Kiznaiver : un pour tous et tous pour un !

Durant la saison du printemps le studio TRIGGER, pourtant relativement jeune, a proposé deux animes. Si Space Patrol Luluco opte pour un format court et un ton humoristique, Kiznaiver est une production « gros budget » de 12 épisodes, au même titre que ses concurrents directs. Est-ce que le studio va transformer l’essai après le succès de Kill La Kill, sa première série originale?

C’est ce que nous allons voir…

Kiznaiver

© TRIGGER, Mari Okada/Project KIZNAIVER

 

Unis, pour le meilleur et pour le pire.

Katsuhira Akata, un lycéen, vient d’apprendre qu’il a été sélectionné pour le programme Kizuna qui permet, à ceux qui y sont connectés, de partager et répartir leurs blessures et douleurs entre eux. Si ce programme a pour but d’instaurer la paix dans le monde, il est malheureusement encore incomplet. Mais contrairement aux autres, Katsuhira possède une personnalité différente et ne ressent pas les émotions de la même façon…

Avec une entrée en matière au ralenti, Kiznaiver ne commence à véritablement montrer son potentiel qu’à partir de l’épisode 5 et poursuit une montée en puissance dans le dernier tiers. Il n’est plus, alors, question d’une équipe de héros surmontant des défis grâce à leur partage de la douleur : nous entrons dans quelque chose de beaucoup plus introspectif.
Le fait que le studio Trigger soit composé d’anciens de chez Gainax a peut-être joué un rôle, mais la trame de fond d’Evangelion plane un peu sur l’idée des Kizunas, à savoir cette volonté de trifouiller dans l’âme humaine. La forme n’est bien sûr pas du tout la même, mais le plan Kiznaiver a des allures de projet Eva ainsi que de plan de complémentarité de l’homme.

Un scénario aussi ambitieux, en plus d’être un régal s’il est abouti, permet également de passer outre des clichés et longueurs que l’on peut avoir dans une série bankable. Ne vous arrêtez donc pas sur la relation amoureuse qui peut se dessiner avec le héros au premier épisode. Le héros d’ailleurs, qui est-il ? Kacchon se fait régulièrement voler la vedette par les autres membres de l’équipe qui sont tous très bien développés. Encore une fois, le background est travaillé sous la surface, et aucun personnage n’est à jeter. Pas de tête à claques, de gamine horripilante (oui, même Nico évitera les clichés de son archétype), pas de personnages creux, tous ont leur petit quelques chose, et tout le monde trouvera chaussure à son pied.

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Des personnages hauts en couleur aux caractères bien différents. © TRIGGER, Mari Okada/Project KIZNAIVER

 

L’adolescence : des problèmes de cœur avant tout !

Comme de nombreuses œuvres japonaises, c’est tout simplement l’adolescence et les relations amoureuses qui sont abordées dans l’histoire, et à l’instar de la saga Monogatari, c’est avec beaucoup de profondeur et un peu d’amertume que Kiznaiver dresse son tableau.
C’est une période riche qui marque différemment chacun de nous où il faut créer des liens, en rompre d’autres, être ballotté par les sentiments… Pour cela, la série est une véritable mise en image du dilemme du hérisson. Pour se réchauffer de sa solitude, il faut se rapprocher d’autrui, mais c’est alors à d’autres souffrances que l’on s’expose. Plus l’histoire avance, plus les liens qui unissent nos héros évoluent, et plus on s’attend à voir des événements forts.

Cependant nous sommes avertis dès le début : tout cela n’est que passager. L’épreuve des kiznaiver ne dure que le temps d’un été, après cela chacun pourra repartir dans son coin sans entrave. Et c’est alors une sorte de grande comédie qui se joue devant nous, brisant presque le quatrième mur. Les apparitions fréquentes des Gomorins temporisent les discussions lourdes de sens et les incidents avec des scènes farfelues.
Les adolescents sont kidnappés ? C’est simplement pour les amener à un rendez-vous. Certaines situations semblent dangereuses avec l’utilisation d’arme ? Tout est sous contrôle et personne ne sera blessé. Ils héritent d’un pouvoir ? C’est seulement une forme de télépathie, donc exit les combats dantesques aux forces surhumaines.

