Travel planner : interview croisée de deux spécialistes, passionnées du Japon

C’est un métier encore méconnu mais qui creuse petit à petit son sillon : celui de Travel planner. Le but d’un travel planner : vous préparer un voyage sur mesure, vous guider dans la création de votre carnet de voyage, et bien évidemment vous donner de multiples astuces ou lieux inattendus qui feront de vos vacances un moment inoubliable.

Programmer un voyage au Japon, un pays loin et complexe, peut constituer un défi, surtout à l’heure du tourisme dit « de masse ». Avoir recours à un travel planner pour des vacances au pays du Soleil-Levant est donc une idée à creuser. Cela tombe bien, car nous en avions justement deux sous la main : Marine Mellet, dont vous avez peut-être déjà lu des critiques de dramas chez nous, et Ninon Vincenti, alias Usapon, qui nous a rejoint il y a peu en temps que rédactrice – partenaire pour plusieurs articles que vous pourrez découvrir ce printemps.

Nous avons donc pris le temps de discuter avec ces deux travel planneuses : le parcours de chacune jusqu’à ce métier-passion encore un peu mystérieux, mais aussi de leur lien très fort avec le Japon, de cette aventure entrepreneuriale, de la très importante relation client, de leur quotidien… et bien plus encore. Une interview croisée passionnante !

Marine et Ninon : les présentations

Journal du Japon : Bonjour Marine et Ninon, et merci pour votre temps ! Débutons par votre parcours et par vous : quelles sont les études de chacune, déjà ?

Marine : Bonjour Paul ! Merci pour cette opportunité d’interview. De mon côté, j’ai un parcours un peu éclectique. Après une année en arts appliqués, je me suis aussitôt réorientée en langues et j’ai fait une licence LEA (Langues Etrangères Appliquées) Anglais-Japonais. J’ai fait la 3e année au Japon. En rentrant, j’ai fait un Master de FLE (Français Langue Étrangère) pour devenir professeur de français. Face à la difficulté de trouver un emploi stable, j’ai décidé de renouer avec mon autre passion, le voyage, et j’ai fait un BTS Tourisme à distance via le CNED. 

Ninon : Bonjour tout le monde et bonjour Paul, merci pour l’interview ! Enchantée. Moi, c’est Ninon. J’ai obtenu un Master en LEA (Langues Etrangères Appliquées), spécialité Communication Internationale, en anglais et en japonais.

J’ai fait mes études à Toulouse pour la licence et à Lyon pour le Master. J’ai eu l’opportunité de réaliser trois stages durant mon parcours, tous en lien avec le Japon (dont deux sur place dans le pays du Soleil-Levant).

Ces études me servent encore aujourd’hui, et j’en suis ravie, notamment pour les langues ainsi que pour tous les aspects liés à la communication et au marketing !

Votre histoire avec le Japon est assez différente pour chacune, puisque l’une est française, partie au Japon, tandis que l’autre est une franco-japonaise qui vit en France. Que représente le Japon pour chacune d’entre-vous ? C’est quoi votre histoire, globale mais aussi intime, avec ce pays ?

Marine : Comme dirait Obélix, je suis tombée dedans quand j’étais petite ! Plus sérieusement, comme beaucoup de ma génération, mes années scolaires ont été bercées par les jeux vidéo (Pokémon notamment), les mangas et les anime. Intriguée par la langue japonaise, j’ai commencé à apprendre en autodidacte tout en me plongeant dans la culture plus traditionnelle, la J-Music et les dramas. J’ai réalisé que seule, je n’y arriverais pas. À l’époque il n’y avait pas autant de contenus en ligne qu’aujourd’hui. J’ai donc intégré une licence de japonais et c’est ce qui m’a permis d’aller au Japon pour la première fois. 

Aujourd’hui, je peux dire que le Japon est mon pays d’adoption. J’entretiens une relation particulière avec le pays. Quand je n’y suis pas, j’ai toujours envie d’y retourner, mais il m’est arrivé d’avoir le mal du pays en restant trop longtemps sur place. Cependant je n’avais pas pour projet de m’y installer, ou du moins sans un objectif de vie solide. Vivre au Japon “juste pour être au Japon” ne m’intéressait pas. Finalement, c’est mon année de PVT qui a été décisive : rencontre de mon compagnon japonais et lancement de mon activité de travel planner. Vivre sur place est devenu une évidence. 

Avec le recul, je constate à quel point le mode de vie japonais correspond vraiment à ma mentalité et mes valeurs, je m’y épanouis davantage et je suis plus sereine, apaisée. Après, j’ai le bon côté de la médaille : je ne travaille pas en entreprise et je ne subis pas (encore) la pression exercée sur les Japonais et Japonaises par la société.

Ninon : Pour ma part, le Japon est tout simplement mon deuxième pays, ayant la double nationalité franco-japonaise. Ma mère est Japonaise, originaire d’Osaka. Je connais donc bien la région du Kansai, où j’ai passé la plupart de mes vacances en famille.

J’ai fait mon tout premier voyage au Japon à l’âge de six mois pour le mariage de mes parents (évidemment, je ne m’en souviens pas), mais il paraît que j’étais plutôt sage dans l’avion (donc c’est possible de voyager avec un enfant en bas âge, j’imagine). 
Depuis, je n’ai jamais cessé d’y retourner : d’abord pour les vacances avec mes parents, puis pour voir ma famille, et même pour passer quelques mois en maternelle afin de m’imprégner de la culture japonaise auprès des enfants de mon âge. Pour mes études, j’ai aussi pu expérimenter la vie professionnelle au Japon avec mes stages, j’ai été fille au pair dans une famille à Sapporo, et j’ai également voyagé dans le pays en solo ! 

