Manga : voici les 16 meilleures nouveautés 2023

Même si les chiffres de ventes de manga en France s’annoncent un peu plus morose en 2023 que ces dernières années, des millions de manga ont encore été vendus ces derniers mois, et des centaines de mangas ont été proposés par des éditeurs toujours plus nombreux.

Alors qu’arrive décembre et une traditionnelle accalmie dans les sorties, c’est l’heure du coup d’œil dans le rétroviseur. Quels sont les nouveaux titres marquants de l’année écoulée ? Quels sont ceux qui sont passés sous votre radar, ou que vous pourriez enfin vous offrir ?

Voici donc notre sélection des meilleures nouveautés manga de 2023. Le choix fut difficile, et il est évidemment subjectif, mais nous avons sélectionné 16 titres que nous vous présentons comme en 2022, à travers un résumé et, surtout, 3 raisons de les lire sans attendre.

Alors bonne lecture et, comme d’habitude, donnez-nous vos favoris en commentaire !

Show-Ha Shoten– Takeshi OBATA & Akinari ASAKURA – Kana Éditions

Le résumé : Au lycée, Azemichi Shijima n’ose pas parler en public… Pourtant, il est l’un des lycéens les plus drôle du pays ! Connu sous le pseudonyme « Everyday Shijimi », il a remporté de nombreux concours d’humour à la radio.

Son envie de monter sur scène se concrétise lors de sa rencontre avec Taiyô Higashikata, qui rêve d’être le meilleur humoriste du Japon ! Après avoir conquis les élèves lors du festival de l’école, ils se lancent dans les concours de stand-up régionaux. Mais de redoutables adversaires les attendent !

3 raisons de le lire :

Parce qu’avec le manga on peut vraiment parler de tout. Connaissez-vous le manzai ? C’est une forme de comédie au Japon, que l’on dit souvent née dans la région d’Osaka, incarnée par un duo comique qui tente de faire rire son audience avec des quiproquos, des jeux de mots, des rebondissements et un super sens du rythme. Si l’humour est omniprésent dans les mangas, il est amusant de découvrir cette forme de stand-up inédit en France et surtout inédit dans les manga qui sont arrivés chez nous, contrairement au Rakugo dont vous avez sans doute déjà entendu parler.

C’est donc une fois de plus grâce au manga que nous allons plonger dans un nouvel univers issu de la culture japonaise : ses codes, sa culture, son fonctionnement, ses recettes et les 1001 raisons qui en font un art vieux de plusieurs siècles. On y apprendra par exemple que le duo est constitué du tsukkomi, le personnage sérieux, intelligent, rationnel, et le boke, le personnage fruste, outrancier et désordonné.

Un pur shônen comme on les aime. Mais on ne parle pas ici d’en faire un exposé pompeux et rasoir, puisque c’est bien un shônen plein d’énergie qui nous attend. Azemichi est un grand timide qui n’acquiert sa popularité, au départ, qu’avec des blagues anonymes qui passent en radio. Il lui faudra un compagnon de route, Taiyô, aux motivations assez touchantes il faut bien l’avouer, pour enfin briller.

Dans Show-Ha Shoten, le manzai devient un parcours initiatique, un défi de tous les instants (le duo jouera sa carrière et son avenir dès sa première compétition !), et les affrontements sont magnifiquement montés en épingle pour que le lecteur en saisissent tous les instants clés et se laisse emporter par des rebondissements épiques. Et qui dit shônen dit forcément bataille et ennemis, que l’on va découvrir dès les deux premiers tomes… et qui ont évidemment plus d’une corde à leur arc.

Takeshi OBATA au dessin, ça reste la garantie d’un vrai plaisir des yeux : des couvertures plutôt classes au climax des duels de manzai en passant par un chara-design fin et parfaitement maîtrisé, le célèbre mangaka de Hikaru no Go, Death Note, Bakuman (pour les plus connus) revient avec des personnages hauts en couleur, aux styles travaillés et parfois savoureusement singuliers : les jacquetteurs, le premier duo concurrent de nos héros, assurent sur scène comme en dehors et pourraient facilement leur voler la vedette, tellement leur look et leurs attitudes transpirent de charisme.

Les choses à savoir : le manga compte 3 tomes en France (le 3e sort aujourd’hui !) et 4 au Japon. C’est un grand habitué des shônen, mais pas que, qui assure la traduction : Rodolphe Gicquel (Yuyu Hakusho, Shaman King, La voie du tablier, Love Fragance, …). Les autres informations et un extrait vous attendent sur le site de Kana Édition.

