Catherine : Full Body – de l’érotisme et des casse-tête pour une édition augmentée sur Switch

En retard d’un an sur la PS4, la Switch a vu arriver dans son catalogue en juillet 2020 Catherine : Full Body, édition augmentée du jeu Catherine sorti à l’origine en 2011. Erotisme, casse-tête et crise de la trentaine, Journal du Japon vous offre ici son test de la version Nintendo Switch de Catherine : Full Body édité par Atlus et SEGA.

Catherine : Full Body

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Une équipe de choc pour un jeu hybride

Le trio gagnant de chez Atlus

Pour les plus connaisseurs, si le nom Atlus est prononcé, des jeux tels que les Shin Megami Tensei ou bien les Etrian Odyssey viennent à l’esprit. Mais au delà de ces séries, le studio est surtout connu chez nous pour s’être chargé de la saga des Persona ! Et cela tombe bien, car derrière Catherine se trouve la même équipe que derrière les 3 derniers Persona en date. On retrouve à la production et la réalisation Katura HASHINO, réalisateur des Persona 3, 4 et 5 et de certains opus des Shin Megami Tensei, Shigenori SOEJIMA en charge du character design et Shoji MEGURO à la bande son. 

Catherine premier du nom sort en 2011 au Japon, puis arrive en Europe en 2012, sur Xbox 360 et PS3. En 2019, le jeu a droit à une nouvelle édition augmentée intitulée Catherine : Full Body incluant de nombreuses nouveautés dont, pèle-mêle, de nouvelles musiques, de nouveaux niveaux, une réactualisation des graphismes, des DLC, ou encore de nouvelles options pour fluidifier l’expérience de jeu. La nouveauté la plus importante étant l’ajout d’un personnage principal inédit, Rin, au cœur d’un nouveau scénario de jeu. Le 7 juillet 2020 Catherine : Full Body sort sur Nintendo Switch dans une version incluant de base tous les DLC. C’est de cette version dont il sera question dans ce test.




Entre Horreur et Amour

Réaction de Vincent le lendemain de son aventure avec Catherine

Réaction de Vincent le lendemain de son aventure avec Catherine ©SEGA ©ATLUS

Synopsis : Ces derniers temps, des jeunes hommes sont retrouvé morts dans leur sommeil sans raison apparente. Des rumeurs se créent alors sur d’étranges cauchemars touchant les hommes infidèles : ils escaladeraient lors de leur rêve une tour sans fin, leur chute entraînant leur mort dans le monde réel. Au milieu de ces histoires sordides le trentenaire Vincent Brooks est un peu paumé dans sa vie personnelle. En couple avec Katherine McBride depuis 5 ans, il esquive maladroitement les discussions autour du mariage et de la paternité. Un soir, après une de ses soirées arrosées habituelles au bar Stray Sheep avec ses amis, il est sujet à un rêve particulier où il se retrouve entouré de moutons tentant de gravir un mur sans fin divisé en blocs amovibles. Réveillé en sursaut le lendemain matin, la loufoquerie du rêve n’est pas le plus grand choc : à ses côtés se trouve une jeune femme inconnue qui lui fait vite comprendre les événements de la nuit dernière : Vincent Brooks a trompé sa copine Katherine avec une autre fille, Catherine !

L’intrigue de Catherine : Full Body tourne autour de ces 2 héroïnes principales, et du nouveau personnage de Rin, une rapide présentation de chacune d’elles est donc nécessaire.

Katherine McBride, camarade de Vincent Brooks durant ses années lycées, elle s’est mise en couple avec ce dernier lors de leur retrouvaille il y a 5 ans. Elle aimerait que sa relation avec Vincent avance et essaye de l’en convaincre tant bien que mal. Dans la version japonaise, elle est doublée par Kotono Mitsuishi, actrice connue pour de nombreux rôles dont les illustres Usagi Tsukino, héroïne de Sailor Moon, ou celui du Major Misato Katsuragi dans Neon Genesis Evangelion. Avec ses lunettes, ses vêtements sobres mais chics et ses longs cheveux clairs, Katherine représente la fille cool, branchée et indépendante.

De l’autre côté, Catherine est à l’image du mythe de la femme tentatrice. Peu vêtue et entreprenante, son passé mystérieux ne fait que s’ajouter à son charme et son imprévisibilité pourra en surprendre plus d’un. De plus, son côté petite amie idéale est encore plus prononcé dans cette nouvelle version avec la possibilité de choisir, uniquement pour ce personnage, une « voix idéale » dans un pool de 12 doubleuses renommées dont 3 inédites pour la version Switch. On peut citer, parmi les actrices, Kana Hanazawa, Yui Horie ou Aoi Yuki.

