Contrefaçons : comment les reconnaître et éviter d’acheter des bootlegs ?

Il y a peu, Journal du Japon vous proposait son tout premier article concernant l’import depuis le Japon. Maintenant que nous avons posé les bases de l’importation de produits dérivés depuis le pays du Soleil Levant, nous pouvons aujourd’hui traiter d’un fléau qui touche le marché : les nombreuses contrefaçons (ou bootlegs en anglais).

De sa définition à son identification, Journal du Japon vous propose un tour d’horizon des bootlegs, avec ses astuces pour éviter de tomber dans les nombreux pièges des produits contrefaits.

Qu’est-ce qu’un bootleg ? De quoi parle-t-on ?

Le mot bootleg ne vous dit peut-être rien et pourtant, ce phénomène est très présent…. D’après Statista et les chiffres de l’OCDE, la France est le deuxième pays le plus touché par la contrefaçon ! Il s’agit du terme anglais pour parler des copies, c’est-à-dire tous les produits qui ne sont pas officiels. Et s’il y a un milieu dans lequel il faut se méfier et bien se renseigner avant l’achat, c’est le marché des figurines où la contrefaçon y est légion.

Quelle mésaventure risquez-vous en achetant des bootlegs ? Mauvaise odeur, plastique de mauvaise qualité, peinture grossière, manque de détails, des postures plus ou moins ressemblantes à l’originale… Et certaines contrefaçons sont tellement médiocres que l’on a du mal à reconnaître le personnage représenté ! Pour autant, toutes les bootlegs ne sont pas autant ratées et pour certaines, il faut même observer plus attentivement la figurine pour se rendre compte qu’il s’agit d’une contrefaçon.

On peut citer plusieurs types de bootlegs : ceux dont la médiocrité est criante, et ceux qui sont plus difficilement identifiables. Comparons par exemple la figurine officielle (à gauche) avec deux contrefaçons : le premier bootleg (au centre) est évident et le deuxième l’est moins (à droite).

Pourquoi ne pas acheter de bootlegs ?

La principale raison à laquelle on pense est assez évidente : la qualité du produit. Si certaines contrefaçons peuvent réussir à mettre le doute quelques instants, la grande majorité d’entre-elles sont si médiocres qu’il est évident que l’on ne peut qu’être déçus en achetant ce genre de camelote chinoise. Mais libre à chacun d’opter pour des produits de qualité : après tout, certains privilégient les petits prix. Nous pouvons faire le comparatif avec les marques de vêtement de fast-fashion qui nous proposent des produits à des prix défiants toute concurrence, mais dont les matières premières sont de qualité standard et dont les conditions de fabrication sont souvent au cœur de scandales. Il y a aussi les marques de cosmétiques et de produits d’hygiènes qui ne coûtent pas cher mais qui sont bourrés de produits néfastes pour la santé. La problématique des bootlegs est ici la même : souhaitons-nous encourager un commerce moins onéreux, pour en avoir plus ?

Pour autant, concernant les figurines contrefaites, la problématique ne se limite pas qu’à son rapport qualité/prix. Il est en effet bon de rappeler que l’achat de produits de contrefaçon revient à soutenir un commerce illégal qui représente un manque à gagner pour les ayants droit. Si vous souhaitez soutenir le marché des mangas et des animés, la vente des goodies est importante pour le financement des séries où les fabricants de merchandising se retrouvent dans les comités de production en investissant pour fabriquer des produits à l’effigie de la série comme des figurines, stickers, accessoires… Les contrefacteurs volent ainsi le travail et réalisent des bénéfices sur des œuvres (animés, mangas mais aussi fanarts !) sans rien reverser aux auteurs et ayants droit, mettant ainsi en danger toute une industrie.

Comment identifier une contrefaçon avant l’achat sur internet ?

Comme énoncé en début d’article, il n’est pas toujours évident de différencier un bootleg de l’original, et cela l’est d’autant plus lorsque l’achat est effectué sur une boutique en ligne. Pour tout achat à distance, il y a tout de même de nombreux indices (des plus évidents aux plus cachés) qui peuvent permettre de ne pas se tromper lors de l’achat. Voici donc les éléments à observer et les questions qu’il faut se poser.

Les principaux indices : le prix, le vendeur, le pays d’expédition et les délais de livraison

Si vous avez craqué sur une figurine qui coûte 80 euros, et que vous la trouvez ailleurs à 30, 40 ou 50 euros, vous pouvez vous poser la question de l’authenticité de celle-ci. Alors, oui, si vous trouvez ce prix sur un site marchand de référence que vous connaissez bien et qui fait, à ce moment-là, des promotions ou des soldes, cet indicateur n’est pas valable. Mais si vous trouvez des prix anormalement bas sur un site que vous ne connaissez pas, méfiez-vous. D’autant plus si le modèle vient de sortir ou, à l’inverse, est devenu rare : dans ces cas-là, il y a un très grand risque que cela soit un produit contrefait.

