Trois raisons de visiter le sanctuaire Izumo Taisha

Situé dans le département de Shimane, le sanctuaire Izumo Taisha (出雲大 aussi nommé Izumo no ōyashirose) se dresse comme un gardien du temps témoin des siècles d’histoire et de spiritualité qui façonnent la culture japonaise. Plongeons plus profondément dans ce joyau du patrimoine japonais, où chaque pierre semble murmurer les légendes divines.

Ce sanctuaire est un site touristique majeur à visiter lorsque vous êtes au Japon. Pour vous convaincre, Journal du Japon vous donne les trois principales raisons pour partir à la découverte de ce lieu emblématique.

Izumo-taisha est le deuxième sanctuaire de la religion shintô

Après le grand sanctuaire d’Ise, le deuxième sanctuaire le plus important de la religion shintô au Japon est Izumo-taisha. Selon la légende, Okuninushi, le dieu de la prospérité et de la guérison y a élu domicile.

Izumo-taisha est le deuxième sanctuaire après celui d’Ise

Le grand sanctuaire d’Ise (伊勢大神宮 Ise-daijingū) se situe dans la ville d’Ise, dans le département de Mie. Le lieu forme une partie du parc national d’Ise-Shima qui inclut d’autres lieux sacrés et historiques tel que et le Saikū, qui a été la résidence impériale durant l’époque de Heian (794-1185). Les annales du Kokiji (古事記 « Chronique des faits anciens » datant de 712) et du Nihon Shoki (日本書紀 « Chroniques du Japon » datant de 720) mentionnent que sa construction a lieu en l’an -4 avant notre ère. Tous les 20 ans, une cérémonie (sengû) est menée pour déménager les divinités afin de reconstruire à l’identique les édifices du sanctuaire.

Pour la religion shintô, le sanctuaire d’Ise est le lieu le plus sacré du Japon. Il abrite notamment l’un des 3 trésors impériaux : le miroir sacré Yata no Kagami, qui est nécessaire pour l’accession au trône de l’empereur du Japon.

D’après la chronologie officielle, Izumo Taisha est le deuxième sanctuaire. A son propos, le Kokiji et le Nihon Shoki le décrivent : « le temple est construit avec des planches larges et épaisses, les piliers épais et longs sont enfoncés profondément dans le sol pour atteindre le substrat rocheux, et les chigi placés sur le toit sont si longs qu’ils peuvent percer les nuages ​​ondulants ». Et à la différence d’Ise, le sanctuaire mène un sengû tous les 60 ans depuis 1609.

Sengû durant l’ère Meiji © Bureau du sanctuaire Izumo Taisha

Izumo-taisha accueille le dieu Okuninushi

Okuninushi est le dieu de la médecine et de la magie. On le prie sous le nom de Daikoku-sama dans de nombreuses régions du Japon. Aujourd’hui, les fidèles le vénèrent à Izumo Taisha comme dieu du mariage (enmusubi) et aussi pour le lien précieux qui unit les êtres vivants.

Le dieu préside chaque année une réunion des divinités shintô qui se rassemblent à Izumo Taisha. Ce rassemblement a pour objet de discuter des récoltes à venir et du destin. A cette fin, les dieux empruntent l’allée centrale des pins (Matsu no Sanoto). Ils se logent dans des pavillons autour du bâtiment Honden. Les prêtres organisent de nombreuses cérémonies à cette occasion. L’évènement a lieu en octobre pendant « le mois des dieux présents » (Kamiarizuki).

Photo dieu Okuninushi- © JS Pietri pour Journal du Japon
Statue du dieu Okuninushi © JS Pietri pour Journal du Japon

Des lapins dans le sanctuaire

Dans l’enceinte du sanctuaire, des statues de lapin sont bien visibles ici et là. Elles sont toutes différentes et attirent le regard par leur aspect mignon. Un des jeux préférés des Japonais lors de la visite est de toutes les trouver et les photographier. Certains déposent en offrande de petits cailloux, de la monnaie ou des glands.

Statuette de lapin - © JS Pietri pour Journal du Japon
© JS Pietri pour Journal du Japon

La légende du lapin d’Inaba

La présence de ces lapins évoquent en fait un épisode de la mythologie du dieu Okuninushi.

