Souvenirs (jap)animés #7: NANA

Dans la suite de notre rubrique consacrée aux séries japanime qui ont marqué nos vies, Journal du Japon revient sur les traces du grand, de l’incontournable, du célèbre shôjo : NANA ! Publié en 2000 par Ai YAZAWA, le titre a marqué toute une génération.

Nana, c’est une rencontre inopinée entre deux jeunes filles aux univers bien distincts, un croisement entre du punk rock brut et une pop édulcorée à outrance, le tout sous-poudré d’une atmosphère mélancolique bien appuyée. 20 ans plus tard, Nana est resté ancré dans les mémoires et subsiste un souvenir vif pour celles qui étaient encore des jeunes filles. On vous partage donc notre rétrospective du manga sans fin !

Des personnages hauts en nostalgie

Dans une petite ville japonaise, Nana Komatsu, jeune femme tout juste adulte, décide de prendre sa vie en main et de monter à Tokyo, ville des opportunités, et lieu où habite son copain Shôji ainsi que ses meilleurs amis Junko et Kyôsuke. C’est dans le train qu’elle rencontre Nana Osaki et sa guitare. Son personnage apparaît comme mystérieux : vêtue de son blouson en cuir, elle parle peu d’elle, et répond brièvement aux questions que son interlocutrice lui pose. Les deux jeunes femmes sont amusées par les nombreuses coïncidences de leur rencontre : elles portent le même prénom, elles ont toutes les deux vingt ans, et s’apprêtent l’une comme l’autre à s’installer dans la capitale japonaise.

Plus tard, le destin frappe encore à leur porte, puisqu’elles se retrouvent par le plus grand des hasards lors d’une visite d’un même appartement. Elles décident de s’installer en colocation, pour tous les avantages financiers que cela présente.

Bien qu’une opposition flagrante d’intérêt et de caractère nous saute aux yeux, les deux Nana vont se lier d’une profonde amitié, et évoluer ensemble à travers différentes épreuves tant joyeuses que douloureuses.

« Dis, Nana, tu te souviens de notre rencontre ? Moi, je suis plutôt du genre à croire à ce que l’on appelle le destin. Alors pour moi, c’est un effet du destin. » _ NANA, tome 2.

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© 2006, Ai YAZAWA / studio Madhouse

 

Un coup du destin

Le rythme de l’histoire se développe autour des deux Nana, et se construit au fur et à mesure de leur rencontre et de leurs péripéties. On découvre alors leur parcours personnel, leur environnement respectif, et le fondement de ce qui a fait ce qu’elles sont. Chacun des personnages possède une identité qui lui est propre et une profondeur psychologique construite dans les moindres détails, ce qui rend Nana aussi réaliste.

Nana Komatsu se présente elle-même comme étant une fille banale, à l’image de sa ville natale : ni trop grande, ni trop petite, qui n’a aucun réel intérêt touristique. Sa famille plutôt bruyante est composée de trois filles dont elle est la cadette, ses parents ne sont ni riches, ni pauvres. Tout est dans un juste milieu parfait, léger et simple. Au début du récit, Nana Komatsu apparaît comme une jeune fille immature, enchaînant les déceptions amoureuses justifiées par son cœur d’artichaut. Peu sûre d’elle, elle s’appuie sur sa meilleure amie pour prendre chacune de ses décisions et jure au nom « du roi des démons », notamment à cause de son prénom (« Nana » signifie « 7 » en japonais, le chiffre du démon et de la malchance). À cause de son caractère extraverti et espiègle, Nana Osaki la surnommera Hachi, qui est le diminutif de Hachikô, le célèbre chien Akita de la gare de Shibuya. « Hachi » est aussi le chiffre « 8 » au Japon, qui symbolise également la chance. La remise en question d’Hachi est constante, elle est avec certitude l’un des personnes qui est marqué par une évolution considérable tout au long de l’histoire : sa manière de parler change, sa perception des choses est différente, et son style vestimentaire également. La série débute et se construit sous la subjectivité d’Hachi.

Hachi nous amène à rencontrer le second personnage principal : Nana Osaki. Dès les prémices de la série, une aura mélancolique émane de Nana. Une atmosphère qui est sûrement émise premièrement par son style vestimentaire, très rock, et son excessive beauté.