En grandissant, mon lien avec le Japon ne s’est jamais rompu. J’y suis retournée régulièrement, j’ai suivi des cours à l’école de langue japonaise, puis j’ai continué à approfondir mon apprentissage à la fac grâce à mon cursus trilingue.

J’ai toujours eu une peur bleue d’oublier ma deuxième langue maternelle en raison de mon éducation scolaire en France. Il a toujours été essentiel pour moi de préserver ce lien avec mes racines, que ce soit du côté japonais ou français d’ailleurs.

Faire du Japon son métier

Bon, et ensuite, comment est venue l’idée puis le projet de devenir travel planner ?

Marine : Depuis que je voyage, j’ai toujours aimé organiser, chercher les petites pépites, partager mes bonnes adresses. Je pouvais passer des heures à planifier mes séjours sans me lasser. J’ai aussi aidé mon entourage, notamment pour un séjour à Londres pour mes parents et mes sœurs. J’ai longtemps tenu un blog où je racontais mes anecdotes de voyage, d’expatriation …  Une véritable passion. 

À l’issue de mon BTS Tourisme, j’ai travaillé 6 mois dans une agence de voyages. Si j’adorais écouter les rêves des clients et tenter de les réaliser, deux éléments me bloquaient : le côté vente à tout prix, le fait de devoir mettre en avant tel ou tel produit pour justifier les commissions. Je n’étais pas du tout à l’aise avec ça. De plus, je travaillais dans une agence généraliste donc nous proposions toutes les destinations. Je ne me sentais pas légitime de conseiller sur des destinations que je n’avais jamais visitées. On vendait très peu de voyages au Japon donc j’étais assez frustrée.

Entre temps je suis passée professeure freelance, et j’ai découvert le métier de travel planner. Ce fut une révélation pour moi et depuis je travaille d’arrache-pied pour concrétiser mon entreprise et aider les voyageurs à réaliser leur rêve. Je me suis spécialisée sur le Japon car c’est vraiment le pays que je connais le mieux et pour lequel je me sens légitime de m’exprimer. Ma formation en tourisme m’aide beaucoup et j’avais également prévu de suivre une formation orientée pour les travel planner mais je n’ai actuellement pas le budget car j’ai dû investir dans une école de japonais pour obtenir un visa au Japon.

Ninon : J’ai toujours voulu exercer un métier reliant la France et le Japon. C’est une symbolique importante pour moi, car elle me définit : en quelque sorte, je suis un pont entre ces deux pays.

Je suis aussi une personne plutôt indépendante et j’ai toujours su que je préférerais un métier autonome, où je pourrais me gérer librement. Le voyage étant l’une de mes passions, j’ai longtemps rêvé de travailler dans le tourisme, mais j’avais mis cette idée de côté, car mon cursus scolaire ne s’y prêtait pas. Pourtant, du côté perso, j’ai toujours aimé organiser et conseiller mes proches sur les voyages (surtout au Japon), me faisant donc gagner en légitimité et en connaissances.  

C’est durant mes années de fac que j’ai commencé à réfléchir plus sérieusement à mon projet professionnel. Un jour, je suis tombée sur ce concept encore peu connu de travel planning en découvrant un post sur les réseaux sociaux d’une formatrice dans ce domaine.

Intriguée, j’ai voulu en savoir plus et ça a été comme une révélation pour moi. J’ai pris le temps de me renseigner en détail, puis de me former, afin d’assimiler toutes les compétences essentielles pour ce métier. Car non, on ne devient pas travel planner du jour au lendemain sans une formation minimale !

Justement, le travel planning, comment ça fonctionne concrètement, quelles sont vos étapes clés ?

Marine : Il y a d’abord la prise de contact par mail, réseaux sociaux ou mon planning de disponibilités. Je propose ensuite un appel découverte gratuit de 30 minutes pour écouter le projet des voyageurs. C’est selon moi l’étape la plus importante, celle où je vais pouvoir montrer comment rendre le rêve du client réalité. Je les oriente alors vers mon service le plus adapté et propose un devis en adéquation avec leurs besoins. 

Je peux accompagner un client sur la planification de A à Z de son séjour : création d’itinéraire, recherche de transports, logements, activités … Dans le cas où je prends tout en main (sauf les réservations), je prends soin de proposer des hébergements bien situés, des trajets avec le moins de transferts possibles, des activités cohérentes avec les envies et les contraintes des clients … L’idée est que tout soit entièrement adapté au projet du client, ce n’est pas à lui de s’adapter à un itinéraire lambda. Ainsi, même si j’ai des bases de recherches communes à plusieurs projets, chaque itinéraire final est unique.

Pour les personnes souhaitant faire les recherches elles-mêmes, je propose aussi une session de questions / réponses pour leur permettre de peaufiner leur organisation. 

Enfin, je propose à peu près toutes les étapes de la planification à la carte car au final, chaque voyageur peut avoir des besoins différents ! 

