« WE ARE X » la légende filmée de X-JAPAN

X-JAPAN est entré dans la légende du rock japonais dans les années 80/90 et par la même occasion, dans celle du rock tout court. Gene SIMMONS, chanteur du groupe Kiss, déclare lui-même dans le film documentaire consacré au groupe nippon: « We are X » que si X-JAPAN avait été américain ou anglais il aurait été le groupe de rock le plus connu au monde. L’occasion pour Journal du Japon de revenir sur l’histoire chaotique d’un groupe devenu légende… et qui voulait conquérir la planète.

Dès leurs débuts dans les années 80, YOSHIKI, batteur et leader du groupe, a toujours nourri le désir de faire connaître X-JAPAN au plus grand nombre. Au début des années 90, alors que le groupe est au sommet de sa gloire au Japon, il tente une percée aux Etats-Unis. Malheureusement, l’entreprise de séduction mise sur les rails à force de conférences de presse et de tournages de clip « in-situ » n’y fait rien; YOSHIKI se heurte à un mur, le public n’étant pas au rendez-vous. Le rêve de carrière aux US est, momentanément, relégué aux oubliettes.

Malgré tout, YOSHIKI s’installe à Los Angeles, s’offrant à la fois l’anonymat et le calme qui vient avec, et un studio d’enregistrement afin de continuer à travailler dans des conditions optimales, baigné dans une autre culture. Vivre aux Etats-unis lui permettra aussi de tisser quelques amitiés à défaut d’y faire carrière.

Si dans les années 90, il était difficile voir impossible pour un groupe asiatique de percer à l’international, les temps ont changé depuis, mais c’est sans esprit revanchard ni amertume, que YOSHIKI est très heureux aujourd’hui de sortir le prochain album de X-JAPAN dans le monde entier. Lors de notre interview, il nous glisse avant de partir : « L’album sortira au printemps prochain. ». Cet album sera essentiellement en anglais puisque : « Vivant depuis longtemps à Los Angeles, chanter dans la langue de KISS m’est venu naturellement ».

Mais qu’est-ce qu’y a fait entrer X-JAPAN dans la légende du rock ? Si la musique et les textes mélodramatiques y sont pour beaucoup, c’est avant tout l’histoire du groupe qui lui a fait sauter le pas. Un batteur maudit et adulé telle une icône religieuse, un guitariste charismatique parti trop tôt, laissant des milliers de fans sur le carreau, un chanteur sous la coupe d’un gourou de secte, un bassiste déchu, mort dans des circonstances troubles… Drames, rebondissements, séparations, réconciliations, l’histoire d’X-JAPAN est un scénario digne d’une série américaine à succès, et il n’en fallut pas moins pour forger la légende X-JAPAN.

Malgré ce tumultueux quotidien du groupe, le rêve américain de YOSHIKI prend forme le 10 novembre 2014 quand X-JAPAN s’offre le Madison square garden pour un concert d’anthologie. Après avoir rempli le Tokyo Dome de nombreuses fois et tourné en Europe et en Asie, le groupe s’offre enfin l’Amérique tant désirée.

Le film We are X retrace l’histoire du groupe en grande partie à travers la vie de son batteur et leader. D’emblée, l’enfance de YOSHIKI s’impose comme un élément important qui forgera l’essence même du groupe. Fan de KISS, il sera influencé par leur look et leur musique. Musicalement, il est influencé par sa mère qui lui fait suivre des cours de piano, de  batterie et d’autres instruments. On peut d’ailleurs entendre une courte intervention de cette dernière dans le film. Cependant, quand on demande à YOSHIKI si sa mère ou le reste de sa famille a vu le film, il nous répond qu’il ne sait pas.

Mais c’est avant tout la mort tragique de son père en 1976 qui fait définitivement basculer le tout jeune homme dans la musique. YOSHIKI transforme alors toute sa rage et son incompréhension face à l’injustice de cet événement, en force et en inspiration pour sa musique. Plus tard, la malédiction continue : alors que le groupe se sépare en 1997, l’année suivante le guitariste, hide, meurt, à 33 ans, dans des circonstances énigmatiques. Le tsunami émotionnel qui est découle dans tous le pays est tellement énorme que des milliers de fans inconsolables sont présents à son enterrement et que YOSHIKI doit intervenir à la télévision pour appeler au calme après l’annonce du suicide de quelques fans. Depuis, hide est devenu une icône, toujours présente auprès des fans de X-JAPAN et des membres du groupe même 20 ans après son décès.