Cependant, le prix n’est pas toujours le meilleur indicateur : bien évidemment, si le prix est trop bas, on se doutera que c’est un bootleg. Certaines copies sont vendues au prix des produits originaux voire même plus chers, en jouant parfois sur la rareté du produit !

En achetant sur un site d’import reconnu comme Nippon-Yasan, Nin-Nin Game, AmiAmi ou JDW (que nous vous conseillons dans notre article traitant de l’import du Japon), le consommateur a la garantie de ne pas se procurer une fausse figurine. En revanche, acheter sur des sites comme eBay, Cdiscount ou Amazon, c’est prendre le risque de tomber sur un vendeur malhonnête. Il faut donc bien ouvrir les yeux avant de passer éventuellement une commande. Pour les achats sur Aliexpress ou Wish, pas la peine de se poser de questions : toutes les figurines vendues sur ces sites chinois sont des contrefaçons !

De la même manière que le prix et le vendeur peuvent être d’excellents moyens d’identifier un bootleg, le pays d’expédition peut aussi être un bon indice. La grande majorité des contrefaçons proviennent de Chine. Bien évidemment, ce n’est pas un indice infaillible : vous pouvez vous procurer un bootleg depuis le Japon, la France ou tout autre pays. Mais avec un combo tel que : petit prix, vendeur sur eBay et provenance chinoise, il y a un risque très élevé que cela soit de la camelote !

On peut également rajouter à tout cela les délais de livraison. Un produit vendu par un site français est normalement livré dans les 72h. Au-delà, il y a de fortes chances que le produit ne soit pas expédié depuis la France. Si vous commandez sur un site français qui n’expédie pas depuis la France, alors la question du dropshipping se pose, en plus de la question de la contrefaçon. Et attention, ces sites-là regorgent d’inventivité pour nous mener en erreur : vous pouvez ainsi voir la mention « Expédié en 1 jour », cependant, cette mention parle d’expédition et non de livraison. Le produit peut donc très bien être expédié en 1 jour, depuis un autre pays que la France, mais aura un délais de livraison supérieur à 72h.

Les indices plus discrets : les informations de la fiche produit et les photos

Certains vendeurs sur eBay, Cdiscount ou Amazon indiquent clairement que leur produit n’est pas un original. Il suffit pour cela de lire la description du produit et de rechercher attentivement la mention « Chinese Version » (« version chinoise », euphémisme pour parler de contrefaçon chinoise) ou toute autre mention y ressemblant. Mais attention, cette mention n’est souvent pas mise en avant, il faudra scrupuleusement lire toute la fiche produit pour s’assurer qu’elle n’est pas présente (ou faire un CTRL + F et chercher directement les mots-clés « version » ou « chinese »).

Un exemple de contrefaçon sur Amazon avec la mention de copie chinoise.

Cependant, la grande majorité des vendeurs n’indiqueront pas que le produit est une contrefaçon tout en ne précisant pas que le produit est officiel. Ils présentent un produit connu, souvent en mettant en avant une photo officielle, mais lorsque l’on lit attentivement la fiche produit on ne voit nulle part le nom du modèle ou du fabricant…  Et l’on trouve même certaines anomalies comme une marque inconnue ou l’absence totale de marque :

Exemple d’une fiche produit sur Amazon dont la marque mentionnée indique clairement que c’est une contrefaçon.

Fiche produit sur Cdiscount ne précisant aucune marque pour cette contrefaçon d’Itachi. Le logo de Naruto essaye d’induire en erreur le client.

En dehors de ces informations inexactes ou manquantes, on peut se référer aux photos. En effet, la plupart du temps, les vendeurs mettent en première position les photos officielles, mais en faisant défiler les photos, c’est là que l’on voit les photos du vendeur, celles de la contrefaçon. En les comparant avec les photos officielles, il suffit bien souvent d’un simple coup d’œil pour déceler les différences mais parfois il faudra s’attarder un peu plus sur les détails, comme pour les exemples présentés dans la partie « Qu’est-ce qu’un bootleg ? » plus haut.

Dans le doute, pour savoir si la photo est l’officielle ou celle du vendeur, il ne faut pas hésiter à se référer au site myfigurecollection qui répertorie un maximum de produits existants pour lutter contre les bootlegs.

