Interview Tourisme : 1 an à Kyoto, le bilan d’une aventure !

C’était il y a – déjà ! – un an. Notre rédactrice Madeline partait pour une année au Japon, à Kyoto, avec le visa vacances travail. Un voyage ambitieux et qui fait rêver, pour une grande tranche de vie dans une ville mythique du Pays du Soleil Levant. Après une vingtaine d’articles tourisme où Madeline vous a parlé de destinations sympathiques, de culture, de gastronomie et de bonnes adresses en tous genres, il est temps de refermer avec elle cette parenthèse, cette aventure à laquelle nombre d’entre-vous songent certainement.

Interview bilan d’un an au Japon, c’est parti !

L’arrivée au Japon

Journal du Japon : Bonjour Madeline, commençons par un bond dans le passé un an en arrière, à ton arrivée au Japon. Qu’est-ce que tu te souviens de ton arrivée et de tes premières jours là bas ?

Madeline Chollet : La chaleur ! C’est la première image qui me vient, je suis arrivée fin septembre et par rapport à la France il faisait chaud et humide. J’étais toute seule, j’avais deux grosses valises, dans un pays dont je ne maîtrisais aucun code, sans compter la fatigue du voyage, la température a vraiment été assommante ce jour-là.
Ensuite, l’adaptation n’a pas été compliqué.
Les Japonais sont sociables et surtout toujours contents de vous aider. J’ai commencé par faire ma carte de résidente, ouvrir un compte bancaire et faire mes premières courses. Au début on mange des aliments bizarres, car on se trompe beaucoup sur les emballages puis petit à petit on repère, on s’adapte…
Pour le logement et le travail, j’avais déjà tout trouvé avant de partir. Je recommande vivement de régler ces éléments avant le départ, cela facilite grandement son installation dans le pays.
J’ai été dans un état de « lune de miel avec le Japon » au bout de deux semaines. Au début j’ai réglé tous les détails donc je n’ai pas pensé à la chance que j’avais d’être sur place, je n’ai pas réalisé. Ensuite, tout est beau et agréable.

Comme tu le dis, tu avais déjà beaucoup travaillé pour préparer ton voyage : logement, job, etc… Mais il y a souvent des surprises quand on part comme ça si loin, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Quels ont été les tiennes les premières jours ou premières semaines ?

Je n’ai pas eu de mauvaise surprise, mais plutôt des bonnes. Au travail, dès mon arrivée, ils ont augmenté mes heures de travail au bout d’une semaine ce qui m’a permise de travailler pour eux toute l’année sans avoir à chercher un second job. C’est un énorme avantage, car au Japon trouver du travail sans parler le japonais est compliqué.
La seconde bonne surprise a été la ville de Kyoto en elle-même. C’est une ville extrêmement séduisante, calme certes, mais le soir de nombreux quartiers permettent de sortir pour s’amuser. De plus, il y a toujours quelque chose à faire. C’est une ville qui reste à taille humaine, avec des quartiers qui ressemblent à de petits villages. On se déplace à vélo ou en bus contrairement à Tokyo où l’on passe son temps dans le métro. La cerise sur le gâteau c’est sa situation dans le pays : elle est au centre , j’ai donc énormément voyagé.

Kyoto possède aussi les plus beaux sites du Japon. Ici, le pavillon d'or.

Kyoto possède aussi les plus beaux sites du Japon. Ici, le pavillon d’or.

Tu n’avais que quelques bases en japonais à l’époque, si je ne m’abuse. Comment as-tu surmonté la barrière de la langue ?

La langue n’est franchement pas un problème quand on y est pour une année, sans avoir l’intention d’y rester plus. Je me suis toujours débrouillée partout. L’anglais est indispensable dans les zones touristiques et dans les gares. En dehors, dans la campagne ou les coins reculés, les gestes et les sourires suffisent. J’ai eu l’impression que d’être une fille seule est un sérieux avantage, les personnes viennent vers vous facilement et sont souvent impressionnés par votre démarche, même sans parler la même langue ils comprennent et vous aident.

