Gaming Memories #71 – PaRappa the Rapper

De l’action et de la baston, du RPG et de l’arcade ponctués d’un nouveau type d’articles, Gaming Memories a traité de plusieurs genres récurrents au cours de 2025. Pour sa dernière fois de l’année (#71), notre rubrique rétrogaming va se pencher sur un domaine assez discret sur nos pages : le jeu de rythme, aux cotés du très funky et original PaRappa the Rapper ! Rendez-vous vingt-neuf ans en arrière sur PlayStation pour une expérience qui sort de l’ordinaire !

Image en Une de Gaming Memories #71, PaRappa the Rapper.

Un jeu musical fait par des musiciens

Si le jeu musical n’est pas le genre le plus présent dans la rubrique, elle a pourtant traité de séries cultes dans le genre telles que Project DIVA, REZ ou encore Moero Nekketsu Osu ! Tatakae ! Ouendan. Bien sûr, d’autres jeux comme Dance Aerobics sont apparus plus tôt (1987) mais pour beaucoup, le jeu du mois est le tout premier du genre avant même Beatmania, Dance Dance Revolution ou encore plus Guitar Hero.

PaRappa the Rapper est l’idée de deux hommes : Masaya Matsuura (membre de PSY-S, groupe bien connu des fans de l’anime City Hunter avec leur chanson Angel Night, utilisée comme opening de la saison 2) et Rodney Greenblat, artiste et designer graphique produisant également des livres pour enfants. Tous les deux ont montré un intérêt pour la console ; c’est donc l’un des producteurs de Sony Computer Entertainment (SCE) qui leur suggéra de travailler ensemble : l’un apporterait son univers avec le son et l’autre avec l’image.

À l’époque où l’idée du jeu venait de germer, en 1994 (avant même que la console n’existe), Sony, qui s’apprêtait à envahir le monde du jeu vidéo, était divisé en deux sections : un premier studio voué à créer le plus de softs possible et un autre (nommé « Division Zero ») pour tout le reste. Ce second studio fut également épaulé par NanaOn-Sha (la société fondée par Matsuura, derrière le très original Vib-Ribbon) ainsi que Japan Studio (connu, notamment, pour le fantastique Gravity Rush).

Le genre « jeu musical » était totalement obscur à cette époque ; SCE eux-mêmes avaient du mal à le qualifier de « jeu vidéo ». Pire encore, par son character design très coloré, la branche américaine ne savait même pas quelle classification lui donner et le vendit plus comme « jeu pour enfants ». Finalement, il sortira en décembre 1996 au Japon, septembre 1997 puis novembre aux USA.

Un scénario… dans un jeu de musique ?

Eh oui ! Au contraire de la plupart des jeux de ce genre, PaRappa the Rapper a un scénario. C’est même le fil rouge des évènements se déroulant niveau après niveau. D’habitude, l’histoire (quand il y en a une) est un prétexte pour faire aller d’une chanson a une autre avec un fond de narration (comme dans Ouendan et Elite Beat Agents, ou encore Project DIVA X par exemple). Ici, l’histoire est le niveau lui-même, c’est un petit dessin animé interactif qui va narrer un évènement de la vie du personnage. Mais quelle est donc cette histoire ? C’est une histoire… d’amour !

On incarne donc PaRappa, le petit chien rappeur. Il est amoureux de son amie Sunny Funny, une fille à l’apparence de tournesol, mais se trouve être très intimidé par Joe Chin, une espèce de bellâtre musclé et riche qui tente de lui subtiliser Sunny. Il devra traverser diverses épreuves et apprendre auprès de maîtres pour se montrer à la hauteur de la demoiselle de ses rêves. Quand Joe montrera sa force physique qui fait craquer les jeunes filles, PaRappa ira apprendre le karaté ; quand Joe proposera à tout le monde de les emmener à la plage dans sa belle voiture brillante, PaRappa ira apprendre à conduire, et ainsi de suite dans un total de six chansons, jusqu’à l’épreuve finale sur scène devant un public ! Mais parviendra-t-il à conquérir le cœur de Sunny… ?

Une virgule que vous allez voir souvent… très souvent… comme, genre, entre chaque clip !