Dans le manga, on est immergé directement dans les villes natales des deux protagonistes. Contrairement à Hachi, Nana ne connaît rien de sa ville natale. Elle ne sait rien, non plus, de son père. Quant à sa mère, elle ne s’en rappelle plus. Elle a grandi dans une petite ville proche de la mer avec pour unique famille sa grand-mère, avec qui elle entretenait une relation conflictuelle. Dès lors l’antagonisme des deux personnages est posé, clair et net. Malgré une enfance tumultueuse, elle s’insère dans un petit groupe d’amis avec qui elle monte un groupe de musique aux influences punk : Blast. Ce groupe est constitué de Nana, la chanteuse, mais aussi de Yasu, Nobu et Ren avec qui elle entretient une relation amoureuse passionnelle. Mais le groupe finit par se dissoudre. Elle projette alors un but, un seul et unique rêve : monter à Tokyo pour devenir musicienne professionnelle.

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© 2006, Ai YAZAWA / studio Madhouse

Blast vs Trapnest

L’un des enjeux principaux de la série est la rivalité entre les deux groupes montants : Blast et Trapnest. Les groupes sont constamment confrontés pour leur musique, et le seront d’autant plus à cause de la proximité qui subsiste entre leurs membres.

En effet, Ren Honjô était le bassiste de Blast, et le petit copain de Nana. Il décide cependant de tout quitter lorsqu’il reçoit une proposition pour devenir le guitariste de Trapnest. Il monte à Tokyo avec son nouveau groupe pour faire ses débuts sur les scènes professionnelles. Malgré son départ, il reste proche de Yasu.

Ce dernier, Yasushi Takagi, est le batteur et leader du groupe Blast. Au départ de Ren, qui a engendré la dissolution du groupe, Yasu s’est consacré entièrement à son travail d’avocat stagiaire. Il entretient une affection particulière pour Nana, qu’il cherche constamment à protéger. Yasu est en quelque sorte la figure du conseiller, de l’homme mature, parfois idéalisé auprès de ses proches. Contrairement à ses camarades aux looks provocants, Yasu a une apparence plus sage : il ne porte que des costumes, ses fidèles lunettes de soleil, et se démarque par son absence totale de cheveux, sur lesquels il est souvent moqué.

Enfin, l’ancien groupe comptait également la présence de Nobuo Terashima, surnommé Nobu, guitariste attitré et compositeur de Blast. Il est le premier ami de Nana, et semble être une personne candide et profondément gentil. Souvent immature, c’est pourtant ce qui fait son charme.

Pour reconstituer le groupe à Tokyo, Nobu et Nana décident de trouver un remplaçant bassiste. Grâce à l’aide d’Hachi, ils rencontrent Shin’ichi Okazaki, un grand fan de Ren. C’est pourquoi il cherche à le dépasser et à devenir meilleur que lui. On apprend rapidement que Shin a menti sur son âge et qu’il est encore mineur. C’est un personnage assez mystérieux dont on découvre les péripéties au fil de l’histoire, comme par exemple le fait qu’il offre ses services à des femmes bien plus âgées que lui. C’est ainsi qu’il se rapprochera de Reira Serizawa, la chanteuse de Trapnest.

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© 2006, Ai YAZAWA / studio Madhouse

Reira est métisse nippo-américaine née à New-York, son prénom d’origine est Layla. Elle est amie depuis de longues années avec Takumi à qui elle est très attachée, et a entretenu une relation amoureuse avec Yasu par le passé. Elle apparaît comme étant une femme fragile, à tendance capricieuse.

En plus d’être un ami d’enfance de la jeune femme, Takumi Ichinose est également le bassiste et le leader de Trapnest. Il a une affection particulière pour sa chanteuse, et tient à composer la musique qui portera sa voix. Il est le personnage le plus détesté de la série par le public de Nana à cause de ses crises excessives et impardonnables de colère. Pourtant, il a une évolution considérable. Takumi est sans doute le personnage qui reflète le mieux l’ambiance globale de Nana, par sa psychologie complexe ne reflétant ni « le bien », ni « le mal ». Malgré son caractère froid, et son incurable côté play-boy, on lui découvre une certaine sensibilité lorsqu’il rencontre Hachi.

