Une histoire du cosplay – Chronique de la création à nos jours

De nos jours, le cosplay est un loisir connu du plus grand nombre… Mais qu’en est-il de ses origines et de son évolution ? Bienvenue dans le premier volet d’une série d’articles que nous espérons aussi riches que passionnants à propos du cosplay ! Embarquez sans plus attendre dans l’histoire d’un des monuments de la pop culture japonaise et devenez incollable à ce sujet !

Le cosplay, qu’est-ce que c’est ?

Définition

En premier lieu, le cosplay (コスプレ kosupure en japonais) est un mot valise combinant les mots “costume” et “play” (jouer en anglais). Nobuyuki Takahashi, (un producteur de films japonais, le Studio Hard) l’utilise pour la première fois en 1984, après avoir assisté à un concours de costumes lors de la 42e édition du World Science Fiction Convention (Worldcon) à Los Angeles. Le producteur décide d’en faire un article dans le magazine japonais My Anime.

Il est courant pour les Japonais d’utiliser des abréviations. La contraction de ces deux termes a donc tout de suite fait écho auprès d’eux. Les termes existants à l’époque ne rendaient pas justice à ce que le producteur avait vu. Le terme masquerade cosplay (inspiré de mascarade ou encore des bals masqués) en français désignait souvent les costumes aristocratiques aux yeux des Japonais. L’Office québécois de la langue française propose le terme « costumade » en 2010. En France c’est un terme recommandé, mais il ne désigne que les rassemblements de cosplayeurs.

Concrètement, le cosplay, c’est l’art de donner vie à un personnage de fiction. Aussi bien de films, de jeux vidéo, de séries télévisées, d’animes ou de mangas, ainsi que de livres… Incarner un personnage consiste à réaliser ou porter un costume. Le tout accompagné du maquillage adéquat, de la perruque ou coupe de cheveux qui convient et bien sûr d’adopter son attitude le temps d’une convention ou d’une prestation.

La pratique du cosplay

Les “cosplayers”, ou cosplayeurs et cosplayeuses en français sont les pratiquants de cette discipline. Il existe aussi des variations de ce terme, comme le crossplay. Ce dernier consiste à réaliser le cosplay d’un personnage du sexe opposé. C’est un véritable défi puisque la transformation physique y est souvent accrue, notamment grâce au maquillage.

Un très grand travail de recherches est effectué au préalable au sujet du personnage en lui-même. Cela concerne le patronage, les choix de matières (du tissu à la mousse en passant parfois par l’impression 3D), la perruque, les lentilles (pensez bien à consulter votre ophtalmologue pour une prescription) et accessoires … C’est une discipline qui mobilise beaucoup de compétences.

Il faut savoir que les performances scéniques ou prestations sont un élément clé en Europe davantage que dans les autres continents pratiquant le cosplay. On peut également y associer le jeu de rôle (role play en anglais) lorsqu’il est question de prestation sur scène ou d’aparté en convention, où les cosplayeurs reproduisent un moment clé d’une œuvre. Tout le monde tombe d’accord en ce qui concerne le costume en lui-même, mais il y a principalement deux écoles : celle de la confection de costumes et celle de l’achat.

En Asie, la photographie de cosplay ainsi que les réunions entre cosplayeurs sont davantage primées. Des événements cosplay dédiés et des sessions de dédicaces y sont parfois organisés. Il existe même des cafés-cosplays : au tout départ il ne s’agissait que de maid-café, mais cette idée s’est répandue dans d’autres domaines.

Pour mieux comprendre ce loisir, il est important de noter que chaque région du monde a sa façon de le pratiquer. Même en partant d’une base similaire, chaque pays a su se démarquer et adapter cette passion à ses mœurs.

Les origines multiples du cosplay

Les États-Unis / L’Amérique du Nord

Des bals masqués à la célébration d’Halloween en passant par les fêtes costumées, le cheminement vers le cosplay en Amérique du Nord a débuté à la fin du moyen-âge. L’idée a commencé à germer lors de fêtes mondaines, de mariages et autres festivités. Au XIXe siècle, des guides de costumes ont commencé à émerger, un peu comme les patrons disponibles de nos jours. Au départ, c’était davantage des cosplays féminins de personnages de livres. Les concepts étaient originaux et en lien avec les saisons ou des périodes de la journée.

C’est lors de rassemblements de fans de science-fiction que le concept de cosplay a connu son essor. Vers 1908, le premier couple à s’être costumé portait des costumes de martiens tirés de la bande-dessinée Monsieur Skygack. Cela s’est ensuite étendu à l’univers des comics et maintenant des jeux vidéo et séries. En 1952, les premières règles au sujet des costumes ont vu le jour.

Concernant les Etats-Unis, le cosplay comme on le connaît aujourd’hui a été mis en lumière dans les années 80, après la découverte du terme par Nobuyuki Takahashi. Le pionnier en la matière était Forrest J. Ackerman dont le travail a été reconnu par la communauté lors de la première convention pour les fans de science-fiction. Il y portait un costume futuriste composé d’une cape et d’un large pantalon, créé et conçu par Myrtle R.Douglas. Depuis les conventions n’ont eu de cesse de se diversifier. Elles étaient plus axées vers l’univers de la science-fiction notamment avec Star Trek et Star Wars. Elles accueillent maintenant l’univers du comics, des jeux vidéo, des mangas et animes…

Le Japon

Pour connaître les origines du cosplay au Japon, il est essentiel de déterminer l’importance de l’évolution du vêtement au pays du Soleil Levant. On distingue principalement deux tendances différentes. Le wafuku à savoir l’habillement japonais traditionnel et le yōfuku qui représente la mode occidentale.