Et pour finir : si vous choisissez d’acheter chez un vendeur professionnel sur eBay, Amazon, Cdiscount ou tout autre marketplace, et que celui-ci indique dans son annonce qu’il n’y a pas de boîte, alors il est certain que le produit est une contrefaçon !

Pour résumer, lorsque l’on achète sur internet, il faut avant tout vérifier :

  • Le prix : est-il cohérent avec le marché actuel ?
  • Le vendeur : est-ce une boutique d’import reconnue ou est-ce un vendeur random sur eBay, Amazon, Cdiscount ou toute autre marketplace ?
  • Le pays d’expédition : d’où vient le produit ?
  • Le délai de livraison : si vous achetez sur un site français, le délai de livraison ne doit pas dépasser les 72h. Attention à ne pas confondre avec le délai d’expédition.
  • Si vous optez pour un achat sur une marketplace : la mention « Chinese Version » est-elle présente ?
  • Les photos du produit vendu : voit-on des défauts apparents sur ces dernières ?
  • Marketplace : le produit est-il vendu dans sa boîte ? En règle générale, bannissez les achats sur ces plateformes !

Comment identifier un bootleg avant l’achat dans un magasin ou sur une convention ?

Comme nous venons de le voir : les copies sont monnaie courante dans le secteur des figurines et des produits dérivés. C’est un véritable fléau que l’on retrouve partout, et pas seulement sur internet. On en trouve donc dans certains magasins français, et pire encore : dans les conventions ! On peut citer en première ligne l’incontournable Japan Expo qui est malheureusement victime de nombreux vendeurs de bootlegs, ce qui lui vaut à la JE le surnom de «supermarché des contrefaçons». Si vous pensiez qu’en achetant dans une boutique physique ou dans une convention vous n’avez pas de risque d’acheter de la contrefaçon, détrompez-vous.

Comme énoncé en début d’article, certaines contrefaçons sont si mauvaises que l’on a aucun doute sur leur provenance illégale. Il suffira donc de regarder les détails du produit que vous avez sous les yeux, et si le doute s’installe comparez directement avec une photo officielle.

En revanche, les contrefaçons « bien faites » sont plus difficiles à percevoir que sur internet car moins d’indices sont présents. Seuls deux éléments viennent les distinguer : les différentes pastilles et l’emballage.

Les différentes pastilles

Pour combattre le fléau des contrefaçons, les fabricants ont mis en place plusieurs systèmes de pastilles. Celles-ci permettent de prouver l’authenticité du produit. Cependant, elles ne sont pas systématiques : l’absence de pastille n’est pas une preuve irréfutable que le produit est une copie. À l’inverse, la présence de pastille prouve que le produit est original. Mais attention, il existe aussi de fausses pastilles ! Il est donc plutôt instable de se référer aux pastilles pour s’assurer qu’un produit est original.

Pour autant, faisons un petit tour non exhaustifs des différentes pastilles : on peut citer les pastilles de la Toei Animation et les pastilles d’importation comme par exemple le sticker de Abysse Corp qui est le plus grand grossiste français. Les pastilles de la Toei Animation sont nombreuses : elles sont soumises à des classifications qui vont dépendre du prix et de la provenance.

© Toei

L’emballage

L’emballage, ou packaging, officiel est généralement de bonne qualité au niveau de l’impression et les informations qui sont présentent sont nombreuses. Le packaging d’une contrefaçon, lui, est souvent moins travaillé et on y trouve moins d’informations, ou alors elles sont positionnées à des endroits différents de l’original.

Pour vérifier cela, rien de plus simple : trouvez la photo officielle du packaging et comparez-la avec l’emballage que vous avez sous les yeux. Il faudra faire attention aux moindres détails !

Observons ensemble l’exemple ci-dessous :

Nous remarquons :

  • L’absence de la mention « Good Smile Company » en haut à droite
  • Les différences de teinte dans l’impression
  • L’absence de la pastille
  • De nombreuses différences dans les informations présentées en-dessous du numéro : soit les informations sont manquantes soit l’ordre d’apparition diffère.

Mais, attention, tout comme la pastille, l’emballage n’est pas un indicateur infaillible car de nombreuses contrefaçons ont un emballage bien travaillé.

Lorsque vous avez le produit entre les mains, c’est à vous de chercher la moindre information vous mettant sur la piste et de juger si la qualité vous semble bonne ou non par rapport au prix payé et aux autres produits que vous avez déjà vu. La tâche n’est pas simple, mais une fois que l’on connait les rouages, on ne tombe plus dans les pièges de la contrefaçon !

