L’art japonais : japonisme et estampes du monde flottant

La peinture est un art où se rencontrent de nombreux styles, s’influençant les uns les autres. Parmi les grands acteurs de ce jeu d’influence, le Japon tient une place importante : le pays du Soleil Levant s’inspire des autres, comme eux s’inspirent de lui. La peinture japonaise évolue alors en parallèle du reste du monde, tout en s’inscrivant comme étant une source d’inspiration à part entière. Le japonisme prend alors place : c’est la fascination intemporelle de l’Europe et des États-Unis pour l’art japonais. Sur ce thème riche en histoire et en œuvres populaires, les Éditions Place des Victoires vous proposent deux ouvrages de qualité : Les Impressionnistes et le Japon et Estampes japonaises – Merveilles du monde flottant.

Les Impressionnistes et le Japon

Le japonisme peut se définir de multiples manières, mais toutes convergent vers un même point : l’influence de l’art et de la culture japonaise sur l’Occident. Cette fascination prend racine il y a plusieurs centaines d’années : tout commence avec le mystère qui entourait le pays du Soleil Levant, dont les premières observations européennes viennent de Marco Polo en 1298. Le Japon apparaît alors comme « une sorte d’Eldorado », « un fantasme qui alimentera les rêves de nombreux Européens, dont Christophe Colomb qui débarqua en Amérique, pensant avoir atteint l’archipel du Japon » (Les Impressionnistes et le Japon, page 9). Considéré comme une île en décalage avec le monde, le Japon intrigue. Et la rencontre n’a pas entaché cette imaginaire. Bien au contraire : ce n’est alors que le début d’un échange culturel encore puissant de nos jours.

Les Impressionnistes et le Japon de Francesco Morena retrace l’histoire du japonisme : des premières évocations en Europe de ce mystérieux pays, avant que le pays ne se renferme sur lui-même, jusqu’à la pop culture japonaise d’aujourd’hui. Toutes les époques sont détaillées et illustrées par les œuvres les plus marquantes. Composé de 8 chapitres, l’ouvrage de 240 pages débute sur « Le Japon, ses arts et le reste du monde avant le XIXe siècle » et se termine sur « La culture pop japonaise et son impact à travers le monde », en passant par « Le japonisme de Van Gogh à Picasso ou l’Architecture et art abstrait gestuel au XXe siècle ». On découvre alors au fil de la lecture que le japonisme a d’abord eu une influence incommensurable sur la peinture mondiale avant que cette fascination ne se mette à toucher toutes les formes d’arts. En effet, au fil des siècles, c’est aussi la littérature, le théâtre, l’architecture ou encore la mode qui finissent par se laisser porter par la finesse de l’imaginaire japonais si caractéristique.

Beau livre d’un peu plus d’1,5kg agrémenté de nombreuses illustrations, Les Impressionnistes et le Japon a la particularité d’être accessible à tous. L’auteur s’attache a des explications simples, claires et concises, ce qui rend la lecture et compréhension à la fois aisée et passionnante. Véritable source de connaissances, on s’étonne au fil des pages à remarquer toutes ces influences que l’on n’avait alors jamais vu jusqu’ici, bien que sous nos yeux, comme Terrasse à Saint-Adresse de Claude Monet en 1867, directement inspiré du Pavillon Sazai du temple des Cinq cents raken, d’Hokusai entre 1830 et 1831, pour ne citer que cet exemple. Et c’est là qu’on se rend compte de toute la puissance de l’art japonais : si nous avons tendance à réduire notre perception au prisme de notre époque, de ce que l’on sait aujourd’hui du pays du Soleil Levant et des possibilités que nous avons de le découvrir par nous-même, on peut vite oublier à quel point le Japon a fasciné de nombreuses personnes au fil des siècles, à différents niveaux. Le japonisme est intemporel, il traverse les générations, les genres et les classes sociales.

