Gaming Memories #41 – Ridge Racer

Bienvenue dans ce nouveau numéro de votre rendez-vous rétro mensuel. Après une course folle ponctuée de tirs colorés, nous vous emmenons cette fois pour un nouveau jeu bourré d’adrénaline, bien que d’un tout autre genre : encore jamais évoqué depuis les débuts de la rubrique. Il sera cette fois question d’un jeu Namco, sorti en octobre 1993 en arcade : RIdge Racer ! Attachez vos ceintures, la course démarre dans 3, 2, 1…

Ridge Racer

Namco et la course, une histoire éternelle

RR

Une borne d’arcade de Ridge Racer.

Ridge Racer est un jeu qui tire ses origines dans des titres passés de Namco. Eunos Roadster Driving Simulator en 1990 (en collaboration avec le constructeur Mazda), puis Sim Drive en 1992, notre jeu du mois devait suivre cette lignée pour être axé sur la F1, mais l’équipe de développement décida de changer le concept en s’inspirant d’un enthousiasme collectif au Japon à cette époque : les courses en montagne, dans lesquelles les coureurs ne voulaient pas ralentir et prenaient donc les tournants en dérapages…

Ce jeu de course, sorti de nulle part pour ceux qui ne s’intéressaient pas forcément au genre, prit huit mois à ses développeurs pour le concrétiser. Ceux-ci, qui le considéraient eux-mêmes comme « le plus beau jeu photoréaliste existant », n’avaient aucune crainte quant à son accueil : en effet, il est sorti à une « époque naïve » dans laquelle il était possible de développer sur tout et n’importe quoi, plutôt que cibler un public bien défini comme c’est plus le cas de nos jours.

RR est sorti en octobre 1993 sur la carte Namco System 22 en arcade, à la base pour un seul joueur et avec une seule course (et c’est de cette première version que nous allons parler). Il eut droit à plusieurs révisions améliorées au fil des mois (tout simplement nommées RR2 et RR3), celles-ci ajoutant par exemple un mode multijoueur ou une vue externe, là où la version de départ étaient jouable seulement en solo et avec une caméra interne. La plus impressionnante d’entre elles, Full Scale, possédait carrément trois écrans pour couvrir une périphérie visuelle intégrale, et même la place pour une deuxième personne qui pouvait s’asseoir comme passager !

RRFS

Ridge Racer Full Scale, avec ses trois écrans, ses deux sièges… la classe !

Bien avant Fast and Furious…

Ridge Racer est, à la base, un jeu de course tout ce qu’il y a de plus simple : on est en arcade, donc il y a une pédale pour accélérer, une pour freiner, un volant, bref tout ce qu’il faut pour simuler une automobile. Le but, bien entendu, est de finir premier et ce dans les temps impartis, puisqu’il est en permanence limité. Celui-ci remonte lorsque l’on atteint des checkpoints, mais lorsqu’il arrive à zéro, on perd.

Son originalité, c’est la façon d’y conduire : en effet, la production de Namco est basée sur le drift, ou dérapage. Tout simplement, en lâchant l’accélérateur (ou freinant) une seconde puis en remettant les gaz en plein tournant, la voiture se mettra à prendre les virages les plus fous à toute vitesse. C’est une mécanique essentielle à comprendre et maîtriser pour finir la course dans les temps.

On n’est forcément pas seul sur le tracé, comme dit plus tôt, la machine gère donc des concurrents. Ridge Racer s’oriente plus sur l’arcade que la simulation, ainsi percuter une bordure ou une autre voiture ne sera pas fatal mais on rebondira brutalement contre,  perdant ainsi un temps précieux. Il y a le choix entre trois difficultés (qui augmenteront la vitesse maximale du bolide, demandant d‘apprendre et appréhender les virages différemment) et un mode Time Trial.

Ridge Racer

Start your engines…

Ridge Racer, à son lancement, ne paie pas vraiment de mine. Un écran titre, une voix qui prononce le nom du jeu, puis un menu pour choisir sa difficulté ou un Time Attack contre l’ordinateur, et c’est tout. Pas de choix de course – puisqu’il n’y en a visiblement qu’une seule – ni de véhicule. C’est un jeu d’arcade, oui, mais est-ce vraiment bien une raison ?

