Rencontre avec Lana : de la robotique à la recherche de vie extraterrestre
Aujourd’hui, Journal du Japon part à la rencontre de Lana, co-fondatrice de la branche Kyoto du Sony Computer Science Laboratories. En compagnie de Cookie, son chien qui parle, elle nous raconte son Japon : son parcours, son quotidien, sa perception du pays et du surtourisme ainsi que son travail dans les nouvelles technologies.

Dans la lignée des témoignages réalisés dans la série Elles nous racontent leur Japon, on retrouve aujourd’hui le portrait de Lana habitant dans la banlieue de Kyoto qui a évoqué avec nous son parcours, son travail, son quotidien… son Japon.
Son parcours
Journal du Japon : Bonjour et merci pour ton temps. Pour commencer, pourrais-tu présenter ton parcours à nos lecteurs ?
Lana : Je suis chercheuse. J’ai fait une partie de mes études au Japon : un master et un doctorat. Je vis dans le pays depuis 14 ans et ces 5 dernières années, je les ai passées à Kyoto. Maintenant, je travaille au Sony Computer Science Lab. Je suis en parallèle assistant professeur au National Institute for Basic Biology de Okazaki, près de Nagoya.
Comment est née ta passion pour le Japon ?
Au départ je voulais juste étudier une langue étrangère et j’avais pensé à apprendre le chinois. Mais une amie chinoise m’a dit que la langue chinoise est trop difficile et qu’il valait mieux que j’apprenne le japonais. C’est donc un peu par hasard que j’ai choisi la langue japonaise. Pendant mes études en France, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage d’un mois au Japon après seulement un an d’apprentissage de la langue. Ce stage a été mon premier vrai contact avec le Japon. Et comme ce fut positif, j’ai décidé de poursuivre mes études au Japon.
J’ai donc vraiment atterri au Japon par hasard. Je ne connaissais rien à ce pays, je ne regardais pas d’anime, je ne lisais pas de mangas (et je ne lis toujours pas de mangas d’ailleurs). La seule chose que je connaissais de la culture japonaise, c’était quelques mots techniques appris lorsque je faisais du judo enfant. Voilà ce à quoi se résumait ma culture du Japon.
Comment as-tu appris le japonais ?
J’ai donc étudié le japonais pendant un an en France mais j’étais dans une formation scientifique donc c’était limité à 2 heures de cours par semaine. C’était très basique : lecture et écriture des kanas, quelques leçons de grammaire… Suite à cela, j’arrive pour un mois de stage à la campagne où personne ne parlait un mot d’anglais. Et c’est là que j’ai vraiment appris à parler japonais, parce qu’il fallait que je remplisse les objectifs de mon stage et sans communication, c’était juste impossible. Au départ, on communiquait plutôt par gestes ou en en faisant des petits dessins parce qu’en plus à l’époque, il n’y avait ni smartphone ni 4G. C’était très artisanal, on pourrait dire : on faisait ce qu’on pouvait ! Après une semaine, la communication était établie. Et après un mois, je parlais déjà couramment japonais.
La clé de l’apprentissage est d’être dans un environnement où il faut utiliser le japonais, ce qui en général est presque impossible quand on est étranger et qu’on ne vit pas au Japon. Mais même en vivant sur place, c’est compliqué car au départ c’est très inconfortable de ne rien comprendre et de se sentir en difficulté. En plus, un étranger qui se retrouve à Tokyo ou en école de langue ou en échange académique, sera entouré d’étrangers et donc l’immersion va être très difficile. La société japonaise n’est pas nécessairement très ouverte ce qui ne va pas favoriser l’immersion. Si on prend l’exemple des travailleurs immigrants (vietnamiens ou chinois par exemple), on se rend compte que quel que soit leur niveau d’étude ou leur niveau initial de japonais, ils apprennent très vite à parler parce qu’ils n’ont pas le choix. Ce n’est pas non plus une question d’aptitudes, car tout le monde sait parler au moins une langue et donc peut en apprendre une autre. Dans mon cas, je n’ai pas choisi d’aller à la campagne : l’immersion a été un hasard, une conséquence, et cela s’est révélé être une chance.