Enfin, le dernier membre de ce groupe n’est d’autre que Naoki Fujieda. Batteur de Trapnest et un ami proche de Yasu et Takumi depuis le collège. C’est un personnage plutôt simple, peu mis en avant. Il semble bien s’entendre avec tout le monde grâce à son côté gentil et blagueur.

La pièce de Junko

Les entourages des deux Nana vont inévitablement se mélanger. En effet Hachi se retrouve complètement intégrée dans l’environnement de sa colocataire. Elle ne jure et ne vit que pour Blast. Ses meilleurs amis, qui apparaissaient régulièrement aux prémices de la série, finissent par être moins constant. Ils interviennent quelques fois, pour conseiller Hachi, ou pour faire un récapitulatif des événements passés. Ces résumés se retrouvent dans « La Pièce de Junko » en fin de manga et dans 3 épisodes de la série. Ils permettent de casser le quatrième mur pour s’adresser directement au public.

Ces interventions sont donc jalonnées principalement par Junko Saotome, qui est la meilleure amie d’Hachi depuis le lycée et une étudiante en école d’art. Elle est la première à décider d’aller à Tokyo, pour s’y installer et continuer ses études. Jun a un amour maternel envers Hachi, qu’elle n’hésite pas à réprimander lorsque cela est nécessaire.

Elle apparaît constamment en duo avec son petit-ami, Kyôsuke Takakura qui ressemble un peu à Yasu par son aspect calme et constamment tempéré. Il est également une oreille attentive pour Hachi, mais est beaucoup plus indulgent que Junko, ce qui lui vaut d’être souvent disputé par cette dernière.

Enfin, on croise par moment Shôji Endô. Il étudiait dans la même faculté que Junko, Kyôsuke et Hachi. Au début du récit, il est le petit-ami d’Hachi et la raison principale pour laquelle elle s’installe à Tokyo. Bien qu’arborant un comportement gentil et bienveillant, il commet l’irréparable et provoque sa séparation avec Hachi. Après sa rupture avec celle-ci, il apparaît de moins en moins, mais de nombreuses références lui sont faites.


Du magazine au grand écran

Nana est publié dans les années 2000 par l’éditeur Shueisha initialement dans le Cookie, magazine de prépublication shôjo ayant également présenté des séries telles que Honey Bitter de Miho OBANA ou Comme elles de Sakura FUJISUE. Le premier tome relié sort ainsi le 15 mai 2000 et la publication se poursuivra jusqu’en 2009 avec le 21e volume. C’est dès octobre 2002 que la maison d’édition aujourd’hui nommée Delcourt/Tonkam sort le manga en France.

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© 2000, magazine Cookie, édition Shueisha / NANA, AI YAZAWA

Bien avant la parution de Nana, Ai YAZAWA se démarquait par ses précédentes œuvres pré-publiées pour la plupart dans le magazine Ribon, ancêtre du Cookie déjà édité par Shueisha. On lui doit notamment la romance Je ne suis pas un ange (Tenshi Nanka ja nai) qui se passe dans un univers lycéen. Elle a également publié Gokinjo, une vie de quartier (Gonkinjo Monogatari), un shôjo axé sur la mode qui se poursuit dans le manga Paradise Kiss. Ce dernier est sorti simultanément avec Nana. Il s’apparente à une suite de Gokinjo, une vie de quartier et lui emprunte plusieurs personnages.

Dans chacun de ses mangas, les héros tendent à posséder un style vestimentaire bien spécifique et peu commun qui compose leur univers. Dans le premier titre mentionné, le protagoniste Akira Sudô a un look rockabilly, entre moto et banane, tout droit sorti du film Grease. Tandis que dans les deux mangas centrés sur la mode, on rencontre des personnages plus proches de Nana, alternant entre un style vestimentaire lolita et punk, parfois coloré.

