Danse awa et tambour taiko : découverte avec le Tsunagari Taiko Center
Dans le bruit et la fureur de Japan Expo, les rencontres imprévues sont parfois les plus enrichissantes. Le jeudi 4, 14h30, le programme annonçait sur la scène culturelle une présentation appelée sobrement « les arts traditionnels populaires japonais », sans plus d’explications. Je ne m’attendais pas à ce que j’allais voir, et surtout entendre.
De l’énergie, du son et de la joie
Sur la scène, un homme et une femme commencent une démonstration tonitruante, frappant en rythme chacun sur un énorme tambour en bois, avec des mouvements pleins d’énergie. C’est fort, c’est joyeux, ça prend aux tripes et au coeur, wow. C’est du Taiko, tambour japonais, par Cola et Ayuko Bonnan, fondateurs et professeurs du « Tsunagari Taiko Center »:http://www.tsunagari-taiko-center.com.
Entre les démonstrations, Cola et Ayuko expliquent l’origine du Taiko, et de la danse Awa, qui l’accompagne. Le Taiko est un art très ancien : selon la légende, c’est grâce à une démonstration de tambour que la déesse Amaterasu accepta de sortir de la caverne où elle s’était enfermée, et ainsi de faire renaître la lumière du soleil. Il a naturellement été pratiqué dans les temples, pour « parler aux dieux », avant d’accompagner les danses liées aux théâtres kabuki et nô.
C’est aussi un art populaire, revivifié dans les années 50 par le célèbre percussionniste Daihachi Oguchi, et aujourd’hui pratiqué couramment au Japon lors de manifestations et festivals de rue, comme « la fête de Bon »:http://fr.wikipedia.org/wiki/O-Bon.
À la fois musique, danse et art martial, le Taiko est extrêmement spectaculaire.
Pour en savoir plus, je suis allé rencontrer Cola Bonnan sur le stand du Tsunagari Taiko Center, l’école qu’il a fondée avec Ayuko, son épouse, il y a deux ans, et qui accueille les stagiaires à Paris Bastille.
Tsunagari, le lien
« Le Taiko, comme la danse Awa, peuvent être pratiqués par tout le monde, jeunes ou vieux, avec très peu d’apprentissage pour commencer au début, et sans craindre ni les jugements ni les critiques. Ce sont des arts traditionnels, mais avant tout populaires, qui donnent du plaisir à ceux qui les pratiquent. L’idée, c’est de partir de cette notion de plaisir pour ensuite progresser vers l’enseignement et la technique, et non le contraire. »
Cola m’explique qu’il a eu un premier coup de foudre pour le Taiko en 1999, au cours d’un séjour au Japon, lors d’une démonstration dans un village. De retour en France, il a commencé par suivre des cours dans une association, et a rapidement cherché à s’investir plus dans cette pratique.
En 2011, avec Ayuko, ils créent leur propre structure, le Tsunagari Taiko Center.
Non pas une association mais une Scop, ou société coopérative de production, qui leur permet d’exercer de manière professionnelle, tout en conservant un caractère social et solidaire.
« Tsunagari, ça veut dire le lien. Dans une Scop, les différences de salaires entre patrons et salariés sont limitées. Le gérant est élu, ce qui n’est pas le cas dans une société commerciale classique. LeTtaiko et la danse Awa sont des arts pratiqués par tous, de l’enfant à la personne âgée, et il nous est apparu évident que notre structure devait aussi refléter cette idée du lien. »
Arts populaires ou traditionnels ?
