et je ne retrouve sur mon bureau que des centaines et des centaines de deltoïdes d’hommes ! Des omoplates angulaires ! Tous ces abdomens bien carrés n’attendant que moi … c’est une tragédie !

 

Sun-Ken Rock

 

Je veux dessiner de jolies bishojo ! Je veux dessiner les [censuré] et les [censuré] des bishojo ! … et … hum ! Vous savez que je plaisante n’est-ce pas ? … N’EST-CE PAS ??

Merci beaucoup pour votre soutien. C’est grâce à cela que je peux continuer d’être un mangaka. J’espère que vous continuerez d’apprécier mes mangas, et je continuerai à étudier et travailler dur pour trouver la voie du manga.

Je veux vivre pour le plaisir de dessiner des mangas. Je vais continuer à travailler plus dur encore et encore ! J’ai encore besoin d’apprendre, mais je veux vraiment vous montrer un travail encore meilleur dans le futur !

Merci à tous ! Merci beaucoup !

Merci à vous !

 

©2014 Studioboni

 

Vous pouvez retrouvez les versions originales japonaise et anglaise de cette interview sur le site sunkenrock.com. Vous pouvez également témoigner votre soutien à l’auteur ou apprécier son travail sur sa page DeviantArt, en laissant un commentaire ou lui envoyant un message, Boichi sera ravi !

Remerciements à Boichi pour son temps et ses réponses passionnantes. Remerciements à sunkenrock.com à qui nous souhaitons un bon anniversaire.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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