Dans la vie de tous les jours, les Japonais optent davantage pour la mode occidentale tout en y apportant une touche personnelle mais les vêtements traditionnels ne sont pas en reste. Les Japonais portent des kimonos lors de grandes occasions. Lors de cérémonies, de mariages, de funérailles ou encore lors de festivals. Le vêtement a également été un vecteur de mise en scène si l’on pense aux spectacles de kabuki lors de l’époque Edo, ou encore aux geishas. L’art du spectacle a été retranscrit par des pièces de théâtre, la cérémonie du thé ou encore l’art de jouer du shamisen. Tout cela faisant déjà quelque part référence à l’aspect du jeu de rôle dans le cosplay.

La mode a joué un rôle crucial avant l’arrivée du cosplay des temps modernes. Le quartier d’Harajuku revêt un rôle majeur dans l’essor de la discipline dans les années 70. C’est le quartier de la mode et de l’excentricité pour les Tokyoïtes. Dès lors on assiste à des rassemblements. Le Fruits magazine ayant pour but de mettre en lumière les Japonais branchés, cette diversité a particulièrement retenu son attention. Le magazine décide donc de les photographier et ainsi mettre en avant des tenues colorées, des superpositions issues de diverses influences dans les années 90.

Le cosplay moderne au Japon

Pour revenir à l’aspect du cosplay moderne, c’est la convention Comiket au Tokyo Big Sight qui a lancé un souffle nouveau à ce courant dans les années 70. C’était une convention destinée à des fans de mangas, animes et jeux vidéos. Des mangakas, des créateurs de fanzines ainsi que des stands professionnels y exposent leurs œuvres ; une occasion évidente pour les cosplayeurs de se retrouver. Se costumer à l’époque portait le nom de kaso. C’était un concept encore embryonnaire et peu connu mondialement.

Grâce à la culture pop japonaise, via les animes et mangas ainsi que les jeux vidéo, la pratique s’est démocratisée dans les années 90. La popularité du cosplay s’est accrue après de multiples apparitions à la télévision. Cette pratique a connu un succès mondial notamment par le biais des conventions animes et mangas. C’est aussi pour cela que l’on associe souvent ce loisir au Japon. La popularité du cosplay s’est intensifiée grâce aux événements liés à cette passion : les défilés, les rencontres, mais aussi les séances photos.

Enfin, le World Cosplay Summit en est la consécration. Son but : réunir une dizaine de duos du monde entier sélectionnés dans divers pays pour faire rayonner leur savoir-faire. Cette initiative a donné lieu au sommet international en 2003. Les personnes âgées de 18 ans avant février de l’année en cours peuvent y participer. Il a connu quelques changements depuis sa création. En 2005, le sommet réunissant les meilleurs cosplayeurs de plusieurs pays dans le monde est devenu un concours. Plusieurs critères y sont imposés : notamment de réaliser un costume inspiré d’œuvres japonaises non issues d’œuvres Shueisha pour des raisons de droits de diffusion.

Évolution du cosplay

Le cosplay, c’est avant tout un loisir qui allie créativité et passion. Il est bien plus accessible aujourd’hui qu’il ne l’était lors de ses débuts. Il existe beaucoup de ressources en ligne qui permettent de créer ou d’acheter un costume aisément. La communauté cosplay se fera un plaisir d’aider les novices comme les cosplayeurs aguerris ! Il est maintenant même possible de participer à des ateliers de créations de costumes.

Bien que le cosplay soit avant tout un loisir, les cosplayeurs professionnels reconnus pour leur travail sont désormais de plus en plus nombreux. On peut citer Reika, Yaya Han qui a été interviewée par nos soins, Cutie Pie Sensei, Kamui Cosplay ou encore Nikita Cosplay…

Véritable monument de la pop culture, la communauté cosplay ne cesse de grandir. Si bien qu’il y a également de plus en plus de créations originales représentées dans le milieu. À savoir un personnage de fiction inventé de toutes pièces par son propriétaire ou encore suite à un fan art. Une émission de télé-réalité mettant en scène des cosplayeurs aux États-Unis a vu le jour. Le tout jugé par la papesse du cosplay Yaya Han, un reportage qui vaut le détour.

En somme, le cosplay est une passion touche-à-tout qui a su se démarquer auprès du plus grand nombre, et ses origines sont multiples. Suite à cette introduction dans l’univers, découvrez prochainement une série d’articles liés au cosplay à travers le monde et à différentes époques. Des anecdotes insolites aux faits historiques, notre prochain voyage nous emmènera en Europe et notamment en France.

Pour aller plus loin :

Heroes of Cosplay
L’Abécédaire du Cosplay par Popette, éditions Glénat
Le guide du Cosplay par Nikita Cosplay, éditions Mango
Fruits magazine par Shoichi Aoki éditions Phaidon
Page de l’association cosplayers de France
Page Wikipédia dédiée au Cosplay version française
Page Wikipédia dédié au Cosplay version anglaise
Page Wikipédia au sujet de l’Habillement japonais