À la chasse aux sites de contrefaçons de produits japonais !

Le sujet des contrefaçons ne fera jamais cesser de parler de lui. De ceux qui en achètent sans s’en rendre compte à ceux qui n’y voient pas le mal, le marché des produits dérivés est suivi depuis bien trop longtemps par cette ombre qu’est la contrefaçon. Nous vous avons récemment proposé un premier article sur le problème des contrefaçons, mais force est de constater que face à ce fléau très répandu, un supplément de sensibilisation est nécessaire pour débusquer les sites qui en vendent. Vous aurez ainsi toutes les cartes en mains pour éviter de tomber dans les nombreux pièges sur internet et les réseaux sociaux !

Dans notre précédent papier concernant le fléau des contrefaçons, nous vous avons donné quelques pistes à explorer avant d’acheter pour ne pas se faire avoir. Nous pouvons les résumer ici par :

  • Le prix : est-il en adéquation avec le marché ou est-il particulièrement bas ?
  • Le vendeur : est-ce un magasin de confiance ou venez-vous de le découvrir ? Est-ce un vendeur random sur une marketplace (Ebay, Amazon par exemple) ?
  • Le pays d’expédition : d’où est expédié le colis ? Où se situe l’entrepôt du magasin ?
  • Les délais de livraison : si vous commandez sur un site français, le délai de livraison n’excède généralement pas les 72h. Attention à ne pas confondre avec le délai d’expédition qui peut nous mener en erreur.
  • Authenticité du produit selon le vendeur : le modèle est-il correctement cité ? Y-a-t-il une mention « Chinese Version » ?
  • Les photos : le produit présenté correspond-il aux photos du produit officiel ou y-a-t-il des différences observables ?

Après la théorie, place à la pratique et à la chasse aux indices avec deux exemples pratiques !

Méfiez-vous des publicités sur Facebook

Pour ce premier exemple, nous avons choisi un site de contrefaçons (qui a fermé depuis) qui faisait de la publicité sur Facebook, mettant en avant des produits officiels à bas prix. Derrière ces publicités sur Facebook se cachent beaucoup de sites de contrefaçons. Que ce soit pour de la contrefaçon, dont nous parlons ici, ou pour n’importe quel autre type de produit, avant toute chose, le premier réflexe à avoir lorsque l’on voit ces publicités sur Facebook, c’est de se renseigner sur l’enseigne. Gare aux sites de contrefaçons et de dropshipping aux produits bas de gamme et aux tarifs gonflés !

Dans les commentaires que l’on pouvait trouver sur les publications de la page Facebook associée à la boutique en ligne qui faisait la publicité, on pouvait voir des internautes qui se posaient la question de l’authenticité des produits. L’entreprise ne répondait jamais, mais d’autres internautes venaient partager leur expérience : «J’ai reçu ma commande en moins de deux semaines !», «Les produits sont vrais et la livraison est rapide, je recommande», «Trop content de ma figurine, je vais en prendre une deuxième du coup». Nous serions donc, si on en croit les commentaires, face à un site de confiance…

Cependant, deux indicateurs viennent mettre à mal ces affirmations avant même d’avoir parcouru le site du commerçant :

  1. Tous les commentaires postés proviennent du même groupe d’amis (il suffit d’aller voir les listes d’amis Facebook des commentateurs pour s’en rendre compte).
  2. Une rapide recherche sur Infomaniak nous informe que le site n’a été créé qu’il y a 3 jours. Il est donc tout à fait impossible que des consommateurs aient pu recevoir une quelconque commande.

Les commentaires semblent donc tous faux.