Complet et accessible, l’ouvrage se présente comme un classique à mettre entre toutes les mains de ceux qui s’intéressent au Japon, à son art, sa culture, son histoire, et son rapport avec le reste du monde. Pour vous procurer Les Impressionnistes et le Japon, rendez-vous sur le site de l’éditeur.

Estampes japonaise – Merveilles du monde flottant

Si Les Impressionnistes et le Japon retrace toute l’histoire de l’influence de l’art japonais sur le monde, Estampes japonaises – Merveilles du monde flottant, lui, se concentre sur un univers bien spécifique : celui des estampes des 17e, 18e et 19e siècles, c’est-à-dire pendant la longue période d’isolement (relatif) du pays, le sakoku. Le mouvement de l’ukiyo-e, les « images du monde flottant », prend racine dans l’émergence des plaisirs fugaces que sont les promenades musicales, les feux d’artifice ou encore la fréquentation de courtisanes, pour ne citer qu’eux, que le peuple japonais découvre pendant cette grande ère de paix et de prospérité qu’est l’époque d’Edo (1603-1868). C’est à cette période que les grands noms, aujourd’hui mondialement connus, émergent, tels que Hokusai et Hiroshige. Réduire les artistes des estampes japonaises à ces deux noms seraient hélas une erreur tant il y en a eu : Kuniyoshi, dont nous avions pu admirer les œuvres lors de l’exposition Voyage sur la route du Kisokaidō au musée Cernuschi en 2021, Utamoro et ses jolies femmes d’Edo, Kunisada, Harunobu… tant de noms que Estampes japonaises – Merveilles du monde flottant nous fait redécouvrir.

Écrit par Joséphine Bindé, journaliste spécialisée en art et autrice de plusieurs monographies d’artistes, l’ouvrage s’articule en 6 grands thèmes : les femmes, les loisirs, le quotidien, la nature, les animaux et les créatures imaginaires. Chaque thème est lui-même composé de sous-thèmes, comme les estampes érotiques ou la célèbre série des Cent vues d’Edo, chef d’œuvre d’Hiroshige. Chaque chapitre introduit la place du thème dans l’art du monde flottant, ses artistes, sa représentation, son émergence et, quand c’est le cas, son déclin, comme pour les bijin-ga, ces portraits de courtisanes qui se verront interdit au début des années 1800. On retrouve au fil des pages de nombreuses illustrations, des estampes les plus connues aux moins populaires, avec une double page tout particulière pour certaines d’entre elles qui sont décortiquées dans leurs moindres détails. 

Estampes japonaises – Merveilles du monde flottant est une incroyable anthologie de 300 œuvres issues du  Metropolitan Museum de New York et du Rijksmuseum d’Amsterdam. C’est une véritable plongée dans le quotidien de ce Japon si prospère, fermé au monde extérieur, qui voit son peuple jouir de plaisirs qui lui étaient jusqu’ici difficile voire impossible d’accès à cause des différentes guerres civiles qui touchaient le pays depuis des décennies. L’auteur nous propose ainsi de découvrir la perception du monde aux travers des yeux de ces Japonais, parfois bien étonnante pour nous, occidentaux du 21e siècle, telle que la représentation des actes charnels à cette époque où tous rivalisaient d’originalité pour proposer des œuvres des plus réalistes aux plus improbables.

Les estampes japonaises n’ont alors plus de secret pour le lecteur : des différents mouvements aux noms qui ont marqué l’histoire de cet art japonais, l’ouvrage retrace les siècles du sakoku qui a donné naissance à l’ukiyo-e au travers de ses estampes. Un incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la culture japonaise. Pour vous procurer Estampes japonaises – Merveilles du monde flottant, rendez-vous sur le site de l’éditeur.

Les Éditions Place des Victoires sont spécialisées dans les beaux livres dédiés à l’art, au patrimoine, aux loisirs et au tourisme. Avec Les Impressionnistes et le Japon et Estampes japonaises – Merveilles d’un monde flottant, elles offrent un fabuleux panorama de toute la richesse de l’art japonais et de son influence sur le monde.