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Made in Asia Automne 2023 : une convention 100% Belge !

Pour la première fois, Journal du Japon s’est rendu cet automne au salon belge Made in Asia. Les fans de mangas et de culture japonaise, ainsi que les cosplayeurs se sont retrouvés les 22, 23 et 24 septembre à Bruxelles et en nombre avec pas moins de 60 000 visiteurs. Pendant ces trois jours, nous sommes allés à la rencontre des artisans qui ont mis en valeur le pays du Soleil Levant.

Quel était le programme de cette édition ? Quelle est la véritable place accordée à la culture japonaise ? Les organisateurs ont-ils été à la hauteur ? Les réponses dans cet article.

©Made in Asia

A quoi ressemble la convention ?

Vue d’ensemble de convention ©Made in Asia

Made in Asia a vu le jour en 2008 à Brussels Expo. Comme beaucoup de salons de ce genre, les organisateurs conçoivent l’évènement en réunissant les univers du manga, du jeu vidéo, de la culture pop et du cosplay dans un même endroit. Pour l’occasion, elle a partagé le salon avec la Heroes Comic Con axée sur les films et séries.

Les organisateurs ont réparti toutes les activités dans plusieurs halls où l’on pouvait trouver plus de 300 exposants mélangeant la tradition, les espaces dédicaces, le village cosplay ou encore le coin restauration. Comme évoqué précédemment, 59 314 visiteurs ont répondu présents. L’édition qui s’est déroulée au printemps 2023 avait attiré plus de monde avec 69 832 personnes. Pour comparer avec la France, Japan Expo à Paris Nord Villepinte, c’est 250 000 inconditionnels de culture japonaise. Japan Expo Sud à Marseille atteint presque la barre des 50 000 visiteurs. Il faut savoir également qu’il y a deux éditions chaque année dont une au printemps et la seconde en automne.

Le panel des invités était également intéressant avec notamment la présence de Toru FUJISAWA, le célèbre mangaka de Great Teacher Onizuka. A ce titre, la voix française Benoît du Pac était aussi de la partie. Enfin, Jean-Pierre Denuit qui prête sa voix à Usopp dans One Piece était présent.

Quelle mise en valeur de la culture japonaise ?

Bien que Made in Asia consacre la majeure partie de sa convention à la pop culture, une place pour l’aspect traditionnel n’a pas été oubliée ! Les organisateurs ont consacré un pavillon nommé Little Asia où quelques stands ont montré des activités variées autour des arts martiaux, la calligraphie ou encore la musique. Nous sommes allés à leur rencontre pour en apprendre davantage sur leurs passions et ce que l’on peut dire, c’est qu’ils ont su valoriser la culture japonaise sous tous ses angles pour permettre aux visiteurs de découvrir plus en profondeur le Japon.

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Le shinobue, la flûte japonaise qui a envouté le salon

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Pour les visiteurs qui sont passés dans le Hall 4, il était en effet difficile de rater Nozomi KANDA, joueuse de shinobue. Durant tout le week-end, Nozomi a proposé plusieurs démonstrations de la flûte traversière japonaise aux passants et tous étaient sous le charme de sa mélodie. Pour attirer encore plus de monde, elle y jouait des extraits de génériques d’animés.

C’est à cette occasion que nous avons pu échanger avec elle autour du shinobue et de sa passion pour cet instrument de musique.

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Journal du Japon : Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nozomi Kanda : Je suis flûtiste. J’ai appris à la base la flûte classique, lorsque j’ai commencé mes études. Pendant qu’on était au conservatoire, j’ai découvert que ma cousine faisait de la musique traditionnelle. Elle a joué son morceau et c’était tellement beau que je m’y suis moi-même intéressée et c’est comme ça que j’ai commencé là-bas au Japon.

Qu’est-ce que le shinobue ?

Il s’agit d’une flûte en bambou. Il existe plusieurs flûtes traditionnelles au Japon. Elle fait partie des plus populaires. On l’utilise pour des fêtes locales. Elle est très familière pour les Japonais.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette flûte ?

Le son me plaît beaucoup. Il est différent grâce au bambou. Cette philosophie de la beauté est intéressante. Cela permet d’ouvrir notre pensée.

Quelle est sa particularité ?

Les gammes sont approximatives. Les notes ne sont pas forcément justes. Cette flûte est utilisée pour le théâtre kabuki. La musique est vraiment spéciale.

Pour quelles raisons utilisiez-vous des flûtes différentes lors de vos démonstrations ?

