Coupe d’Asie 2019 : le Japon rate la dernière marche

Si le Japon n’a pas autant déçu que certains autres grands favoris au titre (Australie, Corée du sud), les Samurai Blue sont passés à côté de leur finale et ont manqué l’occasion de remporter leur 5e coupe d’Asie. Que faut-il retenir de cette édition 2019 pour l’équipe menée par Hajime MORIYASU ?

Phase de poules : victoires poussives, mais victoires tout de même

Il est bien connu, dans les compétitions internationales de football, que les prestations d’une sélection en phase de poules ne sont pas toujours révélatrices de son parcours à venir. Il arrive fréquemment qu’une équipe à priori peu inspirée durant ses premiers matchs finisse par monter en puissance au cours de la phase à élimination directe. Ou vice-versa, qu’une autre sélection cartonne ses adversaires en phase de poules avant de chuter rapidement par la suite.

La première prestation des Samurai Blue durant cette coupe d’Asie avait cependant de quoi laisser particulièrement songeur. Mené 1-0 à la mi-temps par le Turkmenistan (qui terminera dernier de la poule avec 3 défaites au compteur), le 11 nippon est apparu en totale panne d’inspiration, faisant regretter à certains le forfait de dernière minute de Shoya NAKAJIMA. Et si Yuya OSAKO par deux fois et Ritsu DOAN profitaient en seconde mi-temps de la largesse défensive des turkmènes, la fébrilité nippone s’exprimait elle aussi pour porter le score à 3-2 : perte de balle au milieu de terrain, défense transpercée en une seule passe, et penalty provoqué par le gardien Shuichi GONDA, pris de vitesse par l’attaquant. Pas vraiment une action modèle en terme de solidité défensive…

Le jeu japonais a montré une meilleure image lors du second match contre l’Oman. Après plusieurs occasions franches non-concrétisées, c’est finalement sur un penalty pour le moins litigieux que Genki HARAGUCHI trouvait la faille pour inscrire le seul but du match. Avec deux victoires, le Japon est qualifié et le sélectionneur Hajime MORIYASU se permettait donc de faire tourner son 11 pour arracher la première place du groupe F contre l’Ouzbékistan (victoire 2-1).

Un style de jeu protéiforme ?

Premier gros test de la compétition, le 1/8e de finale contre l’Arabie Saoudite a donné lieu à des statistiques particulièrement révélatrices pour le Japon : 28% de possession de balle, 27 fautes commises en 90 minutes, et seulement 2 tirs cadrés. Suffisant pour s’imposer 1-0 sur un corner repris de la tête par le jeune défenseur de Saint-Trond Takehiro TOMIYASU. Au terme d’un match peu rythmé, le Japon s’est contenté de défendre bas après l’ouverture du score et d’évoluer en contre-attaque face à des saoudiens ne parvenant pas à trouver le bon dernier geste. Savoir gagner moche fait également partie du football, et le Japon obtenait ainsi son billet pour les ¼ de finale contre le surprenant Vietnam.

En ayant recours à une tactique davantage axée sur la possession de balle (s’élevant ici à 68 % pour les joueurs nippons), les Samurai Blue se contentaient également d’une victoire sur la plus petite des marges grâce à un penalty de Ritsu DOAN pour mettre fin à l’aventure vietnamienne. De quoi prouver la capacité des hommes de Hajime MORIYASU à s’imposer en utilisant plusieurs styles de jeu ?

Un Japon opportuniste et efficace contre l’Iran

Avant de rencontrer l’Iran, considérée à ce stade de la compétition comme le premier favori, le Japon avait remporté tous ses matchs par un seul but d’écart. Les doutes étaient permis face à l’équipe de Carlos Queiroz, déterminée à stopper la malédiction iranienne, la sélection n’ayant plus remporté de coupe d’Asie depuis les années 70.

Si la première mi-temps est équilibrée (à noter l’arrêt décisif de GONDA face à un attaquant iranien à la 22e minute), le Japon profite d’une incroyable erreur de concentration de la défense iranienne pour ouvrir le score en début de seconde période. Takumi MINAMINO s’effondre aux alentours de la surface avant de courir récupérer le ballon pendant que 5 joueurs iraniens se regroupent autour de l’arbitre, semblant réclamer un carton jaune pour simulation. L’arbitre ne siffle rien, et MINAMINO a alors tout le temps d’effectuer un centre millimétré pour la tête de Yuya OSAKO, profitant d’une sortie ratée du gardien de but iranien.

La “Team Melli” (surnom de l’équipe nationale iranienne) ne s’en remettra pas, et si GONDA s’illustre à nouveau sur un coup-franc iranien, c’est bien le Japon qui se permet de remuer le couteau dans la plaie grâce à un penalty de OSAKO, encore, et un dernier but de HARAGUCHI prenant de vitesse la défense iranienne. Un match rêvé pour le Japon au cours de cette demi-finale que certains appelaient à tort “une finale avant l’heure”.