Je souligne juste que je ne peux ni réserver en le nom du client, ni faire l’intermédiaire avec un prestataire, ni proposer d’assurance. En revanche, je peux effectuer mes recherches sur tous types de plateformes puisque je n’ai aucune commission, y compris sur des sites en japonais. Je suis libre et flexible. Mon travail est adapté aux personnes qui savent déjà gérer leurs réservations et ont besoin d’un coup de pouce car le Japon reste une destination lointaine, chère et plus complexe qu’un pays européen.

Ninon : Le travel planning repose sur un accompagnement personnalisé, et l’écoute et la compréhension du projet du client sont les étapes les plus importantes. Comme je propose des voyages sur mesure, je dois concentrer mon énergie sur une personnalisation complète du séjour pour qu’il corresponde parfaitement aux attentes du voyageur.

On a tout d’abord l’échange initial, que ce soit par téléphone, par visio ou par e-mail. Je prends le temps de comprendre les envies du client : quel type de voyage recherche-t-il ? Plutôt un séjour culturel, gastronomique, axé sur la nature, les expériences locales ? A-t-il déjà une idée d’itinéraire ou préfère-t-il se laisser guider ? Toutes ces questions permettent d’affiner le projet et de proposer un voyage qui lui ressemble.

Ensuite, je passe à l’élaboration de l’itinéraire. Une fois que les grandes lignes sont définies, je passe à l’élaboration d’un itinéraire détaillé. Après validation du devis et l’envoi de la facture, je me mets à la recherche des meilleures options pour chaque étape du voyage : les villes à visiter, le rythme du séjour, les moyens de transport à privilégier… L’objectif est de proposer un itinéraire fluide et optimisé, en tenant compte des contraintes de temps et du budget du client.

Vient ensuite la phase de recherche approfondie pour sélectionner les hébergements, les activités et les expériences adaptées. Je recommande des logements qui correspondent aux attentes du client (ryokan traditionnel, hôtel moderne, logement insolite…) et je suggère des expériences authentiques : visites guidées, activités culturelles, excursions hors des sentiers battus… 

Une fois que tout est validé et réservé (attention, comme Marine, je ne réserve rien à la place du client), je passe à la partie la plus complète : la création du carnet de voyage. Ce document regroupe toutes les informations essentielles pour le séjour :

  • L’itinéraire jour par jour, avec les activités recommandées et les temps de trajet
  • Les adresses et bons plans, pour les restaurants, les cafés, les quartiers à explorer
  • Des conseils pratiques, sur la culture japonaise, les transports, les habitudes locales
  • Des liens utiles, pour accéder rapidement aux réservations et à la carte interactive créée par mes soins.

Ce carnet sert de guide personnalisé, un peu comme un fil conducteur, mais sans rigidité : le client reste totalement libre de suivre ou d’adapter l’itinéraire à sa guise.

Mon travail ne s’arrête pas à la remise du carnet. Je reste disponible pour répondre aux questions de dernière minute et aider en cas de besoin avant le départ. Certains clients me sollicitent aussi pendant leur voyage pour des conseils de dernière minute, et je suis toujours ravie de pouvoir les accompagner à distance.

Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées ?

Marine : Le plus dur, c’est de savoir quels contenus proposer gratuitement et lesquels garder pour ses clients. J’estime qu’en tant que travel planner, j’ai une responsabilité sur ma façon de partager des lieux à visiter. Je souhaite contribuer à la promotion du Japon plus rural et contrebalancer ce “tourisme de masse” et je fais très attention à mon impact.

Ma seconde difficulté est que je vis dans le Kyûshû, tout au sud. C’est une région que je souhaite promouvoir mais il est assez rare que les voyageurs aillent jusque-là pour un premier séjour. À moi de me diversifier et de mettre en valeur cette belle région pour changer la donne ! 

En dernier, je dirais que le métier de travel planner est encore très récent et c’est très difficile de convaincre les gens de payer pour des conseils de voyage, alors qu’aujourd’hui on peut tout trouver sur Internet. Je reste cependant convaincue que, s’il est possible de tout trouver soi-même, on prend le risque que les informations ne soient pas actualisées, ne correspondent pas à nos besoins, soient contradictoires. Je me présente comme une facilitatrice de voyage qui soulage les préparatifs pour mieux profiter et optimiser. Il commence aussi à y avoir pas mal de concurrence, même si je suis plutôt pour l’entraide. Il faut donc impérativement se démarquer et je dois admettre avoir du mal à démarrer malgré toute ma bonne volonté.

Ninon : L’une des principales difficultés que j’ai rencontrées concerne la législation du métier. Le travel planning étant encore un concept relativement nouveau en France, il existe un flou juridique autour de cette activité. Il a donc fallu que je me renseigne en détail sur le cadre légal, notamment sur ce que je pouvais ou ne pouvais pas proposer en tant que professionnelle indépendante, afin d’exercer mon activité en toute conformité.

Un autre défi a été de me construire un réseau et de me faire connaître. Dans un métier où la confiance est essentielle, il ne suffit pas d’avoir des compétences : il faut aussi savoir se rendre visible et crédible auprès des voyageurs potentiels. Cela demande du temps, beaucoup de communication et une présence active sur les réseaux sociaux pour partager mon expertise et convaincre les futurs clients de faire appel à mes services, sans tomber dans l’abus des conseils gratuits qui peuvent dissuader nos clients de faire appel à nous.