C’est en raison de la tonalité. On va aller vers une tonalité de plus en plus grave et ronde. Je peux ainsi choisir la tonalité.

Quelle est la difficulté dans l’apprentissage du shinobue ?

La principale difficulté est d’adapter la musique écrite. La technique est aussi difficile à apprivoiser.

Pour terminer, combien avez-vous d’élèves et qu’est-ce qui les motive à apprendre à jouer de cet instrument ?

Pendant le covid, j’étais au Japon et j’avais deux élèves en Belgique et 7 autres vivant à Paris en distanciel. Quand je donnais des cours, ils s’intéressaient vraiment à la musique japonaise et sa culture. C’est pour ça qu’ils ont voulu apprendre alors que d’autres sont attirés par la flûte traversière.

Nous remercions Nozomi Kanda pour cet échange intéressant. Si vous êtes curieux et que vous souhaitez en apprendre davantage sur le shinobue grâce aux cours de Nozomi, rendez-vous sur le site Kanda Nozomi Music.

Du self-défense japonais Made in Belgium

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Après la musique, un passage vers le stand des arts martiaux ne se refusait pas ! C’est ainsi que nous avons eu le plaisir de rencontrer Daniel, professeur de bujinkan. Ce sport japonais repose sur l’art de la défense à mains nues ou en utilisant plusieurs types d’armes. Il faut avoir 16 ans pour pratiquer le bujinkan.

Avant de manier les armes, les enseignants du dôjô leur apprennent les mouvements de base. Cet art martial se base avant tout sur la technique et les mouvements du corps. Les différentes techniques datent de l’époque Sengoku pendant les batailles. Les pratiquant viennent pour l’ambiance familiale qui y règne, la confiance et la volonté de parcourir le même chemin.

L’école utilise plusieurs armes comme le kama qui ressemble à une faucille en bois, utilisée dans les champs de riz. Daniel nous a également montré le nawa qui permet de ficeler son adversaire.

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Pour des renseignements sur ce sport et sur le club, vous pouvez consulter le site internet de l’école Bujinkan Dojo qui se trouve à Bruxelles !

Twolines et ses pokémon en impression 3D

©Leo Thomas pour Journal du Japon

En déambulant le long des stands, nous avons découvert des pokémon se trouvant à plusieurs endroits du parc des expositions. Il se trouve que leur dresseuse, Twolines, est leur créatrice ! Grâce à l’impression 3D, elle réussit à reproduire des pokémon plus vraie que nature.

En plus de pouvoir les admirer ou les acheter, elle proposait un concours où la règle du jeu consistait à trouver les pokémon qu’elle cachait dans les halls. L’heureux élu qui réussissait à tous les avoir repartait avec une figurine Evoli. Elle a exposé beaucoup de pokémon comme Pikachu, Lugia, Rayquaza ou encore Dracaufeu.

©Leo Thomas pour Journal du Japon

D’ailleurs, vous pouvez suivre ses projets sur sa page Facebook pour les inconditionnels de ces petites créatures.

Rencontre avec Jean-Pierre DENUIT, le sniper du doublage

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Les fans de Rock Lee dans Naruto ou d’Usopp de One Piece ont certainement reconnu sa voix. Jean-Pierre Denuit, comédien de doublage et directeur artistique est allé à la rencontre de ses fans à Made in Asia pour des séances de dédicace. Très naturel, il a pris plaisir d’échanger avec les visiteurs et de sortir les répliques des personnages qu’il incarne pour l’envoyer au copain qui n’a pas pu venir à la convention. Depuis une vingtaine d’années, il prête sa voix au grand Usopp, le sniper des mugiwara dans One Piece et n’est pas prêt de s’arrêter.

Nous avons eu ainsi la chance de le rencontrer à Bruxelles. Pour Journal du Japon, il est revenu sur son parcours, sa vision autour de One Piece et son avis sur la série adaptée par Netflix.

Journal du Japon : Bonjour et merci d’avoir pris un peu de votre temps pour parler aux lecteurs de Journal du Japon. Pouvez-vous nous en dire davantage sur vous ?

Jean-Pierre Denuit : Je m’appelle Jean-Pierre Denuit, je suis comédien de doublage depuis 1995 et je fais les voix de Shikamaru et Rock Lee dans Naruto ainsi que celle du grand capitaine Usopp dans One Piece.

Quel a été votre parcours ?

