Gaming Memories #32 – Hybrid Heaven

Bienvenue dans ce nouveau numéro de votre rubrique rétro. Cette fois-ci, nous vous proposons un voyage étrange orchestré par Konami sur une machine assez peu illustrée dans nos colonnes : la Nintendo 64. Entre RPG, tactique, baston et science-fiction, notre mois d’août s’annonce assez surprenant… vous êtes partants ? Alors on y va. Direction 1999 avec Hybrid Heaven !

Hybrid Heaven

Comme un air de KOJIMA

En 1999, la Nintendo 64 était bien installée dans le paysage vidéoludique comme étant une console conviviale, majoritairement bon-enfant, grâce à ses quatre ports manette et sa pléthore de jeux « Mario  et compagnie ». Pourtant il y avait bien quelques titres plus matures, adultes comme Conker’s Bad Fur Day et son coté vulgaire ou Goldeneye 64 et Perfect Dark, deux FPS de grande qualité. Et bien sûr, le jeu qui nous intéresse aujourd’hui : Hybrid Heaven.

Hybrid Heaven, bien qu’ayant un air de jeu « façon Metal Gear Solid » dès sa jaquette, a été réalisée par une équipe totalement différente. Produit par Kazuhiko UEHARA (Ganbare Goemon : Derodero Dōchū Obake Tenko Mori), ne reprend aucun des membres-clés d’un MGS. Nobuyuki AKENA et Yusuke KATO se sont chargés de la bande-son, Kumiko KIMOTO (Jikkyō Oshaberi Parodius) du design des personnages et des monstres avec d’autres.




Trailer d’une version beta datant 1997 ! Le jeu final ne semble plus avoir grand rapport avec la version initiale…

Leur but était de créer un nouveau genre de système de combat pour les RPG, dont on commençait à parler dès juillet 1997, pour finalement sortir le 5 août 1999 au Japon et le 24 en Europe.

Un scénario très… original




Après cette scène surprenante de nudité masculine et d’incompréhension, le joueur incarne Diaz, le blondinet aux cheveux longs. Celui-ci va se rendre dans un complexe basé sous le Pentagone, en pleine période de guerre. Lorsque l’aventure commence, c’est à Johnny Slater – le garde du corps du président – qu’il s’attaque, mais pourquoi ?

/ ! \ La partie suivante comporte des spoils. / ! \

Diaz se rend dans le fameux complexe sous-terrain, sans aucune mémoire de qui il est vraiment. Il va finir par y faire la rencontre de monstres, ainsi que d’extraterrestres nommés « Gargantuans ». Ces derniers lui révèlent qu’il n’est pas celui qu’il croit être, et qu’il se trouve en fait en plein milieu d’une guerre où le peuple alien tente de remplacer les leaders humains pour prendre le contrôle… seuls ces quelques aliens renégats refusent cette décision et sont restés se cacher dans les sous-terrains. Un air de Blade Runner ? De Snatcher ? Sans aucun doute… mais pour l’heure, il est temps pour Slater d’arrêter cette invasion en parcourant l’installation. Slater, vous dites ? Il n’est pas celui que l’on croit… Mais trop de spoil tue le spoil, on vous laisse découvrir la suite par vous même !

Megamix de gameplays ?

Hybrid Heaven

Diaz.

Hybrid Heaven est effectivement un mélange des genres. Déjà, dans la phase principale, on déambule dans des couloirs en marchant ou courant. On peut sauter pour atteindre certaines plates-formes parfois plus lointaines ou plus hautes – avec des vrais bonds à la Tomb Raider (dans le cas où le saut est un peu court, le personnage s’accroche pour remonter tout de suite). Il est aussi possible de s’accroupir et ramper pour éviter des ennemis ou faisceaux lasers qui ne manqueront pas de vous blesser s’ils vous détectent. Votre personnage peut aussi se servir d’un « diffuseur », un petit pistolet capable de détruire toutes les menaces.