Après le stage, j’ai poursuivi mes études (en France), j’ai fait un test d’aptitude pour pouvoir changer de niveau de japonais et prendre des cours qui étaient un peu avancés. Avant de partir étudier au Japon, j’ai eu la possibilité de passer le N2. Comme c’était sur place, je m’étais un peu inscrite par hasard et je l’ai eu de justesse.
Mais récemment, j’ai demandé à mon entreprise de suivre des cours de japonais et ils m’ont tous demandé : « mais pourquoi ? Enfin, ça fait des années que tu travailles ici et tu n’as pas de problème en japonais, donc pourquoi veux-tu des cours ? ». Mon but était d’apprendre à donner des conférences en japonais. J’avais déjà le niveau pour le faire et les codes, mais il me manquait la confiance en moi.
La première prof qu’ils m’ont envoyée, c’était une dame qui me demandait de lire un texte en kanji, de répondre à des questions et qui m’interrogeait sur la grammaire. C’était horrible. J’ai demandé à changer d’intervenante et la suivante a bien compris ce que je voulais faire et pendant 6 mois, elle m’a aidé à me préparer à ma première conférence en japonais !

Son quotidien au Japon
Comment es-tu perçue en tant que femme, de couleur et étrangère ?
Le critère principal est d’être étranger. Du moment que physiquement on parait non-japonais, la différence entre être un étranger homme ou un étranger femme ou un étranger de couleur n’est pas si grande. On est donc mis dans la case étranger et non dans la case femme. La différence de traitement entre Japonais et étrangers est tellement grande qu’au final la différence entre étrangers femmes ou étrangers hommes ou étrangers de tel ou tel pays est beaucoup moins grande.
Pour une femme étrangère, il y a beaucoup moins de pressions sociales au niveau des normes comparées aux Japonaises. Par exemple, il y a du sexisme, mais c’est pire d’être une femme japonaise qu’une femme étrangère. Au niveau de la couleur de peau, il y a quand même une assez grande différence entre comment les blancs sont traités par rapport à tous les autres. Mais au final, quand on est étranger, c’est la différence de traitement avec les Japonais qui va le plus frapper.
Au niveau de la vie quotidienne, il y a beaucoup de discriminations au Japon. Ce n’est pas nécessairement physique mais c’est de la discrimination qui est très ouverte et qui n’est pas honteuse. En France, la discrimination est perçue comme quelque chose de négatif, alors qu’au Japon ce n’est pas le cas. Et même si officiellement c’est illégal, elle est tolérée. Au niveau du quotidien, ça peut être ennuyeux ou fatiguant parce que c’est toujours aussi les mêmes choses. Mais on peut vivre avec assez facilement.
Par contre, pour les choses importantes, cela peut être problématique et très difficile. On entend souvent que le statut de résident permanent est nécessaire pour l’obtention d’un crédit immobilier mais c’est plus complexe. Je me suis vue refuser plusieurs prêts et quand j’ai demandé la raison, on m’a dit que c’était car j’étais étrangère. Une fois qu’on est refusé par une banque, la suivante sachant que j’avais déjà essuyé un refus a supposé que j’avais des dettes ou un casier judiciaire et ne voulait pas me croire quand je démentais ce qui est plutôt humiliant.
Tu as vécu dans plusieurs villes, quelles sont leurs avantages/inconvénients respectifs ?