Avant de faire le conservatoire, j’ai fait du one-man-show. J’ai également travaillé la nuit. J’avais 28 ans lors de ma première année au conservatoire. J’en suis sorti et depuis, je n’ai plus jamais arrêté de faire du doublage.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le doublage ?

Le fait de pouvoir changer sa voix est très intéressant. Il y a tellement de personnages à jouer. On peut s’en servir à foison !

Quelle est la principale difficulté quand on veut prêter sa voix à un personnage d’animation ?

La vraie difficulté, c’est de rentrer dans les yeux du personnage et d’avoir son énergie. On voit la boucle et on la fait directement.

Parlons du personnage de Usopp, comment avez-vous obtenu ce rôle ?

Il y a eu un casting pour le capitaine Usopp et c’était très marrant. C’était grâce à une scène où il était complètement dingue que j’ai réussi à convaincre. C’est mon meilleur souvenir de casting.

Avez-vous une anecdote marquante à nous raconter ?

J’ai une anecdote très drôle en famille. Mon épouse regardait One Piece avec les enfants et elle me regarde en me disant qu’elle n’avait pas reconnue ma voix alors qu’ils regardaient en VO.

Vous êtes devenu il y a peu directeur artistique, qu’est-ce que ça change concrètement ?

C’est le même travail sauf qu’on est le metteur en scène de la voix des autres. C’est très intéressant car cela permet d’insuffler davantage de choses aux personnages.

Qu’avez-vous pensé du live action One Piece sorti sur Netflix ?

Je trouve que c’est vraiment assez bien fait ! Au niveau de la musique, on vous emmène dans l’ambiance. Ils n’ont pas pris ma voix car je ne me vois pas sur le Usopp de cette série [NDLR : il s’agit de Simon Koukissa-Barney pour la VF]. Je ne suis pas du tout déçu.

Pour clore cette discussion, quelle est votre propre définition de la culture japonaise ?

C’est un pays qui m’a beaucoup apporté et qui est plein de poésie. J’apprends le japonais et c’est vrai que c’est une langue magnifique.

Merci beaucoup à Jean-Pierre Denuit pour cette conversation passionnante. Vous pouvez continuer à le suivre sur les différentes séries d’animation et particulièrement sur One Piece où il continue de performer.

Les sélections belges du World Cosplay Summit

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Comme dans beaucoup de conventions en France, l’association Cospop a fait le déplacement à Bruxelles pour animer les sélections belges du Wold Cosplay Summit. Ce concours est en quelques sortes la coupe du monde de cosplay. Pour cette saison, 4 candidats se sont affrontés. Le public a eu droit à du Dragon Ball ou encore du Zombie Land.

Le candidat sélectionné pourra tenter sa chance en finale à Nagoya au Japon. Quatre jurés avaient la lourde responsabilité de désigner celui qui représentera la Belgique à ce tournoi mondial. Ils évaluent la prestation ainsi que la qualité du costume.

©Leo Thomas pour Journal du Japon

« Lucioles », qui était parmi les juges y avait participé en 2016 en duo. Pour se préparer, elle a conseillé aux candidats de « rester dynamique et compréhensif sur la scène et qu’il ne [fallait] pas hésiter à [leur] demander des conseils ». Le stress sera encore plus grand puisque les candidats qui participeront à la finale passeront à la télévision !

Interview Bilan avec Rémi co-organisateur de Made in Asia

©Leo Thomas pour Journal du Japon

Avant de terminer cette convention, nous avons tenu à interroger Rémi Lach, porte-parole et co-organisateur de Made in Asia afin de nous partager son ressenti sur cette édition.

Journal du Japon : Bonjour et merci pour cet entretien. Quel rôle jouez-vous dans l’organisation de Made in Asia et quel est le concept de cette convention ?

Rémi Lach : Je suis le porte-parole et l’un des organisateurs de Made in Asia. C’est un festival dédié à la pop culture asiatique. On est un peu l’équivalent de Japan Expo à Paris. On rassemble entre 60 000 et 70 000 personnes sur trois jours autour du manga, du cosplay, des jeux vidéos et une Korean Alley pour la Corée. On a de tout pour réunir les fans de la culture asiatique. On a coupé avec la Heroes Comic Con avec des acteurs et des invités comics. On s’est rendu compte que les visiteurs étaient attirés par tous les univers donc on a répondu à cette demande.

Comment a-t-elle été préparée en amont ?

