Kumihimo – L’art traditionnel du tissage japonais

Le Kumihimo, cela ne vous parle peut-être pas mais vous l’avez surement vu dans Your Name, le dernier film de Makoto SHINKAI :  il s’agit, entre autre, du bracelet que porte le héros dans le film. Mais c’est avant tout un art traditionnel consacré au tissage.

Journal du Japon a rencontré Atsuko TAKENAKA, responsable d’un atelier de Kumihimo sur Paris, le Soleil Tissant, pour vous en dire plus sur cet artisanat nippon qui a déjà plus d’un millénaire…

Atelier Kumihimo au Soleil Tissant

Atelier Kumihimo au Soleil Tissant

 

À la découverte du Kumihimo

JDJ: Bonjour Atsuko, pouvez-vous vous présenter ?

Atsuko TAKENAKA : Je m’appelle Atsuko TAKENAKA et m’occupe de la boutique/atelier Le Soleil Tissant à Paris. J’ai appris le kumihimo au Japon, comme un loisir au début. Puis, petit à petit, j’ai voulu me consacrer davantage à cet art ; j’ai donc décidé de créer mon entreprise l’année dernière, pour pouvoir partager ma passion. Aujourd’hui je propose des cours pour apprendre à faire son propre kumihimo et des produits autour de ça.

Atsuko TAKENAKA

 Y’a t’il une raison particulière qui vous a poussée à venir enseigner à Paris ?

Non, pas du tout, je ne suis pas venue pour ça au début. J’étais salariée et j’ai décidé, après 8 ans de vie à Paris, de commencer à vouloir enseigner ça ici.

Et donc, venons-en à notre sujet : qu’est ce que le kumihimo, quelle est son origine ?

Le Kumihimo est  l’art de  tressage traditionnel japonais. Sa particularité consiste dans la technique du tressage à 3 fils ou plus, qui se croisent alternativement en oblique. On peut faire toute sorte d’accessoire comme un bracelet, ceinture ou même ruban pour les cheveux.

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Au Japon, le Kumihimo a une longue histoire qui a commencé à la période  Jômon (environ 10000-300 ans av. J.-C.) où les premiers motifs peuvent se reconnaître sur les poteries datant de cette époque. Les fils, qui avaient un rôle important dans la pratique du bouddhisme et du shintoïsme, sont importés au Japon dans la seconde moitié du premier millénaire. À la même époque, sous les influences du reste de l’Asie et du Proche-Orient, le Kumihimo devient assez technique et riche en motifs très sophistiqués, avec des couleurs vives et distinctes. Il était utilisé en ceinture, en ornement de sculpture et rosaires bouddhiques.

Puis les techniques venues des pays voisins se sont muées progressivement en une culture plus originale et on retrouve le Kumihimo chez les nobles et les samouraïs qui l’utilisaient pour leurs ceintures et armures : 

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À l’époque Muromachi (1333-1573), la pratique de la cérémonie du thé se développe et sous l’influence de la philosophie du Wabi et Sabi, le tissage se fait plus sobre et élégant, et les techniques de tressage plus simples. Cela lui permet de se populariser petit à petit, de rentrer dans la vie quotidienne des Japonais. Puis vient la célèbre unification du Japon (1573-1603) et la non-moins connue période Edo, qui va de pair avec l’émergence d’une culture populaire (la naissance du Kabuki par exemple). Cette dynamique vaut aussi pour le Kumihimo, qui devient plus répandu : il orne toujours  les armures ou les épées des samouraïs tandis que les commerçants et les artisans les portent en ceinture ou les utilisent en décoration de meuble.

En parallèle le tissage acquiert ses premières lettres de noblesse : de nombreux artisans d’armures qui créaient les Kumihimo d’ornement se spécialisent dans cet art. Le Nagoya obi, un tressage en rond de fils de couleur de cinq mètres de longueur devient très populaire et sera utilisé jusqu’à la moitié du 18e siècle.

Depuis, le Kumihimo continue de se développer dans divers domaines pratiques ainsi que décoratifs, selon les besoins de chaque époque.

Combien de temps vous a t-il fallu pour maîtriser cet art ?

Je le pratique depuis environ 15 ans. Je l’ai découvert, en parallèle, dans une école de kimono où le kumihimo se déclinait sur la ceinture des kimonos. Ensuite, j’ai pu développer mes techniques à Iga, connue pour ses ninjas mais aussi le kumihimo.
Je suis également membre du The Kumihimo Society (NDLR : l’association des artisans de kumihimo au Japon et à travers le monde) au Japon, où je continue d’avoir des cours pour approfondir sans cesse mes connaissances !

 

Quels sont les outils nécessaires ?

Il y a d’abord les tama (NDLR : ci-dessous, à droite), des contre-poids nécessaires lorsque l’on commence à tisser car les accessoires que l’on crée peuvent être longs et donc lourds. Il faut donc avoir un ensemble ni trop chargé, car cela risque de tirer sur les fils, ni trop léger car les fils ne seront pas assez soudés entre eux. 

Ensuite, nous avons les ‘appareils’ déclinés en cinq versions. En boutique, je n’en dispose que de trois : Marudai, Ayatakedai (NDLR : ci-dessous, à gauche) et Takadai. Il s’agit des supports où sont déposés les fils et les poids. Chaque support permet de pratiquer différentes techniques pour obtenir de nouveaux types d’accessoires. Des modèles complexes peuvent nécessiter des heures de travail. Enfin les fils sont composés d’environ 42 brins. J’utilise de la soie mais d’autres types de fils sont envisageables.

 Ayatadekai  Tama 

 

 

La majorité des personnes qui viennent vous voir sont t-ils des passionnés du Japon ? 

Oui et non, c’est avant tout ceux qui aiment les travaux manuels qui sont intéressés par le kumihimo et évidement, ceux qui ont vu le film Your Name. Grâce au film, j’ai eu l’occasion d’avoir plus de monde.

Your name tissage

Your name

Your name

Un dernier mot pour la fin ?

N’hésitez pas à venir dans mon atelier, Le Soleil Tissant, pour découvrir le kumihimo vous-même et faire le vôtre, par la même occasion !

Kumihimo JDJ

Pour en savoir plus sur cet univers, sachez que le Soleil Tissant est présent dans le 15e à Paris depuis un an désormais et qu’Atsuko prend un réel plaisir à enseigner cet art, que nous avons d’ailleurs testé avec plaisir comme la photo ci-dessus  le présente. Pas si mal, non ?

JDJ vous recommande donc grandement d’y aller, tous les informations sur leur site web ou via leur page Facebook.

Logo_Le Soleil Tissant

 

Remerciements à  Atsuko TAKENAKA pour son temps et sa gentillesse. 

3 réponses

  1. Claire Cassan dit :

    Bonjour!
    Je suis ravie de voir cet article sur le kumihimo! J’habite vers Pau et je tresse sur marudai et takadai, la prochaine fois que je monte a Paris je passerai voir votre magasin! J’aimerais aussi beaucoup apprendre a utiliser le ayatakadai.
    Bien cordialement.
    Cl.

  1. 3 mars 2017

    […] littéralement “cordelettes tressées”, qui est présenté dans cet ouvrage, que nous évoquions déjà le mois dernier en interview. La technique de tressage de cordelettes apparaît dès la période Jomon au Japon (dès 8000 ans […]

  2. 4 septembre 2022

    […] Il y a quelque temps que j’ai commencé à réaliser des cordons et des lacets en kumihimo. […]

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