Alice in Borderland sur Netflix : vers une démocratisation des J-drama ?

Netflix n’est pas à son coup d’essai quand il s’agit de produire des dramas adaptés de mangas. Alice in Borderland n’échappe pas à la règle, puisqu’il trouve son origine dans le manga éponyme. Selon les œuvres, ça passe ou ça casse, mais il semblerait que Alice in Borderland version live-action connaisse un succès sans précédent. Vous laisserez-vous convaincre ?




Alice in Borderland sur Netflix : vers une démocratisation des J-drama ?

(N’ayant pas encore eu l’occasion de lire le manga, il n’y aura pas de comparatif avec ce dernier dans cet article, mais n’hésitez pas à partager vos avis en commentaire si vous l’avez lu.)
Si vous avez un compte Netflix, vous n’avez pas pu passer à côté de la promotion pour le J-drama Alice in Borderland, qui s’affichait sur l’écran d’accueil une fois sur deux. Sortie le 10 décembre dernier, cette nouvelle série a rapidement su convaincre son public. En effet, peu après sa diffusion, de nombreuses personnes twittaient à son sujet, notamment des personnes n’ayant aucune affinité avec la culture japonaise ou les J-dramas en général. Pourtant, ce n’est pas la première série japonaise que Netflix propose, nous vous en présentions 4 en avril dernier, mais c’est visiblement celle qui a le mieux fonctionné en 2020. Peut-être que son contenu, plus sombre et moins scolaire ou vie quotidienne classiques que les autres titres du catalogue Netflix, y est pour quelque chose. Attardons-nous un peu sur le synopsis.

Couverture Alice in Borderland

©Netflix

Jouer pour survivre

Dès le premier épisode, on est directement plongé dans l’ambiance particulière de l’univers d’Alice in Borderland. Tout débute avec un trio d’amis formé par Alice (Kento YAMAZAKI), Karube (Keita MACHIDA) et Chôta (Yûki MORINAGA). Le premier est rejeté par sa famille car il est isolé dans sa chambre en permanence pour jouer aux jeux vidéo, refusant de se présenter à ses divers entretiens d’embauche. Le second travaille dans un bar et a une aventure avec la copine de son patron, et le troisième se fait mener par le bout du nez par sa mère. Agacés par leurs problèmes, ils décident de se retrouver en plein cœur de Shibuya pour s’amuser un peu. Ils finissent par provoquer un énorme carambolage entraînant un accident sur le célèbre et immense passage piéton, et s’enfuient lorsque la police arrive, s’enfermant dans les toilettes de la gare. Sauf que lorsqu’ils daignent sortir, le monde tel qu’ils le connaissaient a disparu : Shibuya a été vidé de ses habitants, il ne reste plus qu’eux. Seuls dans une ville déserte, les trois amis tentent de comprendre ce qui leur arrive, et c’est là que tout commence. En fouillant les bâtiments à la recherche de signes de vie, ils se retrouvent contraints à participer à un jeu malsain où ils comprennent très vite qu’ils jouent pour sauver leur vie et qu’un faux pas leur vaudra une mort imminente. Pour survivre, il faut jouer.

Un jeu d’acteurs convaincant

Personnages Alice in Borderland

Le trio Alice, Karube & Chôta. ©Netflix

Le jeu d’acteur des Japonais est très différent des films et séries occidentales, si bien qu’aux yeux du grand public, il apparaît souvent comme « mauvais ». Si vous êtes un consommateur de dramas depuis de nombreuses années, vous n’avez pas dû passer à côté des grands classiques avec parfois un surjeu un peu trop exagéré. Mais cela fait aussi partie du style nippon sur petit écran, et ce qui rend leurs œuvres uniques et totalement décalées.
Avec Alice in Borderland, on se rapproche davantage d’un jeu d’acteur très sérieux et pro comme on en a l’habitude en Occident. Sans avoir lu le manga, il m’est impossible d’affirmer si les personnages sont bien interprétés et fidèles, mais au regard du drama lui-même, les acteurs sont très convaincants et on rentre rapidement dans l’univers. Kento YAMAZAKI, que l’on retrouve dans de nombreux dramas, est poignant dans le rôle d’Alice, ce jeune homme un peu utopiste qui est torturé par son besoin de survivre et l’envie de sauver tout le monde, comme beaucoup de héros traditionnels.
Ce qui est intéressant avec cette série, c’est que tout ne tourne pas à 100% autour d’Alice, même s’il reste évidemment le personnage central. Le background des autres protagonistes est étoffé et chacun a un rôle à jouer au sein de l’histoire, assez alambiquée. On apprécie particulièrement le caractère combattif d’Usagi (Tao TSUCHIYA), une jeune femme qui ne se laisse jamais abattre et se donne corps et âme dans le Jeu. On adorera détester Shibuki (Ayame MISAKI), apparaissant dès le premier épisode, avec son caractère individualiste et manipulateur. Il y a d’autres personnages hauts en couleurs, mais nous vous laissons la surprise.

Une histoire classique mais efficace

Les « survival games », ou jeux de survie, sont monnaie courante dans le folklore culturel japonais. Pourtant, Alice in Borderland est différent d’œuvres comme Battle Royale et a sa touche originale qui le rend intriguant et prenant.
En effet, les personnages principaux évoluent dans un Tokyo transformé : vidée de ses habitants habituels, la ville accueille seulement une poignée de personnes qui doivent à tout prix survivre aux différents jeux proposés aux quatre coins de la capitale. On ne sait pas vraiment pourquoi elles sont là, bien qu’on suppose que leur point commun soit qu’ils aient fait des choses dans leur vie qui ne soient pas « politiquement correctes ». Cela reste une supposition, et même à la fin du dernier épisode de la première saison, le mystère reste entier.

Alice in Borderland affiche

Une affiche de la série. ©Netflix

Ce qui est vraiment intéressant, c’est le concept des différents jeux proposés. Vous vous demandez peut-être pourquoi le drama se nomme Alice in Borderland, et pourquoi Alice (de son vrai prénom Ryôhei), qui est un prénom féminin, est celui du héros principal ? Tout tourne autour de cartes à jouer, et au fil des épisodes, on remarquera de subtiles références à l’œuvre de Lewis CAROLL (Alice in Wonderland), et notamment à ses personnages. À vous de les repérer et de nous le dire en commentaire !
Les jeux sont donc divisés en quatre catégories, représentées par les couleurs des cartes : le pique correspond à une épreuve physique ; le carreau regroupe les épreuves intellectuelles ; le trèfle propose des épreuves mélangeant physique, intellect et travail d’équipe. Quant au cœur, il s’agit des épreuves les plus difficiles : les psychologiques, où on joue avec les nerfs et les sentiments des personnes. Le chiffres de la carte représente la difficulté de jeu : plus le chiffre est élevé, plus l’épreuve sera coriace. Une épreuve 10 de cœur sera clairement un enfer psychologique !
Remporter une épreuve permet de prolonger son visa : en effet, les joueurs sont présents pour une durée limitée, généralement 3 jours, et le seul moyen d’augmenter cette durée est de gagner des jeux. Un visa expiré équivaut à la mort. Il faut donc jouer quasiment tous les jours pour rester en vie.

Les épreuves se déroulent généralement au sein de divers bâtiments de Tokyo : un parc, un tunnel routier, un immeuble résidentiel… Tout est bon pour servir de terrain de jeu. Elles apparaissent à la nuit tombée, signalées par un halo lumineux. La journée, les participants se reposent ou s’entraînent. Enfin, il est impossible de quitter la ville, encerclée par une sorte de faisceau laser, qui tue sur le coup quiconque essaye de le franchir.

Des épisodes dynamiques

L’une des principales forces de ce drama est son dynamisme à l’écran : il n’y a que 8 épisodes dans la saison 1, qui durent un peu moins d’une heure chacun. Il peut donc se passer énormément de choses en un seul épisode. Et parfois, il faut avoir le cœur bien accroché car la série joue subtilement sur vos nerfs. Un conseil : ne vous attachez à aucun personnage ; au vu du scénario, ils pourraient disparaître à tout moment…
Si au début, on penche pour un plan classique du « un épisode = une épreuve », le scénario s’affranchit rapidement de ce format et le découpage se fait autrement par la suite, avec davantage de suspense et de nombreuses interrogations, ce qui fait qu’on appuie très facilement sur la touche « suivant » de Netflix tant on veut savoir la suite. L’histoire est prenante, attractive, bien ficelée et le suspense savamment dosé. L’épisode 8 s’achève sur une révélation qui vous laisser perplexe, plein de questions, et complètement en attente de la seconde saison à venir, qui, fort heureusement, a été validée par Netflix. À suivre de près donc.
Un autre élément non négligeable qui fait la force du drama est qu’au fil des épisodes et des personnages, on aborde des tas de phénomènes de société actuels, généralement très peu dépeints dans les œuvres japonaises, qui permet d’ouvrir les yeux sur la façon dont ces phénomènes sont perçus au Japon. C’est quelque chose qui est réellement appréciable et qui, nous l’espérons, vous satisfera également.
Convaincus ? Alors, direction Netflix pour découvrir la série !

Personnages Alice

Le trio au milieu d’un Shibuya désert. ©Netflix

 

L’avis de Marine

Je suis toujours à l’affût de nouveaux dramas à dévorer, moi qui suis une grande consommatrice de ce format depuis 2008 environ. J’ai un peu suivi l’évolution des séries japonaises et j’ai été très agréablement surprise par la qualité d’Alice in Borderland. J’avais cliqué sur le premier épisode un peu par hasard, curieuse de voir une nouvelle production japonaise sur Netflix, et je n’ai pas été déçue. Pourtant, je ne suis pas du tout une fan du genre survival mais celui-ci m’a totalement convaincue. Au casting, j’ai retrouvé pas mal de têtes connues comme Tsuyoshi ABE qui avait joué dans Hana Yori Dango, l’un de mes premiers dramas, ou encore Dori SAKURADA que j’avais découvert dans Good Morning Call, une autre série Netflix. J’ai enchaîné les épisodes les uns après les autres sans savoir qu’il n’y en avait que 8, et j’ai donc subi une immense frustration une fois le dernier épisode fini. Je pourrais totalement conseiller Alice in Borderland à un novice des séries japonaises en étant quasiment sûre que cela pourrait être apprécié. J’ai pu voir de bonnes critiques à droite et à gauche, des gens sur Twitter totalement emballés par la série, qui pourrait être un bon tremplin vers une popularisation des J-drama par chez nous, ce qui me ravit. J’ai eu quelques petits coups de cœur sur certains personnages hauts en couleur, mais je vous laisse les découvrir par vous-mêmes. J’ai également adoré la façon dont la série abordait certains phénomènes de société. Elle joue constamment avec nos nerfs et nous fait nous interroger sur notre condition humaine et les choix qu’on ferait si nous étions nous-mêmes coincés dans le jeu, ce qui est fascinant et un peu effrayant en même temps. Bref, j’ai adoré cette série, et j’attends la saison 2 avec impatience.

Marine Mlt

Je suis Marine, alias Rin sur le web. Passionnée par la culture japonaise depuis de nombreuses années, je l'enseigne aujourd'hui aux débutants en plus du français. J'adore rédiger des articles sur mes expériences au Japon et la pop-culture en général. Retrouvez-moi dans de multiples domaines !

2 réponses

  1. Nul dit :

    Folle originalité que de mélanger battle royale et squid games lol, ce succès est pathétique, le jeu d’acteur est horrible, cest bien simple cest tellement carricatural que je savais sans l’avoir lue que l’oeuvre originale était un manga.

    • Marine Mellet dit :

      Bonsoir,

      Ici l’auteure de l’article.

      Je comprends tout à fait que vous n’ayez pas apprécié ce drama, chacun ses goûts et tout le monde ne peut pas aimer ce contenu.
      Ceci dit, Alice in Borderland est sorti avant Squid Game, et le manga encore bien avant. Donc si la comparaison doit être faite, ce serait plutôt Squid Game qui s’appuierait sur Alice. De plus, bien qu’il y ait en commun le côté survival, les objectifs des deux séries sont très différentes. Quant à Battle Royale, c’est encore un autre type de survival qui ne vise même pas le même public. C’est dommage de vouloir à tout prix comparer toutes les séries et films d’un même genre, c’est comme si on disait que toutes les enquêtes policières étaient pareilles.

      Bonne continuation.

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