La seule vraie difficulté que j’ai rencontré était dans un bureau de poste pour envoyer un colis. Le bureau de mon quartier ne recevait jamais d’étranger, personne ne parlait un mot d’anglais et surtout l’administration japonaise doit être précise. Je suis restée 45minutes pour tenter de d’écrire le contenu de mon colis à l’aide d’un guide de conversation. La postière a finalement contacté la poste centrale pour avoir un traducteur anglais/japonais. C’était long, mais finalement mon colis est bien arrivé en France.

As-tu souvenir de ton moment le plus « Lost in translation » et est-ce que tu peux nous le raconter ?

C’était dans la préfecture de Nagano. Je suis partie en voyage là-bas à Noël, il neigeait sérieusement.
Après avoir visité le parc aux singes qui se baignent dans les sources chaudes, j’ai voulu reprendre un bus pour retourner à la gare. Il y a eu un soucis, le bus est passé devant moi sans s’arrêter, bondé, c’était bien sûr le dernier. Je me suis donc retrouvée coincée en haut de la montagne, sans suffisamment d’argent pour me payer un taxi (il ne me restait que de quoi payer le bus et le train pour le retour) , sans distributeur dans les environs, pas de wifi et bien sûr je ne savais pas comment rejoindre la gare à pied qui était assez loin.
J’ai eu finalement de la chance, une grand-mère japonaise attendait le bus avec moi et parlait un peu anglais. Elle a appelé une navette privée et m’a proposé de la partager avec elle. Elle lui a expliqué que je souhaitais regagner une gare pour retourner à Nagano.
Il nous a déposé toutes les deux, à petit prix.

La préfecture de Nagano reste ma destination préférée au Japon.

La préfecture de Nagano reste ma destination préférée au Japon.

La vie à Kyoto

Tu t’es donc rendue à Kyoto. Quand on t’as demandé comment tu l’imaginais, tu nous a dit ça : « Cette ville est pleine d’histoire. Je l’imagine dynamique, moderne et bien située. Elle a aussi ses quartiers calmes, son artisanat, sa gastronomie et ses paysages. Je vois Kyoto comme une ville où l’on peut faire un plongeon dans le passé et retrouver la sérénité, tout en côtoyant la technologie nippone au quotidien. C’est une ville qui me semble reposante et zen. »
Est-ce que Kyoto était telle que tu l’imaginais ? En quoi c’était différent sinon ?

Complètement ! Je suis devenue une véritable ambassadrice pour la ville de Kyoto. Elle ne m’a pas déçue, sur aucun point.

Pour ceux qui connaissent un peu, tu étais dans quel coin de Kyoto ? Peux tu nous décrire un peu ce quartier ou tu as vécu, ton logement aussi ?

Je n’habitais pas du tout dans un quartier touristique. J’étais à Nakagyo, dans l’ouest et à 25 minutes à pied du château du Nijo, près de la station Emmachi. Je passais devant ce dernier tous les jours pour me rendre à mon travail, c’est le site que je préfère à Kyoto parce que c’est mon point de repère et c’est aussi le premier site que j’ai visité au Japon.
Tous les matins, les personnes âgées de mon quartier me disaient bonjour ou me faisaient de grands signes. J’étais je pense, la seule française dans ce petit quartier.
Je me plaisais vraiment beaucoup, j’avais des commerces à une minute de chez moi, un arrêt de bus et une station de métro.
Cependant, si j’avais connu la ville avant de choisir un appartement, j’aurai loué un appartement dans le quartier autour de Shijo-Omiya. J’adorai me balader vers là-bas.
Mon studio était confortable, mais petit, environ 20 mètres carrés. Je payais 50 000 yens par mois et je devais juste payer l’électricité et le gaz, mais ce n’est pas très cher quand on est seule dans une petite surface.

Première visite au Japon et premier grand souvenir: le château du Nijo.

Première visite au Japon et premier grand souvenir : le château du Nijo.

Quel était ton travail là bas au fait ? Quels souvenirs tu gardes de ce dernier ?

J’étais assistante maternelle au lycée français. J’ai eu beaucoup de chance, c’était un job agréable où je parlais ma langue maternelle avec des élèves japonais, français ou de double nationalité.
J’avais surtout les vacances scolaires, du calendrier français. J’ai pu en profiter pleinement pour voyager.

