Les images dérisoires : le manga, un art qui s’affiche !

Ancien libraire spécialisé en BD & Manga, James Brissac fonde en 2018 la maison d’édition Les Images Dérisoires, spécialisées dans les affiches d’art sur le thème du Japon et des manga. Il travaille depuis avec des mangaka comme Tony Valente (Radiant) ou encore avec Leiji Matsumoto (Albator) et lance régulièrement des nouvelles collaborations et affiches : Osamu TEZUKA, de nombreux artistes des éditions Ki-oon ou tout dernièrement le bien connu Maliki.

L’affiche d’art dans le domaine du manga étant rarissime, nous sommes donc allés lui poser quelques questions et avons rencontré un passionné, que nous vous laissons découvrir à votre tour !

 

Bonjour James, et merci pour votre temps. Tout d’abord, commençons par vous : à quand remonte votre lien avec le Japon, comment est-il né et a-t-il grandi ? 
James & Hosoda

Photo de James Brissac avec le réakisateur japonais, Mamoru Hosoda 2019

Etant né en 92, mon premier lien avec le japon va se faire à travers l’animation et les jeux vidéo mais sans réellement savoir qu’ils avaient été produits au Japon. C’est au collège/lycée après avoir lu mes premiers manga, vu mes premiers animes et fini mes premiers jeux japonais que je me suis dit « woaw cette culture m’intrigue et me fascine ! »

 

Même aujourd’hui je cherche à en savoir toujours plus sur cette dernière, à la fois si éloigné et si proche de la nôtre.. 

Quelles sont les œuvres japonaises clés qui vous ont marqué ? 

Il y en a plusieurs : Pokémon et Shaman King pendant mon enfance, Naruto et Gurren Lagann durant mon adolescence ou encore Hunter x Hunter, L’attaque des titans,… Etant libraire à la base, j’ai pu m’ouvrir à énormément de titres comme Gegege no Kitaro, des titres de Osamu TEZUKA et en parallèle prendre la mesure de la prouesse que sont Radiant ou Dreamland.. 

Vous êtes en effet un ancien libraire spécialisé en BD & Manga, quel a été votre parcours pro ? 

J’estime être chanceux, j’ai souhaité devenir librairie spé, une après midi sur mon canapé… J’avais pris le risque de prendre une année sabbatique après mon bac pour réfléchir à ce que je voulais faire. Tant qu’à faire un métier, autant qu’il me passionne. C’est à ce moment que je me suis rempli de motivation et surtout de détermination. 

J’ai eu la chance d’obtenir un poste à ALBUM où j’ai pu faire mes armes de 2012 à 2018. 

Les images dérisoiresEt enfin, vous avez fondé en 2018 la maison d’édition Les Images Dérisoires. Pourquoi quitter le monde de la librairie pour vous lancer dans cette aventure, quel a été le déclencheur ?
C’est plutôt le monde de la librairie qui m’a quitté, la librairie où je travaillais depuis 2012 a du fermer, suite à une mauvaise gestion du PDG. Je me suis donc posé la question suivante : Que veux tu faire désormais ? La réponse était simple : de continuer à graviter autour de la sphère manga. J’aime beaucoup l’image, j’était déjà un grand collectionneur d’artbook. Chez Album la librairie était assez grande pour vendre des affiches d’art liée à la BD, je me suis dit « wow j’adorerais voir ça avec des illustrations sur le japon, ou sur certains mangas« .

Les images dérisoires, c’est une traduction du mot mangaEst-ce que c’est juste un clin d’œil, une pointe d’ironie, un sens plus profond derrière le choix de ce nom ? 

Un peu des trois, en fait. Déjà, oui, il s’agit bien d’un clin d’œil, bien entendu. 

La pointe d’ironie aussi, effectivement, car le manga n’avait pas bonne presse à l’époque de son arrivée en France. Aujourd’hui il est indéniable que le manga s’est enraciné dans le paysage culturel français. 

Pour la raison plus profonde, elle vient de l’origine du terme manga, je suis un grand fan de l’Ukiyo-e et de Hokusai, à qui l’on peut attribuer la paternité du terme Manga. c’est un artiste qui a fait découvrir l’art japonais au reste du monde (l’Europe) et qui continue de le faire, même encore aujourd’hui. 

Je reprends la description de votre site web : Les images dérisoires est une maison d’édition spécialisée dans les affiches d’art sur le manga & le Japon, avec une ligne éditoriale forte. Les affiches d’art, pour ceux qui ne connaissent pas : où les situer entre un poster cadeau dans un magazine et un tableau de peintre ? 

L’affiche d’art ou l’art print c’est des reproductions de qualités avec un papier dit Fine art, le même qui est utilisé par des photographes ou des musées. On s’assure d’avoir la meilleure qualité possible avec l’atelier d’impression parisien avec lequel nous travaillons. 

 Affiche Cobra  Affiche Radiant

Deux affiches d’art parmi les nombreuses disponibles aux Images Dérisoires

 

Le marché de l’affiche d’art est assez peu connu des amateurs de manga, en raison de la pauvreté de l’offre autour de cette bande dessinée. Est-ce que c’est aussi rare dans le milieu de la BD, ou est-ce qu’il y a des gros freins spécifiques au média manga, comme la langue ou les ayants-droits à l’autre bout du monde ?