Partners 2.0 – Sôryu – Kurokawa Éditions

Partners-2.0

Le résumé : No more petite amie ! Good-bye, mon mec !

Après avoir fait l’expérience d’une petite amie qui veut tout contrôler et d’un copain étouffant, Murata et Tomoka évitent les relations amoureuses comme la peste. Ils font plus ample connaissance lors d’une soirée, quand leur équipe de jeu en ligne décide d’aller prendre un verre hors ligne.

Semblant parfaitement s’entendre, ils se retrouvent dans un Love Hôtel, mais au lieu d’une simple aventure d’une nuit, ils s’engagent dans une relation qui n’est ni simplement physique ni totalement dénuée de sentiments. Une relation à la fois détendue et sensuelle…

3 raisons de le lire :

Un duo collector ! C’est peu dire que Murata et Tomoka, en 3 tomes, sont déjà dans nos cœurs. Lui est un mec simple, cool et pince-sans-rire, à qui l’ont pourrait facilement s’identifier. Elle est une femme libre et enfin libérée des carcans du couple, avec une franc parler extrêmement rafraichissant, qui écoute ses envies. Si, indépendamment, ils sont déjà intéressants, ensemble, leurs dialogues s’avèrent assez épiques : une vraie partie de ping-pong sans arrière pensée, pleine de franchise et d’humour, jusque sous la couette…surtout sous la couette ! On salue au passage l’excellente traduction de Marie-Saskia Raynal, qui y est pour beaucoup dans la dynamique de l’oeuvre et le charisme de nos deux partners. On en parlait d’ailleurs le mois dernier ici, pour le prix Konishi.

Une vision du couple : si le mot sexfriend n’est pas si vieux que ça, il commence à avoir quelques décennies au compteur (et oui Sex and the City, ça date de 1998 mine de rien !). Pour autant, Partners 2.0 est sans doute le premier manga a en faire le centre de son intrigue. Murata et Tomoka ne veulent plus d’une relation de couple classique et des attaches ou contraintes qui vont avec, même si leur alchimie est de plus en plus évidente au fil des chapitres. Envie d’un resto ? D’une partie de console ? De s’isoler sans l’autre pendant quelques jours pour le boulot ou, au contraire, d’accourir pour une partie de jambes en l’air ? Tout est ok, et pas besoin d’une contrepartie, d’un engagement, d’une discussion sur les sentiments. Une alchimie moderne et des plus divertissantes.

Sôryû, s’est fait connaître en 2016 pour le déjanté Magical Girl Holy Shit chez Akata, en dynamitant les codes du genre. Une oeuvre qui lui a permis de laisser derrière lui ses manga hentai qui ont ponctué ses débuts de carrière. Néanmoins il revient donc au sexe dans ce seinen, faisant d’ailleurs de Partners 2.0 une oeuvre déconseillée au moins de 16 ans. Pour autant chaque scène n’a pas pour but d’être une usine à fantasme pour le lecteur et de nombreuses scènes conservent la simplicité et la spontanéité du duo, avec des petites touches d’humour ou des échanges sur leurs sensations, sans vulgarité ni tabous. Certaines scènes sont plus torrides mais cherchent toujours à montrer le bonheur des duettistes, autant que leur extase.

Les choses à savoir : le manga compte 3 tomes en France (le 4e est prévu le 11 janvier) et 7 au Japon. D’autres informations vous attendent sur la plate-forme du groupe Éditis.

Trap Hole – Yôko NEMU – Kana Éditions

Le résumé : Peu de temps avant leur mariage, Haruko apprend que son futur mari veut rompre leurs fiançailles. Elle dit adieu à sa vie stable et toute tracée qui lui tendait les bras… Ne souhaitant pas rester dans la même entreprise que son ex, elle plaque tout pour partir à Tokyo retrouver un ancien camarade de lycée. Lentement, en faisant encore des erreurs, Haruko va trouver le chemin pour se reconstruire.

3 raisons de le lire :

Parce qu’il n’y pas de mal à se tromper mais que l’important c’est de rebondir. On dit souvent que l’on manque de shôjo adulte, de josei. Or il se trouve que Trap Hole est de ceux-là, et un bon, dans la collection life des éditions Kana qui traite d’ailleurs très bien cette thématique avec &And de Mari OKAZAKI, ou encore Love Fragance. Trap Hole c’est l’histoire d’une jeune femme au chemin tout tracé, tout parfaite, toute belle et bien apprêtée. Et puis, vlan, tout se brise, et elle ne se rend pas immédiatement compte à quelle point ce bouleversement va lui faire perdre pied.