Ridge RacerC’est en lançant une partie que le soft prend toute son ampleur. Bien calé dans le siège de la borne, le volant entre les mains, on peut le dire : ça décoiffe ! La vitesse de la course, donc d’affichage, est prodigieuse et donne une sensation de vitesse encore rarement vue à cette époque, et de prime, sans poser aucun problème de ralentissement ou d’animation. Rouler à toute vitesse et déraper est immédiatement grisant et divertissant. Aucun problème de clipping (des éléments graphiques plus ou moins lointains qui s’affichent lorsque l’on s’en approche) n’est à signaler.

Les contrôles sont on ne peut plus simples et réactifs à souhait. On accélère, on freine pour déraper, on évite les autres et c’est tout. C’est rapide, direct, intense, du fait que les courses se passent en vue interne. Si le mode débutant ne demande de faire que deux tours, les autres font rouler sur trois – ce n’est pas spécialement crédible, mais on appréciera le jour qui tombe au deuxième tour pour se relever au troisième.

Ridge RacerLe jeu propose trois modes de difficulté pour apprécier cette course ; le « Novice » permet d’en profiter sans trop se faire de mal, le « Intermediate » (difficulté moyenne) réduit le temps donné par un checkpoint, ajoute un troisième tour à faire et la plus haute difficulté propose quant à elle un nouveau tronçon du circuit plus difficile, avec des virages en S assez serrés. Le Time Trial reprend ce dernier, et… c’est tout, au final. Ridge Racer se concentre sur son intensité plus que son contenu, et c’est bien dommage qu’il n’y en ait pas plus au vu de la performance donnée par le System 22.

Ce sont donc deux crédits qui, grossièrement, partent en trois minutes avec ce jeu, mais c’est bien là le propre de l‘arcade de l’époque : proposer des sensations fortes mais courtes qui donnent envie de remettre une pièce grâce à un challenge plus ou moins engageant. Et du challenge, Ridge Racer n’en manque pas. Si encore une fois la difficulté la plus basse peut être abordée par tout le monde et suffit après quelques tentatives pour s’y faire la main, les suivantes sont plus tendues. Apprendre la conduite de son véhicule, comment aborder les virages, tout comme maîtriser parfaitement le drift seront nécessaires pour en voir le bout. Y aller « comme ça pour le fun » est déjà beaucoup moins permis, mais du fait de ces trois niveaux, il reste aussi bien accessible aux joueurs casuals qu’aux plus chevronnés.

Ridge RacerSi la bande-son du jeu parvient à maintenir le joueur dans cette dynamique que l’action propose, elle n’est pourtant pas très longue et ne comporte en fait que quelques morceaux, qui sont joués aléatoirement à chaque course. Un commentateur fait des remarques régulières (et devient légèrement agaçant à la longue et un peu moqueur quand on ne finit pas une partie…), pour annoncer qu’un autre concurrent se trouve proche, ou que le timer touche à sa fin par exemple. Le bruit des moteurs des voitures et des freinages sont finalement ce qu’il y a de plus marquant à entendre, pour peu que l’on y prête attention.

Ce premier Ridge Racer, au final, est tristement beaucoup trop court ; bien sûr, c’est la particularité de l’arcade, proposer des sessions plus ou moins courtes au challenge et à l’attrait qui donnent envie de mettre plus de pièces dans la machine. Toutefois, une ou deux courses supplémentaires auraient totalement été méritées. Par l’adrénaline qu’il propose, sa vitesse, son immersion  et la grande maniabilité que la vue interne propose, il ne fait aucun doute que personne n’aurait hésité à en reprendre un peu plus…

Arcade version versus PlayStation version

Trois tours ne suffisent pas

Le premier épisode de la course à coups de drifts de Namco a su se frayer un chemin direct vers le haut des classements de l’époque : il est carrément devenu le jeu d’arcade de ce genre le plus rentable de toute l’année 1994 au Japon. En février de la même année, il a été remarqué comme étant le troisième jeu d’arcade le plus joué aux Etats-Unis.

