Tomokazu Seki, la voix qui vous est familière

Le grand retour du Cartoonist au mois d’avril aura permis la venue en France d’un comédien de doublage à la carrière aussi riche que longue : Tomokazu Seki. Ce touche-à-tout qui aura enfilé le rôle d’acteur le temps du court métrage « Rikisha » est revenu pour nous sur son métier de Seiyū.
Comme à l’image de ce salon qui fait la part belle au rétro, Tomokazu Seki tient certains de ses grands rôles des années 1990-2000 : Captain Tsubasa, Fushigi Yugi, X, Card Captor Sakura, Evangelion, Initial D, GTO, Fruits Basket, Fullmetal Panic, Chobits, Gundam SEED, Tenjō Tenge, One Piece, Hajime no Ippo ou plus récemment Persona 4… Sa voix a bercé bon nombre d’animes qui nous sont chers.

Seki

Journal du Japon : Qu’est-ce qui vous a motivé pour faire ce métier ? Peut-être en étant fan d’un comédien de doublage ?
Tomokazu SEKI : Très petit, j’ai vu des séries de sentai comme Ultraman et ça m’a permis de chanter les génériques. J’aimais beaucoup ça donc je suis devenu chanteur mais je voulais avoir plusieurs horizons artistiques alors j’ai multiplié les corps de métiers : le théâtre, la musique, le chant et le doublage. Petit à petit, je me suis plus axé sur le doublage, à partir duquel j’ai englobé les autres sphères.

Pourriez-vous nous décrire le déroulement d’un enregistrement ?
Dans un premier temps, je reçois les scripts. Je me mets alors dans la peau du personnage lorsque je suis chez moi pour pouvoir m’entrainer dans des situations concrètes. Par la suite, avec tous les autres doubleurs, nous nous réunissons dans les studios et nous commençons à enregistrer ensemble. Nous faisons plusieurs essais, des entrainements, et le directeur artistique se permet de faire des ajustements, des reprises. Pour finir, c’est vraiment l’enregistrement final qui se fait. Et c’est vrai qu’il arrive qu’après avoir fait la reprise finale on refasse des prises pour ajuster le ton sur l’ensemble.

SekiEst-ce que vous vous sentez plus à l’aise en interprétant des rôles « stéréotypés » dans lesquels on vous dirige naturellement, ou est-ce que vous aimez passer à des registres complètement différents ?

 

La chose la plus importante pour moi, c’est vraiment de pouvoir donner vie à un personnage. Donc que ce soit des personnages un peu stéréotypés ou bien assez exubérant comme Tôji Suzuhara dans Evangelion (ndlr : qui avait un très fort accent d’Osaka), le simple fait que je puisse jouer, donner ma voix, c’est le principal.

Y a-t-il une émotion plus difficile à jouer qu’une autre ?
Alors les choses qui ne sont pas du tout difficile c’est lorsqu’il faut pleurer, rire et s’énerver, ça ne pose aucun problème. C’est plutôt les passages où il y a de longues tirades qui sont vraiment difficiles, parce qu’il y a une justesse à tenir.

Est-ce que ces difficultés sont universelles ou est-ce que cela dépend des seiyūs ?
Non ce n’est vraiment pas personnel, c’est vraiment valable pour toute la profession et même au delà du Japon… Tous ceux qui sont comédien de doublage en fait, on remarque le problème chez tous ceux qui le sont.

Qu’est-ce que vous aimez particulièrement dans ce métier ? Et qu’est-ce qui est le plus difficile ?
Dans ce milieu-là on peut « donner sa voix » à des animaux, à d’autres êtres qui n’existent pas, contrairement à un film où en général ce ne sont que des êtres humains. C’est cette spécificité du métier que j’aime : pouvoir donner vie par la voix. Et techniquement, il n’y a aucune chose qui me rebute dans le doublage, c’est vraiment une passion.

Est-ce que ce métier vous oblige à avoir une certaine hygiène de vie ? Je pense par exemple aux chanteurs qui font attention à leur voix et qui l’entretiennent.
Précisément, je n’en ai pas. Simplement, lorsque je me sens malade, je fais tout pour faire attention à ma voix.

Peut-être éviter de fumer ?
Ha si je fume.

Et ça ne pose pas de problèmes ?
En fait quand je fume, je me fais assez enguirlander par ma manageuse, Takahashi, ou par d’autres collègues de mon entreprise Atomic Monkey Holdings, ça arrive souvent ! (rires)

Est-ce que l’expérience dans ce genre de métier est quelque chose de très important ? Et est-ce qu’elle a, au fur et à mesure des années, changé votre manière d’interpréter les rôles ?
C’est extrêmement important d’avoir une expérience grandissante en tant que comédien de doublage et comme vous l’avez demandé, oui ça a effectué un changement dans ma personne, ma façon d’être a changé. Ma personnalité a été modifiée oui.

Les comédiens de doublage sont très célèbres pour certains rôles dans le monde de la japanime. Comment faites-vous pour vous détacher d’un personnage devenu culte, ou que vous avez incarné longtemps, et ainsi en recommencer un nouveau ?
Comme je suis professionnel, je n’ai qu’à sortir de la salle d’enregistrement pour redevenir moi-même. J’arrive à me détacher très facilement, c’est une partie de mon métier.Seki

Quel est votre meilleur souvenir de doublage ?
Ha c’est vraiment Van Fanel dans Escaflowne.

 

Ça vous a vraiment marqué…
Oui j’aime beaucoup ce personnage car il possède des ailes et j’aimerais beaucoup pouvoir voler dans les airs (rires).

D’ailleurs par rapport à la production d’Escaflowne, 10 ans après la série, pour la remasterisation HD vous vous étiez réunis, avec d’autres doubleurs, sur un épisode pour le commenter. Est-ce que vous avez déjà fait ça sur un autre anime ?
Oui il y en a sur beaucoup d’autres œuvres. Dans Gundam SEED Destiny, il y a Maaya SAKAMOTO [ndlr qui joué Hitomi aux cotés de Tomokazu SEKI dans Escaflowne], avec qui j’ai refait une masterisation. Sinon il y a aussi mon confrère Miki SHINISHIRO avec qui j’ai de nouveau joué dans Initial D ainsi que dans Pokemon.
Qui a interprété Allen dans Escaflowne également !

Les fans d’anime en France préfèrent souvent les versions originales sous titrées aux versions françaises. Comment expliquez-vous cela ? Avez-vous déjà entendu des animés auxquels vous avez participé dans d’autres langues ?
Selon moi, c’est simplement que les animés sont japonais. Si ça avait été des films américains, les fans auraient surement préféré les écouter en anglais. C’est beaucoup plus naturel de visionner le doublage d’origine. Malheureusement, je n’en ai pas encore vu dans d’autres langues.

Espérons que vous aurez prochainement l’occasion !


Remerciements à Tomokazu Seki pour ses réponses et son manager en France M. Ben Nassih, Président d’Atomic Monkey France.

Olivier Benoit

Présent sur Journal du Japon depuis 2013, je suis un trentenaire depuis longtemps passionné par l'animation traditionnelle, les mangas et les J-RPG. J'écris dans ces différentes catégories, entretiens également la rubrique hentai, et gère le pôle gastronomie. J'essaie de faire découvrir au plus grand nombre les choses qui me passionnent. @oly_taka

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