Tes journées et tes semaines ressemblait à quoi en général ?

La semaine je travaillais. Les week-ends je n’étais jamais chez moi, soit je vadrouillais en dehors de Kyoto, soit je me baladais dans la ville pour visiter un temple, un musée, une rue…
Je crois que je n’ai passé aucun week-end à rester dans mon studio.
Pendant les vacances scolaires je m’organisais pour partir plus loin (Tokyo, Nagano, Hiroshima…).
De temps en temps je faisais un restaurant avec des amis. La vie qui fait rêver.

La cérémonie de thé est un must au Japon.

La cérémonie de thé est un must au Japon.

Comme on a pu le voir sur le site de Journal du Japon, tu t’es pas mal baladé, et pas que à Tokyo, alors un petit questionnaire tourisme rapide : (à chaque fois essaie de développer un peu pourquoi)…

Ton quartier préféré de Kyoto ? Celui autour de l’arrêt de bus Shijo-Omiya
Ta destination préféré hors Kyoto ? Nagano et plus particulièrement la ville de Karuizawa. J’ai eu un énorme coup de cœur pour cet endroit. J’ai beaucoup apprécié Yokohama aussi, il y a énormément de choses à faire dans cette ville.
Ta plus belle visite de temple ? Il y en a trois complètement différents. Le premier c’est celui du Kiyomisu-dera à Kyoto, je l’ai fait trois fois dont une de nuit. Les éclairages rouges sont justes magnifiques. Le second n’est absolument pas connu et il faut grimper pour le voir. C’est un temple situé dans la ville de Nakatsu sur l’île de Kyushu, le Rakan-ji. Il est perché dans la falaise et est construit dans la roche. J’aurais voulu rester des heures dans cet endroit. Le troisième est le temple sur l’île de Miyajima, le Daisho-in. Il y a plein de petites statues avec leur bonnet en laine, c’est un temple drôle, amusant et enchanteur comme aucun autre.
Ton plus beau coin de nature ? Incontestablement les jardins japonais en général à la période des momiji en automne (érables rouges). J’ai beaucoup aimé les dunes de Totori également.
Ton meilleur souvenir gastronomique ? Le shabu-shabu, qui est une fondue japonaise exquise. J’ai passé un excellent moment avec le bœuf de Kobe, qui est le meilleur bœuf au monde.

Etre un an loin de ses proches : est-ce que tu étais souvent en contact avec eux ? Comment as-tu géré ça sur le plan psychologique ?

Je n’ai pas du tout souffert de la distance. Je n’ai jamais autant parlé avec mes proches qu’au Japon grâce à Skype.
Le seul petit coup de blues a été le soir du réveillon de Noël. J’étais partie à Nagano et la beauté du paysage a vite tout estompé.

L'automne reste de loin ma saison préférée au Japon, en grande partie grâce aux érables rouges.

L’automne reste de loin ma saison préférée au Japon, en grande partie grâce aux érables rouges.

 

Est-ce que tu penses que le fait d’être une gaijin française a changé quelque chose ? Avantage ou inconvénient ?

C’est un avantage, sans hésitation. Voyager seule c’est à faire une fois dans sa vie, pour les rencontres, pour l’autonomie et le sentiment d’être courageuse dans certaines situations.
La nationalité française est un atout au Japon. La France est très appréciée, on s’en rend compte à quel point l’image de notre pays peut être vendeur et peut faire rêver.
Je n’ai jamais été embêté au contraire, les japonais m’ont beaucoup aidé. Le fait d’être étrangère est un atout au Japon, dans le cadre du voyage.
Un petit papi m’a même invité à boire un thé chez lui un jour, sans que je le connaisse. Un autre m’a accompagné jusqu’à destination alors que ce n’était pas son chemin, il m’a payé une petite bouteille d’eau à l’arrivée, puis est reparti.

 

Le retour en France

Bon, parlons maintenant un peu de ton retour, et donc de ton départ du Japon : après un an au Japon je suppose que les émotions se bousculaient un peu… Comment as-tu vécu, disons, les deux dernières semaines là bas ? Quelles sont les raisons qui ont fait que tu te sois, à ton avis, autant attaché à ce pays ?