Au même moment, TOSHI, le chanteur, vit un véritable calvaire au sein d’une secte dans laquelle sa propre femme l’a entraînée quelques années plus tôt. Le gourou MASAYA exerce sur lui un véritable lavage de cerveau. TOSHI est battu et humilié, et ses comptes sont rapidement vidés. Quelques années plus tard, c’est sous les menaces et les brimades des membres de la secte que TOSHI reprendra contact avec YOSHIKI, avec pour objectif de renflouer la magne financière que représentait pour la secte ses revenus générés grâce à X-JAPAN. Le retour du groupe en 2008 se fait dans la douleur, sa voix est abîmée sans que personne ne se doute que son coeur et son esprit le sont également.

Heureusement, TOSHI réussit à sortir de ce cercle vicieux grâce à l’aide d’une personne extérieure au groupe et il est désormais hors d’affaire. Son amitié avec YOSHIKI a été mise à rude épreuve, mais les deux hommes se sont véritablement retrouvés.

Le cas de TAIJI, qui était le premier bassiste, est tout aussi dramatique et alimente la légende de X-JAPAN. Il quitta le groupe en 1992, touchera le fond avant d’être aidé par ses anciens amis musiciens au début des années 2000, avant de mourir en juillet 2011 dans des circonstances obscures.

A cause de ce concentré de drames autour de certains membres du groupe, le film s’attarde peu sur les autres membres comme SUGIZO ou HEATH, ne reniant, néanmoins, pas leur importance dans l’histoire musicale du groupe. Bien au contraire, ils sont des membres à part entière et fidèles de X-JAPAN.

Des décès tragiques, une manipulation par une secte, des paroles tristes et romantiques, des musiques inoubliables, un culte de la personnalité démesuré et des attentes interminables après les albums : tout ceci forgea, et forge encore, la légende de X-JAPAN. Le documentaire « We are X » retrace avec brio le parcours étonnant et rare du groupe et de son leader, YOSHIKI. Un film qui ressemble même à une véritable thérapie de groupe.

« We are X » sortira au cinéma le 6 décembre.

Remerciements à Eurozoom et Dark Star.

Tatiana Chedebois

Je suis tombée dans les animes et les mangas depuis toute petite. Mais depuis 1997 je me suis spécialisée dans la Jmusic sur divers média. Avant toute chose j'aime le rock sous toutes ses formes et je m'éclate en concert. Depuis peu j'ai acquis un doctorat en manga avec des chats.

3 réponses

  1. Mitsugoro dit :

    La citation de Gene Simmons est révélatrice: aujourd’hui encore, au-delà des cercles des amateurs de culture japonaise, la musique japonaise a du mal à être reconnue en occident. La passivité des majors japonaises y est pour quelque chose, sans aucun doute, mais il y a aussi un racisme plus ou moins larvé du public occidental.

    Un exemple ? Régulièrement, on voit des gens dire sur les forums: « je ne peux pas écouter un groupe dont je ne comprends pas les paroles. » Comme si les fans du groupe de metal germanophone Rammstein, qui remplit les stades partout dans le monde, étaient tous des lecteurs de Goethe dans le texte !

    Espérons toutefois que les quelques sorties internationales d’albums (band maid ou baby-metal, pour en citer qu’elles) changeront petit à petit la donne ! 🙂

  2. jhudson dit :

    Il y a un fort mépris de la musique Japonaise en France , certains reportages dans le passé faisaient tout pour ridiculiser la J pop et tout était bon pour le faire ,cet esprit reste surement encore .

    Et il y a surement aussi en occident un fort protectionniste vu la médiocrité ambiante ça évite la concurrence , quand un groupe asiatique marche c’est le Gangnam Style, qui conforte dans l’idée que la musique asiatique est stupide et ridicule, ne voyant pas le second degrés…

    Yōko Kanno est surement une des plus grande compositrice a l’heure actuelle , mais on ne verra jamais un producteur de film US lui demandait de composer la musique de son film, n’importe qui mais pas une japonaise.

    Le remake live de Ghost in the shell a bien sur évité un compositeur japonais.

    Les USA copient les œuvres japonaises tout en évitant que ce soit trop japonais (surtout pas un acteur asiatique dans le premier rôle), donc forcément c’est sans intérêt ces copies édulcorées qui n’éxistent qu’a cause d’un marketing qui cru que le titre était assez connu en occident pour que ça rapporte de l’agent.

  1. 1 décembre 2017

    […] hanté, et de sa musique qui a fasciné des foules de fans durant 3 décennies. Retrouvez notre article dédié au film pour tout savoir sur l’histoire de ce groupe […]

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