[Live Report] Download Festival 2014 : Japan is coming !

Pour tout fan de musique qui se respecte, le Download Festival, à l’instar du Sonisphere, est le rendez-vous incontournable des festivaliers désireux d’avoir leur dose de métal/punk pour l’année.
Une référence donc, où les plus grands noms se succèdent. Cette année n’aura pas fait exception, avec Aerosmith, Steel Panther, Rob Zombie, Avenged Sevenfold, The Offpsring, Trivium, Opeth, The Dillinger Escape Plan, Linkin Park … la liste est longue, et fait tourner la tête.

 

Hiroki et Kenta de CROSSFAITH

–Hiroki et Kenta de CROSSFAITH–
–Photo Lōlu Photography–

Dans cette cascade de noms, une bonne surprise : rien de moins que trois groupes japonais, et pas des moindres : CROSSFAITH, coldrain et VAMPS. Des noms qui sont revenus souvent depuis fin 2013, et dont l’ambition est désormais claire : conquérir l’Occident. Ainsi, le Download Festival jouerait-il un rôle de plaque tournante dans cette affaire, permettant à ces groupes de genres différents mais aux aspirations similaires, de se « faire un nom » ?

Grand baroudeur, Journal du Japon n’a pas hésité à se rendre sur place pour constater de visu cette (r)évolution marquant à coup sûr l’histoire du métal japonais.
 

Ce qui est

C’est CROSSFAITH qui ouvre le bal des festivités japonaises, et pas n’importe où : sur la scène principale, s’il-vous-plait.
Le public, déjà présent et chauffé par MISS MAY I, se fera de plus en plus pressant à mesure que les minutes passent. Des cris exaltés éclateront lorsque l’étendard du groupe sera révélé, et c’est fébrilement que l’auditoire accueillera les cinq compagnons d’Osaka.

 

CROSSFAITH

–CROSSFAITH–
–Photo Lōlu Photography–

Conquérants, Kenta et sa bande partiront à l’assaut de la scène en trente minutes, un laps de temps très court, mais qui suffira largement pour faire passer le message : les gars sont là pour marquer d’une pierre blanche leur passage au Download. Déversant un électro-métalcore puissant et incisif, CROSSFAITH enchaînera ses titres les plus porteurs, dont le fameux Countdown to Hell qui verra la naissance de non pas un, mais deux wall of death, ou la mythique Leviathan qui fera s’accroupir toutes les personnes présentes, soit quelques milliers. Mais ce sera évidemment Omen, leur reprise de The Prodigy qui assoira définitivement le groupe comme un « must » du festival.

La réponse de Downloadiens ne se fera pas attendre : se déchaîneront à coup de pogos les plus sauvages pendant que les plus timorés se contenteront de quelques sauts et headbangs. Tout le monde participe à cette fête, excitant les ardeurs du groupe qui n’hésitera à opérer à plusieurs bains de foule. A la fin du set, Kenta offre un petit discours au public, le remerciant de sa présence mais surtout de ce soutien constant qui leur a permis de réaliser leur rêve de jeunesse : jouer sur la scène principale du Download Festival. « Aujourd’hui, nous avons marqué l’histoire !» s’exclame-t-il, et ce n’est pas les métaleux présents qui diront le contraire, car tous s’accorderont à dire que ce set était tout bonnement incroyable, d’une folie pure. Certains iront même jusqu’à affirmer, déjà, qu’ils ont assisté à une des meilleures performances de ce weekend.

A n’en pas douter donc, CROSSFAITH se sont assurés avec ce set une place de choix parmi les groupes qui font le métal actuel.
 

Ce qui sera

Le lendemain, c’est sur une scène beaucoup plus confidentielle que les cinq membres de coldrain officieront. Dernière escale de leur tournée estivale en Europe, le Download Festival était un véritable sésame leur permettant de se faire connaître d’un plus large public.

Masato, chanteur de coldrain–Masato, chanteur de coldrain–
–Photo Lōlu Photography–
 

Conscients de l’enjeu, c’est gonflés à bloc que ces cinq représentants de Nagoya entreront sur la Red Bull Stage. Le set débutera face à un nombre assez sympathique de fans et de curieux, pour finir par un chapiteau rempli à ras bord, preuve s’il en est de l’extrême attractivité que provoque coldrain en live. Occupant tout l’espace disponible sur scène, le groupe semble possédé par le démon du post-hardcore, Masato nous enjoignant à plusieurs reprises à « bouger nos p****** de c** », ce que nous ferons sans peine. Une certaine férocité se dégage d’eux, insufflant à leurs morceaux une passion nouvelle qui galvanisera le public, particulièrement sur The Revelation, l’un de leur titre les plus dantesques.

Les vingt-cinq minutes octroyées s’écoulent très rapidement, trop peut-être, et avant de nous quitter sur The War is On, Masato prend la parole : « C’est vraiment incroyable d’être ici aujourd’hui, nous mesurons le chemin parcouru et nous remercions toutes les personnes qui nous ont soutenues jusqu’à présent. Hier, CROSSFAITH jouait sur la grande scène du festival, et disait marquer l’histoire, mais vous pouvez être certains que bientôt, nous jouerons également sur la grande scène, je vous le promets ! Et ce jour-là, je veux que chaque personne ici présente soit là pour nous voir marquer l’histoire, nous aussi ! ». Un discours plein d’espoir et de rage de vaincre, qui finira de séduire l’assistance sur le potentiel énorme de coldrain.