On avance donc dans des lieux différents à la recherche de son objectif, avec ou sans la carte proposée par le jeu, en évitant les pièges et en trouvant les bonnes clés pour ouvrir les bonnes portes si besoin. Si on récapitule, on a déjà du plateformer (Tomb Raider), de l’infiltration (Metal Gear Solid), mais en même temps, le jeu a la particularité d’avoir des combats uniques pour cette époque, un mélange de tactical au tour par tour et de pur temps réel – une mécanique qui pourrait rendre Square envieux.

En effet, on croise parfois des ennemis insensibles au pistolet ; et là commence un vrai jeu de stratégie qui mélange deux genres, puisque l’on peut – et doit – éviter son ennemi à la façon d’un jeu de combat 3D jusqu’à ce qu’une jauge d’action soit pleine. A ce moment, on aura le choix entre utiliser un objet (curatif ou offensif) ou surtout, se battre. Le jeu se figera et laissera alors le choix entre utiliser ses poings et ses pieds gauche ou droit. Puis, à force de les utiliser ou subir des attaques, on apprend de nouvelles techniques de plus en plus puissantes. Et c’est à travers cette mécanique qu’ Hybrid Heaven développe sa partie RPG, puisqu’à force de pratiquer un certain type de mouvement et d’en maîtriser de nouveaux, on gagne des niveaux qui développent les forces correspondantes du personnage. Les niveaux permettent également d’améliorer ses statistiques en fonction de son style de combat, qui n’est par ailleurs pas aléatoire, c’est à vous de vous forger votre propre style de bataille.

Enfin, pour terminer avec les coups disponibles ; les projections sont aussi de la partie, et quand bien même un ennemi peut se défaire d’une prise, celles-ci ne sont pas à négliger vu leur force. Les opposants peuvent se mettre en défense ou tenter d’esquiver vos attaques, et vous pouvez bien entendu en faire de même, soit en tentant une esquive dans la direction de votre choix, soit en bloquant ou même en essayant de minimiser vos chutes si vous êtes projetés.

 




Le premier combat boss du jeu. Voilà ce qui se passe quand on fait n’importe quoi, et quand on se bat vraiment.

Un jeu techniquement (Metal Gear) Solide

Hybrid Heaven est un jeu qui, pour son époque et son support, est relativement bien fait, avec une modélisation globalement réussie et des visages crédibles. Les décors sont plutôt propres, il faut vraiment s’approcher des murs pour voir un peu plus les pixels apparents. On remarque assez peu de textures qui scintillent à l’écran, et finalement s’il ne détonne pas (principalement à cause de l’intégralité de ses décors métalliques, assez épurés et aussi un peu claustrophobes à la longue), il est tout de même de bonne facture, sans défauts trop visibles.

Hybrid Heaven

L’animation est elle aussi bonne, ne ralentit pas et n’a aucun problème à suivre (le jeu n’est pas non plus du genre à être ultra dynamique). Les mouvements du personnage sont fluides et détaillés, que ce soit en exploration ou en combat, même si admettons-le, les personnages dans la cinématique d’introduction ont une manière assez étrange de bouger leur visage…. La chose amusante, là-dedans, c’est que ce soft propose plusieurs modes d’affichage : Low Res, High Res et Letterbox. Dans la première, le jeu sera un peu moins beau mais plus axé sur la fluidité, là où à l’inverse en High il flattera plus les rétines, sans pour autant trop saccader. Le mode Letterbox affiche une image plus cinématographique qui, au contraire, risquera de faire lagguer un peu plus l’animation. Ce mode est compatible avec l’ « Expansion Pak » (une sorte de petite cartouche à insérer à l’avant de la machine et qui améliorait ses capacités), ce qui le boostera un peu plus au passage. On regrettera cependant quelque chose qu’aucune amélioration graphique ne pourra changer : les monstres ont un design assez pauvre… voire douteux.