Elle plaque tout pour vivre à Tokyo mais ce choix tient autant de la fuite que du nouveau départ… et quand on fuit à toute allure, on trébuche. Et on fait d’autres bêtises, comme ne pas voir – ou ne pas vouloir voir – que tous les garçons ne sont pas des anges. Ils sont souvent gentils, souvent, mais rarement innocents.

Mais ce sont aussi les chutes qui font le chemin, qui nous incitent à nous redresser, à devenir plus fort et à avancer. Et c’est cette histoire, fort bien mis en scène, qui nous est proposée ici.

Haruko… Haruko est au départ une petite chose fragile qui se croyait être une femme symbole de réussite. Mais la gifle qu’elle prend la déstabilise totalement et il est vraiment très intéressant d’observer cette jeune femme qui va essayer de changer de vie, d’identité, qui va vraiment tenter de découvrir qui elle est. Elle va apprendre la vie en se trompant, et on pourrait s’énerver de sa crédulité face à la gente masculine dans le premier opus… Mais elle va le payer tellement cher (on vous laisse découvrir la honte ultime en fin de volume) qu’on ne lui en tient pas rigueur. Elle va croiser ensuite le chemin d’une autre demoiselle chez qui elle va emménager et se retrouver intégré dans un groupe assez fantasque de comédiens. Elle va les observer et s’interroger sur elle-même en regardant les autres.

Elle va rester indécise, un peu naïve, et elle devrait nous énerver tant elle semble immature. Mais curieusement, non, elle nous intrigue, elle est difficile à cerner car la mangaka ne donne qu’une partie des clés de la réflexion et nous laisse tisser le reste de la toile nous-même, à la lumière de nos propres expériences de vie. Tout en cherchant à panser sa plaie et à se débarrasser du fardeau de cette trahison qu’elle porte comme un boulet, Haruko avance donc à sa façon… et on la suit.

Le graphisme est léger et aérien, simple mais il pose très bien les ambiances, le tempo. Le visuel est globalement assez adulte aussi : pas besoin de fioritures typiquement shôjoesque comme des envolées de fleurs ou des bulles de lumières appuyant lourdement sur la romance. Nous sommes dans la vraie vie, qui peut parfois piquer ou faire peur et parfois nous mettre un peu de baume au cœur. En plus d’une belle maîtrise des courbes et des poses de ses personnages, le cadrage et l’angle de vue, le tramage et la composition des pages font eux aussi le job, et le fond très bien. Et les couvertures ne sont pas mal non plus.

Les choses à savoir : le manga compte 2 tomes en France et il y en aura 4 au total, déjà parus au Japon. Toutes les informations sur le site des éditions Kana. Ah et, au fait,Yôko NEMU est la mangaka de Lou et l’île aux sirènes mais aussi New Love, New life. On a hâte de découvrir la suite de Trap Hole, mais aussi son prochain manga !

Skip & Loafer – Misaki TAKAMATSU – Noeve GrafX

Le résumé : Excellente élève, Mitsumi Iwakura accomplit son rêve: quitter son minuscule village et intégrer un prestigieux lycée de Tokyo ! Elle imagine sa vie se dérouler sans le moindre accroc, pavée de succès… mais Tokyo n’a rien à voir avec son village natal! Heureusement, elle pourra compter sur la sympathie de son entourage et saura leur apporter un vent de fraîcheur plus que bienvenue !

3 raisons de le lire :

Mutsumi et Shima, deux personnages aux antipodes… et pourtant. On pourrait penser que rien ne les relie tant leurs personnalités sont totalement différentes… mais le titre arrive à les faire se rencontrer et se rapprocher de la plus naturelle des façons.

Mutsumi est une pure campagnarde qui découvre totalement la vie tokyoite. Elle est très spontanée, sans filtre, directe et surtout un peu naïve et gentille et elle possède un grand rêve à réaliser pour sauver sa ville natale et sa région. Shima à l’inverse est un tokyoite pure souche qui a été désabusé par la vie plus jeune, qui possède un passé un peu compliqué et des relations familiales tendues. Il est assez nonchalant, sans prise de tête et se laisse aller.