Enfin, se lancer dans l’entrepreneuriat est un défi en soi, avec tout ce que cela implique au quotidien. Gérer son activité seule signifie porter plusieurs casquettes : création de contenu, gestion administrative, marketing, relation client… Il faut aussi apprendre à organiser son temps efficacement et à faire face aux périodes de doute ou aux imprévus. Mais malgré ces défis, cette indépendance me correspond parfaitement et je ne regrette pas mon choix !

Marine : Puisque l’on parle de difficultés, je me demandais… Ninon, quelle a été ta demande client la plus complexe à réaliser ?

Avis clients sur un projet aussi complexe qu'enrichissant !

Ninon : La demande la plus complexe que j’ai eu à réaliser a été l’organisation du voyage d’une maman avec son fils en situation de handicap, en fauteuil roulant. C’était un projet à la fois difficile et profondément enrichissant, car je me suis investie à 200 % pour que tout soit parfaitement adapté à leurs besoins et que ce voyage soit une expérience inoubliable.

J’ai dû faire énormément de recherches pour m’assurer que chaque aspect du voyage – les transports, les hébergements, les activités, les restaurants – soit totalement accessible et sans stress pour eux. Cela m’a aussi permis d’en apprendre énormément sur le handicap au Japon, les infrastructures existantes, les défis que rencontrent les voyageurs en fauteuil roulant, et surtout, l’importance d’un accompagnement attentif et personnalisé.

Au-delà de l’aspect logistique, ce voyage a été une aventure humaine très forte. J’ai ressenti une immense responsabilité, une pression (que je me mettais moi-même) pour que tout soit parfait. Mais au final, voir les étoiles dans les yeux du fils et de sa maman a été une des plus belles récompenses de ma carrière.

Aujourd’hui, j’ai gardé un lien incroyable avec cette maman, qui continue à parler de moi autour d’elle. C’est une femme que j’admire profondément, d’une force et d’une détermination inspirantes. Ce voyage m’a marquée bien au-delà du cadre professionnel, et je suis fière d’avoir pu contribuer à réaliser leur rêve de découvrir le Japon dans les meilleures conditions possibles.

Et toi du coup (s’adressant à Marine, NDLR) comment as-tu géré tes premières demandes clients ? Quelles ont été tes plus grandes difficultés au début ?

Marine : Contrairement à toi, je débute tout juste ! J’ai eu 2 sessions de questions-réponses et une demande de planification complète. J’ai mis un point d’honneur à être transparente envers mes clients concernant le fait que, comme je débutais, mes process n’étaient pas encore tout à fait rodés. Ils ont tous été compréhensifs et reconnaissants de ma sincérité. 

Ma toute première cliente était ravie des conseils que je lui ai apportés malgré sa demande de dernière minute et a été enchantée. Les autres départs sont fin avril et fin juin, j’ai hâte d’avoir les retours de mes clients. Je suis en train de travailler sur le carnet de voyage de ma cliente actuellement, c’est passionnant ! Ma difficulté principale était que j’avais du mal à déterminer la limite des informations à donner lors de l’appel découverte ou par e-mail. C’est dur de trouver l’équilibre entre assez d’informations poussées pour montrer mon expertise, et pas trop pour éviter que le prospect reparte avec tout ce qui lui faut sans rien signer. Mais c’est en pratiquant qu’on apprend et je pense qu’à chaque devis signé, j’y vois un peu plus clair dans mon discours.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

Marine : Écouter les rêves des gens et les vivre par procuration à travers leurs retours. Avant de me lancer officiellement, j’ai organisé le voyage de ma cousine, de mes parents, le voyage de noces de ma meilleure amie et le séjour de mon étudiant de japonais. C’était un bonheur d’entendre leurs anecdotes, d’avoir contribué à la réussite de leur voyage. Leurs remerciements m’ont fait chaud au cœur. Je suis heureuse de pouvoir me rendre utile, d’aider les passionnées ou les curieux du Japon à réaliser un rêve et que leur séjour soit à leur image. J’aime tellement mon pays d’adoption que j’en parle matin, midi et soir et que j’ai vraiment à cœur de partager ses belles valeurs, ses paysages, ses traditions, et d’embarquer d’autres rêveurs avec moi. 

J’aime pouvoir travailler d’où je veux : cela me permet de faire de petits voyages à travers le Japon sans interrompre mon activité. J’ai toujours eu besoin de liberté et de flexibilité dans mon travail car mes pics de concentration et de productivité ne correspondent pas aux horaires de bureau. J’aime notamment travailler le soir, quand tout le monde dort.

Depuis l’âge de 17 ans, j’ai exercé de nombreux métiers et je n’ai jamais réussi à m’épanouir complètement. Le salariat m’emprisonnait et je me sentais mal au quotidien. Être entrepreneuse m’a offert une liberté d’expression que je n’avais pas avant. Travel planner, c’est un métier-passion, comme l’enseignement (ma seconde casquette). Je me lève le matin et je fais ce que j’aime, ça n’a pas de prix !

Ninon : Ce qui me plaît le plus dans ce métier, c’est avant tout la liberté qu’il m’offre et la connexion que je crée avec mes clients. Être travel planner signifie pouvoir organiser mon temps comme je le souhaite, travailler à mon rythme et selon mes propres méthodes. Cette autonomie est précieuse pour moi, car elle me permet de m’épanouir pleinement dans mon activité. Sans compter le retour des clients, avec leurs anecdotes, leurs photos et voir leur visage illuminé d’un sourire… Je vous fais une petite confidence : j’ai été émue plus d’une fois en lisant ces précieux retours. C’est là que je prends conscience que mon travail rend les gens heureux.

