Le Château solitaire dans le miroir : Vous n’êtes pas seul !

Révélé avec Un été avec Coo, Keichi HARA est un réalisateur qui a habitué le spectateur à une certaine audace visuelle. Si son précédent film Wonderland, le royaume sans pluie sorti en 2019 avait divisé, on se souvient encore de Miss Hokusai mais aussi bien évidemment, de Colorful dont le sujet résonne avec celui du présent film. Avec Le Château solitaire dans le miroir, qui sort dans les salles françaises en cette rentrée (le 6 septembre), il nous livre un film plus sage esthétiquement, mais porté par un propos qui lui tient énormément à cœur. Un message d’espoir et de soutien pour les enfants victimes de harcèlement scolaire.

©2022 «Lonely Castle In the Mirror» Film Partners

Kokoro, jeune collégienne recluse chez elle pour échapper au harcèlement scolaire dont elle est victime, se retrouve transportée, via le miroir de sa chambre, dans un véritable château de conte de fées. Une mystérieuse fillette au masque de louve l’y accueille et lui propose de participer, en compagnie de 6 autres adolescents transportés ici comme elle, a une sorte de chasse au trésor. Celui ou celle qui parviendra à trouver une clé cachée dans le château, dans l’espace de l’année à venir, verra son souhait le plus cher exaucé. Tout au long de cette année, Kokoro va se rendre quotidiennement dans ce château et apprendre à connaître ses camarades, ce qui les lies, et a démêler le mystère qui entoure leur présence dans ce lieu.

Qui est donc la mystérieuse enfant au masque de louve ? ©2022 «Lonely Castle In the Mirror» Film Partners

Une main tendue aux enfants en souffrance

Alors que d’autres films et séries ont abordé le sujet du harcèlement scolaire de manière très audacieuse voire foudroyante ces dernières années (A Silent Voice et Wonder Egg Priority en particulier), Keichi HARA fait ici volontairement le pari inverse de la simplicité. Un choix qui se justifie par sa volonté affichée de s’adresser à un public bien spécifique : celui de l’âge des personnages qui sont mis en scène dans le film, soit des collégiens et collégiennes.

Il ne s’agit donc pas là de créer le malaise ou d’asséner un coup de poing à un public plus adulte ou d’attirer l’attention sur le sujet en faisant un film-choc, mais plutôt de tendre la main aux jeunes qui peuvent traverser de telles difficultés et de leur faire parvenir un message d’encouragement. A ce titre, le discours du cinéaste lors du festival d’Annecy était éloquent. Il y rappelait le nombre d’enfants – 514 – qui avaient mis fin à leur jour en 2022.

Ils sont 7 à avoir été convoqués dans ce château mystérieux ©2022 «Lonely Castle In the Mirror» Film Partners

Sans détourner le regard du problème, il se dégage du film une certaine douceur et véritable bienveillance. HARA livre ainsi une œuvre certes plus classique dans sa facture et son propos, mais très touchantes sur le harcèlement scolaire et la difficulté que peuvent rencontrer beaucoup de jeunes adolescents à affronter leur quotidien à l’école.

Une intrigue à énigme qui repose sur ses personnages

Le film est adapté d’un roman ayant rencontré un énorme succès dès sa sortie en 2017 (écrit par Mizuki TSUJIMURA), et le scénario en lui-même est très soigné, distillant tranquillement son mystère jusqu’à une résolution qui finira par permettre à l’ensemble des pièces du puzzle de s’emboîter, et ajoute au plaisir des spectateurs qui démêle la pelote en même temps que les personnages, voire en avance, mais sans que cela n’enlève rien à l’émotion. On se gardera d’ailleurs d’en révéler plus, tant cet aspect énigmatique du scénario participe au plaisir de suivre l’histoire.

Au fil des mois, ils vont apprendre à se connaître dans ce château qui va devenir leur refuge ©2022 «Lonely Castle In the Mirror» Film Partners

Mais le point fort du film réside en ses personnages : si Kokoro reste le point d’ancrage central des spectateurs, notamment du fait de la nécessité de condenser l’intrique du roman en un film de 116 minutes, l’écriture de ses 6 camarades reste subtile et soignée. Chacun.e possède sa personnalité et ses problématiques propres, qui seront dévoilées et permettront à Kokoro comme au public de s’y attacher. Ce sont ces personnages, Kokoro en tête, qui confèrent au film son aspect chaleureux.

Le Château solitaire dans le miroir est donc un très joli film, qui se présente sous la forme d’un conte modernisé certes loin d’être révolutionnaire dans sa facture, mais qui traite son sujet avec subtilité et reste hautement recommandable, tout particulièrement pour les jeunes spectateurs qui seront certainement touchés par le message de Keichi HARA à leur égard.

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