J’ai vécu à la campagne dans le Kansai, à Tokyo, puis plus au nord à Sendai. Et actuellement, j’habite à Kyoto. Il y a une grande différence entre la ville et la campagne, mais il y a aussi une grande différence entre ce qu’il y a au nord de Gunma et le reste du Japon. Le Tôhoku est assez fermé d’esprit, pas seulement vis-à-vis des étrangers, mais aussi vis-à-vis des autres Japonais. Quand j’étais à Sendai pour mon master, j’étais presque déprimée parce que c’était vraiment très différent de ce que je connaissais du Japon.
Actuellement, j’habite dans la banlieue de Kyoto : ce n’est pas exactement la campagne, mais presque. Dans les banlieues et aussi dans les campagnes, les gens sont plutôt contents de voir des étrangers. Ils veulent interagir avec eux et donc, ils vont trouver n’importe quel prétexte pour engager la conversation, pour les inviter, et vont même leur faire de petits cadeaux. J’ai plutôt de très bonnes relations avec mes voisins et je pense que ce ne serait pas le cas si j’étais japonaise parce que mes voisins entre eux n’ont pas l’air très amicaux.
En ville, tout le monde s’ignore, comme dans toutes les grandes villes. Kyoto a une mauvaise réputation auprès des Tokyoïtes. Avant mon déménagement, on m’a dit de faire attention, parce que les Kyotoïtes ne sont pas ouverts et ne sont pas gentils. Mais quand je suis arrivée à Kyoto, je ne l’ai pas ressenti. J’ai plutôt une bonne expérience de Kyoto en tant qu’étrangère.
On parle de plus en plus de surtourisme notamment à Kyoto où tu vis actuellement, as-tu vu une évolution ?
J’ai déménagé à Kyoto juste au début de la pandémie. La ville était vide : aucun touriste, ni japonais ni étrangers. C’était un peu une ville fantôme. Tous les commerçants étaient très déprimés : il n’y avait plus de clients. L’économie était catastrophique : la ville de Kyoto a même déclaré faillite. Quand les touristes ont commencé à revenir après la réouverture des frontières, l’économie a recommencé à tourner et c’était très visible. La ville était plus active et plus énergique. Et là, on recommence à avoir des personnes qui se plaignent des touristes. Il y a une grosse différence entre l’action du gouvernement (la promotion du tourisme et de Kyoto) et la perception des locaux : impossibilité d’accéder à certains restaurants ou boutiques, bus envahis par les touristes, augmentation des prix car les touristes sont prêts à dépenser plus…
Il y a aussi un problème structurel, Kyoto n’est pas très bien desservie par les transports en commun et les spots touristiques sont éparpillés donc la ville n’est pas pensée pour accueillir beaucoup de touristes en même temps. Comme le cœur économique de la ville, c’est le tourisme, on a donc un paradoxe. Sans touristes, Kyoto serait une ville pauvre. Je comprends que ce n’est pas toujours plaisant quand il y a trop de touristes, mais en même temps si on veut diminuer la part du tourisme dans l’économie il faut trouver d’autres leviers. On peut donc conclure que Kyoto est une ville pleine de contradictions.
Une grande différence entre Kyoto et Tokyo, c’est que la capitale peut absorber la foule. Quand il y a une rue qui est très touristique, il suffit d’aller dans la rue d’à côté pour être au calme. La ville, les spots touristiques sont plus grands donc c’est plus facile de ne pas se marcher dessus. A Kyoto, même sans touristes, lors d’un festival, la ville est invivable.

Cela fait près de 15 ans que tu vis au Japon, est-ce que tu as vu une évolution de la perception des étrangers ou de la société ?
S’il y a quelque chose qui a changé, c’est peut-être au niveau des nationalités. Par exemple, avant la pandémie, les touristes chinois dépensaient beaucoup d’argent au Japon, et donc les commerçants japonais faisaient peut-être plus d’efforts pour les accueillir. Maintenant, il y a beaucoup plus de touristes qui viennent de Corée du Sud. Et aussi, la culture coréenne est très à la mode donc j’ai l’impression que les touristes coréens sont mieux vus.
Au niveau des étrangers qui habitent au Japon, je n’ai pas vraiment vu de différence majeure. Ils ne sont ni plus ni moins ouverts. Peut-être est-ce dû aux programmes télé ou à ce qu’ils apprennent à l’école mais j’ai l’impression qu’ils pensent tous la même chose à propos des étrangers. J’ai l’impression que 90% des Japonais ont les mêmes fausses idées alors qu’en 2 minutes sur internet on peut vérifier leur réalité.
Ma perception du Japon a évolué durant la première année où j’ai vécu sur place. Au départ, quand on vient juste d’arriver, on ne connaît pas la société. Mon image du Japon au départ c’était qu’il n’y avait pas trop de discriminations, que les gens étaient plutôt ouverts avec les étrangers… Après quelques mois, je me suis rendu compte par exemple, que la discrimination existe ou que les gens ont des idées très particulières à propos de certains sujets. Je dirais que ma perception est devenue plus nuancée.
Pourrais-tu nous partager une habitude/un objet propre au Japon dont tu ne pourrais plus te passer ?
La sauce Ponzu ! C’est un condiment assez acide fabriqué à partir de sauce soja, de vinaigre et d’agrumes. J’en suis fan et j’en utilise plusieurs bouteilles par an. A l’inverse, c’est aussi la nourriture française qui me manque. J’ai appris à faire du pain au Japon parce que je ne pouvais pas en trouver de bonne qualité facilement. Il y a aussi la charcuterie. Le Japon n’a pas cette tradition alors bien sûr ils vendent des produits qui ont le même nom, comme du jambon ou du salami, mais ça n’atteint pas la qualité des produits français.
Japon et nouvelles technologies
Pourrais-tu nous parler de ton travail ?
Actuellement, je travaille sur la vie artificielle. C’est un domaine de recherche où on essaie de trouver une bonne définition de « qu’est ce que la vie ? ». On s’intéresse à la différence entre un organisme vivant et un objet. Certains sujets sont tranchés depuis longtemps par les biologistes : un arbre est vivant, ce n’est pas le cas des virus. On utilise une méthode qu’on appelle constructive, donc c’est un peu comme pour l’intelligence artificielle. Ils essaient de construire une intelligence pour comprendre ce que c’est que l’intelligence. Nous, on essaie de construire des organismes vivants pour comprendre la différence entre vivant et non vivant en utilisant différentes méthodes qui vont de la chimie/biologie aux robots en passant par les simulations sur ordinateur.
Mon apport concerne tout ce qui est simulation. Le gros problème de la biologie et aussi de mon domaine de recherche, c’est que pour toutes les définitions de la vie qu’on a essayé de trouver, il y a toujours de grosses exceptions. On n’a donc pas trouvé de définition qui pourrait contenir tout ce qui est vivant de façon exhaustif. Concernant les machines ou ChatGPT, la plupart des chercheurs dans mon domaine considèrent actuellement que ce n’est ni vivant ni intelligent. Mais le problème, c’est que si quelqu’un construit une machine et dit qu’elle est vivante, comme on n’a pas de définition qui fait consensus, comment peut-on prouver qu’il a tort ou qu’il a raison ?
Un autre grand thème de mon travail actuel c’est de trouver de la vie dans l’espace sur d’autres planètes que la Terre. Évidemment, sans définition de la vie, c’est encore plus compliqué. Mais on essaie quand même de chercher des signes de vie sur d’autres planètes. La démarche classique, c’est de partir de ce qu’on connaît du développement de la vie sur Terre et donc de chercher des planètes où il y a de l’eau, de l’oxygène…
Notre approche est plutôt de détecter un processus car après tout, la vie pourrait se développer à partir d’éléments chimiques différents de ce qu’on trouve sur notre planète. Il y a une hypothèse qui dit que l’un des principes fondamentaux de la vie, c’est qu’elle rend les environnements plus complexes. Par exemple, sur une planète où il n’y a pas de vie, c’est une surface inerte où il n’ y a rien qui se passe donc il n’y a pas vraiment de complexité. Mais quand il y a de la vie, elle va souvent créer différents types de surface, par exemple des forêts… donc on a proposé une méthode pour calculer la complexité de la surface d’une planète, en assumant que la planète est extrêmement éloignée et que les signaux qu’on peut mesurer sont très bruyants. Le problème c’est que pour cette méthode, on a besoin de signaux temporels (au minimum une rotation de la planète pour conclure quelque chose) et pour la majorité des exoplanètes on a un signal instantané mais pas de suivi au cours du temps. Je travaille donc sur une nouvelle méthode qui dépend moins de ces signaux temporels.
Le projet qui se rapproche le plus de la science-fiction, c’est de considérer que la vie tend à se propager et aussi change les environnements où elle se propage et qu’elle évolue en fonction de son environnement. Par exemple, il peut y avoir des bactéries sur une planète. Et puis il y a un astéroïde qui va frapper la planète et les bactéries sont éjectées. Donc si on avait un groupe de planètes colonisées par le même genre, le même type de vie, est-ce qu’on serait capable de détecter cela dans la composition chimique des planètes ? On cherche donc à le détecter avec une très grande précision et même de détecter quelles planètes ont été colonisées par ce type de vie. Et pour cette méthode, on n’a pas besoin de signaux temporels et c’est ce que je trouve intéressant dans ce projet.


©Lana
On entend souvent que le Japon est en avance sur nous au niveau technologique, quelles en sont les raisons ? Est-ce un mythe ?
Alors quand les gens me disent que le Japon est avancé technologiquement, je leur demande de me donner des exemples. Et tous les exemples sont des choses d’il y a 20 ans. Donc je pense qu’il y a 20 ans, le Japon était technologiquement avancé, c’est vrai, mais en 20 ans il n’y a pas eu de progrès. Donc selon moi, c’est faux de dire aujourd’hui que le Japon est technologiquement avancé. Malheureusement même au niveau de la recherche, il y avait une époque où le Japon était très créatif mais actuellement, on essaie d’imiter ce qui se fait aux États-Unis, mais à la façon japonaise, alors qu’il y a beaucoup de créativité au Japon et j’ai l’impression que cette créativité n’est pas exploitée.
L’IA et son utilisation interviennent de plus en plus dans le débat public en France, est-ce le cas au Japon ?
Avant, j’étais chercheuse en IA et puis, j’ai arrêté car je n’aime pas du tout la direction actuelle qu’à prise l’IA. Au Japon, j’ai l’impression que l’image de l’IA est très positive. En fait, j’ai l’impression que tous les arguments négatifs ne pénètrent pas la sphère japonaise. Par exemple, toutes les critiques liées à la propriété intellectuelle ne sont pas considérées. Par exemple, le gouvernement japonais a considéré complètement légal d’utiliser les matériaux qui ont un copyright pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle, et c’est l’un des seuls pays, je crois, qui a officiellement déclaré que c’est possible d’utiliser ce genre de choses.
En ingénierie, certains trouvent les IA performantes pour coder. J’avais eu de bons retours donc j’ai demandé à une IA de traduire un programme existant d’un langage de programmation à un autre. Le résultat était plein de fautes : c’était vraiment n’importe quoi. J’ai donc l’impression que ceux qui en font des retours positifs sont ceux qui ne savent pas coder. J’ai peut-être tort mais mon expérience n’a pas été positive. Je pense qu’il est donc dangereux de l’utiliser pour des cas où on n’est pas capable de vérifier ce que l’IA fait et donc les voies d’utilisation sont assez limitées.
Les nouvelles technologies sont des domaines où les étrangers sont-ils surreprésentés au Japon ?