La dernière est la toute fraîche et pimpante Rin. Un soir en rentrant chez lui, Vincent sauve une jeune inconnue d’un agresseur. Cette dernière est amnésique, et lorsque Vincent lui demande son nom, seul le mot « Rin » vient aux lèvres de la victime. Rin s’installe ensuite dans l’appartement voisin à Vincent et décroche un job chez le Stray Sheep où elle jouera du piano chaque soir. Cependant, sous sa candeur, Rin réserve plus d’un secret.

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Quel sera votre poison ?

Un mode histoire en deux teintes

Néons, borne d'arcade, amis et alcool, bienvenue au Stray Sheep

Néons, borne d’arcade, amis et alcool, bienvenue au Stray Sheep ©SEGA ©ATLUS

Catherine : Full Body propose au joueur 3 modes de jeux différents. Penchons nous pour commencer sur le premier mode proposé : le mode histoire. Celui-ci est construit sur une alternance entre les phases de jours et les phases de nuits, chacune avec leur propre système de gameplay. Chaque journée commence par le réveil de Vincent, suivi par de plus ou moins longues cinématiques, faisant progresser l’histoire et les relations entre les personnages. Suite à cela, le jeu nous laisse contrôler Vincent durant ses soirées quotidiennes au Stray Sheep. Ici, plusieurs options s’offrent au joueur. Vincent peut, par exemple, aller discuter avec les différents habitués du bar, en apprendre plus sur leur vie, leur doute et pourquoi pas essayer de les rassurer. Il peut aussi aller s’acharner sur la borne d’arcade, Rapunzel, proposant des casse-têtes similaires aux cauchemars infernaux de Vincent ou bien encore, aller piocher un morceau de son choix dans le jukebox juxtaposé (avec de jolies surprises pour les fans de Persona). Parfois, son portable sonne : il reçoit des messages de la part de ses différentes conquêtes. On choisit donc les réponses qui nous conviennent et lors de l’envoi, une mystérieuse jauge rouge et bleue apparaît en bas de l’écran. Cette jauge est un élément clef du jeu, son positionnement décidera du dénouement de l’intrigue. Catherine : Full Body emprunte en effet des éléments de dating simulator et les incorpore sur un autre genre de jeux vidéo ; mécanisme similaire à la saga des Persona depuis l’épisode 3, où l’on se retrouve à copiner, et plus si affinités, avec nos camarades de classe entre deux donjons.

Puzzle et escalade, ici dans le mode colosseum

Puzzle et escalade, ici dans le mode colosseum ©SEGA ©ATLUS

Ensuite, on entre dans la seconde phase : les cauchemars de Vincent durant la nuit. Cette phase de jeu alterne des niveaux de puzzle sous forme de jeux de plateforme effrénés et, à la fin de ces derniers, une partie plus calme pour nous laisser interagir avec les autres moutons piégés dans ce rêve qui se révèlent être des personnes plus ou moins proches de Vincent, elles aussi coincées dans ces rêveries lugubres. Cette accalmie se termine par un passage dans un confessionnal où vous sera posé une question d’ordre général sur les relations amoureuses, qui influencera grandement la position du curseur sur la jauge rouge et bleu. Les phases de plateformes consistent à escalader un mur construit de multiples blocs ayant des propriétés différentes selon leur apparence. Vincent va devoir déplacer ces blocs pour pouvoir atteindre la ligne d’arrivée de chaque étape. Vous allez donc devoir pousser, tirer et vous suspendre du mieux que vous pouvez pour échapper à la chute impitoyable des blocs et réussir à survivre aux nombreux obstacles de ces terribles nuits. Heureusement pour le joueur, Vincent a la capacité de retourner jusqu’à 3 mouvements dans le temps (plus en collectant des items) pour corriger des fautes qui le mettrait dans l’impasse. A noter que deux modes sont disponibles pour ces puzzles : le mode classique, fidèle au premier jeu, et le mode remix, apportant son lot de nouveauté en termes de blocs à effets.

Coopération ou compétition ?

