[Interview] On fait le grand saut avec Takahiro OBA !
Takahiro OBA, ce nom vous est peut-être familier ? Il est aujourd’hui connu pour son travail artistique sur le manga Sky-High Survival, dont le 6e volume sort ce 5 mai 2017 aux éditions Kana. Le mangaka était d’ailleurs l’un des invités mis à l’honneur lors de la dernière édition du salon Made in Asia à Bruxelles. L’occasion pour Journal du Japon d’en apprendre davantage sur son parcours, mais aussi sur son œuvre phare qui ne cesse de surprendre…
Journal du Japon : Bonjour monsieur OBA et merci de nous accorder un peu de votre temps. Pour commencer, j’aimerais revenir un peu sur votre parcours : quelles étaient vos motivations pour devenir mangaka et quand avez-vous véritablement débuté en tant que tel ?
Takahiro OBA : Depuis que je suis tout petit, j’aime beaucoup dessiner et j’ai toujours eu la vague envie de devenir mangaka. Mais c’est au collège que je me suis vraiment dit : « un jour, je le deviendrai ». Seulement, comme j’habitais à la campagne, je ne pensais pas cela réalisable. Le déclic est venu quand j’ai appris qu’une personne habitant le département d’à côté avait réussi à débuter en tant que mangaka professionnel. C’est comme ça que je me suis dit que c’était possible, que moi aussi je pourrais le faire. Quand je suis entré au lycée, j’ai commencé à envoyer mes mangas à des revues spécialisées pour participer à des concours de nouveaux talents et c’est à l’âge de 19 ans que j’ai été récompensé pour la première fois. À partir de ce moment, j’ai décidé de déménager à Tokyo et de chercher à réaliser mon rêve de manière concrète.
Vous avez été le collègue de Yūji TERAJIMA, auteur du célèbre manga Daiya no Ace (Ace of Diamond). Que vous a-t-il apporté ? A-t-il changé votre manière d’aborder une œuvre ?
TERAJIMA était un des assistants de l’auteur pour qui j’étais moi-même assistant. On a travaillé ensemble et, encore aujourd’hui, on reste amis. C’est un auteur qui travaille de manière très stoïque et du coup il me stimule énormément dans la réalisation de mes projets.
Dans votre carrière, vous avez été amené à dessiner des manga aux thèmes fortement différents. Aujourd’hui, vous êtes surtout connu pour votre travail sur Sky-High Survival. Les mangas de type « survival » sont-ils un genre qui vous attire particulièrement ? Pour quelle(s) raison(s) ?
C’est vrai que j’apprécie beaucoup le genre « survival », mais ça ne veut pas dire que j’aime ce type d’œuvre plus que d’autres. La vie et la mort sont les thèmes majeurs de ce genre dans lequel chaque personnage doit se dépasser s’il souhaite survivre. Dans ce contexte extrême, on peut vraiment dévoiler la personnalité de chacun, on s’intéresse à la manière dont il va réagir face à telle ou telle situation et c’est ce qui me plaît vraiment.
Actuellement ce type de manga est assez tendance. Comment renouveler ce genre assez codifié ? Comment avez-vous fait pour que Sky-High Survival se démarque de ses concurrents ?
On essaye toujours de trouver des situations originales et particulières mais il existe des limites : au final, on tombe souvent dans le même schéma de situation. Donc ce que j’essaye de faire à travers mes dessins, c’est donner vie à des personnages intéressants et au caractère bien trempé. C’est vraiment à travers la personnalité de chaque protagoniste que j’essaye de me différencier.
L’élément phare du manga, ce sont bien entendu les « Masqués » : des êtres humains sanguinaires contrôlés par une force invisible. Comment avez-vous imaginé le design des masques ? Quel était le but recherché ?
