Hirokazu KORE-EDA, ou magnifier le quotidien

Descendant direct du cinéma de Yasujiro OZU, même si de son propre aveu il se sent plus proche de Mikio NARUSE et du britannique Ken Loach, Hirokazu KORE-EDA est devenu l’un des réalisateurs japonais contemporains les plus célèbres et reconnus. Les raisons d’un tel succès sont à attribuer à une réelle faculté à décrire les rapports familiaux et d’autres sujets forts comme le deuil, l’enfance, la mémoire, etc, en toute pudeur, sans jugement porté sur ses personnages, et toujours avec un réel sens de la mesure.

Pour finir sa trilogie dédiée au réalisateur, Journal du Japon revient sur les films marquants du réalisateur et les principales caractéristiques de son cinéma.

Kore-eda

Hirokazu KORE-EDA © Japan Times

Du documentaire aux tranches de vie fictives

Après des débuts à la télévision privée Japonaise en tant que conseiller à l’écriture des scénarios, Hirokazu KORE-EDA, diplômé en littérature de l’université de Waseda, a également travaillé sur des documentaires en tant qu’assistant directeur, avant de passer définitivement derrière la caméra. Un passé qui n’est pas sans influence sur ses longs-métrages réalisés aujourd’hui.

En 1994, il réalisa le documentaire Without Memory, évoquant l’histoire de HIROSHI Sekine, un père de famille atteint de perte de mémoire immédiate. Le réalisateur a suivi ce dernier et sa famille durant deux ans, décrivant leurs relations au quotidien et les difficultés à vivre cette situation. Un sujet qui demandait déjà une certaine sensibilité et un traitement subtil, qualités que l’on retrouve dans le cinéma de KORE-EDA.

Le réalisateur se distingue également de par son refus du spectaculaire, auquel il préfère la sobriété et les non-dits, fréquents dans son œuvre. Le tout donne des réalisations se concluant souvent par un goût doux-amer particulièrement prononcé dans Still Walking, par exemple, et qui ne manque jamais de contenter les amateurs de cinéma à la recherche d’émotions simples faisant écho à la vie de tous les jours.

Still Walking Kore Eda

Still Walking

Des sujets forts soutenus par une approche subtile

Que ce soit pour évoquer les difficiles échanges intra-familiaux, le deuil dans Still Walking, l’enfance dans son entièreté dans Nobody Knows, ou encore la paternité dans Tel père, tel fils et Après la tempête, KORE-EDA est toujours resté fidèle à sa patte : un rythme lent compensé par des moments qui font mouche grâce à une réelle justesse de ton, faisant ainsi ressortir l’émotion. Même le récent The third murder qui semblait à priori annoncer un tournant surprenant vers le film d’enquête, voire le thriller, ne s’éloigne finalement que très peu des thématiques “Kore-édiennes”. After Life, quant à lui, était parvenu à séduire grâce à son concept bouleversant d’intermédiaire entre la vie et la mort où les pensionnaires doivent choisir le souvenir à conserver de leur vie, et une utilisation judicieuse du film dans le film, mettant encore une fois le thème de la mémoire au premier plan.

Nobody Knows Kore Eda

Nobody Knows

Le réalisateur est également reconnu pour sa direction d’acteurs, notamment des non-professionnels et des enfants. L’apparition régulière d’acteurs habitués à la caméra de Kore-Eda contribue aussi au charme de l’univers du cinéaste. On a ainsi toujours plaisir à retrouver par exemple KIKI Kirin dans le rôle de la grand-mère (Still Walking, Après la tempête, Notre petite sœur), rappelant RYU Chishu qui apparaissait dans à peu près tous les films de OZU.

Enfin, le cinéma de KORE-EDA n’est pas sans poser plusieurs questions de société pertinentes : les liens du sang, ou plutôt, du cœur, et l’influence des parents sur leurs enfants très présents dans Tel père, tel fils par exemple, les difficultés de la communication intra-familiale, ou encore le sens et l’ambiguïté de la vérité, sujet entre autres de The third murder.

The third murder Kore Eda

The Third Murder

Comment s’initier au cinéma de KORE-EDA ?

Si vous êtes intrigué par le cinéma de KORE-EDA et désirez le découvrir, nous vous recommandons de voir en priorité ses films plus accessibles tels que Still Walking, une émouvante chronique familiale :




Nobody knows, sans doute le plus bouleversant de sa filmographie :




…ou encore l’attendrissant Notre petite sœur.




Ces œuvres constituent sans doute les meilleures portes d’entrée dans l’univers du cinéaste.

 

Avec un rythme de 5 films réalisés depuis 2013, KORE-EDA s’affirme comme un réalisateur particulièrement prolifique. Nous pouvons remarquer depuis 2013 un intérêt visiblement de plus en plus fort du cinéaste pour la famille, confirmé par Une affaire de famille, titre on ne peut plus explicite, Palme d’or du festival de Cannes 2018 et qui sortira dans les salles obscures françaises en décembre 2018. Si on imagine mal KORE-EDA changer drastiquement de style, on reste curieux de l’évolution de sa filmographie et des prochains sujets évoqués par le réalisateur japonais. Libre à chacun en attendant de se (re)plonger dans l’univers de KORE-EDA fait de chroniques familiales et de tranches de vie douces-amères.

 

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