Le monde des produits dérivés de nos licences préférées est envahi de contrefaçons. Nombreux sont ceux qui en achètent sans même le savoir, et nous espérons que ce billet vous aura permis d’y voir plus clair et d’acquérir les armes nécessaires pour combattre ce fléau sur internet, en boutique et en convention. Si vous avez d’autres astuces, n’hésitez pas à nous les partager !

Rokusan

Roxane, passionnée depuis l'enfance par le Japon, j'aime voyager sur l'archipel et en apprendre toujours plus sur sa culture. Je tiens le blog rokusan.fr dédié aux voyages au Japon.

11 réponses

  1. Heritage dit :

    Attention quand même de ne pas tout prendre pour de la contrefaçon : pour beaucoup de figurines officielles il y a la mention ‘Made in China’. À distinguer donc des exemples de versions chinoises contrefaites.
    Autre doute qui peut persister : les boîtes. J’ai eu très peur d’avoir acheté des contrefaçons sur un site français assez récent à l’époque car les seules photos de boîtes sur le net ne correspondaient pas aux miennes. Et le fait que, bien qu’officielles, les figurines avaient de petits défauts qui n’étaient pas sur la photo officielle (mais forcément ils prennent un modèle tout beau tout parfait pour exposer). Finalement j’avais simplement une version européenne des boîtes dont les photos n’étaient pas spécialement disponibles sur le net.
    (et le site est maintenant plus connu et validé par beaucoup d’autres personnes).
    En tout cas l’article est bien.
    Mais il y a des contrefaçons tellement ‘planquées’ que c’est dur parfois à déceler. Et souvent les vendeurs en convention le prennent mal quand on fait notre vérification (mais bon tant pis) : les ‘vrais’ n’aiment pas être suspectés et les ‘faux’ vous lancent un regard assassin quand vous en parlez

    • David Maingot dit :

      Bonsoir,
      Bien entendu, notre propos n’est pas de dire : fabriqué en Chine (China/RPC) = contrefaçon. La provenance est un des éléments mais pas juste l’élément suffisant pour dire qu’une figurine est contrefaite.
      Après, oui, il y a des boîtes plutôt bien faites mais quand elle est de très mauvaise qualité, grosse méfiance… Généralement, on passe commande auprès de boutiques japonaises donc généralement, les boîtes sont celles pour le marché japonais. En convention, cela devient limite compliqué (bonjour la tonne de cellophane utilisée pour entourer les stands) : le web est le terrain de chasse pour les bonnes affaires et les précommandes 🙂

    • Rokusan dit :

      Bonjour,
      En effet il ne faut pas confondre « Made in China » et « Version chinoise ». Une très grande part des figurines officielles sont produites en Chine, bien que conçues au Japon.
      Pour ce qui est des boîtes, il y a parfois plusieurs versions, d’où l’incertitude… Et comme vous le dites : certaines contrefaçons sont très difficiles à identifier ! Il faut bien vérifier, même si ça ne plaît pas aux vendeurs, et d’autant plus en convention.

  2. Heritage dit :

    J’ai remarqué ‘ayant droit’ et ‘ayants droit’ (dans les 2 cas pour un pluriel). Il me semble que c’est le -s qui l’emporte, pour ce cas.
    N’hésitez pas à ne pas accepter ce com à la modération, puisque ce n’est que pour vous prévenir

  3. Sophie dit :

    Je n’imaginais pas que c’était à ce point là ! Merci beaucoup pour ces précieuses informations, je redoublerai de vigilance lors de mes prochains achats 🙂

  4. mickado dit :

    Pourquoi les bootlegs sont autorisés en France ? c’est donc légal?

    • Rokusan dit :

      Bonjour, les bootlegs ne sont pas autorisées en France. C’est illégal. Mais cela n’empêche pas certains vendeurs d’en vendre, d’où le fait qu’il faut être vigilant.

  5. Margaux Japonais dit :

    Merci beaucoup pour cet article très complet! Je me suis fait avoir avec quelques bootleg aussi, surtout quand je suis allé en Chine… Par contre au Japon j’ai pu trouvé pleins de figurines officielle de second main en parfait état pour des petits prix, c’est vraiment le bon plan!

  1. 21 décembre 2020

    […] répètera sûrement jamais assez à quel point il est important de savoir chez qui on achète pour éviter les contrefaçons. Et si vous cherchez encore un site de confiance, direction Figur’House. Cette entreprise de […]

  2. 18 janvier 2021

    […] ombre qu’est la contrefaçon. Nous vous avons récemment proposé un premier article sur le problème des contrefaçons, mais force est de constater que face à ce fléau très répandu, un supplément de […]

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