La maniabilité aussi est assez bonne, compte tenue de la manette N64 assez particulière. Le stick principal permet de contrôler les déplacements du personnages ainsi que les choix d’actions lors des phases de combats (il n’y a qu’à appuyer dans la direction de son choix pour l’action suivante puis valider avec A), le même bouton A fait sauter. On sort son pistolet avec R et tire avec l’éternel A, et Z fait s’allonger le protagoniste pour ramper. Tirer ne demande pas de viser à la perfection, un cadrage approximatif suffira bien souvent pour toucher sa cible. Comme pour prendre un objet au sol : il n’y a qu’à s’en approcher pour le récupérer automatiquement. Grossièrement, ce que Tomb Raider aurait dû faire depuis son, disons, deuxième épisode…

Hybrid Heaven

Si Hybrid Heaven est porté par une ambiance graphique qui lui donne sa propre identité, il en est de même au niveau du son. Même si, la BO à vrai dire, est plus proche la majorité du temps d’une musique d’ambiance, un peu dans la veine d’un MGS. Elle est discrète et rajoute quelques lignes de notes selon les situations, mais elle n’est jamais vraiment en premier plan… hormis quand elle est là pour angoisser un peu le joueur. On se retrouve aussi avec une sensation un peu à la Vandal Hearts sur certains morceaux, destinés aux phases plus spectaculaires presque cinématographiques. Certaines scènes sont même doublées. Quelque chose de peu courant pour les jeux de cette console…

En terme de durée de vie, un peu plus d’une dizaine d’heures devrait vous suffire pour venir à bout du jeu, en tous cas lorsqu’on le connait car malgré sa mini-map, les risques de se perdre sont présents. Les couloirs se ressemblent, la caméra a le malheur de parfois être un peu folle (mais il suffit d’appuyer sur la touche C pour la recentrer, ou bien de passer en mode pistolet), mais au fond le jeu n’est pas des plus difficiles – certains combats donneront quand même bien du fil à retordre. Et si on veut plus de challenge, les difficultés Hard et Extreme sont là et il y a aussi un mode Battle où affronter les ennemis déjà rencontrés comme dans un jeu de combat classique. On regrettera quand même un certain manque d’optimisation dans le jeu, globalement tributaire des contraintes imposées par la console. Par exemple, la fonction vibration nécessite de se brancher sur le port de la carte mémoire. Ainsi, à chaque sauvegarde, il faudra échanger entre les deux si vous voulez des vibrations…

Hybrid Heaven : Inconnu, mais pas sans mérite

Hybrid Heaven

Hybrid Heaven, s’il dispose de quelques défauts, est un soft plutôt réussi, d’une durée de vie très correcte et surtout, qui mélange genres et inspirations avec brio. Certes, son ensemble de décors métalliques est un peu déprimant, le scénario encore plus étrange qu’un MGS et les combats « ridicules » à voir. Mais une fois manette en main, il s’avère être efficace et intéressant. Cependant, le public visé par la N64 n’était certainement pas celui attendu par ce jeu, ce qui a eu pour effet de le laisser sur la touche à l’époque de sa sortie. Peut-être, qui sait, aurait-il eu plus de chances sur Dreamcast ?

Son originalité a tout de même remarquée, ce qui lui valut d’assez bonnes notes en général : Famitsu l’a par exemple noté 30/40 au Japon. Au travers du ressenti de la presse à son époque, c’est son coté technique qui a le plus marqué, au delà du manque de diversité dans les décors. Mais dans tous les cas, il reste un jeu qui a marqué les joueurs qui s’y sont essayés, d’une manière ou une autre.

Relativement oublié, Hybrid Heaven est un gros mélange de genres et d’inspirations, qui se permet même d’améliorer les mécaniques déjà connues en les facilitant. C’est un jeu étrange, c’est vrai, et son scénario est quelque peu « barré » (voire in compréhensible au point d’être un prétexte), mais il reste tout de même intéressant et montre que la Nintendo 64 en avait sous le capot. Définitivement un très bon jeu, qui mériterait un remake, ou remaster… peu importe, une remise en avant avec les moyens techniques actuels !

Et la prochaine fois, ne manquez pas notre pluie de romance à l’ère Taishô !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Konami.

1 réponse

  1. Pignot dit :

    Bon article sur un jeu pas répandu,en même temps étant plutôt pro SEGA/ SONY, Nitendo m’a fait esquisser quelques sourires avec sa Game Boy et son Warrior,DS ou j’ai pu jouer à Pokemon (et oui que voulez vous ..)

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