J’aime aussi le fait de vivre de ma passion. Voyager, organiser des itinéraires et partager mes connaissances sur le Japon sont des choses que j’ai toujours aimées. Aujourd’hui, pouvoir en faire mon métier est une véritable satisfaction.

Ce travail me permet également de rester connectée à mon deuxième pays. Même lorsque je ne suis pas au Japon, je continue d’en parler, de l’explorer à travers mes recherches et de l’intégrer dans mon quotidien. En préparant des voyages pour mes clients, je me plonge à chaque fois dans de nouveaux itinéraires, ce qui me donne toujours envie de planifier mes propres futurs séjours.

Enfin, c’est une manière pour moi de me sentir plus proche de ma famille. Le Japon étant une part essentielle de mon identité, exercer un métier en lien avec ce pays me permet de garder un lien fort avec mes racines et de transmettre, à ma façon, un peu de cette culture qui m’est si chère.

Marine : Et sur tout le processus de planification, quelle est l’étape que tu préfères ?

Ninon : C’est la création du carnet de voyage ! C’est à ce moment-là que tout prend forme, que l’itinéraire imaginé se transforme en un guide concret et personnalisé.

J’adore cette phase parce qu’elle me permet de laisser parler ma créativité : structurer les journées, ajouter des recommandations précises, intégrer des cartes, des conseils pratiques… Je m’amuse vraiment à peaufiner chaque détail pour que le voyage soit fluide, agréable et parfaitement adapté aux attentes du client.

C’est aussi l’étape où je ressens le plus de satisfaction, car après des heures de recherche et d’échanges, je vois mon travail prendre vie sur papier (ou en version numérique !). Imaginer les voyageurs ouvrir leur carnet, découvrir chaque page avec enthousiasme, et se projeter dans leur aventure au Japon, c’est ce qui me motive le plus !

Enfin, terminons cette partie en parlant argent. Si je suis un peu provocateur, exprès, je pourrais dire : « voyager au Japon c’est déjà cher, pourquoi payer quelqu’un en plus pour organiser mon voyage, je n’ai pas les moyens !« 

Marine : J’entends tout à fait cette objection ! Dans cette optique, je propose des prix dégressifs en fonction de la durée du voyage. Cela peut paraître aberrant de payer quelqu’un pour organiser à notre place, mais tout le temps que le client ne passe pas devant son ordinateur à éplucher moult sites Internet, à croiser les informations contradictoires, à arpenter les groupes Facebook et les forums Japon où les réponses ne sont pas toujours adaptées aux besoins, il le passe avec sa famille, ses amis, à pratiquer ses loisirs. Il ne lui reste plus qu’à apprécier son voyage. 

Bien sûr, il y a des personnes qui adorent planifier eux-mêmes, d’où mon offre de questions / réponses ou celle à la carte où j’ai davantage un rôle de soutien : le prix est bas et le client repart avec plein de tips et bonnes adresses d’une locale ! 

Autre point non négligeable : les informations trouvées en ligne ne sont pas toujours actualisées et sont présentées du point de vue subjectif des auteurs. En tant que travel planner, je me mets à la place du client et comprends son besoin à lui, pour lui proposer une expérience personnalisée. Je suis là pour faire économiser du temps au client, mais aussi de l’argent, en proposant des astuces que lui-même n’aurait peut-être pas trouvé. En faisant sa planification soi-même, si on ne connaît pas le pays, on peut se retrouver à payer des services ou des activités plus chères qu’elles ne devraient coûter. Finalement, l’argent investi auprès d’un travel planner peut amortir le prix total du séjour sur d’autres pôles de dépenses. Parce qu’il arrive de réserver des hébergements “pas chers”, puis réaliser une fois sur place qu’ils sont super mal placés et desservis, et de perdre l’argent économisé dans … les transports ! 

On peut poser la question autrement : pourquoi payer un plombier si on peut réparer la fuite soi-même en regardant un tuto ? Pour avoir un œil de spécialiste, avoir un travail bien fait, éviter du stress inutile. Éviter de faire une bêtise, d’endommager encore plus la tuyauterie et de se retrouver en galère. Pour moi, c’est un peu similaire. Tout le monde ne fera pas appel à un professionnel mais celui qui le fait choisit la tranquillité d’esprit 🙂

Ninon : Voyager au Japon a un certain coût, mais ce n’est pas forcément aussi « cher » qu’on l’entend souvent. Certes, ce n’est pas une destination accessible à tous les budgets, mais avec une bonne organisation, il est tout à fait possible de faire des économies et d’optimiser ses dépenses.

Contrairement aux idées reçues, il existe de nombreuses astuces pour réduire les coûts, comme par exemple réserver ses billets d’avion en avance pour profiter des meilleurs tarifs, choisir des hébergements alternatifs comme les guesthouses, les auberges de jeunesse ou même des logements traditionnels abordables.

Sur place, on trouve aussi de nombreuses activités gratuites comme les temples, jardins, randonnées, quartiers animés… Sans oublier l’euro avantageux sur le yen en ce moment !

Les 5 étapes, par Ninon

Et du coup pour revenir à ta question : Alors, pourquoi payer un travel planner ?

Je comprends que tout le monde n’ait pas envie ou les moyens d’investir dans une organisation personnalisée. Mais faire appel à un travel planner, ce n’est pas un coût supplémentaire inutile, c’est un gain de temps et d’argent sur le long terme.

