Capitaine Albator – Dimension Voyage : découverte de l’œuvre et son auteur

Apparu en 1969, le Capitaine Harlock – plus connu sous le nom d’Albator chez nous – s’est vu revenir plus fier et plus fort qu’avant en 2014, avec une relecture de ses première aventures connues par tous, Space Pirate Captain Harlock (宇宙海賊キャプテンハーロック) – Albator 78. Alors que son dessinateur Kouiti SHIMABOSHI nous rendait visite en mars dernier, nous avons décidé mettre son travail en avant pour l’occasion de la sortie récente du quatrième volume de Dimension Voyage (Captain Harlock – Jigen Kôkai, キャプテンハーロック~次元航海), sa revisite de toute une épopée fantastique à travers les étoiles. Accompagnez-nous à bord de cet article puis de l’interview que l’auteur nous a gracieusement accordée durant son séjour en Belgique !

Il revient, le capitaine au cœur d’or

Sur une planète Terre terrassée par la misère et l’injustice, la loi du plus fort règne. Alors qu’un gouvernement d’incapables tend à faire régner l’oisiveté et la paresse juste à coté des pauvres, une journaliste enquête sur le voyageur des étoiles. Elle parcourt une ville typique de ce paysage désabusé et d’enfants un peu rebelles, qui vivent dans le rêve qu’un jour le Pirate de l’Espace viendra changer les choses. Elle finit par arriver dans une taverne, la tête pleine d’avis sur la situation actuelle. Alors qu’elle s’installe en continuant sa recherche, le serveur l’interpelle en lui offrant un verre… « de la part de l’homme, là-bas ». L’homme en question… drapé d’une cape noire et affublé d’un bandeau sur l’œil droit, s’avère totalement être celui qu’elle recherche ; le Capitaine Albator, accompagné de tout son équipage en escale, se trouve devant elle. Mais les choses tournent mal… Et le capitaine finit par l’abattre. La femme disparaît en brûlant comme du papier… Qui était-elle ? Pourquoi l’avait-elle provoqué pour qu’il en arrive à ce point ?

Plancje T1

C’est de cette manière que commence l’histoire ; alors qu’elle continue vers la trame connue des fans de la première heure, cette introduction bien posée et riche en descriptions sur le contexte donne le ton : des duels et des étoiles, voilà grossièrement ce qui nous attend. Harlock ne tue jamais impunément, mais gare à celui ou celle se trouvant en face s’il ou elle s’avère être contre lui.

albator-dimesion-voyage-vfAinsi, on découvre assez vite l’équipage au capitaine et sa nouvelle recrue, Tadashi DAIBA. Son père, qui se trouve être un scientifique de renommée, s’évertue à tenter de faire comprendre au gouvernement que quelque chose ne va pas. Et, de fait, vu la sphère noire énorme ornée d’écritures impossibles à déchiffrer qui s’est écrasée sur la mégalopole, quelque chose cloche. Mais les hautes sphères préfèrent ignorer cet objet qui ne reflète aucune lumière, aucune onde d’aucune sorte… Même aidé par son fils et un autre savant, il lui reste impossible de faire ouvrir les yeux au monde, et alors qu’il découvre la signification de tout cela, une femme mystérieuse fait irruption dans son laboratoire et l’élimine sans pitié. Tadashi qui arrive quelques secondes trop tard, voit son père gisant sur le sol, et sans avoir le temps de se retourner, quelqu’un se met à l’étrangler.. Jusqu’à ce qu’un tir ne vienne abattre l’attaquante, qui brûle à son tour comme du papier. Tadashi fait volte-face et tombe nez à nez avec Harlock, qui lui explique que ce sont les Sylvidres (Mazones en version originale) qui sont la cause de tout cela puis disparaît.

Au cours de voyages à bord de l’Arcadia, le vaisseau du capitaine corsaire, Tadashi – ivre de vengeance – découvrira mieux l’univers et ses différents endroits, entre voyages et batailles spatiales. Un voyage où les humains et les Sylvidres n’hésiteront pas à attaquer s’ils s’en approche trop prêts…

Une œuvre entre deux âges

Vous l’aurez bien compris, Dimension Voyage est une relecture de l’épopée d’Harlock contre les Mazones. Si l’âme de l’histoire originale est respectée et totalement présente, un vent de fraîcheur est apporté par un nouveau dessinateur, Kouiti SHIMABOSHI. Le trait certes spécial mais accrocheur, aux personnages forts et charismatique du maître Matsumoto, laisse place à un autre design, plus moderne, plus détaillé et crayonné, voire un peu surprenant pour du manga. Mais il se regarde avec plaisir et s’il est possible de sentir une recherche dans l’apparence des personnages à leurs premières apparitions, le dessinateur trouve assez vite ses marques. Il rend très bien honneur à une bande-dessinée culte qui peut, avec cette nouvelle version, être lue sans jamais avoir suivi la moindre série de MATSUMOTO.

Captain HarlockCertes, la Reine des Mazones dispose d’attributs bien trop développés pour son apparence originale dans les débuts, et Harlock se présente avec un foisonnement capillaire assez « redoutable » dans les premiers chapitres de l’œuvre, mais tout ceci se trouve vite corrigé. Ces défauts de jeunesse (Dimension Voyage est la première œuvre de SHIMABOSHI) sont de ce fait pardonnables et temporaires, et ne gâchent en rien le plaisir de la lecture.