La construction d’un environnement inspiré de courants comme le rock ou le punk n’est donc pas exclusif à Nana, mais bien propre à celui de la mangaka. C’est certainement l’un des éléments qui a permis à Ai YAZAWA de se construire un public fidèle, car cet univers ne se limite pas seulement à ce manga. Il y a un peu de Nana dans chacune des œuvres de son auteure.

L’adaptation animée est diffusée sur NTV entre 2006 et 2007. Elle est produite par le studio Madhouse qui est notamment connu pour ses nombreux succès dont Perfect Blue, La traversée du temps ou encore Death Note, Parasite ou Sakura la chasseuse de carte (Card captor Sakura). En France, c’est Kazé qui prend en charge l’anime dès 2007. Dans un premier temps, il est édité au format DVD, avant d’avoir droit à une diffusion TV sur différentes chaînes : June (qui a aujourd’hui disparu), Virgin 17 (renommée en CStar), puis MCM en 2009. Cette adaptation de Nana contient 47 épisodes, et s’arrête aux environs du tome 12 de la version papier. Les caractéristiques des personnages y sont respectées : longues jambes, corps aux proportions fines, univers punky bien retranscrit.

Mais ce qui fait défaut au manga, et qui est rétabli dans l’animé, qui valorise également cette adaptation : la présence de la musique. En effet, même si Nana se base majoritairement sur un concept musical, où se dresse la rivalité entre deux groupes, on ne peut pas profiter de leurs chansons respectives en lisant les pages. Les musiques de Blast ou de Trapnest sont donc un réel plaisir à découvrir. Bien que le côté punk de Blast tire finalement plus vers une j-rock ou une j-pop prédominante.

En ce qui concerne la trame narrative, l’histoire est fidèle à l’original : on retrouve la scène de rencontre des deux jeunes filles, leurs vies dans leurs villes d’enfances respectives, ce qui les conduit à monter jusqu’à Tokyo, et les innombrables coups du destin. Comme dans le manga, toutes ces scènes défilent sous la narration d’Hachi, qui débute chacune de ses pensées par un habituel « Dis, Nana… » pour partager ses regrets et ses confidences les plus intimes.

Le petit défaut de cette version est sans doute les répétitions de scènes déjà vues quelques épisodes auparavant, qui peuvent entacher la fluidité de l’animé et compromettre la compréhension du nouveau spectateur.

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© 2005, Kentarô OTANI / Nana, Ai YAZAWA

Pourtant, cela est loin d’avoir empiété sur le succès de Nana, qui a également eu droit à 2 adaptations cinématographiques. Les deux films Nana sont réalisés par Kentarô OTANI, en 2005 puis 2006. Le premier film retrace les débuts de l’histoire, jusqu’à la rencontre de Hachi et Takumi. Le second film, lui, subit de nombreux changements : trois personnages ne sont plus joués par les mêmes acteurs, le film s’achève sur un feu d’artifice alors que les deux jeunes femmes s’enlacent dans leur appartement. Ces adaptations sont reçues par un public mitigé : certains satisfaits de suivre le quotidien des deux amies pleines de rêves, et d’autres déçus par le manque d’émotion de ces productions.

 

Nana dans la réalité

Ce qui est remarquable dans Nana, c’est la manière dont l’univers de la série s’ancre dans la réalité, et permet donc de se projeter avec énormément de facilité dans les aventures des personnages.

Les goodies / objets

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©Vivienne Westwood

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© Vivienne Westwood

 

Nana Osaki a une obsession pour la marque Vivienne Westwood. Réputée dans l’industrie punk, la styliste a notamment habillée et inspirée les Sex Pistols. Grande admiratrice du travail de Vivienne, c’est avec son accord qu’Ai YAZAWA a pu s’inspirer de ses créations. Les pantalons bandages et les motifs tartans sont l’influence directe de la marque. L’insigne s’est développée dans de nombreux pays dont le Japon. Vivienne Westwood participe depuis à la conception de certains produits issus de Nana, par exemple la bague armure de la chanteuse, et certains accessoires globe.

Dans le manga, on remarque bien d’autres objets ornés de la petite planète, logo de la marque. Les colliers de Nana, mais aussi ses vestes, chaussures ou sacs, souvent offerts par ses fans. Et ce n’est pas la seule puisque d’autres personnages, dont les membres du groupe, ont souvent des accessoires à l’effigie de la marque. Shin, par exemple, a une bague, des chaussures, mais aussi et surtout, son fameux zippo Vivienne Westwood, au centre de beaucoup de problèmes.