J’ai fait en sorte d’être occupée pour ne pas penser à mon retour. J’ai fini mon travail et je suis partie directement en voyage. Puis à mon retour il me restait deux jours pour rendre mon appartement et fermer mon compte bancaire. Tout s’est donc vite déroulé.
Le plus difficile ce n’est pas l’arrivée en France, c’est une ou deux semaines après. Quand la joie des retrouvailles retombe, là c’est un peu le vide. On est riche de cette expérience, mais les gens ne l’ont pas vécu avec vous et la vie reprend son cours : travail et routine.
Je retournerai au Japon c’est une certitude, alors c’est plus facile quand on sait qu’on ne dit pas au revoir à ce pays.
Je me suis attaché au Japon pour la sécurité qui y règne, c’est un sentiment que l’on a plus en France. On peut se promener tard dans les rues ou dans un endroit perdu sans craindre quoi que ce soit.
Le service est impeccable, ils comprennent parfaitement le terme « le client est roi », c’est très agréable d’avoir des bienvenue et bonjour partout où l’on se rend.
J’ai aimé les Japonais, pour leur pudeur, leur discrétion et leur respect.
Bien sûr le Japon c’est aussi l’authentique mêlé à la modernité avec en prime un petit grain folie. Le pays est beau et propre. La télévision est décalée avec les émissions complètement perchées, les magasins sont ouverts toute la semaine, 24h/24 pour certains. Il y a trop de choses que j’ai aimé pour être toutes énumérées.

Le plus difficile dans un voyage, c'est de ne louper aucun détail.

Le plus difficile dans un voyage, c’est de ne louper aucun détail.

Tu es revenue depuis quelques semaines déjà, ça a été difficile je suppose, la France et les Français ont du te paraître en total décalage avec le Japon non ? Qu’est-ce qui t’a le plus choqué à ton retour ?

Les trains et leur retard légendaire en France. Au Japon ça n’arrive jamais. J’ai aussi pris l’habitude de me promener le sac à main grand ouvert, j’ai dû recommencer à bien le fermer en France et à faire attention.

Est-ce que tu as l’impression d’être revenue différente ? Est-ce que tes proches te trouvent changée d’ailleurs ?

Je n’ai absolument pas changée, en revanche je suis devenue beaucoup moins hésitante pour partir quand j’en ai envie. Avant le Japon, voyager seule me paraissait étrange et j’avais peur de m’ennuyer. En fait, c’est beaucoup mieux parce que l’on décide de ce que l’on souhaite faire et surtout parce que l’on rencontre beaucoup de monde.
Maintenant ce ne sera plus un frein pour moi. J’ai d’ailleurs beaucoup de projets de voyage.

Je pense que je suis aussi moins stressée, je me dis que si quelque chose ne fonctionne pas en France, j’ai toujours cette possibilité de partir à l’étranger, maintenant que je l’ai fait et que cela a été plutôt facile pour moi, je suis rassurée sur ce point.

L'île aux lapins reste une de mes plus belles expériences.

L’île aux lapins reste une de mes plus belles expériences.

Pour finir, qu’est-ce que tu as envie de dire à ceux qui hésitent encore à tenter ce voyage ?

Il faut le faire bien sûr. Avant le voyage il est nécessaire de tout bien préparer et de bien se renseigner pour faciliter l’arrivée sur place, parce que finalement c’est la seule difficulté du voyage.

J’ai surtout envie de motiver les filles, ce sont souvent elles qui abandonnent leur projet par appréhension. Le Japon est, selon moi le meilleur pays où aller quand on est une personne voyageant seule. C’est même une excellente destination pour commencer ses premiers voyages.
Il faut y aller dans l’optique de s’amuser, de profiter au maximum de son séjour tout en respectant le pays et ses habitants et tout se passe parfaitement bien.

Un grand merci à toi pour ton temps et ta passion pour ce pays ainsi que le partage de ton année dans nos colonnes. Et ce n’est qu’un début, bien sûr !

Vous pouvez retrouver tous les articles de Madeline lors de son voyage au Japon ici ainsi que l’interview que nous avions réalisée juste avant son départ, centrée sur les préparatifs et l’avant-voyage, là.

 

Madeline Chollet

@mad_ctravel

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