Sword Art Online : Alicization, un tout autre monde à découvrir
Nul besoin de vous présenter Sword Art Online, la série de light novel extrêmement populaire de Reki KAWAHARA que vous pouvez retrouver aux éditions Ofelbe. Nous allons parler ici de la saison 3 de l’anime, qui ne comporte cette fois-ci qu’un seul arc : Alicization. En comptant le film Ordinal Scale, il s’agit du septième arc adapté, et il serait bien sûr préférable d’avoir vu les autres pour apprécier pleinement cette saison. L’article sera divisé en deux parties. Une première partie qui traitera seulement de l’épisode 1 pour éviter les spoils, et une seconde partie qui plongera plus en détail dans l’analyse et la critique.
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(Article initialement écrit en 2018 quand la série était diffusée sur la regrettée plateforme de simulcast Wakanim. À présent la série est disponible en DVD et BR chez @Anime.)
Pourquoi se lancer dans ce nouvel arc ?
Alicization est l’arc le plus long de la saga de light novel, et totalise une dizaine de volumes, soit plus que tous les autres arcs adaptés en anime réunis. Voilà pourquoi il semblerait qu’il ait finalement droit à une adaptation en deux saisons plutôt qu’une seule. Kirito travaille toujours pour Seijirô Kikuoka, fonctionnaire du gouvernement spécialisé dans les technologies de réalité virtuelle. Mais l’équipement qu’il expérimente cette fois-ci est bien différent des précédents.
Au début de la saison, on retrouve Kirito, enfant, qui coule des jours paisibles dans le village de Rulid en compagnie de deux de ses amis : Eugeo et Alice. Est-ce réellement Kirito ? Après tout, il ne semble avoir aucun souvenir du personnage que l’on connaît, et vit dans un monde de fantasy. Ce premier épisode d’environ une heure finira par apporter des réponses, ainsi que bien d’autres questions, et nous entraînera instantanément dans ce qui s’annonce comme le plus surprenant des arcs de SAO.
La touche Alicization
Les arcs se suivent mais ne se ressemblent pas. Sword Art Online est bien connu pour diviser les fans, car chaque arc a sa propre identité, et l’auteur n’hésite pas à faire drastiquement changer le ton de l’histoire. Alicization ne fait pas du tout exception de ce côté-là. Il introduit un monde avec des règles plus stupéfiantes que ce que l’on avait connu jusqu’alors. De manière générale, la série est plus sombre, les thèmes abordés poussent à des réflexions plus poussées, la violence devient telle que certains épisodes sont précédés d’un disclaimer, et la série ne convient plus aux âmes sensibles. Félicitons aussi le staff pour leur décision d’abandonner toute trace de fan service dans cette saison. Il n’est même plus question de harem, car l’histoire se focalise surtout sur une amitié entre deux garçons (que d’aucuns qualifieraient « bromance »). Les combats sont toujours au rendez-vous, et sont magnifiques. Mais ils ne font pas la force de cette saison, qui réussira mieux à nous happer émotionnellement en nous montrant un jeune homme qui s’occupe de ses fleurs. De l’action, de l’émotion, et beaucoup d’interactions entre les personnages qui en disent longs sur nous et notre société, voilà ce que vous réserve Alicization.
La bande-son
Comme d’habitude, on retrouve Yuki KAJIURA qui s’occupe de l’OST. La compositrice donne à cette saison une valeur ajoutée qui justifie qu’on ne s’arrête pas au light novel. On s’immerge de suite dans ce nouveau monde grâce à cette bande-son envoûtante : le calme d’un petit village, et les mystères d’un univers rempli de magie et de fantastique. Que ce soit pour les moments tristes ou les combats, il y a toujours de grandes compositions qui subliment l’intensité de la situation. Parfois même, la simple apparition d’une nouvelle arme est si bien accompagnée musicalement que la scène en devient épique. Le moment phare du premier épisode a aussi son propre ost qui lui est dédié, et il permet de faire entrer ce passage dans la légende. N’oublions pas non plus que comme la coutume le veut, cet arc a aussi le droit à sa version du thème principal de l’anime, et dans celle-ci, on a rajouté des chœurs, ce qui s’avérait être une bonne idée. Chose rare mais notable, même les effets sonores ont une touche unique qui confèrent une identité propre à cette saison.
N’oublions pas non plus les génériques. Histoire de marquer le coup, l’opening est chanté par LiSA, et l’ending par Aoi Eir, à savoir les deux chanteuses signatures de l’anime Sword Art Online. Et inutile de dire que les deux morceaux sont parfaits. Après cela, difficile de penser que l’on pourrait faire mieux pour la deuxième partie de la saison. Et pourtant, c’est la chanteuse ASCA qui s’occupe de l’opening, et il est du genre à rester en tête. Pour le second ending, forget-me-not, c’est ReoNa qui s’y colle. Révélée par le spin-off Sword Art Online Alternative : Gun Gale Online, la jeune chanteuse nous propose un nouveau titre émouvant, mais pas autant que l’insert song qu’elle réserve pour la fin de l’anime.
Direction artistique et animation
Les musiques de cette saison sont largement à la hauteur des saisons précédentes, mais qu’en est-il des dessins et de l’animation ? En voyant le premier épisode, vous ne pourrez vous empêcher de remarquer ce qu’il en est : un univers fabuleusement coloré, une myriade de paysages enchantés qui font honneur à la magie que livraient les descriptions du light novel. Le chara design est le même que les saisons précédentes, mais il est particulièrement soigné. Après tout Alicization fait suite au film Ordinal Scale, et même si l’animation n’est pas au niveau du film, nous ne sommes pas loin de la qualité cinématographique. Il est clair que A-1 Pictures a mis le budget pour sa poule aux œufs d’or. Le chara design est lui aussi somptueux, tout en restant sobre. Sur le plan technique, on peut largement encenser cette saison, qui n’a rien à envier aux précédentes.
Découvrons plus en détail ce premier épisode (spoil mineur)
Mais qu’est-ce qu’une forme sans son fond ? Alicization a encore des arguments en réserve. Parlons tout d’abord de ce qui est révélé dès le premier épisode. Kirito teste en réalité un nouveau programme développé par Rath. Il s’agit d’Underworld (en référence à Alice au pays des merveilles). Cette technologie utilise la fluctlight, une lumière que produit notre cerveau et qui pourrait être considéré comme l’âme. La fluctlight permet d’accéder à ce nouveau monde d’une manière inédite. Cela revient pratiquement à envoyer son âme dans un monde artificiel. Voilà en quoi cet arc est bien plus un isekai que les précédents. On voyage dans ce nouvel univers comme si c’était un rêve, et on ne garde aucun souvenir de ce qui s’y passe. Et à l’inverse, la mémoire de notre vie réelle est inaccessible pendant la plongée. Peut-on encore parler de jeu vidéo dans ces conditions ? C’est une des nombreuses questions que pose cet arc quant à notre avenir. La technologie n’est pas montrée comme quelque chose de terrifiant, mais on ressent que l’auteur s’y intéresse avec une grande curiosité et une certaine affection. Cependant, cette fois-ci, les problématiques philosophiques vont plus loin, mais on y reviendra plus tard.
Le monde est régi par la table des interdits, une loi supérieure implacable qui a façonné la civilisation depuis bien longtemps. Mais comment le temps avance dans ce monde ? Et comment différencier les PNJ des personnes réelles ? Le mystère est entier. D’autant plus que la magie fonctionne avec une interface rappelant les MMORPG, et que les incantations proviennent de l’anglais. La vie dans l’Underworld ne paraît pourtant aucunement différente de celle dans un véritable monde de fantasy.
Alice et Kirito sont du genre fougueux et vont partir avec leur ami Eugeo en quête de glace dans une grotte donnant sur le Dark Territory, un endroit malfamé dont l’accès est totalement interdit. Alice y met malheureusement les pieds par mégarde, et se retrouve coupable d’avoir enfreint la Loi. Un chevalier de l’intégrité, au service de l’Eglise d’Axiome (le pouvoir qui régit ce monde), arrête la fillette, et la condamne à mort. En tentant de protéger Alice avant qu’elle ne soit emmenée à la capitale, Eugeo se rend compte qu’une force mystérieuse l’empêche de se rebeller. Impuissant, Kirito se réveille dans le monde réel.
Dans la réalité, il se fait agressé un soir par le dernier membre des Laughing Coffin restant (guilde d’assassins de Sword Art Online), et finira empoisonné. Il sera placé en coma artificiel tant son état est grave. Mais Kikuoka a d’autres projets pour lui. Même dans son état, Kirito peut rejoindre l’Underworld.
Ici-bas dans l’Underworld (spoil majeur)
Les intrigues multiples et l’univers foisonnant
Le début de l’histoire est particulièrement efficace. A l’aide de cet épisode pilote de 40 minutes, on n’a qu’une envie en tête : découvrir la suite. Et dès l’épisode 2, plus de trace de la réalité. On ne sait pas ce qui est arrivé à Kirito, mais le voici à nouveau dans l’Underworld, avec toute sa mémoire. Tant mieux car l’intrigue dans ce monde est poignante, et c’est presque avec déception qu’on retrouve la réalité dans certains épisodes. Elle est pourtant nécessaire. On y apprend que beaucoup de choses s’y mettent en place, l’implication d’Asuna est pour l’instant anecdotique, mais tout présage qu’elle finira par jouer un rôle décisif. Car l’histoire se fait sur plusieurs fronts : sauver Alice et renverser le pouvoir, sauver l’Underworld de ce qui l’attend, et bien sûr sauver Kirito (et peut-être Rath) d’un complot militaire dont on ne sait encore que peu de choses.
L’univers est extrêmement riche et ne saurait être entièrement développé dans l’anime. Pourtant, ce dernier tente d’introduire quelques éléments nécessaires à la compréhension de l’histoire, mais cela implique des scènes assez longues d’explications dont on se passerait bien. L’action dans le monde réel est, comme précisé plus tôt, moins intéressante du point de vue du spectateur. Mais toutes ces longueurs sont malgré tout vitales pour le récit, et on ne leur en tiendra pas rigueur. Tout ce qui concerne la réalité va jouer un rôle sérieux dans la prochaine saison, et l’on se demande tous quel est le lien avec l’Underworld, car oui, tout est lié, et Alice semble être la clé de voûte de cet arc (bien que l’on s’y attendait).
Du drame humain réussi
C’est avec quelques regrets que des personnages comme Asuna, qui était centrale dans le dernier arc de la saison 2, ont beaucoup moins d’apparitions. Mais c’est tout à fait justifié. Cette absence va jouer un rôle dans le développement de Kirito, qui va devoir être loin de tout ce qu’il a connu pendant plus de deux ans. Ce qui nous amène aux Zéphyria, ces fleurs fictives dont s’occupe notre héros. La fameuse scène de l’épisode 8 est assez atypique, mais apporte un moment de poésie très appréciable. Une poésie que l’on retrouve aussi dans l’histoire du personnage de Charlotte. Les lecteurs du light novel reprocheront d’ailleurs qu’on ne leur accorde pas assez de temps dans l’anime. En particulier dans le cas de Charlotte dont le développement est à peine raconté, là où dans l’œuvre originale, il arrive que le récit soit de son point de vue. Comme souvent, il est difficile d’adapter un light novel pour ces raisons, car le rythme d’un anime doit être suffisamment soutenu, quitte à passer à la trappe certains éléments jugés moins importants. Mais cet anime ne démérite pas, en ce qu’il a pu quand même transmettre l’émotion du light novel. N’oublions pas non plus la fille de l’ascenseur, et les morts tardives de cet anime. La saison se conclut d’ailleurs sur l’une des plus tristes de la saga, et ce, pour bien des raisons.
En garde !
Certains reprocheront aux combats de l’anime d’être trop expéditifs. Des affrontements qui se finissent en quelques secondes sont pourtant tout ce qu’il y a de plus réaliste. Mais le light novel s’attarde plus sur des techniques à l’épée, et des rapports de force entre elles qui n’ont pas pu être expliquées dans l’anime (ni dans les saisons précédentes d’ailleurs). Le schéma des combats dans Alicization Rising rappelle un peu Saint Seiya, où les protagonistes affrontent successivement tous les chevaliers qui gardent une demoiselle aux cheveux lavandes. Créer plus de tension de ce côté-là aurait encore rallongé l’anime, et, bien que les combats soient intéressants, ils ne sont pas exceptionnels.
En plus des arts à l’épée auxquels nous étions habitués, l’ajout des incantations systèmes rajoutent un élément intéressant et pleins de répliques fortes que l’on associe à l’anime (notamment le Remove Core Protection). Mais la véritable nouveauté (car la magie est déjà présente dans Fairy Dance), c’est le pouvoir de l’imagination. Un pouvoir qu’utilisent tous les personnages d’anime qui boostent leur force en prononçant de grands discours, mais cette fois-ci, aller au delà des limites de la technologie est justifié par ce nouveau système, qui, même s’il peut paraître capillotracté, est bien exploité tout au long de l’anime. Rajoutons à cela des adversaires aussi dignes qu’honorables dans la grande majorité, et l’on obtient de très bons duels.
Gore, viol et dérangeant
Alicization n’a rien d’un anime d’horreur certes, mais comme précisé plus tôt, certaines scènes sont trop crues pour un public jeune ou sensible. Le gore de certaines scènes est assez sobre, mais encore plus terrible tant il est banalisé. S’il y a bien un épisode inoubliable, il s’agit du dixième, où l’on assiste à une scène de tentative de viol sur lequel l’anime insiste beaucoup. On se met facilement dans la peau de Eugeo, qui ne supporte rapidement plus cette vision cauchemardesque. La scène où il perd son œil est certainement une des plus importantes et une des plus réussies de l’anime. Mais le prix du moment le plus traumatisant revient à la mort dérangeante de Raios, dont la fluctlight ne supporte pas un paradoxe. Et quand on parle de contenu difficile, on peut aussi citer l’histoire des deux jeunes filles qui tentent de capturer nos héros. Leur passé est des plus affreux, et, de la même façon que pour le Sénat, leur calvaire met l’emphase sur la monstruosité d’Administrator.
Administrator, un étrange antagoniste
Quinella, de son vrai nom, nous apparaît tout d’abord comme une demoiselle en détresse au sommet d’une tour. C’est du moins ce que suggère le premier opening. Sa beauté, sa voix et même son thème ne l’indiquent pas forcément comme une méchante. Pourtant, les antagonistes de Sword Art Online sont tous détestables, et Administrator est loin de faire exception. L’introduire par un flashback est assez intéressant, car on se place de son point de vue et on pourrait presque développer de la sympathie. Finalement, on ne découvre en temps réel le personnage que quand Eugeo la rencontre à l’épisode 19. Et la fin de cet épisode est assez mémorable pour créer de l’aversion envers Administrator, notamment pour le malaise qu’elle induit chez le spectateur.
A la manière de Cersei de Game of Thrones, elle fait passer ses intérêts avant ceux de son peuple et le condamne à être écrasé par l’armée du Dark Territory. Ce n’est pourtant, d’une certaine façon, qu’une antagoniste transitoire, avant que le commando armé du monde réel, et les créatures du Dark Territory prennent le relais. Néanmoins, on apprend à la haïr au fur et à mesure de ses méfaits, et on est témoin de la démesure de ses désirs. Un développement réussi en somme, car on finit par la comprendre pour mieux la condamner. Et le châtiment qui l’attend à la fin de la saison est son purgatoire. Sans tirer sur la ficelle du fan service, la nudité quasi-permanente de l’Archevêque suprême met l’emphase sur le culte qu’elle voue à elle-même et son propre corps. Et le désir qu’elle a suscité finit par la perdre quand Chudelkin, ce personnage plus malsain qu’Humpty Dumpty lui-même, décide de se récompenser pour ses loyaux services. Une fin pénible à regarder pour ces deux personnages, qui provoque un certain dégoût, plutôt que de la satisfaction, ce qui est bien joué, encore une fois.
La dualité du monde nous fait réfléchir en ce qu’elle paraît être toute puissante dans le monde des Hommes, mais n’est pas une grande menace pour le monde des Ténèbres. Elle n’est même qu’un simple amas de données dans la réalité. Mais cela ne l’arrête pas là. Administrator a pris conscience du monde réel et compte manifestement le rejoindre. Mais qu’est-ce que cela signifiait ?
Alice, la question de la mémoire
Entre la jeune fille du premier épisode et le chevalier de l’intégrité, il n’y a que peu de ressemblances. D’une certaine façon, on peut très bien considérer Alice Schuberg comme morte. Sauf si bien sûr, Alice Synthesis Thirty décide de retrouver sa mémoire. Mais la fin de l’anime semble indiquer que les deux ne pourront pas exister simultanément. Le chevalier d’Osmanthe évolue rapidement dès sa première apparition, et montre de nombreuses qualités. Outre le fait que son thème de combat est un des meilleurs de la saga, Alice force le respect en se rebellant contre Administrator, tout en démontrant une piété sans limite.On s’attache rapidement à cette jeune fille qui cherche désormais à revoir sa sœur, mais sommes-nous prêts à abandonner la mémoire qui lui a été volée ?
Tout comme Sinon, Alice ne fait pas que tomber dans le harem de Kirito, et on a hâte de la retrouver pour la prochaine saison, où le rôle qu’elle jouera sera encore plus important.
Eugeo, le véritable cœur de cette saison
Le garçon dont le chara design rappelle Kirito est un protagoniste aussi central que ce dernier. Tout comme les deux autres personnages principaux, il est symbolisé par une fleur : la rose bleue, synonyme d’impossibilité, mais aussi de rêve devenu réalité. Il va évoluer comme personne dans ce récit. Du faible bûcheron, il finira par être le premier à affronter Administrator. Son potentiel est même sous-entendu comme supérieur à celui de Kirito. Mais ses défauts le rattrapent à plusieurs reprises. Il est animé par la haine, et surtout la convoitise. Mais sa bonté naturelle et la force de ses expériences va le pousser à faire fi de ses défauts quand il le faut.
Il va tisser des liens avec une multitude de personnages : Golgorosso, son mentor, Tizée, sa disciple et même plus encore, et Selka à qui il a promis qu’ils rentreraient tous les trois sains et saufs. Sa relation avec Kirito est aussi particulièrement développée. Après tout ce temps, ils se considèrent réciproquement comme des meilleurs amis. Et l’influence de Kirito est visible sur lui. Pourtant, certains mystères demeurent. Son passé n’était-il qu’une invention d’Administrator ? Après tout, il aurait violé la table des interdits si ce n’était pas le cas.
Voir Eugeo du côté des chevaliers était un plot twist impressionnant, mais cela ne dure pas, et c’est à première vue décevant. Mais d’une certaine façon, que cette situation soit désamorcée aussi vite montre la ferveur sans limite du jeune homme, qui n’avait au début de l’aventure pas la moindre volonté propre. Il va même jusqu’à sacrifier sa vie pour son idéal, laissant derrière lui tout ce qu’il avait commencé. Sa mort était pour cette raison particulièrement surprenante. Là où nous l’attendions rentrer avec Kirito et Alice, comme il l’avait promis à Selka, puis pourquoi pas finir avec cette dernière, ou bien Tizée. Nous pouvions déjà l’imaginer se battre contre l’armée du monde des ténèbres, et trouver un moyen de rejoindre la réalité avec Kirito. Mais tout cela s’interrompt au moment même où Eugeo comprend qu’il est le seul à pouvoir en finir avec Administrator. Il renoue à la fin avec son souvenir perdu, et pousse Kirito à continuer d’avancer. Sword Art Online ne gâche jamais les morts, et avec Eugeo, il nous propose à nouveau une scène émouvante que les fans n’oublieront pas de sitôt.
L’intelligence artificielle, la grande question
Eugeo, comme la plupart des personnages, est une intelligence artificielle bottom-up, c’est-à-dire, programmée non pas avec des « connaissances » préétablies mais avec des méthodes pour apprendre à la manière des humains. Du point de vue de Kirito, difficile de considérer ces IA comme autre chose que des humains. Mais du point de vue des développeurs de l’Underworld, ce ne sont toujours que des données, et ils les utilisent pour expérimenter. Cette dualité remet les choses en perspectives, concernant les relations entre les humains et les non-humains. Même plus que ça, car les humains réels sont des dieux pour les « Iums ». A partir de quand pourra-t-on reconnaître une IA comme l’égal d’un humain ? Tout en évoquant les dérives possibles de la technologie et de la société, Reki KAWAHARA nous propose une vision d’un futur qui pourrait bien devenir le nôtre.
Alicization est un arc fort intéressant. Il n’est peut-être pas extraordinaire, mais il est très satisfaisant sur tous les points. L’univers d’Underworld est passionnant et on a hâte de le retrouver pour sa seconde partie qui se nommera War of the Underworld, et sera finalement la saison 4 de Sword Art Online.