Malgré ces différences ce duo improbable se rapproche, deviennent des amis très vite et on se demande même s’il n’y aurait pas davantage : Shima change petit à petit à ses côtés mais n’hésite pas à la bousculer, et Mutsumi apprend énormément lui aussi. Une relation qui fait mouche et qu’on apprécie !

Le chara-design. On pourrait penser que cette particularité est cliché et répétitive, pourtant le design des personnages fonctionne à merveille et ajoute à l’histoire. Mutsumi et sa tête souvent un peu ahurie – en mode panique ou autre – est un petit bijou tant elle est expressive ! Shima est le beau gosse de service et pourtant, on y saisit une jolie palette d’expressions. De plus tous les personnages qui gravitent autour d’eux ont un look bien à eux qui permet d’une part de bien les reconnaître et d’autres part de saisir aussi leur personnalité, et de comprendre qui ils sont. Cela donne une dynamique agréable au titre.

Les tranches de vie. L’autrice gère à merveille la tranche de vie lycéenne qu’elle nous montre au fil des pages. On suit avec plaisir le quotidien de Mutsumi qui découvre la vie à Tokyo, mais également es interactions sociales avec d’autres personnes que ceux de sa ville natale. Elle grandit et murit à leur côté tout en gardant sa fraîcheur, et c’est appréciable car rien n’est dénaturé. La vie quotidienne au lycée, même s’il s’agit d’un lycée d’élite, reste standard et pourtant on saisit bien les différents moments, les étapes-clés à franchir, et tout ceci est accompagné par les réflexions des personnages avec leurs différents traumas ou rêves. Un titre qui tient la route alors qu’il semblait à l’origine plutôt simple : ce vent de fraîcheur apporté par la personnalité de l’héroïne allié à ses camarades, voilà ce qui fait qu’on aime Skip & Loafer.

Les choses à savoir : le manga compte 2 tomes en France et 9 au Japon, les autres informations vous attendent sur les réseaux sociaux de Noeve : twitter ou encore instagram.

Sakura, Saku – Io SAKISAKA- Kana éditions

Le résumé : Après s’être évanouie dans le train, Saku se retrouve à l’infirmerie de la gare. Son sauveur n’a laissé qu’un nom : Sakura… Depuis ce jour : Saku aide toute personne dans le besoin dès qu’elle le peut, c’est sa façon de rendre hommage à la personne qui lui est venue en aide. Elle est aussi désireuse de rencontrer « Sakura » et fait des recherches… Jusqu’au jour où elle rencontre le frère de son sauveur…

3 raisons de le lire :

Haruki Sakura, un garçon simple. Loin d’être le stéréotype du lycéen beau gosse, sûr de lui et populaire auprès de ses pairs, Haruki est un garçon simple, qui ne cherche pas la lumière, et ne l’attire pas forcément non plus. Au contraire, il vit plutôt dans l’ombre de son grand frère, Ryôsuke, qui, lui, coche justement toutes les cases du classique protagoniste dont toutes les filles sont amoureuses. Bien plus timide qu’il ne le laisse paraître, Haruki est particulièrement attachant par son naturel « pépère » couplé à cette étiquette du « frère de » qui l’a profondément marqué en tant qu’individu. Un personnage touchant.

Fujigaya Saku, une fille moins simple. Si l’on perçoit aux premiers abords l’héroïne comme une fille un peu naïve et sans grande personnalité, Fujigaya se relève rapidement être un personnage bien plus intéressant. Elle se dévoile comme une fille déterminée, qui croit en ses convictions, et ne recule devant rien. Un trait de caractère qui matche plutôt bien dans le duo qu’elle forme avec Haruki, puisque celui-ci se plaît à contempler cette énergie sans faille qu’elle déploie pour aider les autres, sans rien attendre en retour.

Io SAKISAKA, évidemment ! Grande mangaka à qui l’on doit les populaires Strobe Edge et Blue Spring Ride, pour ne citer que ces titres, la femme derrière Sakura, Saku n’est plus à présenter. Et, comme à son habitude, l’auteure sait nous emmener avec elle dans une douce romance qui, malgré des intrigues attendues, shojo oblige, fonctionne à merveille. On ne se lasse pas du style avec lequel la mangaka parvient à nous renvoyer l’espace d’un instant dans l’insouciance et le plaisir des années lycéennes, là où l’on découvre pour la première fois ce que c’est d’aimer, et toutes les sensations qui vont avec.