Okuninushi a 80 frères. Ses frères apprennent qu’une belle princesse nommée Yakami Hime vit au pays d’Inaba. Ils décident de la rencontrer dans l’espoir de l’épouser. Daikoku-sama doit porter un grand sac sur son dos comme un serviteur et les suivre en dernier. Alors qu’ils traversent la province d’Inaba, ils trouvent un lapin en pleurs dont la peau est écorchée. Les frères mentent au lapin. Pour se soigner, ils lui conseillent de se baigner dans l’eau de mer et d’avoir un peu de vent. Le lapin saute dans la mer et se fait emporter par le vent sur une colline ensoleillée. Mais ce faisant, l’eau de mer sèche et la plaie commence à faire encore plus mal.

Okuninushi arrive à son tour et voit le lapin. Il lui demande pourquoi il pleure. Le lapin raconte qu’il habite sur les îles Oki, et qu’en voulant traverser la mer un crocodile (ou un requin) l’a écorché. Le dieu dit au lapin : « Lavez immédiatement le corps avec de l’eau fraîche, puis cueillez une fleur de gama et allongez-vous dessus ». Le lapin se baigne alors dans la rivière et s’allonge sur les fleurs. Les poils commencent à pousser, le lapin est guéri. Après cela, Daikoku-sama rejoint la province d’Inaba longtemps plus tard. Mais c’est lui que la princesse Yakami Hime épousera, et non un de ses frères.

Statuettes groupe de lapin- © JS Pietri pour Journal du Japon
Statuette lapin seul - © JS Pietri pour Journal du Japon

© JS Pietri pour Journal du Japon

Izumo Taisha est un sanctuaire très ancien et atypique

Outre sa symbolique religieuse, le sanctuaire Izumo Taisha est important par son ancienneté. Il se distingue aussi des autres sanctuaires voire temples bouddhistes par ses proportions imposantes et ses caractéristiques atypiques. Le site est majestueux et enchâssé au milieu d’un écrin de verdure.

Izumo-taisha date du 7e siècle de notre ère

Le Kokiji et le Nihon Shoki évoquent son existence au 4e siècle de notre ère, mais sa construction daterait plutôt du 7e siècle selon les historiens. Il est aujourd’hui l’un des plus anciens sanctuaires du Japon. Il a échappé aux différentes guerres et cataclysmes naturels que le Japon a l’habitude de connaître. C’est une des raisons pour laquelle le site a été classé Trésor National en 1952 par les autorités japonaises.

Le sanctuaire comprend différents bâtiments dont le Honden (bâtiment principal), qui ne peut être vu que par-dessus des palissades ou de l’endroit où l’on prie. Il date de 1744 et fait l’objet de restaurations régulières tous les 60 ans. A la différence du sanctuaire d’Ise, le sengû mené à Izumo Taisha n’a pas pour objet de reconstruire l’intégralité des bâtiments. Seuls les éléments les plus abîmés et les toits sont remplacés.

Honden - © JS Pietri pour Journal du Japon
Honden © JS Pietri pour Journal du Japon

Un sanctuaire aux proportions imposantes

Izumo Taisha se distingue également par la grandeur du site et de ses bâtiments. On franchit d’abord une immense porte torii à l’entrée du sanctuaire. Ensuite, une grande allée pavée de dalles en pierre amène le visiteur sur plusieurs centaines de mètres à une allée bordée de pins.

Allée des pins - © JS Pietri pour Journal du Japon
Allée des pins © JS Pietri pour Journal du Japon

Sur les côtés, des chemins permettent d’admirer des paysages ou jardins, un étang bordé de fleurs. Enfin, le visiteur arrive au cœur du sanctuaire devant le Haiden, le pavillon des prières : ce pavillon et sa corde sacrée shimenawa sont imposants.

Haiden - © JS Pietri pour Journal du Japon
Haiden © JS Pietri pour Journal du Japon

Le Honden mesure aujourd’hui 24 mètres de haut. Dans le passé, il mesurait 48 mètres de haut et reposait sur de larges piliers en bois. Une maquette en bois au musée d’histoire d’Izumo reconstitue le bâtiment de l’époque. On s’imagine aisément la majestuosité du site mais aussi le péril en cas de tremblement de terre.