La révélation Qatarie

Pas grand monde n’avait cité le Qatar comme favori potentiel à cette coupe d’Asie. Et pourtant, les chiffres ne mentent pas : un seul but encaissé, dix-neuf marqués, meilleur buteur de la compétition (Almoez Ali, 9 buts) et meilleur passeur (Akram Afif, 10 passes décisives). Le succès qatari lors de cette coupe d’Asie est incontestable, et demeure le fruit d’un travail de fond sur le long-terme réalisé notamment par Felix Sanchez Bas, formé à l’école catalane du FC Barcelone. Pleinement investi dans le football qatari depuis 2006, il a gravi différents échelons des moins de 19 ans à l’équipe A en passant par les moins de 23 ans. La coupe d’Asie 2019 a permis de révéler une équipe pratiquant un football cohérent avec une défense à 5 compacte mais aussi inspiré offensivement, comme en témoigne son grand nombre de buts inscrits.

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La finale a rapidement souri aux joueurs qataris après deux buts sensationnels inscrits dans les 20 premières minutes : Almoez Ali, profitant d’un manque d’agressivité flagrant de la défense japonaise, inscrit un superbe retourné acrobatique (alors que dans ses buts, GONDA tarde un peu trop à plonger sur le ballon…), et Abdulaziz Hatem, bien trop libre aux 25 mètres, inscrit une frappe millimétrée sous la barre. Les errements défensifs du Japon ont refait leur apparition au pire moment possible.

Si la seconde mi-temps japonaise est meilleure, la réduction du score de MINAMINO grâce à un joli piqué devant le gardien n’évitera pas l’inéluctable. Toujours aussi solide défensivement, le Qatar résiste et bénéficie même d’un penalty transformé suite à une main décollée du corps de Maya YOSHIDA. Ce sont bien les joueurs qataris qui remportent cette édition 2019, et ce, sans laisser place à la moindre contestation.

Liste des buteurs japonais durant la coupe d’Asie 2019

Yuya OSAKO – 4 buts (1 penalty)
Ritsu DOAN – 2 buts (1 penalty)
Genki HARAGUCHI – 2 buts (1 penalty)
Tsukasa SHIOTANI – 1 but
Yoshinori MUTO – 1 but
Takumi MINAMINO – 1 but
Takehiro TOMIYASU – 1 but

Quelle conclusion pour cette coupe d’Asie 2019 ?

La Coupe d’Asie 2019 a laissé place à quelques surprises : mis à part le succès qatari, plusieurs favoris tels que l’Australie et la Corée du sud (tous deux éliminés en ¼) ont beaucoup déçu tant par leur élimination relativement précoce que par leur niveau de jeu. Si en atteignant la finale, on ne peut pas dire que le Japon ait raté sa compétition, il n’a pas vraiment fait preuve d’une réelle maîtrise avec des victoires uniquement par un seul but d’écart en-dehors du match contre l’Iran. La défense japonaise en particulier a semblé trop souvent fébrile, notamment sur les contre-attaques (même si on pourra remarquer qu’elle n’a pas encaissé de buts durant 3 matchs consécutifs). Offensivement, l’absence d’un réel meneur de jeu suite au forfait de dernière minute de Shoya NAKAJIMA a sans aucun doute pénalisé la créativité nippone et la faculté de la sélection à déséquilibrer son adversaire. Les Samurai Blue ont heureusement su se rattraper sur les coups de pieds arrêtés (penalty contre le Vietnam et l’Iran, corner contre l’Arabie Saoudite) ainsi qu’en profitant des erreurs défensives adverses (contre l’Iran) pour atteindre la finale.

Takehiro TOMIYASU (20 ans), Ritsu Doan (20 ans), ou encore Takumi MINAMINO (24 ans) font partie des jeunes éléments présents dans cette coupe d’Asie et qui devraient poursuivre une carrière prometteuse sous le maillot japonais ainsi qu’en Europe. Au-delà des talents bien présents, on note toujours un certain déficit en termes d’agressivité défensive et d’impact physique au milieu de terrain. Le poste de gardien de but apparaît également comme un point faible de la sélection. Si Shuichi GONDA a su être décisif en demi-finale contre l’Iran, ses prestations contre le Turkmenistan ainsi qu’en finale ont montré certaines de ses limites, à l’image de Eiji KAWASHIMA durant la coupe du Monde.

Place à la… Copa America !

La sélection japonaise (ainsi que le Qatar) a été invitée à la Copa America 2019 qui se déroulera au Brésil à partir de Juin 2019. Elle affrontera en match de poules le Chili, l’Uruguay et l’Équateur. L’occasion pour les Samurai Blue de se confronter à des sélections expérimentées comportant de nombreux joueurs évoluant dans les meilleurs clubs européens. Le Japon a d’ailleurs déjà préparé ce tournoi avec deux matchs amicaux prévus fin mars contre la Colombie et la Bolivie.

Malgré plusieurs talents émergents et une capacité à varier son style de jeu, le Japon a été plombé en finale par une rigueur défensive en pointillé. Le football japonais doit encore gagner en régularité pour parvenir à franchir un nouveau cap. A l’image du travail de fond effectué par le Qatar, il faudra s’appuyer sur un socle solide de nouveaux jeunes joueurs pour espérer obtenir des résultats probants sur le long terme. Nous sommes bien entendu impatients de voir si le Japon saura tirer parti de ces enseignements au cours des prochaines échéances !

 

1 réponse

  1. 19 août 2020

    […] TOMIYASU avait été l’une des révélations de la sélection japonaise lors de la coupe d’Asie 2019. Alors qu’il évoluait à Saint-Trond dans le championnat belge, le club italien de Bologne […]

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