Les choses à savoir : le manga compte actuellement 8 tomes au Japon et 4 en France, la série est en cours de parution. Plus d’informations sur le site des éditions Kana.

Chasse au cadavre – Hôsui YAMAZAKI- Sakka / Casterman

Le résumé : Devant : la perte de l’innocence ; derrière : des adultes prêts à tout pour que les pires secrets restent enfouis. À la faveur des vacances d’été, un groupe de collégiens se lance en cachette sur les traces d’une camarade disparue deux ans auparavant. À mesure que l’horreur refait surface, ils se rendent compte qu’absolument personne n’a intérêt à ce qu’ils remuent le passé.

3 raisons de le lire :

Un très bon thriller. En manga, il n’y en pas tant que ça. On peut vous conseiller le Bateau de Thésée ou Time Shadows qui sont excellents eux aussi mais en voici donc un de plus, qui ne nous parlera pas de voyage dans le temps contrairement aux deux autres, si ce n’est de déterrer un passé de plus en plus inquiétant. L’enquête policière débute avec un groupe d’enfant qui décide d’enfourcher leur vélo à la quête de la vérité sur la disparition de leur amie, façon Stranger Things. Ce faisant ils vont mettre le souk dans leur campagne, en exhumant une affaire de serial killer et d’accusation à tort, et vont découvrir un vieux rituel de sacrifice d’enfant, un tengu et des arrangements secrets entre plusieurs adultes notables du village. A chaque nouveau pas des enfants et de la jeune femme qui finit par croiser leur chemin, les ramifications du mystère s’étendent et on s’enfonce dans une vérité de plus en plus inquiétante.

La fin de l’innocence. Les 4 enfants partent en douce sur un coup de tête, mais ils se retrouvent pris dans quelque chose de plus grand qu’eux, et qui finit par les galvaniser et les persuader que leur quête, qu’ils savent être une chasse au cadavre, est essentielle. S’ils abandonnent, ils ne s’en remettront jamais et, pire, il est tout à fait possible que l’on cherche à les faire taire de manière définitive. Le lecteur suit alors ces enfants qui deviennent adultes en accéléré, et qui vont osciller entre ces deux âges pendant le récit : gérer un road trip improvisé quand on a environ 12 ans, c’est délicat… surtout avec un tueur à vos trousses. Leurs frayeurs d’enfant et leur courage ou leur ingéniosité en font un quatuor particulièrement attachant.

Le voyage lui-même : même si Chasse au cadavre n’a rien d’un manga sur les excursions touristiques, le voyage fait tout de même partie des ingrédients séduisants de ce seinen. Les enfants doivent se rendre au niveau d’un poteau électrique, situé en pleine forêt et à quelques jours de vélo. Ils avancent alors de pilonne en pilonne, l’un d’entre-eux postant des photos de leur progression sur les réseaux sociaux et entrainant un buzz de plus en plus important autour de leur périple. Partis de la ville, ils doivent dès le second chapitre éviter les forces de l’ordre et vont petit à petit s’enfoncer dans des petites routes, des chemins de campagne, la forêt et même une piste étroite réservé au personnel d’entretien des poteaux électriques. Les décors et paysages, assez agréables à l’œil, vont donc de pair avec la progression du récit et de l’enquête, achevant l’immersion dans ce manga haletant.

Les choses à savoir : le manga compte 2 tomes en France et 3 au Japon, où il est toujours en cours. Les autres informations et un extrait vous attendent sur le site des éditions Casterman.

Hoshi dans le jardin des filles – Yama WAYAMA – Lézard noir

Le résumé : Hoshi est un professeur de japonais et conseiller d’orientation dans une école réservée aux filles. La série suit son quotidien sous forme de tranches de vie comme s’occuper du chien de la classe, donner des conseils à un élève aspirant à être Mangaka et boire avec ses collègues. Un jour, Hoshi reçoit de Kayama, une élève, le journal de la classe. Hoshi est alors troublé quand il voit que les élèves s’amusent à le dessiner et à écrire des remarques le concernant…

3 raisons de le lire :

L’humour pince sans rire est la première qualité qui vient à l’esprit quand on pense à Hoshi dans le jardin des filles. L’autrice, depuis ses débuts, montre un talent certain pour raconter des histoires pleines d’un humour subtil, mais incroyablement efficace. Ses personnages ont très souvent un air lugubre, ce qui rend l’effet comique encore plus savoureux. On s’attache rapidement à Hoshi et Kobayashi, on s’amuse de leurs aventures du quotidien. Il est totalement anodin et pourtant on a toujours un petit sourire aux lèvres. Parce que les réactions de Hoshi sont aussi drôles que déconcertantes. 