Honden 48 m - © JS Pietri pour Journal du Japon
Honden piliers - © JS Pietri pour Journal du Japon

Maquette du Honden © JS Pietri pour Journal du Japon

Enfin, le dernier bâtiment imposant est le Karugaden, le pavillon des mariages. Sa corde shimenawa est encore plus grande que celle du Haiden. La vidéo ci-dessous met en évidence la taille des danseuses face au bâtiment.

Danse traditionnelle devant le Karugaden

Un sanctuaire atypique

Izumo Taisha se distingue enfin par ses différences. La première qui ne saute pas aux yeux immédiatement est la pente d’accès juste après avoir franchi le torii d’entrée. En effet, le visiteur emprunte une large allée qui descend pour l’amener à la grande allée des pins. Or, dans la grande majorité des sanctuaires shintô les chemins d’accès sont pentus et nécessitent de gravir de nombreuses marches. En l’occurrence, l’accès aux temples est aisé et agréable. La légère ascension attend par contre le croyant pour son départ du sanctuaire.

Allée centrale - © JS Pietri pour Journal du Japon
Vue de l’allée principale au retour © JS Pietri pour Journal du Japon

Une deuxième différence notable est la cérémonie de prière : il faut jeter une pièce de 5 yens, s’incliner deux fois, frapper quatre fois dans ses mains (et non deux fois), faire sa prière et s’incliner une dernière fois. La prière est adressée à Okuninushi dans l’espoir de favoriser une rencontre amoureuse ou pour un mariage. C’est pourquoi on frappe dans ses mains pour deux personnes (2 fois 2 donc) et non pour une personne comme il est d’usage.

Profiter du voyage pour se rendre à Izumo-taisha

Pour maximiser l’expérience à Izumo Taisha, il est recommandé de planifier la visite pendant les cérémonies rituelles qui peuvent offrir un aperçu unique de la culture et de la foi shintô. De manière générale, une bonne organisation du voyage pour s’y rendre permet de profiter pleinement d’un séjour dans le département de Shimane. Ce dernier offre en effet une palette culturelle diversifiée.

Une visite en complément de la découverte de Matsue et ses environs

C’est la raison pour laquelle nous conseillons de vous installer dans la ville de Matsue (voir notre précédent article sur Matsue). Prévoyez une journée pour visiter la ville, ses canaux historiques, son château médiéval bien préservé, et découvrir les collections du Musée d’art de Matsue. Vous pouvez aussi organiser un court déplacement au musée d’art Adachi dans la banlieue sud-est de Matsue. Outre les œuvres d’art contemporain, vous pouvez admirer de magnifiques vues sur les jardins japonais à travers des vitres disposées tout au long de la visite.

Le voyage en train le long du lac

Et le lendemain, rendez-vous à la gare Matsue Shinjiko Onsen près du château de Matsue. Prenez le train Ichibata jusqu’à la gare d’Izumo Taisha-mae. Le trajet dure une heure et coûte près de 850 yens. Attention, le JR-Pass ne fonctionne pas sur ce trajet.

Ce voyage en train mérite une attention. En effet, le train traverse la campagne du Shimane, offrant des vues pittoresques sur le lac Shinji, les montagnes éloignées et des villages endormis. Les fenêtres du train se transforment en cadres mouvants, capturant des instantanés d’une vie quotidienne tranquille et des paysages époustouflants sur le lac.

La gare d’Izumo Taisha-mae marque le point culminant du périple ferroviaire. Les passagers débarquent, guidés par le charme accueillant de la petite gare. De la gare, le sanctuaire n’est qu’à une courte marche. Le voyageur quitte alors le monde citadin pour s’aventurer dans le domaine du spirituel. Les torii, les allées ombragées, les lanternes traditionnelles et l’air chargé d’histoire créent une transition subtile entre le voyage physique et l’exploration spirituelle qui vous attend à Izumo Taisha.

Le sanctuaire Izumo Taisha est bien plus qu’un site touristique, c’est un lieu où l’histoire, la spiritualité et la culture japonaise convergent pour créer une expérience inoubliable. Que l’on soit un amateur d’histoire, un passionné de spiritualité ou un simple curieux, Izumo Taisha offre un voyage captivant au cœur de l’âme japonaise.

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