Forspoken, à la hauteur de ses ambitions ?

Initialement connu sous le nom de Project Athia, Forspoken a été annoncé lors d’un événement dédié à la PlayStation 5 en juin 2020. Après plusieurs reports et une démo décevante, le jeu est enfin disponible dans nos salons. Développé par Luminous Productions, un studio fondé par Hajime Tabata, connu pour avoir travaillé sur des titres tels que Final Fantasy VII Crisis Core et Final Fantasy XV. Forspoken a été présenté comme une vitrine technologique pour la nouvelle console de Sony, mais également comme l’une des premières grandes sorties de l’année 2023. Mais qu’en est-il vraiment de cette exclusivité Playstation 5 ?

Test réalisé sur PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.

2023 doit être l’année de Square Enix avec une multitude de gros jeux annoncés (Final Fantasy VII Rebirth, suite du Remake sortie en 2020, Final Fantasy XVI, Octopath Traveler II entre autres), et Forspoken était en charge de lancé cette année. Développé par le studio Luminous Productions anciennement connu sous le nom de Business Division 2 avant son externalisation, Forspoken a su créer de l’engouement qui petit à petit, au fur et à mesure des trailers et des démos a commencé à s’essouffler et même à avoir l’effet inverse, sortie le 24 Janvier, il est temps de donner notre verdict.

Un concept intéressant, une narration catastrophique

Partant d’un concept intéressant et peu exploité dans les jeux vidéo, celui des Isekai, sous-genres de la fantasy où un personnage de notre monde se retrouve dans un autre univers, Forspoken nous raconte l’histoire de Frey Holland, une jeune femme new-yorkaise ayant une vie difficile et qui n’a qu’une envie : fuir son environnement et tout ce qu’elle connaît. Cependant, sa vie prend un tournant inattendu lorsqu’elle trouve un bracelet magique qui la transporte dans le monde d’Athia.

frey holland
Frey Holland

Athia est un monde composé de quatre grands royaumes autrefois dirigés par les Tanntas, de puissantes sorcières qui ont été corrompues par « La Brume », un mal étrange qui a presque tout détruit et tué tout le monde. Vous l’aurez compris, le rôle de Frey dans tout cela va être de sauver Athia de La Brume, accompagnée de son bracelet magique, un peu trop bavard du nom de Krav. L’héroïne se retrouve en décalage avec le monde dans lequel elle se trouve, chaussée de sneakers et utilisant un langage familier, voire vulgaire, cela apporte une touche d’humour que l’on peut apprécier. Là où le bât blesse, c’est au niveau de la narration : en effet, les nombreuses cinématiques et scènes de narration statique très archaïques ont du mal à nous faire adhérer à l’univers et aux personnages. Le rythme est mal géré et nous avons droit à plusieurs incohérences à ce niveau, comme si le jeu voulait aller trop vite dans la présentation de son univers sans même nous laisser le temps de nous immerger convenablement. L’héroïne évolue beaucoup trop rapidement à son aise dans un monde qu’elle ne connaît pas et maîtrise un peu trop rapidement ses pouvoirs pour qu’il y ait cette suspension consentie de l’incrédulité. Cela ne fonctionne tout simplement pas.

Les Tanntas sont réussies et ont du style

Visuellement, même constat. Forspoken est le second jeu à utiliser le moteur de jeu Luminous Engine. On nous avait fait la promesse d’un jeu 100% next-gen, une vitrine technologique pour la Playstation 5. Les premiers trailers nous ont d’ailleurs confortés là-dessus, mais le downgrade a eu raison de ces promesses et cela n’est pas à la hauteur de nos espérances. Les textures sont parfois très laides, les modèles tantôt détaillés, tantôt assez moches, et certains personnages secondaires nous viennent directement d’une autre génération de console avec des expressions faciales vieillottes. On a du mal à croire que nous sommes sur un jeu next-gen. Le Luminous Engine nous déçoit une nouvelle fois après un Final Fantasy XV. Finalement, ce que l’on retiendra de cette direction technique un peu bancale, c’est bien l’OST, composée par Bear McCreary, connu pour avoir composé la bande son du très bon God of War et récemment de sa suite : God of War Ragnärok, ainsi que Garry Shyman, connu pour Bioshock.