Bien sûr, la bague armure de Nana et le zippo de Shin ont été adapté en goodies, dans des formats moins luxueux que propose la marque de Vivienne !

L’un des accessoires phare qu’il est également possible de s’offrir n’est d’autre que le fameux collier de Ren ! Nana Osaki offre à ce dernier une chaîne scellée par un cadenas avec gravé dessus un « R », similaire à celui de Sid Vicious, qu’elle admire.

Le Jackson Hole

Si vous voulez déguster le Jackson Burger, comme Hachi le fait si souvent, vous serez ravis d’apprendre qu’il existe ! À quelques heures de vol de la France, vous pouvez retrouver le restaurant dans la ville de Chôfu, située à Tokyo ! Vous pouvez suivre l’équipe sur leur page Instagram juste ici !

C’est le seul endroit de Nana qui existe dans la réalité ! Inspiré des influences westerns de la ville de Jackson, aux États-Unis. En l’honneur de Nana, vous pouvez retrouver dans ce lieu plusieurs tomes du manga, certains dédicacé par Ai YAZAWA elle-même.

Le Japon traditionnel

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© 2006, Ai YAZAWA / Studio Madhouse

L’un des aspects qui est également très présent dans Nana, c’est la dimension japon traditionnel. Le personnage de Shin étant étranger, il pose sans arrêt des questions par rapport aux matsuri ou à la langue japonaise. C’est souvent Yasu qui fait preuve de pédagogie envers lui ! Par ses interventions, le lecteur, tout comme Shin, apprend les beautés de la culture japonaise comme par exemple concernant l’utilisation des tanzaku lors de la célébration de Tanabata ou l’émerveillement des feux d’artifices pour la tradition du Hanabi.

D’ailleurs, le pris-parti d’instaurer dans le récit des personnages étrangers (Reira, Shin), ou aux ethnies différentes (Kyôsuke, Junko) intensifie cet ancrage à la réalité D’autant plus qu’il n’est pas toujours courant d’insérer des caractères typés dans les mangas shôjo. Kyôsuke et Junko se démarquent par leurs caractéristiques physiques bien loin d’un stéréotype de beauté occidental, ou asiatique. L’un arbore des dreadlocks et l’autre est représentée avec ses cheveux naturels, crépus et bouclés.

Anna TSUCHIYA & Olivia LUFKIN

Si les chansons de l’animé sont bien différentes des films, ce sont celles de la première adaptation qui sont véritablement associées au manga. Les voix de Nana Osaki et de Reira Serizawa y sont respectivement interprétées par Anna TSUCHIYA et Olivia LUFKIN.

Anna TSUCHIYA a sorti l’album « Anna Tsuchiya Inspi’ Nana (Black Stones) » en 2007 avec le label Mad Pray Records au Japon, puis peu de temps plus tard en France grâce à Wasabi Records, un label rattaché à l’éditeur Kazé. Il s’est vendu à plus de 18 252 exemplaires. Cet album a permis à Anna TSUCHIYA de se produire sur plusieurs scènes, notamment le 25 juin 2006 au parc de Shinjuku, un live qui a été produit en DVD. On lui reconnaît lors de cette interprétation un look proche de celui de Nana Osaki. Elle est également passée par Paris en 2013 pour la première édition du salon Tokyo Crazy Kawaii, où elle a offert une séance de dédicace et un concert pour le plus grand plaisir de ses fans.

Née d’un père américain et d’une mère japonaise, Olivia LUFKIN a quant à elle interprété l’album « Olivia inspi’ Reire (Trapnest) », naquit grâce au label Cutting Edge au Japon, et Wasabi Record en France. Il s’est vendu à plus de 13 581 exemplaires. Sous l’accoutrement de Reira, elle participe également au street live du 15 juin 2006 au parc de Shinjuku, qui est retranscrit en DVD. Ce succès permet à Olivia de franchir les scènes d’une tournée européenne.

