Natsuyo MORIOKA : rencontre avec une éditrice du Harta, peut-être le meilleur magazine manga du monde…

Harta Fellows cover

Si on vous dit Bride Stories, Minuscule, Reine d’Égypte, Immortal Hounds, Wolfsmund, Gloutons et Dragons… est-ce que vous voyez le lien entre ces œuvres ? Et pourtant, ce lien, nous l’avons rencontré et il s’appelle – ou plutôt elle s’appelle – Natsuyo MORIOKA.

Compte-rendu d’une entrevue pas comme les autres.

 

De la mangaka… à la tantôsha

reine-egypte-1-ki-oonAvant de vous en dire plus sur la dame et ce qui la lie à toutes ses œuvres, sachez que cette rencontre a débuté dans les allées du salon Livre Paris 2017, il ya quelques semaines. De nombreux journalistes y ont eu le plaisir de rencontrer Chie INUDOH, l’auteure de Reine d’Egypte (nous aussi d’ailleurs, et on vous en parle bientôt). Mais, comme souvent, les mangakas ne viennent pas seuls en France et sont accompagnés de leur tantôsha, cet éditeur qui travaille au sein du magazine de prépublication et qui s’occupe personnellement de plusieurs auteurs. Ainsi, derrière la jeune et talentueuse INUDOH, Natsuyo MORIOKA veillait donc au grain et au bon salon de son auteure. Les tantôsha ont beau être au cœur de la création des œuvres avec leurs auteurs et s’avérer des dénicheurs de talents hors pair, ils sont généralement des acteurs de l’ombre, présents pour faire briller le mangaka dont ils ont la charge avant toute chose.

Après notre récente rencontre avec deux d’entres eux des éditions Shueisha, aussi inédite que courte, c’est donc avec joie que nous avons pu échanger avec madame MORIOKA pour une longue interview qui lui était consacrée, à elle ainsi qu’au magazine où elle travaille depuis plusieurs années et dont elle est l’une des fondatrices : l’excellent Harta, auparavant nommé Fellows, créé en 2008 (comme Journal du Japon, on y a vu un signe !) et qui produit régulièrement quelques pépites pour l’éditeur nippon Enterbrain.

Autant vous dire que les sujets de conversations ne manquaient pas et, dans cette optique, Chie INUDOH qui venait tout juste de terminer un marathon d’interviews, de dédicaces et une conférence sur le salon s’est empressée de demander si elle pouvait être de la partie pour en apprendre plus sur sa propre mentor.

Harta 41 - Février 2017

Harta 41 – Février 2017

En ce dimanche, en fin d’après-midi, c’est donc tout une équipe qui s’installe en salle d’interview : madame MORIOKA bien sûr, mais aussi Ahmed Agne directeur des éditions Ki-oon – qui posera d’ailleurs quelques unes des questions ci-après – deux traductrices (français japonais puis japonais français) dont Kim Bedenne, ancienne éditrice des éditions Pika et maintenant responsable de l’antenne japonaise des éditions Ki-oon… Bref, des passionnés de manga tous aussi curieux que Chie INUDOH d’en savoir plus sur le travail et les recettes mystérieuses de madame MORIOKA, que ce soit pour faire un bon manga ou dénicher un auteur.

En attendant que la mangaka de Reine d’égypte nous rejoigne, nous discutons de la conférence qui vient d’avoir lieu, notamment de la référence de Chie INUDOH à Breaking Bad lorsqu’elle dit que l’acteur principal, Bryan Cranston, a un air de ressemblance avec son père…

Natsuyo MORIOKA, se tournant vers nous : Mais en réalité j’ai rencontré son père, lors de son mariage, et effectivement ils se ressemblent… Mais il n’est pas du tout du style à fabriquer de la drogue (Rires) !

Comment sa famille a réagi lorsqu’elle leur a dit qu’elle voulait devenir mangaka ?

Ils étaient conscients des dispositions naturelles de leur fille pour ce métier et ils l’ont donc encouragée mais ils étaient inquiets qu’elle ne puisse pas manger correctement et vivre convenablement de son métier car il n’y a aucune garantie de réussir…

Mais en dehors de cas là justement, est-ce que vous rencontrez souvent la famille de vos auteurs ?

En fait pour Chie INUDOH c’est un peu particulier. Je l’ai rencontré lorsqu’elle était encore lycéenne donc je suis allée directement chez elle pour en parler avec ses parents, pour expliquer le talent de leur fille et le métier de mangaka. Mais en temps normal, non, je ne rentre pas en contact avec la famille.

Quels sont les avantages ou inconvénients à faire débuter un ou une mangaka assez jeune ?