Non, toute cette mascarade nous rappelle à chaque fois à l’ordre en nous disant : « Ce n’est rien, ce ne sont que des relations humaines et la Terre ne va pas s’arrêter de tourner si ton petit monde s’écroule. C’est juste une période de ta vie plus turbulente que la normale« . Mais même en sachant ça, qui peut réussir à faire la part des choses et rester détaché face à ses propres sentiments ?

 

Un staff bien rodé

Côté technique; l’animation est de très bonne facture, ce qui est tout à fait normal venant d’un studio de passionnés en la matière. Même s’il est l’un des fondateurs de Trigger, Hiroyuki IMAISHI n’est pas intervenu sur cette série, se contentant  de réaliser Space Patrol Luluco. C’est donc à Hiroshi KOBAYASHI et Mari OKADA que l’on doit respectivement la réalisation et la création original.

La musique composée par Yuuki HAYASHI, qui a également officié sur My Hero Academia et Death Parade, est dans le ton juste et accompagne parfaitement les scènes intenses. Les génériques remplissent aussi parfaitement leurs rôles de créateur d’ambiance, tant sonore que visuelle, avec une mention spéciale pour Lay Your Hands On Me de BOOM BOOM SATELLITES, aux allures de clip musical.

Le character design original de Shirow MIWA transparaît beaucoup plus que dans Joker Game, autre grosse attente de la saison dont il a également pensé les personnages. Cependant, même s’il est à la base de leurs identités, c’est via le travail d’adaptation de Mai YONEYAMA, dont nous vous parlions déjà sur le court métrage Hill Climb Girl, et d’animateur comme Sushio que ces personnages ont autant de vie et qu’ils collent si bien à la charte graphique du studio Trigger.

Mako meets Nico

Mako meets Nico

 

Après le désormais culte Kill la Kill, Trigger à su réitérer la prouesse et accoucher d’un anime abouti et qualitatif. À l’image de son opening, la série a trouvé une formule assez moderne : c’est coloré sans être superficiel, et dynamique sans être creux. Une petite bouffée d’air frais qui a quelque chose à raconter et qui interpelle le spectateur. Si vous êtes sensible à ce genre de thème, foncez voir Kiznaiver : l’intégralité des épisodes est disponible sur la plateforme de simulcast Wakanim !

Enfin, sachez que deux mangas ont vu le jour au Japon. Le premier sobrement intitulé Kiznaiver reprend l’anime de manière fidèle, et le second  Mini! KIZNAIVER Theater est une parodie kawai. Tous deux sont disponibles sur Crunchyroll.com en simulpub.

Olivier Benoit

Présent sur Journal du Japon depuis 2013, je suis un trentenaire depuis longtemps passionné par l'animation traditionnelle, les mangas et les J-RPG. J'écris dans ces différentes catégories, entretiens également la rubrique hentai, et gère le pôle gastronomie. J'essaie de faire découvrir au plus grand nombre les choses qui me passionnent. @oly_taka

3 réponses

  1. 6 janvier 2017

    […] très cool (Kill la Kill) et dont la structure prend désormais son envol avec de gros projets (Kiznaiver). Enfin le projet en lui-même à de quoi plaire : un univers onirique proche d’Harry Potter […]

  2. 8 janvier 2018

    […] dérives avec l’affolante banalité de When Supernatural Battles Became Commonplace ou  Kiznaiver, on se réjouit de revoir enfin depuis quelques années le studio Trigger retrouver ses repères. […]

  3. 31 juillet 2019

    […] 2013, sort sa première série d’animation originale, Kill la Kill. On leur doit aussi Kiznaiver, en avril 2016, que nous évoquions […]

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