Croix croix carré, rond rond rond et triangle…

Le concept du jeu, aussi révolutionnaire soit-il pour le genre à l’époque, est simple : on pourrait le résumer à « répète après moi ». En effet, PaRappa doit apprendre auprès de différents Maîtres et ce seront ces derniers qui indiqueront les touches sur lesquelles appuyer en premier. Ensuite, le joueur devra reproduire ces touches avec le bon timing. Les boutons désignés sont également indiquées sur une ligne temporelle pour plus de clarté, c’est donc au joueur de choisir s’il préfère jouer à l’oreille, à l’œil ou les deux.

Chaque chanson est ainsi un peu une tranche de vie exprimant ce que le petit chien rappeur souhaite apprendre, avec une légèreté et un humour constants. Au contraire des autres jeux, ou le coté visuel n’est au final souvent qu’un clip musical fixe, il change ici en fonction de votre succès montant ou déclinant. Mieux encore : appuyer sur un bouton en dehors des notes requises n’est pas punitif et, au contraire, permet de s’amuser à faire ses propres petites mélodies !

Le premier niveau du jeu, Chop Chop Master Onion. Il n’y a besoin d’appuyer
qu’une fois sur les boutons requis mais voilà, c’est là la magie de ce jeu,
on peut vraiment composer ses petites mélodies !

Paper Rapper

La première chose qui frappe lorsque l’on démarre PaRappa the Rapper, ce sont ses graphismes originaux, colorés et singuliers basés sur les designs de Greenblat. Les personnages sont en 2D totale et plats comme s’ils avaient été découpés dans du papier dont les contours auraient été épaissis. Cela vous dit quelque chose ? C’est effectivement la technique utilisée par Nintendo à partir de 2000 dans leur série Paper Mario !

Tout, y compris les décors qui sont eux en 3D, est très coloré et bon enfant. Les personnages ont une vraie personnalité à leur façon. L’ensemble d’éléments en 2D dans des décors qui ont de la profondeur donne alors un cachet unique à la production, surtout à une époque marquée par la course à la 3D totale. C’est un premier élément participant à la renommée d’un jeu qui marquera les esprits ! On prend ainsi plaisir à regarder ces petits dessins animés. Cependant, étant un jeu de rythme, ce n’est pas ce qui importe le plus et pourtant, le soin apporté ajoute à l’âme de la production.

La musique, quant à elle, ne peut tout simplement pas laisser de marbre, que l’on aime ou non. Totalement taillée dans le genre rap, elle est conviviale, pleine d’entrain, met de bonne humeur et reste en tête. Matsuura ne se contente pas de rester dans le même type de rap en permanence et se permet même d’osciller vers un funk qui convient mieux à un maître plutôt babaocool !

Get in the flow ! On peut remarquer, avec cette vidéo, que la voix de PaRappa donne
parfois des choses un peu étranges en fonction de comment on appuie…

On se prend ainsi bien vite au jeu qui veut définitivement nous entrainer dans une expérience unique. On rit des situations loufoques, on tape du pied ou on secoue la tête avec les mélodies. Appuyer en rythme devient instinctif et on aura encore plus de fun à faire n’importe quoi entre les touches nécessaires pour créer son propre flow. C’est cependant à la fois une bonne et une mauvaise chose, si l’on parle plus concrètement…

En effet, la timeline sur laquelle évoluent les notes est un peu traître. Elles apparaissent dès que le Maître initie les notes à répéter après lui, mais il n’y a aucun vrai démarqueur pour indiquer quand commencer à notre tour. Parfois, on aura donc quelques secondes d’attente, parfois ce sera immédiat après lui. Il n’y a aucun vrai moyen de savoir sur le coup, si ce n’est d’apprendre en recommençant. Le timing d’appui permet cependant un léger retard la plupart du temps.

Pour bien assimiler le timing et les notes, les développeurs ont eu la bonne idée de proposer un mode facile, qui permettra de mieux comprendre ce qui nous attend et aussi s’amuser à faire un peu n’importe quoi dans les temps libres. Ce mode facile, malheureusement, ne permet de jouer qu’aux trois premières chansons. Au cas où l’on aurait du mal à progresser, le jeu propose de sauvegarder entre chaque niveau pour ne pas avoir à tout recommencer lorsque l’on est en mode normal.