En confiant son voyage à quelqu’un qui connaît parfaitement le pays, on évite les erreurs de planning, on optimise ses déplacements, et on découvre des alternatives économiques adaptées à son budget. Mon rôle est aussi d’aider à éviter les pièges touristiques qui peuvent coûter plus cher que prévu et de recommander des bons plans adaptés aux envies de chaque voyageur.

Je rajouterai une autre question d’ailleurs : Quelle différence avec une agence de voyage ?

Je ne suis pas une agence et mes services sont très différents. Contrairement aux agences qui vendent des circuits prédéfinis avec des marges sur les hôtels et activités, je propose un accompagnement sur-mesure, sans commission sur les prestations. Cela signifie que je ne pousse pas à la consommation, je cherche seulement ce qui correspond le mieux aux attentes et au budget du client. En fin de compte, un voyage organisé par mes soins peut revenir moins cher qu’un voyage avec une agence traditionnelle.

Je propose aussi des offres moins chères pour les personnes souhaitant tout organiser elles-mêmes mais ayant besoin de conseil et d’optimisation (comme mon offre question-réponse), ou encore des offres à la carte pour pouvoir sélectionner seulement les besoins manquants dans le voyage (comme la recherche d’hébergements dans une ou plusieurs villes, des conseils sur les activités ou les visites, etc.).

L’essentiel, c’est que chaque voyageur trouve la manière qui lui convient pour organiser son séjour. Certains adorent tout planifier eux-mêmes, d’autres préfèrent être guidés et/ou passer par une agence de voyage qui s’occupe de tout, et c’est ce qui rend le tourisme si beau et varié : il n’y a pas qu’une seule manière de découvrir un pays ! Mon travail s’adresse à ceux qui veulent un accompagnement personnalisé, mais il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » façon de voyager.

Tourisme et surtourisme au Japon

Le tourisme au Japon a beaucoup évolué ces dernières années, vers le tourisme de masse. Est-ce ce regain de popularité qui vous a poussé à vous lancer dans l’aventure du travel planning ?

Marine : Absolument pas. Il est vrai que certaines villes telles que Tokyo, Kyoto ou Osaka sont vraiment touchées par l’affluence de touristes. Cependant, certaines régions ne sont quasiment pas fréquentées par les touristes étrangers. Du coup, je ne sais pas si le terme de “tourisme de masse” est réellement approprié. Je pense que les gens se massent aux mêmes endroits pour voir les incontournables, et car il est plus difficile de voyager dans les régions plus rurales sans parler japonais. Enfin, les réseaux sociaux ont aussi un impact non négligeable sur le choix des visites, selon moi. 

De mon côté, je faisais déjà plus ou moins du travel planning gratuitement via mon blog et auprès de mon entourage. Et même si je m’étais lancée avant que le Japon soit considéré comme une destination à la mode, je me serais spécialisée dans cette destination car c’est le pays où j’ai le plus voyagé et vécu. Je ne me ferme pas de porte et peut-être qu’un jour je rajouterai d’autres destinations mais ce n’est pas du tout au programme du moment.

Ninon : Effectivement, le Japon attire de plus en plus les voyageurs, mais le tourisme et la popularité du pays n’ont pas été les facteurs déterminant dans mon choix.

Je n’ai pas choisi le Japon pour sa popularité, mais parce que c’est le seul pays où je me sens légitime de conseiller les voyageurs. Avec plus de vingt séjours au pays du Soleil-Levant et une éducation franco-japonaise, j’ai la conviction que je peux apporter beaucoup aux futurs visiteurs.

Pour moi, ma mission principale est mon envie de sensibiliser les voyageurs au respect de la culture et des traditions japonaises. Avec l’essor fulgurant du tourisme, certaines personnes adoptent des comportements irrespectueux ou font preuve d’incivilité. En tant que travel planner, je pense qu’il est de notre responsabilité, à notre échelle, de les informer et de les éduquer sur ces aspects.

Je rejoins aussi Marine sur le terme “tourisme de masse” qui revient souvent, mais qui ne me semble pas non plus forcément approprié. Il s’agit plutôt d’un effet de mode sur des destinations, attirant donc de plus en plus de voyageurs aux mêmes endroits.

Il me semble aussi, à titre de comparaison, que la France accueille davantage de voyageurs que le Japon mais pour autant, on ne parle pas de tourisme de masse ici.

Marine : Je confirme : la France accueille davantage de touristes annuellement. Et j’ai les mêmes convictions qu’elle concernant le fait d’accompagner mes clients dans un tourisme respectueux des locaux, de la culture et des traditions.

D’ailleurs, toi, Ninon, y a-t-il des demandes de clients que tu refuserais ? Et pourquoi ?

Ninon : Oui, il y a certaines demandes que je refuserais sans hésitation. Cela va de soi, mais je ne peux pas accepter des clients irrespectueux ou dont le projet ne correspond pas à mes valeurs.

Par exemple, si quelqu’un me contacte dans l’optique de faire des choses illégales au Japon – que ce soit du travail non déclaré, ou encore une volonté d’enfreindre les règles locales – je ne pourrais pas accompagner cette démarche. De même, si une personne cherche à adopter une attitude irrespectueuse envers la culture japonaise, comme par exemple forcer l’accès à des lieux non ouverts aux touristes ou ignorer volontairement les règles de savoir-vivre, ce ne serait pas envisageable pour moi.