Pour autant, cela ne prouve pas que le site vend des contrefaçons, cela le rend juste très suspect. Après l’épluchage de la page Facebook, analysons la boutique en ligne en question :

  • Le site a été créé avec la plateforme Shopify, qui est tout simplement présenté sur leur page dédiée à ce système de ventes comme étant la meilleure solution du marché pour créer un site de dropshipping. Attention à l’amalgame : dropshipping ne rime pas forcément avec contrefaçon. Il s’agit simplement pour l’entreprise de ne pas gérer de stock et d’être un intermédiaire entre le fournisseur/fabricant et le consommateur. En soit Shopify est une excellente solution car avec, n’importe qui (les personnes sérieuses comme les arnaqueurs) peut créer simplement et rapidement une boutique en ligne.
  • En cherchant les conditions générales de vente (CGV), on remarque leur absence. Pas de numéro SIREN, ni d’adresse ni numéro de téléphone non surtaxé. Ces informations sont pourtant obligatoires pour toute entreprise française.
  • Analysons la fiche produit ci-dessous : la photo montre clairement une figurine de contrefaçon. Il suffit de la comparer aux photos officielles pour s’en rendre compte : le socle n’est pas le même, les finitions et les couleurs sont mauvaises. Le fabricant n’est pas mentionné mais le produit est indiqué comme étant un « modèle officiel ». Le prix passe de 69,99 euros à 19,99 euros pour une figurine indiquée comme « rare ».

Nul besoin du sharingan de Kakashi Hatake grâce à l’ensemble des éléments précédents pour remarquer qu’il s’agit manifestement d’une contrefaçon.

L’ensemble de ces éléments (faux commentaires, site shopify, CGV et numéro SIREN manquants, les photos, le prix, etc.) nous met sur la piste d’un site de vente en ligne qui n’est pas en règles et qui vend des contrefaçons. Il est donc vivement déconseillé de commander dessus.

Les sites de contrefaçons qui ont la peau dure

Après ce premier exemple qui appâte les clients sur Facebook avec des publicités, passons à un second cas : le site Manga-zone.fr. Premier constat : il s’agit aussi d’une boutique Shopify. Celle-ci a par contre pas mal d’ancienneté car elle existe depuis 2018. On y trouve un onglet « avis clients » qui semble plutôt authentique puisqu’on y observe de nombreux messages indiquant des délais de livraison très longs. C’est d’ailleurs un bon indicateur de dropshipping : le commerçant n’a pas les stocks et les produits provenant très souvent de Chine, la livraison peut être longue (2 ou 3 semaines généralement).

Analysons la fiche produit :

  • La photo principale est celle d’une Nendoroid de Sasuke Uchiha produit par Good Smile Company. Cependant, sur la fiche du produit, les mentions « Nendoroid » ou « Good Smile Company » ne sont pas présentes, et la figurine est présentée comme une « Figurine Pop Haut de Gamme ». Ici, le vendeur n’indique pas de « Chinese Version », mais n’indique pas non plus que c’est une officielle. Il ne ment donc pas : son produit n’est pas officiel, et il ne le fait pas passer pour. Pour autant, il ne précise pas explicitement que c’est une version non-officielle. De plus, la mention POP Naruto est mensongère ou trompeuse puisqu’il ne s’agit pas d’une figurine Funko Pop! présentée sur les photos.
  • La première photo est officielle ainsi que les 4 dernières. En revanche, les 3 photos du milieu ne le sont pas. Si on observe les photos 4 et 5 qui présentent le produit dans la même position, on distingue clairement les différences.
  • Une Nendoroid coûte en moyenne 55 euros en France. Ici, la figurine est vendue 40 euros. Le prix n’est pas excessivement bas, ce n’est donc pas un indicateur aussi flagrant que pour le premier exemple. Pour autant, il peut mettre la puce à l’oreille lorsque l’on sait que ce modèle précisément est en rupture de stock depuis quelques années. Il est donc considéré comme rare à l’achat.

Pour aller plus loin, un simple coup d’œil aux conditions générales de vente et aux mentions légales nous apprend que : l’annulation d’une commande est possible mais que des frais d’annulation de 40% du prix d’achat sont appliqués et que les retours sont refusés (sauf si vice avéré du produit). Ces deux clauses ne sont pas légales en France. On y apprend aussi que les clauses indiquées sont soumises à la loi de Hong Kong, ce qui n’est toujours pas légal pour une vente en France puisque la loi applicable aux sites étrangers est celle de la France si l’infraction est dommageable à un citoyen français.