Trois niveaux, donc. Cela donne un petit goût de pas assez, de frustrant. Il faut se dire que cela constitue la moitié du jeu, long donc de seulement six chansons. En gros, le jeu peut être terminé en une heure en ligne droite, ce qui est vraiment court (surtout qu’on en veut toujours plus !). Il faudra un peu plus de temps pour y arriver, cependant, à cause d’un coté un peu hasardeux. Le score monte et descend en fonction de la réussite ou échec entre les notes à remplir – on sait juste que rajouter des inputs à des points donnés de la timeline fait grimper le score mais encore, on peut échouer même s’il plafonne au plus haut. Le système de notation est donc assez confus et, au final, on préfèrera juste l’ignorer pour tenter de faire les meilleures mélodies possibles…

I got to believe !

PaRappa the Rapper a été un succès immédiat en son temps. Il se vend à un million d’exemplaires en seulement six mois, rien qu’au Japon. La plupart des critiques de l’époque l’ont sacralisé avec des notes quasiment parfaites pour certains, tandis que d’autres, étrangement, sont restés assez tièdes avec des notes assez médiocres. Si l’on devait faire une moyenne, c’est un joli 8.5/10 qu’aurait reçu le petit chien rappeur à l’époque. Accrochez-vous bien, il a même été couronné « meilleure mascotte » devant Crash Bandicoot et même Lara Croft en 1997 !

N’IMPORTE QUI ayant entendu ou vu cette pub à l’époque s’en souvient toujours !

Contre toute attente, c’est un spin-off qui fait suite aux aventures du petit chien en 1999. Nommé Um Jammer Lammy avec Matsuura et Greenblat toujours aux commandes, ce second jeu change de domaine pour passer du rap au rock avec ce nouveau personnage. PaRappa sera cependant de retour une fois le jeu terminé, le temps d’un second scénario. Il fut très bien reçu, même mieux que le premier et la critique salua les remix du jeu d’origine. Cependant, on notera une difficulté parfois abusive qui ne plaira clairement pas aux nouveaux venus qui n’auraient pas pu se faire la main avec PaRappa avant, ce qui est bien dommage.

Ce dernier reviendra cependant encore une fois en 2001, cette fois sur PlayStation 2. La bande-son est toujours aussi funky et catchy et on ne peut s’empêcher de ressentir les mêmes vibes que dans le premier opus, avec plus de chansons disponibles. Cependant, les critiques ne sont pas aussi favorables qu’avant ; certes, convenables et au dessus de la moyenne, mais elles pointent du doigt un manque cruel d’innovations. Mêmes graphismes (juste améliorés), mêmes mécaniques… bref, le titre a un train de retard face à la pléthore de jeux de rythme sortis entre temps. Le charme et la qualité des chansons sont cependant toujours là !

2001 transportera le personnage vers un autre domaine par la même occasion : celui de l’anime, au travers d’une série diffusée entre avril et janvier de l’année suivante. Composée de trente épisodes, elle est produite par le studio J.C. Staff (Azumanga Daioh, DanMachi, Excel Saga…) et Warner Bros Television. Elle étend le lore du personnage en incluant de nouveaux personnages aux cotés des anciens.

La série s’arrêtera là, excepté un portage sur PSP fin 2006 pour les dix ans de l’original, puis en 2017 pour un remaster sur PS4… pour les 20 ans de l’original. Malheureusement, aucune de ces deux versions ne sera à sa hauteur et la licence, pourtant prometteuse, digne d’un phénomène de société, n’ira jamais plus loin. Il aura eu beau y croire, ça n’aura pas suffi…

Dans tous les cas, on ne peut pas nier que PaRappa the Rapper manque un peu de finition face à toutes les améliorations que le genre rythm game a connu depuis sa sortie. Cependant, il reste LE pionnier, une (re)découverte très plaisante dont on se souvient longtemps, l’un de ces jeux qui laisse un sourire sur le visage même une fois terminé. Définitivement à placer à coté des jeux de rythme originaux comme Rez ou Child of Eden ! Espérons que, pour ses 30 ans, il aura droit à une nouvelle aventure plutôt qu’un énième portage bancal…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi...