Io SAKISAKA, mangaka au grand cœur

Io SAKISAKA n’est plus une mangaka inconnue du public français car c’est elle est devenue une autrice phare du catalogue de Kana, qu’elle enrichit depuis maintenant 11 ans ! Ainsi, amateurs de shôjo, ce nom doit vous parler… Quant aux autres, nous vous proposons de revenir sur la carrière de cette mangaka, qui publie en ce moment-même en France sa dernière série à date : Sakura, Saku ! Bonne découverte !

Io SAKISAKA– Une mangaka discrète au talent indéniable

STROBE EDGE © Io Sakisaka / SHUEISHA Inc., Tokyo.

On sait finalement très peu de choses au sujet de Io SAKISAKA, hormis qu’il s’agit d’une mangaka qui dessine maintenant depuis 2001, et qu’elle a débuté dans le milieu par des histoires courtes essentiellement. Dans de nombreux apartés au sein de ses séries, elle explique même qu’au tout début, elle ne souhaitait pas devenir mangaka. Elle a toujours aimé dessiner, et cela avec une certaine liberté et une belle aisance, du moins quand elle était jeune. C’est en arrivant au collège, et en se confrontant à d’autres jeunes dessinant comme elle, qu’elle se rendit compte qu’elle n’avait pas réellement de talent particulier. Elle trouvait en effet que les autres dessinaient bien mieux qu’elle !

Elle décide à ce moment-là de ne pas devenir mangaka et de ne pas faire carrière dans le dessin… mais le destin la rattrape et, finalement, prenant le taureau par les cornes elle le deviendra quand même tout en faisant en sorte de prouver à elle-même et aux autres qu’elle dessine de belles histoires. C’est ainsi qu’elle se lance donc dans ce métier assez difficile, en débutant par des histoires courtes.

Certaines de ces dernières se trouvent d’ailleurs dans les deux recueils Short Love Stories proposé par Kana. C’est finalement avec Strobe Edge en 2007, qu’elle arrive à avoir sa première série longue, terminée en 10 volumes, et que sa carrière décolle alors. Un an après la fin de cette série, elle continue sur sa lancée avec une autre, Blue Spring Ride en 2011 qui la révèlera totalement. Depuis elle enchaine les séries à succès puisqu’elle sort Love, be loved, leave, be left quelques mois après en 2015, pour finalement proposer à la fin de la même année sa dernière série à date : Sakura, Saku, toujours en cours.

En ce qui concerne le dessin hésitant à ses débuts, que nous évoquions plus haut : on peut le percevoir dans les deux volumes de Short Love Stories. Néanmoins, au fil de ses séries longues, ce dernier gagne en assurance. Io SAKISAKA offre même de belles planches. On y retrouve effectivement toute l’intensité des émotions des personnages, grâce à des portraits très prenant, et à des situations attendrissantes, devenant un peu sa patte personnelle.

Réalité de la vie adolescente : amour, amitié, tranche de vie…

AO HARU RIDE © 2011 by Io Sakisaka / SHUEISHA Inc.

On dit souvent qu’on reconnait un ou une mangaka à son dessin, mais on les identifie aussi par leurs histoires et leurs trames. L’un des plus connus à ce sujet, car beaucoup estime qu’il réutilise des tips connus de ses précédentes séries n’est autre que Hiro MASHIMA, l’auteur de Rave mais aussi Fairy Tail.

À sa façon Io SAKISAKA aime elle aussi transmettre ses propres ingrédients du shôjo, qu’elle distille petit à petit tout au long de son récit. Par ailleurs, elle n’hésite pas à réutiliser d’anciens personnages. Par exemple, l’Artbook Io Sakisaka sorti cet été en juillet, confirme bien que les deux premières séries de l’autrices se passent dans la même zone géographique, dans deux quartiers très proches. Si vous êtes attentif à la lecture de Blue Spring Ride, vous apercevrez à un moment donné le couple formé dans Strobe Edge par Ninako et Ren. On apprend même qu’en réalité une gare permet de relier ces quartiers ensemble.

De la même manière, Sakura, Saku est centré sur le frère d’un personnage croisé dans la précédente série Love, be loved, leave, be left ! Un protagoniste qui risque d’ailleurs bien de devenir l’un des héros clés de l’histoire dont l’héroïne pourrait tomber amoureuse.

OMOI, OMOWARE, FURI, FURARE © 2015 by Io Sakisaka/SHUEISHA Inc.

Au-delà de ces petits clins d’œil qui font comprendre que la mangaka aime s’amuser avec ses lecteurs et relier certaines de ses séries entre elles, on retrouve un quotidien identique derrière tous ses récits puisqu’il se passera exclusivement au lycée. On débute ainsi chaque histoire par l’entrée en première année de lycée. Dès lors nous suivons le quotidien de l’héroïne et de ceux qui l’entoure.

L’autrice aime également écrire et partager les émois adolescents car elle estime que c’est une période importante et dans laquelle de nombreuses choses changent dans leur état d’esprit. Tout comme le lycée qui est une toile de fond commune, le pitch initial de ses romances reste le même : une jeune fille tombe amoureuse et se voit confrontée à cet état émotionnel fort. Elle est entourée de camarades qui soit seront de son côté, soit la feront réfléchir pour avancer et prendre les bonnes décisions.

Mais pour la mangaka, et c’est là que chaque série se démarque, l’amour peut recéler plusieurs visages et surtout s’exprimer de différentes manières grâce à des personnages aux personnalités bien différentes les unes des autres. Ainsi dans sa première série longue, Strobe Edge, Ninako est une fille assez candide qui découvre le sentiment amoureux en rencontrant Ren, pourtant déjà en couple ! Cela ne fera qu’accentuer ce qu’elle ressent et elle décidera de l’aimer envers et contre tout, même si son amour est impossible. Volontaire, spontanée, mignonne et joyeuse, elle prendra de l’assurance au fur et à mesure, comprenant qu’elle peut elle aussi plaire. Une romance un peu douce-amère qui trouvera un dénouement pourtant heureux.

SAKURA, SAKU. © 2021 by Io Sakisaka / SHUEISHA Inc.

À l’inverse, dans Blue Spring Ride, on découvre une adolescente, Futaba, ayant eu un coup de foudre au collège pour un garçon, Kô, sans avoir réussi à lui avouer avant que ce dernier ne déménage pour raison familiale. Plutôt jolie et mignonne, les garçons lui tournant autour, elle se fait vite rejeter par les autres filles. Elle décide alors, qu’au lycée, elle fera tout pour se faire accepter des autres filles quitte à changer sa personnalité : elle va devenir plutôt rustre, directe et très peu féminine ! Mais sa rencontre avec une fille très mignonne qui s’assume et les retrouvailles avec Kô mettront son cœur à rude épreuve, faisant remonter du passé des sentiments contradictoires. Après un long chassé-croisé entre les deux, le dénouement les concernant arrive et permet de distiller tout le savoir-faire de la mangaka.

Pour Love, be loved, leave, be left, Io SAKISAKA sort un peu du cadre de ses deux premières séries en offrant non pas une mais deux héroïnes à son récit ! Et surtout deux héroïnes qui ont une vision bien à elle de l’amour. La première, Yuna, croit au prince charmant, étant même tombée amoureuse enfant de l’un d’eux dans un livre. Elle croit ainsi en un amour pur, sincère sans même l’avoir vécu, étant trop timide.

Akari en revanche est une jeune fille que l’on pourrait presque dire expérimenté en la matière, ayant déjà eu plusieurs relations amoureuses, et en vivant même une au début du récit. Elle est à l’inverse très sûre d’elle, directe, entreprenante et elle estime que l’on peut tomber amoureux qu’une fois après être sorti avec un garçon, s’il nous plait.

© by SAKISAKA Io / Shûeisha

Les deux jeunes filles vont devenir très vite proches, et confronter leur propre vision de la vie, de l’amour et de l’amitié également, et s’encourager mutuellement. Yuna tombe amoureuse d’un garçon au succès certain, Akari d’un autre qui ne semble pas voir les filles pour ce qu’elles sont. Cette série permet aussi de suivre les pensées des deux garçons en question et d’offrir un spectre général autour de l’amitié et l’amour adolescent.

Enfin, Sakura,Saku, disposant pour le moment de deux volumes en France, met en avant une autre héroïne, solaire et bienveillante : Saku. Durant de nombreuses années, elle se sent transparente et sans nom véritable, jusqu’au jour où un inconnu va lui venir en aide alors qu’elle fait un malaise dans le métro. Quelques mois plus tard, à son entrée au lycée, elle cherche toujours ce bienfaiteur afin de le remercier, son sentiment s’étant mué petit à petit en amour.

Elle sera aidée pour cela de Haruki Sakura, qui serait le frère de la personne qu’elle recherche. Mais après quelques péripéties, elle finit par comprendre que ce n’était peut-être pas de l’amour qu’elle ressentait pour cet inconnu. Et que ce dernier serait peut-être juste sous ses yeux… Un récit qui part donc d’une lycéenne souhaitant aider son prochain, heureuse et volontaire, qui part à l’aveugle en plein cœur d’un sujet qu’elle ne maîtrise pas. On a d’autant plus hâte de découvrir son cheminement intérieur.

Au-delà de toutes ces histoires, on apprécie fortement que l’autrice puise dans ses propres souvenirs et tente de reproduire à la perfection l’adolescence et la vie lycéenne. Elle y ajoute une pointe de réalisme qui fait mouche et qui attire, abordant série après série des sujets divers. Dans sa dernière série par exemple, on distingue que l’une des camarades de l’héroïne vivrait une relation où elle est plus ou moins maltraitée par son petit ami, un sujet encore non traitée par la mangaka.

Dans les romances de Io SAKISAKA on retrouvera donc le schéma habituel d’une romance standard, mais décliné de série en série avec une certaine expertise. Si l’on reconnaitra le fameux triangle amoureux, on y verra aussi du talent : la mangaka donne une grosse part à la vie adolescente et aux relations entre chaque personnage. Chacun aura sa dose d’introspection, avec des pensées qui évoluent et qui changent, ce qui se passe au final dans toutes les têtes blondes !

On vous conseille de découvrir l’auteure série par série, mais si vous voulez comprendre tous les ingrédients qu’elle distille, alors débutez par Blue Spring Ride où tout y est. Bonne lecture et revenez nous dire ce que vous avez aimé chez Io SAKISAKA !

Charlène Hugonin

Rédactrice à Journal du Japon depuis quelques années, je suis un peu une touche-à-tout niveau mangas, anime et culture. Mais j'ai une jolie préférence pour tout ce qui a trait à la gastronomie japonaise, et ce qui tourne autour et même le sport ! Peut-être pourrons-nous même en parler ensemble ?

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