On organise deux Made in Asia chaque année. Le challenge était d’avoir une petite équipe et d’organiser le festival. Il fallait aussi gérer le panel d’invités avec la Heroes Comic Con. Tous les six mois, on remet tout à zéro. Pour les invités, on les contacte au moins un an à l’avance.

Êtes-vous satisfait de cette édition ?

Nous sommes très contents en ayant les sourires des visiteurs. On a beaucoup d’échos positifs et on est très heureux sur la vente des billets.

Comment Made in Asia a-t-elle mise en avant la culture japonaise ?

On la valorise de plusieurs manières, par les invités avec le mangaka Toru FUJISAWA. On a des comédiens de doublage et enfin Little Asia qui est un espace réservé aux cultures asiatiques. On y retrouve de la calligraphie ou d’autres styles qui mettent en valeur le Japon en tant que tel.

En quoi ce festival pop culture est différent de ceux que l’on peut trouver en France ?

Si je dois la comparer à Japan Expo. C’est un festival manga dédié à la culture asiatique et c’est ce que fait Made in Asia, à la différence que nous l’avons couplée à la Heroes Comic Con. En prenant votre ticket pour Made in Asia vous avez une entrée gratuite pour une Comic Con à l’américaine. C’est quelque chose qu’on retrouve peu voire pas du tout en France. On est aussi la seule convention qui fait venir autant de youtubeurs et d’influenceurs à un même endroit.

Avez-vous des invités que vous auriez aimé avoir et qui n’ont pas pu venir pour cette édition ?

Oui mais je n’en parlerai pas pour le moment car ces invités seront présents aux prochaines éditions. Je garde la surprise pour nos visiteurs.

Quels concepts voudriez-vous voir pour la prochaine édition ?

Ce que je peux vous dire c’est que le Cosplay Village qui est un endroit dédié au cosplay, la Korean Alley et Little Asia, nous aimerions les agrandir avec de plus en plus d’activités originales en ajoutant des cours de massages asiatiques, des ateliers de cuisine.

Un dernier mot ?

Nous aimerions remercier tous les visiteurs présents et nous vous donnons rendez-vous les 1er, 2 et 3 mars 2024 pour l’édition de Printemps Made in Asia à Brussels Expo.

Une convention réussie mais une culture japonaise en demi-teinte

Made in Asia a été une vraie réussite en terme d’affluence avec énormément d’exposants, d’invités et de créateurs. Les visiteurs ont vraiment eu l’impression que leur demande a été entendue et renouvelleront certainement l’expérience l’année prochaine. Avoir invité Toru FUJISAWA a été également très bien réussi de leur part. Tout ces invités ont contribué à rendre cette convention dynamique. Cette énergie, on la doit également aux organisateurs et à leurs équipes qui se sont investis pleinement pour le bonheur des passants. Nous avons été impressionnés par la qualité des cosplays que nous avons pu voir sur la convention, que cela soit dans les concours ou les défilés.

Cependant, malgré une mise en avant plus que conséquente de la culture populaire, il était très regrettable que la culture traditionnelle n’ait pas été mise sur le même pied d’égalité. En effet, le pavillon Little Asia qui abritait la plupart des activités traditionnelles aurait pu en proposer davantage. Ce qui est tout aussi dommageable, c’est le placement de certains stands qui auraient dû attirer davantage de monde que dans les autres pavillons et certains intervenants ont trouvé regrettable cette situation. Pour donner un exemple, nous avons constaté qu’à certains moments de l’après-midi, les stands de langue japonaise et de bujinkan étaient peu voire pas du tout remplis. Le fait de les avoir placés sur les côtés face au mur n’était peut-être pas la bonne solution pour mettre en avant les arts martiaux et le japonais. Nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup plus de passants sur les principaux couloirs que sur les côtés et donc forcément, certains en sortent gagnants et d’autres perdants.

Malgré ces quelques constats, nous avons été rassurés d’entendre l’un des organisateurs que Made in Asia allait donnait plus d’importance à ce pavillon et nous espérons que ce sera le cas si elle veut devenir la « Japan Expo » belge. Nous remercions l’ensemble des intervenants que nous avons interrogé et rendez-vous au printemps !

Quelques photos…

©Leo Thomas pour Journal du Japon
©Leo Thomas pour Journal du Japon
©Leo Thomas pour Journal du Japon
©Leo Thomas pour Journal du Japon

Leo Thomas

Passionné de la culture japonaise depuis plusieurs années, je fais transpirer cette passion via des articles sur des domaines variés (conventions, traditions, littérature, histoire, témoignages, tourisme).

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