L’avantage des auteurs assez jeunes, à 15-16 ans par exemple, c’est qu’ils peuvent progresser très vite dans leur style de dessin ou dans leur façon de raconter une histoire, ils apprennent les choses assez rapidement alors qu’un auteur qui commence sa carrière plus tardivement est plus difficile à faire évoluer. Néanmoins quand un mangaka commence une carrière jeune, il rentre très vite dans une bulle et dans son univers de mangaka et donc il a assez peu de chance de vivre des expériences personnelles qui pourraient l’enrichir et donc enrichir ensuite ses histoires…

La maturité n’est pas la même, forcément…

Oui cela joue sur la maturité mais aussi sur son imagination, sur son inspiration.

Chie INUDOH nous rejoint alors : l’interview peut officiellement commencer !

 

Harta, le meilleur magazine de manga du monde !

Pour commencer, comment êtes-vous arrivée à devenir éditrice dans le magazine Harta, étiez-vous déjà présente à l’époque de Fellows d’ailleurs ?

Comic-Beam-3-2008

Emma en couverture de Comic-Beam en 2008

Tout d’abord je précise que lorsque Fellows est devenu Harta (en février 2013, NDLR), le nom a changé mais les auteurs et éditeurs qui y travaillaient sont restés les mêmes.

Ensuite je suis rentrée chez Enterbrain (la maison d’édition a qui appartient ce magazine, NDLR) mais pas en tant qu’éditrice de manga, dans une autre section de l’entreprise. Quand cette dernière a du fermer on m’a proposé de devenir éditrice de manga car les gens savaient que je m’y intéressais et que cela pourraient me correspondre. Je suis alors devenu une éditrice du magazine Comic Beam et j’y suis restée pendant quatre ans. Lorsqu’il a été question de créer un nouveau magazine à partir d’éditeurs travaillant sur Comic Beam j’ai suivi ce projet et j’ai été l’une des fondatrices du magazine Fellows, en 2008. Cela fait donc treize ans que je suis éditrice et neuf années que je suis dans  l’aventure Fellows, qui s’appelle maintenant Harta.

Ce magazine est plutôt étiqueté seinen mais est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur son identité, son public et les œuvres qui le composent ?

En fait le concept de Fellows était un idéal, celui de faire le meilleur magazine de manga du monde. (Rires)

La cible principale est un public de 20-30 ans, surtout des hommes. Pour autant nous avons pas mal d’héroïnes féminines mais ce n’est pas un critère en soit car, de toute façon, nous acceptons une histoire à partir du moment où elle est intéressante, quelque soit la thématique ou le genre, il n’y a pas de règlement spécifique sur le type d’histoire qui a sa place chez nous.

Dès le départ, pour avoir des titres intéressants dans la magazine, nous nous sommes posés la question de la méthode pour créer ce genre de manga et nous en avons conclus qu’il y a trois grands critères pour avoir des œuvres réussies : d’abord donner beaucoup d’énergie  et aller jusque dans les détails, deuxièmement de prendre le temps nécessaire et enfin de suivre l’auteur sur le long terme, et de près. Finalement ce n’est pas si commun de faire ces trois choses là en même temps dans le domaine de la création de manga mais nous nous sommes aperçus que c’est la méthode qui fonctionnait pour nous et c’est celle que l’on applique encore aujourd’hui.

En France on connait une partie du travail du tantôsha qui est la gestion de ses auteurs, mais vous évoquiez le recrutement de nouveaux auteurs, qui est une activité dont on sait moins de chose finalement. Est-ce que ça représente une grande partie de votre travail et comment cela se passe ?

Fellows 2012 automne

Minuscule en couverture de Fellows – Automne 2012

Trouver de nouveaux auteurs et prendre en contact avec eux… c’est 90% de mon travail en réalité.

Nous regardons beaucoup ce que font les autres éditeurs voire même les éditeurs des autres magazines de chez Enterbrain, il y a une réelle compétition avec eux et lorsque l’on constate qu’ils ont réussi à trouver un auteur que nous n’avions pas détecté… Nous sommes vraiment frustrés ! 

Donc pour éviter ça et avoir les bons auteurs avant tout le monde, nous passons beaucoup de temps à chercher sur Internet, à regarder ce qui se fait dans les écoles qui sont spécialisées dans le manga, à aller dans les clubs de manga des universités, à lire les magazines amateurs que l’on peut trouver en ligne ou sur les conventions… Nous passons beaucoup de temps à travailler là dessus et de toute façon si un éditeur ne ramène pas de nouveaux auteurs assez régulièrement, son travail peut-être remis en question.