Le groupe quitte la scène en grand vainqueur, laissant un public encore sonné par ce tsunami. Quelques personnes ça et là exultent de joie, disant à qui veut l’entendre que c’était « fucking amazing », tandis qu’un gars hurle à la mort un « COLDRAIN » en levant sa bière au ciel, le tout à côté d’une jeune fille encore toute chamboulée par le « charisme magnétique du chanteur ». Carton plein donc, et gageons que leur prochain passage en Europe ne laissera pas indifférent.
 

Ce qui fut

Suite à ce show assez décoiffant, c’est VAMPS qui fermeront la marche. Programmé sur une scène plus grande que celle de coldrain, mais bien loin de leur démesure habituelle, les quadragénaires avaient la lourde tâche de passer après Blessthefall, un groupe de screamo très populaire qui retournera complètement la Pepsi Stage.

 

VAMPS

–VAMPS–
–Photo Lōlu Photography–

Tristement, la réputation de Hyde ne l’a pas précédée, et le constat est donc sans appel : le chapiteau est quasi vide. Sur les deux-trois premiers rangs s’agglutinent quelques fans venus de toute l’Europe (et parfois même un peu plus loin) pour assister au couronnement supposé de Hyde et sa clique, mais nous comprenons rapidement que les quelques badauds à s’être égarés sur les lieux sont en fait des fans du groupe suivant. Nous espérons donc que la puissance de VAMPS en live attirera plus de curieux sur les lieux.

D’ailleurs, la foule s’impatiente rapidement, et c’est avec dix minutes de retard que les « vampires » entrent en scène. Le groupe débutent la marche sur REVOLUTION II, et avec ce que l’on pourra qualifier de mascarade : aucun des membres ne se regardent, aucune complicité n’est palpable. L’atmosphère est froide, et les déhanchements suggestifs de Hyde étonnent. Les photographes officiels échangent des sourires pleins de sous-entendus, tandis que les fans essaient désespérément d’apporter un peu de chaleur et de soutien au groupe. Néanmoins, le reste de la setlist n’aidera pas : alors que le public du Download est résolument métal, VAMPS a choisi des morceaux plutôt pop, jurant totalement avec l’esprit du festival. On en vient même à se demander si le groupe ne s’est pas totalement fourvoyé quant à sa pseudo popularité en Outre-manche : Hyde demande en effet plusieurs fois au public de chanter avec lui, avec pour seul réponse celle de la cinquantaine de fans présents. Quand il comprend enfin que personne, ou peu, ne connait ses chansons, il est déjà trop tard, la gêne est installée.
 
Les faux pas s’enchaînent alors : avant d’entamer Hunting, Hyde demande dans un anglais plus qu’approximatif à un parterre de barbus tatoués « qui il devrait manger ». Silence embarrassant, regards étranges, certains iront même jusqu’à rire. L’heure n’est plus à la fête, même les fans commencent à se poser des questions sur le surréalisme de ce set. Arrive alors la dernière chanson, Sex Blood Rock n Roll, l’hymne du groupe, qui ne peut que terminer ce désastre sur une note positive. Mais c’était sans compter sur leur retard, et sans comprendre ce qui leur arrive, la chanson est brutalement interrompue et les lumières, éteinte. La dure loi des festivals, mais que tout le monde se doit de respecter : l’heure, c’est l’heure. Le rideau se ferme sèchement sur un groupe désenchanté qui ne prendra même pas la peine (ou peu) de dire au revoir.

Abasourdis, les fans échangeront des regards perdus suite à cette comédie dramatique, bien loin de ce que l’on aura pu voir en 2013, et à dix-mille lieux de 2010. Les questions se bousculent : « Comment en est-on arrivé là ? », « Que leur est-il passé par la tête ? », mais surtout « Comment tenir le choc face aux mastodontes que sont CROSSFAITH et coldrain ? ». Une chose est sûre en tout cas : il faudra que VAMPS fournissent beaucoup plus d’efforts pour espérer une quelconque légitimité chez les anglo-saxons, et cette incursion au Download Festival a sans conteste fait office de piqûre de rappel. Le potentiel est là, mais tout reste encore à faire.
 

« We are the future »

Outre son line-up prestigieux, cette édition du Download Festival était particulièrement intéressante car mettant en exergue différents aspects du métal japonais actuel.

 

Le public assis pendant Leviathan de CROSSFAITH

–Le public assis pendant Leviathan de CROSSFAITH–
–Photo Lōlu Photography–

Alors que l’on pensait VAMPS déjà bien dans ses baskets, c’est toutefois CROSSFAITH qui tient le haut de l’affiche, coldrain sur ses talons. L’explication est claire : VAMPS, qui pourtant jouait la carte du rock kitch à ses débuts, s’éloigne de plus en plus de ses particularités pour s’acoquiner avec un rock plus consensuel, attendus, et donc déjà entendu. Cette option kitch aurait pu faire mouche, comme on peut le voir actuellement avec le succès de Steel Panther. Cependant, il semblerait que le groupe préfère tenter l’aventure sur un terrain moins risqué, quitte à perdre au passage l’essence même ce qui le rendait si particulier.

A contrario, CROSSFAITH apporte un souffle nouveau au metalcore actuel, mélangeant sans vergogne métal et électro, voire dubstep. Une musique dans l’air du temps donc, et de là à dire qu’ils seraient précurseurs d’un nouveau genre, il n’y a qu’un pas. De même, coldrain, bien que ne prétendant ne vouloir révolutionner aucun genre, apporte un aspect mélodique non négligeable à un style englué dans la convention. Leurs compositions, efficaces et inventives, sortent du lot, et c’est sans surprise que certains définissent The Revelation comme l’une des meilleures chansons de metalcore de ses dernières années. L’avenir semble donc tout tracé.

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