Heureusement, je touche du bois, mais j’ai l’impression d’attirer des voyageurs qui me ressemblent : respectueux, curieux, ouverts d’esprit et désireux de découvrir le Japon de la meilleure manière possible. Et ça, c’est une immense satisfaction, car cela signifie que l’image que je renvoie correspond aux valeurs que je souhaite transmettre. Travailler avec des voyageurs qui partagent cette vision rend mon métier encore plus enrichissant et agréable !

J’aimerais que vous lisiez notre bilan touristique 2024, qui parle pas mal de surtourisme, ici, et qui peut être un peu déprimant au départ… Dites moi ce que vous en pensez, et rassurez-nous un peu : peut-on encore aller au Japon sans hypothéquer sa maison ou vendre sa voiture ?

Marine : L’article dresse un portrait assez négatif, quoique réaliste, de la situation. On ne peut pas nier l’augmentation de la masse touristique au Japon. Il est évident que de visiter les incontournables en période de vacances scolaires ou en week-end expose au risque de subir la foule. Mais comme je le disais précédemment, ce n’est pas propre au Japon. Début avril, je me suis baladée du côté du  Louvre : il faisait beau et une foule compacte et particulièrement irrespectueuse était massée entre les jardins et la pyramide emblématique. 

Il existe plusieurs astuces pour éviter de voir ses économies fondre comme neige au soleil. Face à l’augmentation du JR Pass, se tourner vers les pass régionaux qui permettent de visiter d’autres régions beaucoup moins fréquentées. Ne pas se limiter aux périodes les plus plébiscitées (cerisiers et érables) : chaque saison a quelque chose de sublime au Japon. Accepter de faire la queue dans les incontournables, comme ce serait le cas dans n’importe quel autre pays. Et c’est aussi là que nous, travel planner, pouvons faire la différence : la masse touristique se concentre dans les lieux recommandés par les agences de voyages, les influenceurs, les guides. Nous pouvons orienter les visiteurs vers des expériences plus tranquilles et tout aussi authentiques. Mais qui ne seront pas les incontournables, de toute évidence. 

Chacun vit le voyage qu’il veut, et doit en accepter les conséquences. À titre personnel, mes parents ont visité le Japon pour la première fois en avril 2024 : ils ont fait un circuit à des années-lumières de la Golden Route, ils en ont pris plein les yeux, ont profité des cerisiers tranquillement et ne se sont pas ruinés. Ils n’ont pas mis les pieds à Tokyo et ça ne leur a pas manqué. Il est vraiment primordial de déterminer ce qu’on a envie de faire au Japon. Si on va voir le Shibuya Crossing parce que le guide le conseille alors que ça ne nous intéresse absolument pas, quel est le but ? Je pense très sincèrement qu’on peut voyager au Japon sans se ruiner, à condition de voyager de façon cohérente. 

Il est vrai que la question du surtourisme au Japon est devenue un sujet central ces dernières années, notamment avec l’explosion du nombre de visiteurs après la réouverture des frontières. 

Ninon : Certains lieux comme Kyoto ou certaines zones de Tokyo peuvent donner l’impression d’être envahis, et cela peut être décourageant… mais heureusement, le Japon ne se résume pas à ces endroits ultra-touristiques !

Et rassurez-vous, voyager au Japon ne signifie pas forcément vider son compte en banque. Il est tout à fait possible d’explorer ce pays sans hypothéquer sa maison ou vendre sa voiture ! 

 Avec une bonne planification, on peut notamment éviter les périodes de forte affluence (comme la Golden Week ou la saison des cerisiers en pleine floraison dans les grandes villes, attirant la majorité des voyageurs), découvrir des destinations moins fréquentées qui sont tout aussi riches culturellement : Kyûshû, Shikoku, la région du Tôhoku, ou encore des villes comme Kanazawa et Takayama dans les Alpes japonaises, pourtant facilement accessibles.

Je rejoins ma réponse précédente, mais optimiser son budget en choisissant des logements abordables, en utilisant des pass de transport adaptés et en privilégiant des coins sortant des sentiers battus, on fait de bonnes économies.

Bref, le Japon reste une destination extraordinaire, accessible et pleine de surprises. Le tout, c’est de bien préparer son voyage pour en profiter pleinement, loin des foules si c’est cet aspect qui vous inquiète et sans forcément se ruiner !

Justement, en parlant de destination : Marine, quelle destination ou expérience rêves-tu d’organiser pour un client un jour ?

Marine : Je suis déjà très heureuse d’avoir pu conseiller deux clients sur Kyûshû et Shikoku, deux destinations que je veux sincèrement promouvoir. À titre personnel, j’aime beaucoup partir à la découverte de lieux qui ont inspiré ou réellement servi de décors de films, anime ou drama. Je serais donc ravie d’accompagner des clients qui souhaitent orienter leur séjour sur ce genre de visites. En février 2024, je suis partie sur les traces du drama First Love qui se déroule à Sapporo, et cela m’a fait découvrir des coins où je ne me serais jamais rendue autrement. L’été dernier, j’avais une demi-journée “vide” avant de rejoindre un étudiant pour son cours à Yotsuya. J’étais dans le quartier ayant inspiré beaucoup de scènes de Your Name, et j’ai pris plaisir à tout visiter. Je pense que ce genre de voyage serait particulièrement inspirant à organiser !