Sélection du niveau du mode Babel

Sélection du niveau du mode Babel ©SEGA ©ATLUS

En second vient le mode Babel. Fini le scénario et les interactions, Ici Catherine : Full Body s’adresse aux joueurs désirant relever un défi plus coriace que les simples tours du mode histoire. Comme son nom l’indique, le mode Babel propose de gravir des tours gigantesques. Vous aurez le choix parmi 4 niveaux différents aux blocs changeants et à la difficulté croissante. La particularité des nouvelles tours à gravir est qu’elles sont générées procéduralement à chaque nouvelle partie : vous ne gravirez donc jamais la même structure. Petit plus pour ce mode, on peut incarner d’autres personnages que Vincent, comme les 3 filles au centre de l’histoire, les amis de Vincent ou un personnage invité masqué qui volera peut-être votre cœur. Babel peut également se parcourir en coopération à deux joueurs en local – si vous avez confiance en votre partenaire de jeu.

Vincent contre Vincent, qui l'emportera ?

Vincent contre Vincent, qui l’emportera ? ©SEGA ©ATLUS

Enfin, contrairement à la coopération du mode Babel, le mode Colosseum encourage la compétition et le duel. A deux joueurs en local sur une ou deux consoles, le premier arrivé en haut de la tour l’emporte. Pour déstabiliser votre adversaire, vous pourrez bien sûr, tenter de vider son compteur de vie en provoquant des chutes de blocs incongrues, ou bien pour ceux qui jouent en local, en lui décochant un coup de coude bien placé (non recommandé). Pour les niveaux, vous aurez le choix parmi ceux parcourus lors du mode histoire. Pareil que le mode Babel, Colosseum vous laisse incarner le personnage de votre choix. L’arène en ligne offre les mêmes options que le mode Colosseum mais cette fois à distance sur des salons créés pour l’occasion.

Déshabillons Catherine : Full Body

Un jeu qui n’a (presque) pas pris une ride

Menu principal de Catherine : Full Body

Menu principal de Catherine : Full Body ©SEGA ©ATLUS

Alors au final, que dire de Catherine : Full Body ? Commençons par le visuel. Malgré un moteur graphique qui paraît daté sur certaines scènes, Catherine : Full Body reste plus qu’agréable pour les yeux. De plus, les cinématiques ne sont pas exclusivement réalisées sous le moteur du jeu, certains passages clefs du récit sont animés en 2D par le Studio 4°C (Amer Beton, Berserk : l’âge d’Or, ou plus récemment : Les Enfants de la Mer). Sans être magnifiques, ces scènes restent de bonne facture avec un effort non négligeable sur les expressions faciales des personnages. Mais les vrais bonbons pour les yeux sont le character design et le design des interfaces. Shigenori SOEJIMA confirme encore sa maîtrise avec des personnages au style unique. Le voir sur des personnages plus adultes que des lycéens, majoritaires en nombre dans les Persona, montre que sa patte ne se limite pas aux adolescents et qu’elle reste tout aussi belle et reconnaissable, tout en se renouvelant, avec des adultes en personnage principaux.

Le design des interfaces est lui aussi très soigné ; dès l’introduction, avec les différents modes inscrits sur des touches de piano, Catherine : Full Body nous expose son style d’emblée. S’en suit, durant la partie, le portable à clapet de Vincent qui est en réalité un menu s’inscrivant dans la diégèse du jeu au couleur rose fluo, à l’image de la jaquette. Les écrans de chargement, tout aussi roses et servis de citation sur l’amour de grands auteurs ou de personnage du jeu sont aussi à saluer.

Écran de chargement aux citations bien choisies.

Écran de chargement aux citations bien choisies. ©SEGA ©ATLUS

Et un autre sens que la vue mais tout aussi important, Catherine: Full Body charme aussi les oreilles. Déjà évoqué plus tôt, la version japonaise du doublage est remplie de grands noms ! A la liste ci-dessus, on peut rajouter Takehito KOYASU (Dio Brando de Jojo’s Bizarre Adventure entre autre) pour le personnage de Jonny, Kôichi YAMADERA (Spike Spiegel dans Cowboy Bebop) pour Vincent Brooks ou encore Norio WAKAMOTO (Cell dans Dragon Ball Z, rien que ça) pour le patron du Stray Sheep. Catherine : Full Body propose aussi un doublage en anglais avec des doubleurs qualifiés. Côté bande originale, Shoji MEGURO nous a concocté un savant mélange d’ambiances : durant la nuit, des morceaux de musiques classiques remixés accompagneront vos ascensions musclées, la journée, des compositions plus calmes, très souvent ambiance jazz, seront à vos côtés dans vos escapades arrosées.