Nous assistons aux débuts d’une future grande mangaka. Née en 1995 à Okinawa, Yama WAYAMA commence sa carrière en 2015 dans le cursus « manga » de l’Université polytechnique de Tokyo. Malgré ses efforts pour lancer une série, c’est un échec car elle avait perdu de vue ce qu’elle voulait vraiment dessiner. Elle poursuit donc sa carrière dans le milieu du fanzinat (doujinshi). Et c’est là qu’elle se fait repérer avec son premier one-shot : Captivated, by You (inédit en France). Elle remporte ensuite le prix culturel Osamu TEZUKA dans la catégorie one-shot ainsi que le prix pour les débutants au Japan Media Arts Festival Awards.

C’est incroyablement feel-good, alors que le héros a un caractère morose. Ce dernier est #teampremierdegré et son collègue, plus enjoué, s’en amuse beaucoup… pour notre plus grand plaisir. Dans ces temps compliqués, ça fait du bien de lire un manga qui donne du baume au cœur. Hoshi dans le jardin des filles est une série bonbon pour vos soirées pluvieuses. L’humour n’est jamais malvenu ou malaisant alors que c’est littéralement la vie de professeur masculin dans un lycée de jeunes filles. Soulignons aussi le beau travail d’Alexandre Fournier sur la traduction.

Les choses à savoir : Le manga compte trois tomes au Japon et il est toujours en cours de publication. Plus d’informations sur le site des éditions Lézard Noir.

Lullaby of the dawn – Ichika YUNO – Taifu comics

Le résumé : Isolé dans un coin de l’île, pour protéger une population qui le fuit, un homme se bat nuit après nuit contre les vagues incessantes de monstres marins qui se jettent à l’assaut du rivage. Il répond au nom d’Elva, et c’est un chaman : un être dont la courte vie est dédiée à cette tâche ingrate et qu’on esquive, car on dit qu’il est maudit. Arnór ne comprend pas, pourquoi les gens méprisent celui qui les protège ? Il décide de nouer une relation avec lui, et cette compagnie crée un changement chez Elva : les marques noires qui rongent ses membres semblent peu à peu se résorber, allongeant aussi son espérance de vie. Pourquoi la simple présence d’Arnór semble guérir Elva du mal qui le ronge ? Grâce à cette rencontre, une nouvelle perspective s’ouvre pour le chaman : celle de vivre plutôt que d’attendre la mort.

3 raisons de le lire :

Le titre va au-delà de la simple romance entre deux jeunes hommes. Ichika YUNO nous plonge sur une île où des jeunes enfants sont sacrifiés pour protéger les habitants, face à une mer noire créant des monstres marins. Toutes les nuits ils donnent leur jeunesse pour les autres. Elva aurait dû mourir jeune, mais la présence d’Arnór prolonge anormalement sa vie. Si une romance commence à naître entre eux, l’autrice continue de développer les personnages secondaires, dont des personnages féminins. Le mystère qui entoure cette île reste l’un des points importants. Où est cette île ? Pourquoi existe-il des Chamans ? Qui les ont créés ? De nombreuses questions restent encore en suspens.

La fantasy est un genre encore peu courant dans les boys love, tout du moins dans ceux qui nous arrivent en France. C’est donc toujours un grand plaisir d’en lire. Mais comme c’est une série et non un one-shot, Ichika YUNO peut développer son monde. Lullaby of dawn n’est pas limité par son nombre de pages. Des rebondissements vont aussi rabattre les cartes. On est tenu en haleine et surpris à la lecture.

C’est un gros succès au Japon. Le premier tome gagne le prix du manga de l’année aux chil chil awards 2022 et se classe 5e place en 2023, dans la catégorie série. Ce qui frappe tout de suite le lecteur, bien avant le résumé, se sont les illustrations des couvertures, ensuite c’est son scénario original, imaginatif et une romance très douce. Tout le monde peut et doit lire Lullaby of the dawn

Les choses à savoir : Le manga compte quatre tomes au Japon et il est toujours en cours de publication. Plus d’informations sur le site des éditions Taifu Comics.