Est-ce que ça vous ai déjà arrivé de découvrir un auteur avec beaucoup de potentiel et de qualités en même temps qu’un autre éditeur, d’être en concurrence pour tenter de l’avoir ? Comment faites-vous dans ce cas là ?

Natsuyo MORIOKA : Je m’arrange pour ne jamais être dans ce genre de situation car je déteste être refoulée par un auteur. Donc je préfère dans l’absolu découvrir un auteur que personne d’autre n’a remarqué, ça prend beaucoup moins de temps de travailler avec lui en direct plutôt que de devoir me battre pour un auteur que tout le monde veut.

Gloutons_Dragons_tome_1Chie INUDOH : Cela dit elle peut aussi découvrir des auteurs à succès, car elle a réussi a récupérer l’auteur de Dungeon Meshi (Gloutons et Dragons en VF, énorme succès au Japon depuis 2-3 ans, à venir chez Casterman, NDLR) qui, dès le stade du fanzinat attirait l’attention de beaucoup de monde et donc de beaucoup d’éditeurs.

Natsuyo MORIOKA : Quand je trouve un auteur complètement inconnu et qu’il rencontre le succès, c’est un vrai bonheur ! (Rires) En plus je peux me retourner vers les autres éditeurs et leur dire : « et toc, bien fait pour vous, c’est moi qui l’ait eu ! » (Rires)

Justement avez-vous quelques noms d’auteurs que vous avez découvert pour Harta ou Fellows que l’on connait en France ?

Il y a Chie INUDOH évidemment, puis l’auteur de Minuscules, celui de Rudolf Turkey mais dans ce cas c’est lui qui est venu me proposer son titre après avoir été publié dans un autre magazine. Il y a aussi le mangaka de Immortal Hounds, un auteur qui dessinait des contenus plus érotiques et à qui j’ai proposé de faire des œuvres plus grand public (Ryo HASOACHI, a qui l’on doit aussi la comédie UWAGAKI publié dans le Fellows elle aussi, NDLR).

Et lorsqu’un auteur travaille dans votre magazine, est-ce qu’il est toujours géré par le même éditeur ou est-ce que cela change régulièrement ?

Dans notre magazine lorsqu’on a trouvé un auteur on le suit du début à la fin. C’est une façon de prendre ses responsabilités et d’être face à face sur le long terme. Après il peut arriver, parfois, qu’un éditeur veuille travailler avec un auteur suivi par un autre éditeur et il leur propose alors en projet en commun. Mais chez Harta c’est un auteur = un éditeur, différemment d’un magazine hebdomadaire par exemple où c’est plutôt deux éditeurs pour un auteur.

immortal-hounds-1-ki-oon

Comme vous devez à la fois trouver de nouveaux auteurs mais aussi travailler avec eux sur des mangas, qu’est-ce qui fait un bon auteur et qu’est-ce qui fait un bon manga selon-vous ?

Cela fait plus de 10 ans que je travaille dans ce milieu et je me suis aperçue que le plus important est qu’un auteur sache créer dans son oeuvre un point d’ouverture vers ses lecteurs. Que ce soit à travers son dessin, son histoire, ses personnages ou un autre élément, le plus important c’est qu’il arrive à communiquer avec son lectorat, à s’ouvrir à eux.

Même si l’auteur a des points faibles, qu’il n’est pas le meilleur du point de vue de la narration ou du graphisme, il suffit qu’il y ait un élément qui parle au lecteur, qui lance un message, pour avoir la possibilité d’avoir un bon manga. Ce que je cherche avant tout ce sont des œuvres qui s’adressent au lecteur, qui cherche à leur dire quelque chose, même si tout n’est pas parfait au départ sur le plan technique. C’est comme ça qu’un auteur peut trouver son lectorat.

A contrario, même si on est très bon en dessin et que l’on a une histoire très bien ficelée mais que l’on fait ça dans son coin, sans chercher à sortir de son périmètre personnel, j’ai pu constater depuis longtemps que, généralement, ça n’aboutissait à rien. 

Question à madame INUDOH : qu’est-ce que vous appréciez le plus sur le plan professionnel chez madame MORIOKA ?

Chie INUDOH prend quelques secondes pour réfléchir…

Vous avez le droit de répondre « rien du tout » ! 

Chie INUDOH : ah non non, je suis juste en train de chercher ! (Rires)

Alors cela fait longtemps que nous travaillons ensemble (Reine d’Egypte est le 4e manga de Chie INUDOH, NDLR) et ce que j’apprécie chez elle c’est sa capacité à faire s’ouvrir les personnes renfermées sur elle-même. Certains éditeurs ont un style plus brutal, ils y vont franchement et sont un peu durs avec leurs auteurs pour qu’ils ouvrent les yeux, alors que madame MORIOKA y va plus en douceur et elle est plutôt du genre à écouter avec patience et bienveillance pour trouver un point d’accroche qui permet d’avancer.