Les ayants droits sont très compliqués à atteindre ou à convaincre car, il n’y a pas vraiment d’offres contrairement à la BD. La demande est bien réelle, le plus dur n’est pas de satisfaire les clients mais plus les détenteurs des droits. 

Question plus technique : qui dit produit de qualité, ce que vous revendiquez, dit papier qui va avec. C’est le papier Fine Art chez vous : pouvez-vous expliquer à nos lecteurs la qualité de ce papier justement ?

Nous travaillons avec un atelier d’impression Français situé à Paris. Pour mesurer ce qu’est un papier de qualité Fine Art, il s’agit tout simplement d’une qualité qu’utilise les musées ou les photographes professionnels pour faire des reproductions. Il est important de combiner un savoir-faire en termes d’impression et un papier spécifiquement conçu pour ce type d’usage.

Astro d'Osamu TEZUKA

Technique toujours : l’impression, comment est-elle réalisée chez vous ?
Il y a plusieurs techniques, comme la lithographie, la sérigraphie, l’offset ou l’impression numérique. Nous fonctionnons pas mal à l’impression numérique grâce à l’expertise de notre Imprimeur. Nous aimerions dans un avenir proche avoir des tirages réalisés à la main avec des sérigraphes français. 

Comment fixez-vous les prix de vos affiches et quelle est la part qui revient à l’artiste en général ?
C’est un peu un secret professionnel (rire) mais les facteurs vont être les coûts liés à la réalisation du tirage, prix du papier, conditionnement, logistique, frais de transport. mais surtout aussi la part négociée par l’artiste ou l’ayant droit (les droits d’auteurs ou le coût de la licence). Mais le plus délicat c’est la notoriété de l’artiste, qui peut ou non refuser que sont travail soit vendu aussi cher ou bien aussi peu cher. Il faut trouver la bonne alchimie ! 

Je reprends votre topo : Une ligne éditoriale fortece passage m’intrigue, quelle est cette force dont vous parlez ?
La ligne éditoriale, c’est le Japon et le manga, nous souhaitons promouvoir au mieux le travail des mangakas comme Leiji Matsumoto. Et avoir des représentations du japon, authentiques comme avec nos tirages de l’artiste Shinji TSUCHIMOCHI. 

Albator

Albator alias Captain Harlock

 

En parlant de ligne édito, vous avez deux collections, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Manga art et Japan art, la première est assez simple elle reprend des illustrations iconique tiré de mangas, comme nos affiches sur Radiant, Captain Harlock ou certains mangas publiés chez Ki-oon.

La seconde, ce sont des représentations du japon par plusieurs prismes : sa culture ou sa pop culture, son histoire ou son folklore. 

Tsuchimochi 1

100 vues de Tokyo par Shinji Tsuchimochi

Après le concept, vos débuts : ça ne doit pas être évident de débarquer pour demander à des auteurs parfois reconnus de faire des affiches pour vousComment les premiers projets se sont mis en place ? 

Les premier projets ont pu aboutir grâce à mon réseau mais aussi à beaucoup de chance et de détermination, il n’était pas facile de convaincre certains artistes, ou ayants droits, merci à eux pour leur confiance !

Comment fonctionnent désormais vos collaborations : êtes-vous toujours à l’initiative du projet, est-ce toujours du travail de commande, etc ? 

Pour le moment je suis exclusivement à l’initiative, je ne pense pas être assez connu pour que le contraire soit possible, j’espère qu’avec le temps, les ventes et la satisfaction des clients et des artistes avec qui j’ai pu collaborer, certain refus que j’ai essuyé revienne d’eux-mêmes me proposer des projets.

C’est sans doute un choix impossible mais parmi les différentes affiches de votre catalogue, laquelle serait la plus symbolique de votre travail, de ce que vous voulez réaliser avec les Images dérisoires ?

Les affiches avec Shinji TSUCHIMOCHI car il à été le premier à accepter de travailler avec Les Images Dérisoires et ensuite l’illustre Leiji MATSUMOTO qui à accepté lui aussi de travailler avec moi et qui à deux reprises m’a accordé de son temps pour discuter et signer les affiches. Encore merci à eux et à tous les autres artistes et ayants droits. 

Toyoiwa Inari Shrine par Shinji Tsuchimochi

Toyoiwa Inari Shrine par Shinji Tsuchimochi

Pour finir, au bout de 3 ans ou presque d’existence, comment regardez-vous le chemin parcouru et comment regardez-vous l’avenir ? 

Le Codiv-19 à été très compliqué à gérer énormément de projets sont tout simplement à l’arrêt. J’ai ouvert depuis peu une librairie manga à Montargis : Le Daruma Shop. 

Daruma shop

Nous allons continuer plus que jamais à éditer des affiches qui, je l’espère, plairont au lecteurs et lectrices de manga français. Nous avons plusieurs très beaux projets et concepts à venir !

Merci encore pour votre temps et longue vie aux affiches d’art des Images Dérisoires, un concept encore trop rarement répandu !

Vous pouvez suivre l’aventure des Images Dérisoires via leur site web, leur blog ou les réseaux sociaux Facebook, Twitter ou Instagram et aller les rencontrer au Daruma Shop.

Remerciements à James Brissac pour son temps.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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