Il a beaucoup été comparé à son ainé, Virtua Racing de SEGA (août 1992), le premier jeu de course en 3D. Pour beaucoup, Ridge Racer a été une grosse claque technique, le portant au rang du plus « beau jeu photoréaliste » qui soit. Sa vitesse et ses graphismes ont souvent été salués, dépassant justement le soft de SEGA, qui pourtant était déjà une avancée technique monstrueuse, aussi dotée d’une « meilleure » durée de vie (trois courses au lieu d’une seule pour RR).

Une course de VR, histoire de comparer.

Le succès de la borne d’arcade lui a valu un portage sur PlayStation, qui sortit en décembre 1994 (c’était l’un des titres de lancement de la machine). Cette mouture, moins belle voire même un peu baveuse, fournissait pourtant du grand spectacle avec une rapidité certaine (malgré des lags et un clipping bien présent dans les décors). L’impression de vitesse était satisfaisante, il y avait plusieurs voitures au choix, et vitrine technique oblige, le jeu avait été programmé de façon à être intégralement chargé dans la RAM (mémoire) de la console, ce qui permettait d’en enlever le disque une fois lancé, pour jouer sa propre musique en fond ! En revanche, toujours pas de mode multijoueur… Ridge Racer sur PlayStation s’est écoulé à plus d’un million cinq-cent-mille copies dans le monde (environ huit-cent-soixante-mille rien qu’au Japon). Un excellent succès qui a prolongé la série par diverses suites…

Entre 1994 et 1996, la licence prit cinq nouveaux épisodes (Ridge Racer 2, Rave Racer, Ridge Racer Revolution, Rage Racer, Pocket Racer) jusqu’à accueillir une vraie nouvelle suite, une vraie « revolution » (les épisodes sortis jusqu’alors restaient des jeux dans le même genre que le premier, une seule course modifiée selon la difficulté, etc) : Ridge Racer Type 4 en 1998. Cet opus, proposant un scénario, de plus beaux graphismes, plus de tracés et de voitures différents, était en quelque sorte la quintessence de la licence sur la console de Sony (ce volet fait par ailleurs partie des jeux contenus dans la PlayStation Mini). Il contenait également un remaster du tout premier jeu, sous-titré Hi-Spec.

Ridge Racer versus Ridge Racer Hi-Spec

La série a été coupée par une nouvelle année de répit, pour revenir encore une fois en 2000. Sur Nintendo 64, un très bon (mais toujours aussi similaire aux épisodes antérieurs à Type 4) Ridge Racer 64 est apparu, suivi par un cinquième volet sur Playstation 2 – encore une sorte de vitrine technique de la machine, puisqu’il était sur un CD-Rom et non pas un DVD. 2005 et 2006 ont vu arriver les épisodes 6 et 7 à leur tour, le tout agrémenté d’un dérivé R : Racing Evolution sur GameCube en 2003, et un portage du premier épisode (encore) sur NDS l’année qui suivit. Plus aucun jeu numéroté n’est sorti depuis, mais des spin-offs ne se sont pas privés de s’inviter à la course puisque huit nouvelles sorties ont eu lieu pendant les dix ans suivant RR7. Depuis, plus rien… pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque à certains, chez Bandai Namco !

Ridge Racer

Ridge Racer, jeu d’arcade au contenu plutôt limité mais pourtant ô combien addictif, a su tout raser sur son chemin en s’imposant comme la référence de la course automobile pendant un moment, pour rester dans le haut du classement avec ses suites. Véloce, fun, et accessible à tous les niveaux, le premier épisode reste en tous cas une référence du genre, à certes voir de nos jours avec le recul qu’impose le temps passé sur lui, mais si jamais un jour, par miracle vous trouvez une salle d’arcade qui propose d’y jouer, surtout, vous aussi, foncez ! Et faites juste attention à ne pas vous y ruiner… !

Et la prochaine fois, nous vous invitons à un voyage musical des plus singuliers et originaux de son époque !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Bandai Namco

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