[Interview] Aya Oda et ses triangles amoureux

Pour Soleil, la 14e Japan Expo a été l’occasion de fêter dignement les 10 ans de sa branche dédiée au manga en invitant Aya Oda, une dessinatrice de shōjo et de jōsei très présente dans leur catalogue (Lovey Dovey, Avoue que tu m’aimes). Au fil de sa carrière, elle a su s’adapter à deux publics aux exigences radicalement différentes. Retour sur une rencontre sympathique avec une mangaka toute en douceur et en timidité.

Aya Oda (à gauche), accompagnée de sa responsable éditoriale - Photo Lōlu

 

Savoir s’adresser aux lycéennes

Aya Oda a commencé sa carrière dans le Sho-comi, de la Shōgakukan. Elle y a prépublié plusieurs séries qui font partie intégrante de la collection de Soleil Manga, telles que Hakoniwa Angel ou Lovey Dovey, qui constituent quelques unes des dernières séries publiées dans ce magazine.
Le couple formé par Shin et Saika, les protagonistes de Lovey Dovey, représentent son tandem préféré. « Saika était un personnage inédit. Elle a eu du succès, mais je n’ai pas fait beaucoup de personnages sur son modèle. »
Quand on lui demande quels archétypes ont, selon elles, le plus de succès, elle répond que « pour les personnages masculins, les plus populaires sont centrés sur eux-mêmes, proactifs, et entreprenants avec la femme qu’ils aiment. Pour les rôles féminins, on peut distinguer deux profils-types, avec d’un coté les très naturels et naïves, qui ne réalisent pas forcément ce qui se passe autour d’elles, comme l’héroïne de Beauty, et de l’autre les filles très énergiques, débordantes de vie. »

 

Shōjo ou jōsei, une question de maturité ?

LOVEY DOVEY  © 2007 Aya ODA / SHOGAKUKAN

Avec Lovey Dovey, Aya Oda propose une approche plus pragmatique de la relation amoureuse, avec une narration plus adulte. Elle aborde la sexualité avec beaucoup moins de complexes, et met en scène une héroïne caractérisée par une persona très prononcée, derrière laquelle se cache une fille pleine d’arrière-pensées. « C’est vrai que cette histoire est plus mature que les précédentes, mais au Japon, ce n’est pas considéré comme un shōjo très adulte. Ce n’est d’ailleurs pas la raison de mon changement de magazine de prépublication, d’autres séries du même genre existent dans le Sho-comi. »

En effet, 2009 a été une année charnière pour Aya Oda : elle est passé du Sho-comi au Petit Comic, qui cible un public plus âgé, les jeunes femmes fraîchement entrées dans la vie active. « Mes personnages ont pris de l’âge avec moi, et j’ai voulu dessiner pour une tranche d’âge supérieure. Depuis que je fais des séries plus adultes, j’ai plus de liberté, je peux dessiner sur le milieu professionnel et aborder plein de métiers différents ! Cependant, ne plus pouvoir dessiner d’histoires lycéennes me manque… »

Rcom Paradise © 2013 Aya ODA / SHOGAKUKAN

Parmi les séries prépubliées dans le Petit Comi, on compte notamment  Avoue que tu m’aimes, Trop jeune pour moi ?!, et le récent  Room Paradise. Ces séries ont pour point commun de dépeindre des romances socialement inacceptables, que ce soit à cause de l’âge ou du cadre du travail.
Lors de la conférence publique, elle explique qu’elle s’inspire « la plupart du temps en allant seule dans des cafés, et en écoutant ce qui se passe aux tables alentours, afin d’obtenir des histoires d’amour inédites. »
Cela donne un certain cachet aux histoires d’Aya Oda, qu’on retrouve également dans le recueil qu’elle a publié juste avant de rejoindre Petit Comic, Ensemble jusqu’à la fin du monde. « Pour moi, ces histoires courtes ont été l’occasion de tester différents styles. Cela a aussi été une volonté d’écrire sur certains thèmes avant de quitter Sho-comi. »

 

Paradise Room, l’enfer des célibataires

Disponible en avant-première pendant la Japan Expo, Paradise Room est une série en trois tomes que l’auteur définit comme « l’histoire d’une jeune fille fatiguée de l’amour qui achète un appartement pour célibataire. Elle va y faire une rencontre et retenter l’aventure de l’amour. Cette série se veut un message de courage pour toutes les jeunes filles. A l’époque, j’avais pas mal de célibataires dans mon entourage. »
Un œil avisé remarquera que ses œuvres sont majoritairement des triangles amoureux, et Room Paradise ne fait pas exception. « C’est vrai que c’est un élément récurrent de mes histoires. Ce n’est pas indispensable, mais ça me permet d’ajouter plus de garçons dans mes scénarios ! (rires) J’ai remarqué que mes séries ont plus de succès quand il y a beaucoup de garçons dedans. Ça tombe bien, parce que j’adore en dessiner ! (rires) »

Si l’après Room Paradise  est encore en cours de réflexion, profitez de l’occasion que cette série courte incarne pour découvrir l’univers et le talent d’une vétéran du manga au féminin. Entre la peur d’être blessé et l’incertitude qui habite le premier volume, Aya Oda démontre que personne n’est à l’abri d’une histoire d’amour, qu’on le veuille ou non !

Si vous préférez en savoir un peu plus sur Soleil Manga, sautez sur l’interview d’Iker Bilbao réalisée par Paoru.fr, pour les 10 ans de l’éditeur !

Remerciements à Aya Oda pour sa gentillesse et son temps, ainsi qu’à son interprète. Merci également à Soleil Manga, sans qui cette rencontre n’aurait pu être possible.

Visuels © 2007 Aya ODA / SHOGAKUKAN

Photos Lolu  ©journaldujapon.com – Tous droits réservés

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