Le Japon n’est pas assez à la pointe sur ces domaines-là pour attirer les étrangers qui vont préférer les USA. Après on retrouve des étrangers dans ce domaine mais les Japonais restent très largement majoritaires. Ça fait longtemps que le Japon n’est plus à la pointe de quoi que ce soit au niveau technologie notamment en robotique. Avant mon master au Japon, j’ai fait un stage dans l’entreprise qui faisait le petit robot Asimo et à l’époque c’était la pointe de la technologie… Juste après il y a eu Fukushima et tout le monde s’est bien rendu compte que les robots humanoïdes n’étaient pas utilisables pour les applications initialement prévues et le domaine de la robotique au Japon a décliné assez rapidement.

Tu as un chien qui parle. Pourrais-tu nous expliquer comment s’est déroulé l’apprentissage ?
Je regardais des vidéos d’un chat sur YouTube qui utilisait des boutons pour parler et le chat avait commencé son apprentissage à l’âge de 10 ans. Alors je me suis dit que si un vieux chat en était capable, mon petit chiot de quelques mois pourrait aussi apprendre. En même temps, j’avais beaucoup de doutes, je pensais que les vidéos étaient truquées. Je lui ai donc acheté juste 2 boutons. Il a appris à les utiliser de façon correcte très très vite, juste en quelques minutes donc j’ai acheté plus de boutons et puis immédiatement il s’est mis à les utiliser et de façon assez impressionnante avec une grammaire correcte. Quand il appuie sur le bouton, le mot est lu mais au début, il était extrêmement dépendant de la position. Si je bougeais le même bouton d’un ou deux centimètres, il était complètement perdu : maintenant, c’est résolu. Il a 84 boutons donc 84 mots : ça prend de la place et les conversations sont très limitées. On a quand même des échanges intéressants. Par exemple, quand je suis revenue d’un déplacement pro, il m’a demandé où j’étais partie. C’est aussi pratique parce qu’il peut aussi communiquer avec le pet sitter et lui demander les choses dont il a besoin. Mais comme mon chien est très bavard, ils finissent par en avoir marre.
Pour finir
Quels seraient tes conseils pour un jeune qui aurait envie de prendre exemple sur toi ?
Décider de vivre quelque part est une décision très importante donc je conseillerais de commencer avec un petit séjour pour voir si la personne se plaît au Japon. Il faut quand même garder en tête qu’on ne peut pas connaître un pays en juste un mois ou même une année, surtout sans parler la langue. Après si l’expérience est positive, je pense que ce n’est pas difficile d’immigrer au Japon en tant que Français par rapport à d’autres nationalités. Les difficultés tiendront plus au niveau culturel et affectif : l’éloignement avec les proches, les différences culturelles…
Trouver un emploi au Japon dans un domaine scientifique avec un doctorat est possible, même sans parler japonais si la personne a un bon niveau d’anglais. Par contre, parler japonais va forcément ouvrir beaucoup plus de portes. C’est très limité ce qu’on peut faire en ne parlant qu’anglais et le français même pour les scientifiques. Certes, les universités peuvent être intéressées par du personnel étranger comme cela rentre dans les critères d’évaluation mais la compétition est rude avec les locaux qui ont des diplômes que les gens comprennent. Par exemple, si un local a un diplôme de l’université de Tokyo et qu’on le compare avec quelqu’un qui a un diplôme de l’université de Lille. Les Japonais ne savent pas où est Lille et quelle est la valeur de ce diplôme donc le candidat sera défavorisé.
Je te laisse le mot de la fin.
Je pense que si vous venez au Japon en tant que touriste, vous ne serez pas déçu. Pour la plupart des gens, c’est une très bonne expérience donc même en tant qu’habitante de Kyoto, je dirais que si vous avez l’opportunité de visiter le Japon, venez !
Un grand merci pour le temps que Lana nous a accordé. Si ces sujets vous intéressent, retrouvez nos articles consacrés au surtourisme, à l’IA et à la robotique !