En plus de ces informations, on observe qu’il n’y a ni numéro SIREN, ni adresse de domiciliation ni numéro de téléphone non surtaxé.

En continuant notre navigation, on tombe sur le lien en bas de page vers un site partenaire : Goku-Shop.fr. Ce site présente exactement tout ce que l’on vient de voir ici, mais ajoute une petite touche supplémentaire : il vend des figurines à 1 200 euros indiquées comme « entièrement réalisée à la main dans nos ateliers » ce qui justifierait « quelques défauts de couleur et de résine ». Un artiste français si talentueux qui aurait les droits pour créer de telles œuvres vendrait-il sur un tel site ? Nous vous laissons méditer sur la question.

Nous pourrions citer de nombreux autres exemples qui présenteraient toujours des indicateurs différents. Chez Manga-geek.fr, par exemple, nous avons la domiciliation française, mais pas de numéro de téléphone non surtaxé et les CGV nous indiquent que les retours sont à la charge du consommateur et s’effectuent dans un entrepôt en Chine, à Hong Kong, au Japon et au Canada ; de plus les fiches produits ne présentent ni les photos ni les mentions d’un produit officiel sans pour autant préciser que c’est du « non-officiel » et donc des produits contrefaits ou de contrebande.

Des cas il y en a autant qu’il y a de sites de contrefaçons ! Lorsque l’on passe commande sur un site en ligne, il ne faut donc pas foncer tête baissée. Renseignez-vous, inspectez les fiches produits, les retours clients sur ce site, en évitant ceux partagés par le site en question, et ceux sur Facebook, car de nombreux faux comptes sont créés pour l’occasion. Un simple « [nom du site] avis » sur Google vous permettra déjà d’en trouver des plus authentiques, mais faîtes tout de même attention puisque, si on reprend l’exemple de Manga-zone, on observe que les clients n’ont pas conscience qu’ils ont acheté de la contrefaçon. Les retours sont donc positifs et réels, mais ils sont biaisés. Vérifiez les conditions générales de vente, les mentions légales, les photos, les références, les prix… Gardez l’œil ouvert et si le doute persiste, allez voir ailleurs ou demandez conseils.

Rokusan

Roxane, passionnée depuis l'enfance par le Japon, j'aime voyager sur l'archipel et en apprendre toujours plus sur sa culture. Je tiens le blog rokusan.fr dédié aux voyages au Japon.

5 réponses

  1. sophie_mrt dit :

    Bonjour, pourrait-on avoir l’adresse de ces sites de contrefaçons afin que nous ne soyons pas bernés s’il vous plaît ?

    • David Maingot dit :

      Bonjour,
      Tout d’abord, merci de nous lire.
      La liste serait tellement longue… Ce genre de boutiques ouvrent et ferment très rapidement. C’est pour cela que nous vous donnons les éléments à observer et contrôler pour ne pas se faire avoir.
      Bonne journée.

  2. VALERIE dit :

    Bravo pour cet article car ces sites sont un véritable fléau en effet. Et tous les conseils en fait que vous donnez sont totalement pertinents. De plus, tous ces sites de contrefaçons et/ou de drop and shipping sont à éviter autant que possible et il y a bien des moyens, comme vous l’indiquez dans votre article, de vérifier avant de se laisser tenter. Il faut également savoir que les CGV sont des éléments très sérieux, tout site de e-commerce devrait les avoir fait rédiger, ou vérifier, par un avocat spécialisé. Mais hélas, on voit de tout sur le web, y compris des sites marchands sans CGV.

  3. Bernard dit :

    Mon fils a commandé sur gokushop. Une figurine sur socle et n’as reçu que le socle. Pas de numéro de commande reçu juste un mail disant bravo votre commande est en cours d’envoi. C’est une grosse blague. Le téléphone pour les joindre invalide, l’adresse de contact invalide et le site et tjrs actif.

    • Rokusan dit :

      Bonjour Bernard, merci de confirmer nos doutes ! En effet, Gokushop coche toutes les cases du site de contrefaçons à éviter, et votre témoignage va dans ce sens. J’espère que notre article vous donnera des pistes pour éviter cette mésaventure à l’avenir.

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