Lorsque je demande à Cola si cette notion d’art populaire ne s’oppose pas aux arts traditionnels plus codifiés, tels que le kabuki, le nô ou le gagaku, il explique que cela dépend de la manière dont on le pratique. Le Taiko est d’abord facile, on vient et on tape, on se fait plaisir. C’est très relâché, spontané. Mais pour progresser, et ensuite pour devenir professionnel, il faut plusieurs années d’apprentissage : « Quand le Taiko a commencé à se diffuser, vers les années 50, il y avait d’abord énormément de spontanéité. Quand il s’est affirmé en tant qu’art, sont apparus des codes et des styles différents. J’ai d’abord appris le Taiko dans un cadre rigide, et même assez dur. Ensuite, en contact avec monsieur Kobayashi, le maître de l’école Oedo Sukeroku Taiko, je suis retourné vers un style plus naturel, et c’est ce style que je développe au sein du Tsunagari Taiko Center. »
Pendant la représentation sur la scène culturelle, Ayuko nous a fait une démonstration de « danse Awa »:http://fr.wikipedia.org/wiki/Awa-Odori, cette danse originaire de Tokushima, dans le sud du Japon.
C’est une danse dynamique, souple et joyeuse, que l’on imagine facile à reproduire avec un peu de pratique.
« En France, la danse Awa est encore moins connue que le Taiko ; les français s’imaginent que c’est une danse classique, genre Nihon Buyô, et ça leur fait un peu peur.
Alors que le Awa est très relâché, on l’acquiert avec quelques pas, quelques mouvements, le reste est dans l’expression du corps.
Nous sommes les premiers à enseigner la danse Awa en France : nous proposons un stage tous les deux mois, qui accueille quatre à cinq participants par session. »
Se faire plaisir, un leitmotiv
Aujourd’hui, si la danse Awa en est à ses balbutiements en France, le Taiko commence à se diffuser petit à petit, mais cela reste encore modeste : « Nous sommes en tout une centaine de pratiquants réguliers, c’est-à-dire qui prennent des cours hebdomadaires. En comptant le Tsunagari Taiko Center, il y a trois groupes en région parisienne, plus un en région lyonnaise et un à Belfort. »
Et en plus des cours et des « stages »:http://www.tsunagari-taiko-center.com/-cours-taiko-france-paris-, l’école se produit en « concert »:http://www.tsunagari-taiko-center.com/-concerts-prestation-Taiko-danse-, dans des cadres publics ou privés. « L’école se compose de deux groupes : d’une part le groupe professionnel, qui participe à des représentations, environ deux à trois fois par mois, dans différents cadres, lors d’événements, dans des festivals, ou même dans des entreprises, etc. D’autre part, avec le groupe des élèves, on offre deux concerts par an, afin qu’ils puissent partager avec le public la joie de montrer le travail accompli, et les techniques apprises. Même si parfois ils se trompent, peu importe, ils se font plaisir, et c’est ça qui compte. »
(démonstration au Parc de Sceaux, en avril 2013, par le « Tsunagari Taiko Center »:http://www.youtube.com/user/taikodocenter)
Le plaisir, ce mot-clé est revenu tel un leitmotiv aussi bien lors de la représentation que lors de l’interview. Et de fait, sur le stand, nombreux étaient les amateurs venus s’essayer à frapper sur les lourds tambours en orme du caucase, encadrés par les professeurs. « Après nos concerts, comme ici à Japan Expo, on a plein de gens qui viennent spontanément nous poser des questions, savoir s’ils peuvent essayer… »
Pour essayer, justement, il y a les cours et les stages qui redémarrent dès ce mois de septembre à l’école, notamment un stage pour les enfants, le 28 septembre prochain. Et pour entendre le son unique et clair des tambours Taiko, le prochain rendez-vous sera à Dunkerque, le 4 octobre, dans le cadre du « Défi de la Paix 2013 »:http://www.lavoixdunord.fr/region/defi-collectif-pour-la-paix-a-petite-synthe-realiser-9-jna17b47588n1082005, une manifestation culturelle dédiée aux enfants de Hiroshima.
Pour finir, peut-on résumer le Taiko en une seule phrase ? : « le Taiko, c’est un amplificateur de notre état intérieur. »
Photos ©journaldujapon.com – Tous droits réservés
J’adore la danse Awa et la Taiko Vous pouvez nous dire cette année A quelle moment vous allez jouer Awa danse et Taiko dans le Parc de sceaux Merci pour information
Bonjour
Il vaudrait mieux directement demander au groupe, sur leur page Facebook par exemple ! 🙂