L’idée de faire porter un masque aux antagonistes de la série provenait évidemment d’un besoin scénaristique. Après c’était à moi de trouver le design de ce masque. Quand j’ai commencé à faire des essais pour trouver l’esthétique idéale, je me suis dit : « Si le design du masque est un peu trop complexe en termes d’agencement et de décorations, il aura finalement moins d’impact auprès du public. À l’inverse, si le masque est davantage neutre, le lecteur ne va absolument pas savoir ce que pense le personnage, ni quelles sont ses véritables intentions. » C’est pour ça que quand j’en ai discuté avec mon équipe de production, on était tous d’accord pour choisir le design le plus simple pour mieux pouvoir exploiter le terrain psychologique de l’œuvre.
Vous vous occupez essentiellement de l’aspect artistique de Sky-High Survival. Mais un bon manga nécessite également une intrigue qui tienne la route. Comment se passe votre collaboration avec Tsuina MIURA, la scénariste ?
Une fois par mois, Tsuina et moi nous réunissons avec nos éditeurs. On mange ensemble et c’est à ce moment-là que je lui fais part de mes suggestions concernant le manga. Quand j’ai des demandes particulières, je n’hésite pas non plus à lui en parler.
Sky-High Survival se déroule dans un univers pour le moins étrange. Les personnages sont entourés de buildings et autres gratte-ciels tous plus imposants les uns que les autres. Ils ne peuvent descendre dans la rue et sont donc destinés à rester sur le toit des immeubles ou à l’intérieur de ceux-ci. J’imagine qu’avec ce contenu, il est assez difficile d’innover en matière de décors. Comment faites-vous pour ne pas lasser vos lecteurs ?
C’est vrai que ça risque d’être assez lassant pour les lecteurs… Quand on traite les immeubles, je les différencie en mettant en avant au moins un élément : par exemple une antenne ou un jardin sur le toit. J’essaye toujours d’ajouter quelque chose pour les rendre unique.
Votre trait de crayon est très clair et exprime parfaitement l’angoisse que peuvent ressentir les personnages. Le lecteur n’a donc aucun mal à s’immerger dans votre univers. À ce propos, quelles sont vos sources d’inspiration en terme de dessin ?
Si je ne fais pas moi-même des efforts, mes traits ont tendance à être très durs. J’ai donc beaucoup d’admiration pour des auteurs qui dessinent avec des traits plutôt doux comme Tsutomu TAKAHASHI. J’essaye souvent de l’imiter mais je n’y arrive jamais. *rires*
Concernant le temps de travail, combien de jours mettez-vous, en moyenne, pour dessiner un chapitre entier ?
Comme rythme de travail, pour réaliser 16 pages (qui sont l’équivalent d’un chapitre) je mets 6 jours. Donc ma journée typique se déroule ainsi : à 10h30, mes 3 assistants arrivent chez moi et on travaille ensemble jusqu’à 20h30. Évidemment, on fait des pauses pour manger mais on travaille tout de même l’entièreté de la journée et une fois que mes assistants sont partis je continue parfois seul jusqu’à à peu près 2h du matin.
Le 5e tome de Sky-High Survival est récemment sorti en Belgique et en France. Un volume empli de mystères et qui nous laisse encore plus de questions sans réponses… À quoi peut-on s’attendre dans la suite de l’intrigue ?
*rires* Je vous conseille vivement de lire la suite ! Vous en découvrirez plus sur les mystères qui planent dans le manga.
C’est la première fois que vous êtes invité à un salon se déroulant dans notre plat pays. On se demandait… Quelle image les Japonais ont-ils des belges et de la Belgique en général ?
En réalité, les japonais ont très peu d’images des belges mais quand on entend le mot « belge » c’est sûr qu’on pense tout de suite au chocolat, à la bière et aux gaufres.
Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Jusqu’à maintenant, 5 tomes sont sortis mais Sky-High Survival va encore continuer et je vous invite vivement à lire la suite.
Merci beaucoup d’avoir répondu à ces quelques questions et on vous souhaite beaucoup de succès avec votre manga.
Merci à vous !
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Retrouvez toutes les informations sur la série sur le site des éditions Kana.
Remerciements à Takahiro OBA pour son temps et sa gentillesse, ainsi qu’aux éditions Kana pour la mise en place de cette interview.