Un open-world générique et sans vie

Malheureusement, l’univers et le monde ouvert de ce titre ne parviennent pas à le sauver de ses défauts. Le jeu est générique et sans personnalité forte, il manque de vie et de substance. Nous avons le droit à des points d’intérêts classiques, des zones à nettoyer de tout ennemis, des donjons linéaires qui offrent des artefacts plus ou moins puissants, et des coffres dispersés partout. Le level design est également problématique, avec des décors vides et des « villages » qui ne contiennent que quelques maisons renforçant l’atmosphère terne; on a l’impression qu’il n’y avait jamais eu de vie avant que le mal ne touche ce monde. Même la capitale de Cipal, dernier bastion des habitants d’Athia encore en vies, est décevante, avec des PNJ qui errent sans but, répètent les même tâches tout le long de l’aventure ou bien qui sont tout simplement immobiles. Le tout est morne et manque cruellement d’interactions et de vie.

Cipal
Cipal respire la joie de vivre

En 2023, on pourrait s’attendre à un titre avec plus de personnalité visuelle et un univers plus immersif. Malheureusement, Forspoken n’est pas à la hauteur de ces attentes et manque de vie et de personnalité tant au niveau visuel qu’au niveau de son univers.

Les quêtes secondaires de ce titre sont malheureusement peu intéressantes et ont un impact minime sur l’histoire principale. Elles ont clairement été ajoutées pour allonger artificiellement la durée de vie du jeu, et elles n’apportent pas grand-chose à l’expérience de jeu. Au contraire, elles risquent de casser encore plus le rythme qui est déjà assez lent et ennuyeux. On va avoir tendance à vouloir se concentrer sur la quête principale et éviter les quêtes secondaires pour ne pas perdre de temps. En comparaison avec The Witcher 3, sorti en 2015, Forspoken fait pâle figure.

L'open world a tendance à être vide
Du vide, encore du vide

Des défauts mais aussi quelques qualités

Bien que certains aspects de Forspoken aient été critiqués, il ne faut pas négliger ses qualités, notamment les phases de gameplay. Au cours de votre exploration d’Athia, vous serez confronté à de nombreux combats qui mettront en avant la variété de sorts offensifs, défensifs et de soutien. Plus de soixante sorts sont à débloquer au fil de l’aventure grâce à un arbre de compétences classique mais toujours efficace. La gestion de la manette de la PS5 avec les retours haptiques et les vibrations ajoutent une immersion supplémentaire dans les combats et même en déplacement ou les vibrations suivent le rythme des pas.
Les combats sont dynamiques bien que parfois un peu chaotiques avec une surcharge d’effets visuels à l’écran. Rien de dramatique non plus, d’autant que les animations d’attaques et autres effets de particules sont extrêmement bien travaillés, le tout donne parfois l’impression d’être dans un beat them all plutôt que d’être dans un A-RPG.

Les mouvements de Frey sont agréables et vraiment fluides et le parkour est assez jouissif, vous prendrez plaisir à utiliser les pouvoirs de l’héroïne pour explorer le monde. Surf, grappin, chaussure magique, escalade, ouverture des coffres… Nous aurons le droit à une panoplie de mouvements différents qui rendront l’expérience agréable sans pour autant palier au manque d’intérêt que l’on peut ressentir devant ce monde.

Le gameplay n’a hélas pas que des bons côté, on pourrait citer ses phases d’infiltrations risibles, on aura l’impression d’être dans un mauvais Metal Gear, et ses puzzles games trop simple et pas franchement inspirés.

Alohomora


En conclusion, Forspoken avait toutes les cartes en main pour être un titre marquant, mais il ne parvient malheureusement pas à tenir ses promesses dans la plupart des domaines et un sentiment général de gâchis s’en dégage dès le début du jeu. Graphiquement, le jeu ne répond pas aux attentes suscitées par les premières bandes-annonces, la narration peine à maintenir l’immersion du joueur, et l’univers manque cruellement de personnalité et de vie. Bien que le jeu ne mérite pas le titre de jeu de l’année (de toute façon nous ne sommes qu’au début de l’année), il convient de nuancer notre critique en soulignant certaines qualités, notamment le gameplay avec des combats dynamiques, une multitude de sorts à utiliser et une personnalisation de personnage intéressante. En outre, la composante de parkour est fluide et maîtrisée, rendant l’expérience plutôt jouissive à ce niveau. Malgré ses défauts, certains joueurs y trouveront leur compte à condition de passer outre ses défauts. Il faudra compter une bonne dizaine d’heure pour finir l’histoire principale.

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