Coups de cœur de Marine, par région

Ninon : À contrario, y a-t-il une destination que tu déconseillerais ou que tu trouves surestimée ? Pourquoi ?

Marine : J’aurais du mal à déconseiller un lieu car chaque personne a sa vision du Japon, ses centres d’intérêts et mes goûts peuvent être à des années-lumières de ceux d’autres personnes. En revanche, je déconseillerais d’arpenter des volcans tels que le Mont Aso ou Sakurajima dans le Kyûshû aux personnes ayant des soucis respiratoires tels que l’asthme. C’est mon cas, et même si c’est extrêmement frustrant pour moi de faire une croix sur l’ascension du Mont Aso, je privilégie ma santé. Je n’orienterai jamais des clients vers une visite qui pourrait nuire à leur santé. 

Pour le moment, je n’ai pas encore été confrontée à une destination surestimée, car chaque lieu a son charme particulier. Mais je mets tout de même en garde les clients sur les fausses idées véhiculées en ligne, transformant un lieu relativement banal en spot spectaculaire grâce à une vidéo bien cadrée. Il me paraît primordial qu’ils se rendent dans ce genre de lieux en connaissance de cause pour éviter toute déception inutile.

Finissons justement sur la question des lieux : c’est quoi votre endroit préféré au Japon ? Une ville, un temple, un musée ou un restaurant, comme vous le sentez !

Marine :  Je ressens une attirance inexplicable pour la ville de Yokohama. La première fois que j’y ai mis les pieds, j’ai tout de suite adoré son ambiance ! Je ne fais pas un seul séjour au Japon sans aller à Yokohama. Si je n’avais pas rencontré mon partenaire dans le Kyûshû, je pense que ce serait là-bas que je vivrais. Mais je suis également tombée amoureuse de mon île. J’adore Fukuoka et la ville voisine d’Itoshima. La région d’Ôita regorge également de pépites à visiter ! Toute l’île vaut le détour. Et j’ai aussi eu un petit cœur de cœur pour Hokkaidô et le Shikoku. Vous l’aurez compris, j’aime toutes les destinations qu’un voyageur ne fait jamais en premier. Car on a encore un peu l’effet de surprise, de découverte d’un lieu qui n’est pas sur tous les comptes Instagram, et que la culture et les modes de vie y sont encore différents par rapport à Tokyo, Osaka et Kyoto.

Mon sanctuaire favori est celui de Usa, dans la région de Ôita. Il y a une ambiance folle, très Ghibli. J’aime également le Kiyomizudera de Kyoto mais il est désormais trop fréquenté.

Ninon : Je m’excuse d’avance pour la réponse un peu cliché, mais mon endroit préféré au Japon, c’est chez mes grands-parents… C’est un lieu chargé d’émotions, d’enfance et de souvenirs. Bien sûr, ce n’est pas un endroit que les voyageurs peuvent visiter, mais c’est pour moi l’endroit qui incarne le mieux ce que représente le Japon : la famille, les racines, et ce lien particulier que l’on entretient avec ce pays.

Cela dit, si je devais recommander une destination plus accessible aux voyageurs, Osaka serait incontestablement ma ville préférée ! Beaucoup de gens la comparent à Tokyo, et certains la trouvent un peu trop bruyante ou moderne, mais pour moi, c’est une ville qui représente bien le Japon dans sa version aussi bien authentique que vivante.

On y trouvera notamment le symbole emblématique de la ville, le château, avec ses magnifiques jardins autour, parfaits pour une balade.

Côté ville, les quartiers incontournables Namba / Dotonbori, avec les néons, les restaurants délicieux et l’atmosphère vibrante. Le quartier de Shinsekai, un lieu un peu rétro, parfait pour goûter aux spécialités locales comme le kushikatsu, tout en explorant un Osaka d’antan.

Pour le côté spirituel, le temple Shitenno-ji (le plus ancien temple bouddhiste du Japon) ou encore le sanctuaire Sumiyoshi Taisha, réputé pour ses magnifiques ponts rouges et son cadre calme, loin de l’agitation de la ville.

Osaka regorge aussi de petits coins à découvrir loin des sentiers battus comme le village de Minoh. Je pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame grande ville = tourisme de masse.

Si vous avez l’opportunité d’y aller, vous y trouverez sans doute une atmosphère chaleureuse et conviviale qui fait tout son charme !

Voilà plein d’idées et de réflexions à noter pour un prochain voyage. Vous pouvez retrouver nos deux travel planneuses sur le web :

Marine sur son site Ryokoso, ainsi que sur Facebook ou Instagram.

Ninon sur son site Usapon, ou encore sur Facebook ou Instagram.

Et vous, tenté(e) par le concept pour votre prochain voyage au Japon ? Partagez-nous vos impressions en commentaires !

Remerciements à Marine et Ninon pour leur temps et leur énergie communicative

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

1 réponse

  1. Un immense merci au Journal du Japon pour cette belle opportunité ✨
    Participer à cette interview croisée a été non seulement un vrai plaisir, mais aussi un moment de réflexion sur mon parcours, ma passion pour le Japon et ce métier que j’aime profondément : être Travel Planner.

    Merci également à Marine pour cet échange riche et inspirant
    J’espère que cet article aidera les lecteurs à mieux comprendre les coulisses de notre métier, et pourquoi on y met autant de cœur

    Avec toute ma gratitude

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