 Il va sans dire que Catherine : Full Body est un beau jeu. Comme dans ses autres séries, Atlus se concentre plus sur le style du jeu au détriment de graphismes parfois datés. Mais il ne faut pas oublier que Catherine : Full Body est un remake d’un jeu de 2011, il est donc logique que certaines scènes paraissent désuètes. Mais au-delà de l’enrobage, qu’en est-il du gameplay et du scénario ?

Vous resterez bien pour un dernier verre ?

Vincent papote avec sa bande au Stray Sheep

Vincent papote avec sa bande au Stray Sheep ©SEGA ©ATLUS

Les phases de jours et de soirées au Stray Sheep apportent des instants de pauses bienvenues. Chaque matin lors du réveil de Vincent, on assiste à une suite de cinématiques, souvent de longues discussions. Ensuite vient le Stray Sheep, les activités, et les discussions, cette fois-ci optionnelles. Et cela chaque jour, sans variation. Cette fragmentation de la progression donne un rythme haché à Catherine : Full Body qui n’encourage pas les longues sessions de jeu mais qui renforce l’aspect vie quotidienne de l’histoire que l’on suit. Les parties de puzzle la nuit sont construites de la même manière : un niveau de puzzle, une pause sur le palier inter-niveau puis un niveau de puzzle, etc. Bien que Catherine : Full Body soit à la base un jeu salon, son aspect fragmenté correspond plus à un jeu portable. Atlus l’a bien compris en le sortant sur PsVita (malheureusement uniquement au Japon) et la possibilité de portabilité de la Switch est donc la bienvenue.

Les débuts dans le monde des cauchemars sont assez éprouvant, appréhender les mouvements de Vincent et la physique des blocs ne se fait pas en une seule partie. Certains passages des premiers niveaux peuvent paraître frustrants : rester bloqué devant une tour à répéter des mouvements au hasard pour essayer de s’en sortir n’est pas très agréable. Néanmoins, la courbe de progression s’avère au final assez rapide, notamment grâce à un groupe de moutons salvateurs qui, à chaque palier, nous informe de techniques indispensables pour mieux escalader. Passé le premier mur, Catherine : Full Body reste un puzzle platformer complexe mais tout à fait réalisable même pour un néophyte du genre. Et pour ceux vraiment allergiques aux puzzles mais voulant tout de même profiter de l’histoire, des modes « simple » jusqu’à « très simple » sont disponibles.

Un érotisme omniprésent dans Catherine : Full Body

Un érotisme omniprésent dans Catherine : Full Body ©SEGA ©ATLUS

L’histoire de Catherine : Full Body vaut en effet le détour. Les thèmes matures qu’elle aborde se font très rares dans l’industrie du jeux vidéo. Hors-jeu indépendant, nous n’avons pas pas de souvenirs d’un jeu parlant mariage, crise de la trentaine et sexualité de la sorte. Au-delà des thèmes, l’ambiance du jeu est elle aussi unique. On parle là d’un drame romantique sur fond d’horreur et d’érotisme, avec la patte Atlus évidente (démons, dieux, apparition d’un nouveau monde la nuit). Ayant emprunté des mécaniques aux dating simulator, il est logique que Catherine : Full Body possède des fins alternatives pour chaque protagoniste féminin. Le jeu n’est ici pas avare en contenu avec une dizaine de conclusions différentes, des fins inédites pour les personnages déjà présents dans la version de base et même des nouveaux niveaux pour le scénario centré sur Rin. Vous en avez donc pour pas mal d’heures (environ 12h pour une première partie complète) rien que pour le mode histoire, le mode Babel se rapprochant plus d’un jeu mobile avec ses niveaux générés procéduralement on pourrait même parler de contenu infini… en exagérant.


Sans être parfait, Catherine : Full Body est un jeu dont on ne trouverait pas un autre similaire. Son originalité suffit déjà à faire de lui un jeu sur lequel se pencher. Si on rajoute à cela une direction artistique et un chara-design plus que soignés, malgré les problèmes de rythme et les quelques soucis techniques sur Switch (il arrive que le jeu plante lors du lancement sur le menu principal donc sans danger pour les sauvegardes), Catherine: Full Body est un grand plus dans la ludothèque Nintendo.

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