Un album compilation réunissant les chansons des deux artistes « Nana Best » est également sorti en 2007 en Japon et en 2008 en France. Il offre 4 chansons supplémentaires, inconnues du public.

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© Olivia Lufkin, Anna Tsuchiya / NANA

Ce que l’on retient de Nana

Loin d’un, «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » des shôjos habituels, Nana aborde des sujets bien plus sombres et complexes. Même si aux premiers abords des personnages comme Hachi peuvent paraître classique et sans réelle intériorité, il en est tout autre. Aucun caractère ne tombe dans le cliché, tout se situe dans la nuance, que ce soit pour Hachi héroïne de shôjo, ou Takumi bad boy indiscipliné.

Par ailleurs, YAZAWA offre à son public un artbook avec des planches colorées et authentiques de son œuvre. Et elle insère un tome bonus entre le 7 et le 8, « Nana Premium Fan Book 7.8 », où elle se confie sur plusieurs aspects du manga, et explique sa création, et ses anecdotes. C’est dans cette interview inscrite dans ce tome bonus que la mangaka explique que son objectif est de représenter, à travers la vie de Nana et Hachi, ce que la plupart des jeunes filles traversent durant leur vie, entre chagrin et plaisir. En bâtissant un monde aussi concret, elle tend à ce qu’un seul et même personnage soit perçu différemment selon le discernement de chacun : « (…) Je souhaite que tous mes personnages soient traités différemment par chacun des autres ». C’est précisément cette construction psychologique et ces divers points de vue qui permettent à Nana de ne pas être monotone, et de s’inscrire comme un hymne à la vie.

Parmi les thèmes à pincettes abordés par Ai YAZAWA, il y a entre autre Shin, jeune garçon mineur qui se prostitue. On mentionne aussi la conception de l’infidélité, qui est questionnée et remise en question à plusieurs reprises. La dépendance est également un sujet récurrent au récit. La possessivité que ressent Nana Osaki envers Ren et Hachi, cette dernière qui cherche à tout prix à être choyée et câlinée par son entourage… ou encore, un peu plus loin dans la version originale, lorsque le récit met en scène la dépendance aux stupéfiants de Ren et les scarifications de Miu, une jeune femme que rencontre le groupe… C’est par la multiplicité de ces sujets tabous que la vraisemblance se reflète, jusqu’à en devenir le leitmotiv de l’histoire.

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© 2019, illustration Ai YAZAWA

 

En 2009, Ai YAZAWA suspend toutes ses activités à cause de ses problèmes de santé : le dernier tome de Nana n’est, à ce jour, pas annoncé, seuls les premiers chapitres ont été prépubliés un an plus tard dans le magazine Cookie. Cependant, le manga reste indéniablement un best-seller, longtemps placé dans les meilleures ventes au Japon. Il a d’ailleurs reçu le prix Shôgakukan dans la catégorie du meilleur manga shôjo en 2003.

En 2019, YAZAWA a pourtant permis une réédition de Je ne suis pas un ange avec de nouvelles couvertures dessinées par ses soins. Puis en 2020, pour célébrer le 20ème anniversaire du jeu Space Channel 5, elle a également publié un dessin sur ses réseaux sociaux où l’on peut voir ses deux héroïnes, Nana Osaki et Hachi. Peut-être est-ce un indice pour une suite très prochainement ?

En attendant inlassablement la conclusion de Nana, vous pouvez retrouver l’intégrale des épisodes dans le tout nouveau coffret DVD édité par Kazé depuis le 5 janvier 2021 !

2 réponses

  1. Doc Kelso dit :

    Merci beaucoup pour ce retour sur un de mes animés préférés ! Je me refais très régulièrement la série depuis sa diffusion, et je ne m’en lasse jamais.
    J’ai toujours hésité à commencer le manga, vu que le côté musique représente pour moi 50% de l’œuvre ‘^^

    • Mitch dit :

      Franchement c’est dommage de s’arrêter à l’anime. La suite en manga propose plus de 8 tomes ( +~ 800 pages) , je te conseil vraiment de les lires s’en vaut vraiment la peine. Si ca peut t’aider j’ai les lus avec l’ost de l’anime pour plus d’immersion 😉

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