Vous voulez dire qu’elle ne vous a jamais fait pleurer ?

Chie INUDOH : si, plein de fois ! (Rires) Mais ce n’était pas parce qu’elle me martyrisait, au contraire. J’étais bloqué ou je n’arrivais pas à atteindre l’objectif que je m’étais fixée et madame MORIOKA est parvenue à faire ressortir mes émotions.

isabella-bird-1-ki-oonDernière question : beaucoup d’œuvres du magazine Fellows / Harta sont ou ont été publiées en France. À tous ceux que nous avons déjà cités on pourrait encore rajouter Gisèle Alain, Stravaganza, Wolfsmund, le Monde de Ran ou encore Isabella Bird à paraître d’ici peu… Qu’est-ce qui attire autant les éditeurs et les lecteurs français selon-vous ?

Ahmed Agne : Je pense qu’il y a un côté universel dans de nombreuses séries publiées dans Harta.

Kim Bedenne : La qualité graphique joue aussi, sans doute.

Natsuyo MORIOKA : C’est vrai que si on fait la liste il y a beaucoup de nos œuvres qui sont publiées en France sans que j’ai vraiment de raison spécifique à vous donner. Par contre ce que je peux dire c’est que la volonté des auteurs et éditeurs de Harta c’est d’éviter toute baisse de niveau graphique dans les séries du magazine. C’est vrai que plus la carrière d’un auteur est longue plus il peut avoir tendance à se laisser aller et faire moins d’effort, mais c’est quelque chose que nous n’acceptons pas chez Harta et on le fait bien comprendre à nos auteurs. Tous ceux qui restent chez nous font partie intégrante de cet idéal.

De plus ce n’est pas seulement  sur le plan du dessin, il s’agit de continuer à veiller à chaque détail. C’est très proche de l’artisanat ce que l’on fait, et je pense que c’est sans doute cet idéal qui parle à beaucoup de monde.

Bride-StoriesAhmed Agne : Je rajouterai une chose. Il y a être bon en dessin et… être bon en dessin.  La plupart des auteurs de Harta sont techniquement extrêmement doué mais, pour rejoindre ce que disais MORIOKA sensei tout à l’heure lorsqu’elle parlait d’ouverture, ils ne dessinent pas pour eux. Il y a énormément de dessinateurs qui sont très bons mais qui dessinent pour eux : c’est fouillis, ce n’est pas lisible, c’est de la poudre aux yeux. Alors que Kaoru MORI ou INUDOH sensei sont techniquement bons mais proposent toujours un travail très lisible, pour le plaisir du lecteur pas pour le plaisir du dessinateur. Et ça fait beaucoup de différence.

Natsuyo MORIOKA : Ce n’est pas quelque chose de formalisé mais c’est vrai que, au fur et à mesure des années, une forme de technique propre à Harta s’est mis en place pour toujours veillé à ce que le storyboard soit lisible par le lecteur.

Une sorte de cahier des charges ?

Natsuyo MORIOKA : Pas quelque chose d’aussi formel mais oui c’est dans cet esprit et ça a été fortement influencé par Kaoru MORI. L’idée maîtresse reste que ce que l’on veut transmettre au lecteur soit transmise dans le récit de manière simple et rapide.

Ce sera le mot de la fin alors, c’est parfait. Un grand merci pour votre temps !

C’est ainsi que se termine cette entrevue passionnante sur le travail d’un éditeur japonais. Beaucoup de questions restent encore en suspend, comme la gestion d’un auteur au jour le jour et la façon de mener un scénario, la gestion d’un magazine de prépublication, etc. On espère revoir madame MORIOKA avec un nouvel auteur du Harta en France le plus tôt possible. D’ici là ne manquez pas prochainement notre interview version longue de Chie INUDOH (et madame MORIOKA, jamais loin de son auteure !) consacrée à Reine d’Egypte, une entrevue tout aussi intéressante !

Remerciements à mesdames MORIOKA et INUDOH pour leur temps, leur curiosité et leur bonne humeur ainsi qu’aux éditions Ki-oon dans leur globalité (éditeur, attachée de presse et interprètes !) pour la mise en place de cette interview.

Pour les japanophones, vous pouvez retrouvez le site internet du magazine Harta ici.

 

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

1 réponse

  1. 14 juin 2017

    […] dont le second tome vient de sortir aux éditions Ki-oon. Accompagnée de sa responsable Natsuyo MORIOKA, la mangaka a réalisé l’habituel marathon de dédicaces sur un stand Ki-oon décoré en son […]

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