Il est courant que le maître MATSUMOTO modifie des éléments de l’une de ses séries au fil des médias ou même des versions (les personnages de 78 sont les mêmes que dans le film de 2015 par exemple, mais les motivations et le background de certains diffèrent, et ce n’est qu’un mince exemple). Dimension Voyage n’échappe pas à la règle. La Flotte Gaïa (plus présente justement dans ledit film) est de la partie, et Mayu (Stellie en version française) s’avère plus courageuse et mature que la petite fille à l’ocarina « mémorable » de la série originelle. Ce genre d’éléments, s’ils tendent à faire changer un peu plus l’expérience, la rendent également plus intéressante car même sans chercher à savoir ce que l’auteur a fait de ses personnages « cette fois-ci », on se prend au jeu de se dire « tiens, il n’était pas comme ça dans mes souvenirs… ». Ce n’est certes pas le but recherché, mais voir comme MATSUMOTO se permet de changer les choses à son loisir rend les lectures de chaque opus toujours différentes des précédentes.

Albator

Albator Dimension Voyage © 2014 Leiji MATSUMOTO / Kôichi Shimahoshi / Akita Publishing

Que les fans de la première heure se rassurent tout de même : cette œuvre ne défigure pas l’original le moins du monde. Si le dessin vient d’un « nouveau venu », il n’est pas seul car c’est bel et bien sous le regard permanent du créateur que tout cela se fait. Il n’en devient donc au final « que » les mains, alors que l’auteur original reste « la tête ». Mais si l’univers énorme du maître vous est inconnu, il n’y aura du coup aucune crainte à le commencer par ici car, d’un but avoué par le dessinateur, il s’agit bien ici de toucher le plus large public possible.

 

Captain-Harlock-Jigen-KokaiKouiti SHIMABOSHI, un homme dévoué au mythe

Pour conclure cette mise en avant de Capitaine Albator : Dimension Voyage, nous vous proposons également une interview de monsieur Kouiti SHIMABOSHI réalisée lors de son passage en Belgique en mars derniers.

Journal du Japon : Bonjour monsieur SHIMABOSHI. Qu’est-ce qui vous a décidé à devenir mangaka ?

Kouiti SHIMABOSHI : Comme tous les enfants, j’adorais les dessins animés et aussi dessiner. Les gens qui m’entouraient me faisaient tellement de compliments que j’ai pensé que j’étais très doué. C’est ce qui m’a donné envie de devenir dessinateur.

Quelles sont vos influences, les œuvres ou auteurs qui vous ont inspiré ?

Je suis désolé de ma réponse tellement banale, mais c’est Dragon Ball qui m’a le plus inspiré !

Quel succès a Dimension Voyage au Japon ? En êtes-vous satisfait ?

C’est l’un des titres les plus populaires de Champion Red (ndlr : le magazine qui prépublie la série), mais en terme de ventes c’est très loin de ce que je souhaiterais. J’espère qu’un jour, Dimension Voyage sera lu par le plus grand nombre et par beaucoup d’enfants.

Leiji Matsumoto

Leiji Matsumoto

C’est donc un public plutôt jeune que vous cherchez ?

L’univers de M.MATSUMOTO est gigantesque, avec toutes ces différentes séries. Je fais tout pour que ceux qui n’ont pas lu toutes ces œuvres puissent comprendre.

Le personnage de Harlock étant assez mythique, comment l’avez-vous abordé, aussi bien graphiquement que psychologiquement ?

C’est monsieur MATSUMOTO qui valide ou me corrige. Je sens que je n’ai pas complètement capté le personnage d’Harlock. Je fais au mieux pour dessiner « le héros de tout le monde ». En fait je suis né un peu plus tard que la génération qui a vraiment grandi avec. J’avais très peur de la réaction des lecteurs de cette génération.

Et maintenant, êtes-vous rassuré ?

Je continue à faire attention pour ne pas déranger leurs attentes et à avoir cette exigence envers mon travail.

Quel accueil les fans qui viennent vous voir vous font-ils? En êtes-vous satisfait ?

Je n’ai jamais eu de demande d’interview au Japon, donc les gens ne me connaissent pas. Personne ne me reconnait dans la rue, mes voisins pensent que je suis un homme très bizarre qui est toujours enfermé… personne n’a dit qu’il était fan de moi, je ne connais donc pas la réaction des lecteurs. 

Ainsi conclut-il cette entrevue par les mots suivants : « Ce manga s’adresse à tous les types d’âge, non seulement les jeunes mais aussi les lecteurs de plus de soixante ans. »
C’est donc dans l’espoir de faire découvrir, ou redécouvrir le Capitaine au cœur d’or, Harlock, que cette série et son dessinateur vivent. Sous la tutelle de l’un des maîtres dans ce domaine, il est aisément possible d’imaginer la tâche complexe, mais M.SHIMABOSHI fait bel et bien honneur à son rôle avec Dimension Voyage. Souhaitons-lui le plus de courage possible pour mener l’Arcadia vers le succès !

Albator Dimension Voyage

Merci à lui et à l’équipe de Kana Editions d’avoir permis la réalisation de cette interview. Retrouvez toutes les informations sur la série sur le site des éditions Kana.

 

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