B-Side – Cocoro HIRAI – Ki-oon éditions

Le résumé : Rui grandit dans une famille obsédée par l’excellence. Sa mère veut à tout prix faire de lui et de son aîné Yugo de parfaits interprètes de musique classique. Mais, plus que jouer, le jeune garçon aime composer ! Une mélodie trotte dans sa tête depuis toujours, et une mystérieuse voix qui résonne en lui le conseille, le guide, le critique… l’encourageant sans cesse à améliorer son œuvre. Le compositeur en herbe, loin de s’en inquiéter, se sent conforté par cette présence.

Quand le grand-père des deux garçons débarque pour s’assurer de leurs progrès, l’atmosphère se fait plus oppressante que jamais. Rui est interrompu dans sa création, sommé de s’en tenir aux partitions. Quant à Yugo, il refuse de jouer et se fait gifler ! Le grand frère adoré se rebelle et quitte le foyer, laissant Rui plus seul que jamais… À ses côtés, l’ombre se précise, celle d’un compositeur mort plein de regrets… Est-il là pour soutenir le petit génie ou pour l’utiliser à ses propres fins ?

3 raisons de le lire :

Le destin tragique de deux frères. Voici Rui et Yugo, deux gentils garçons qui aiment la musique, loin d’en être dégoutés par l’obsession famille et la pression de la réussite. Ils jouent ensemble, en cachette pour jouer librement, loin de leur quotidien où on leur demande de répéter les morceaux comme des machines, loin de toute interprétation, de tous sentiments. Forcément, on en veut un peu à Yugo d’abandonner son petit frère, qui va devoir supporter seul la loi familiale. Mais le temps passe et l’on comprend que Yugo se devait d’être libre pour ne pas devenir fou. De plus c’est par les retrouvailles des deux frères, quelques années plus tard, que tout va recommencer, même si ces retrouvailles ne seront que bien trop brèves… Une relation forte et marquante.

Les relations humaines par Cocoro HIRAI. Si ce seinen fait la part belle aux liens et aux oppositions entre ses personnages, on le doit assurément au talent de Cocoro HIRAI, la mangaka de Les Temps retrouvés et Sous un ciel nouveau, qui nous avait enchanté par ses histoires et ses protagonistes, leur façon de faire face à la vie, ou à la pression sociale et familiale. Ici c’est la mère des deux frères qui est des plus glaciales et ne semble rechercher que la réussite de ses enfants, probablement pour y gagner l’approbation de son propre père, tyrannique, imbu de lui-même et cassant… destructeur même. Les disputes entre ces deux camps, les deux frères et leur famille, sont dures, les mots blessent, sont jetés au visage avec une force impressionnante, témoins d’une frustration terrible, et palpable. La compassion et l’amour brillent aussi par leur absence. Cette famille intrigue et questionne mais, surtout, on ne peut que se lier aux deux frères, ces deux flammes de vie qui brillent jusqu’au bout, et qui ne se laisseront pas enfermer.

La musique et Beethoven. Impossible évidemment de ne pas parler de la thématique phare. L’enjeu du manga de musique est là : dessiner des sons, des mélodies, une façon de jouer. Les planches denses et le trait épais de HIRAI lui permettent d’exprimer sa propre vision de la musique en manga, vive et fluide, où les notes sont des calligraphies qui s’étirent, s’envolent, frappe la planche avec une grande vivacité. Le travail sur la composition des planches est également remarquable, avec des moments coup de cœur lorsque les deux frères jouent ensemble. Le travail visuel est des plus séduisants, et on en redemande !

Les choses à savoir : le second tome nous arrive justement en ce mois de décembre, le 7 plus précisément. La traduction est assurée par Géraldine OUDIN, qui fait des merveilles avec Frieren, les titres de HIRAI ou, comme nous l’avons salué récemment, Blooming Girls. Notons enfin, comme d’habitude avec cet auteure et comme souvent avec les pépites de chez Ki-oon, qu’il s’agit d’une création originale de l’éditeur !

The summer Hikaru died – MokumokurenPika éditions

Le résumé : Hikaru et Yoshiki sont deux amis d’enfance qui ont grandi ensemble dans un hameau reculé. Mais un jour, les doutes qu’éprouvait Yoshiki depuis quelque temps se confirment : depuis sa disparition en forêt, six mois plus tôt, Hikaru a été remplacé par… “autre chose”. Malgré cet effroyable constat, Yoshiki refuse d’être séparé de son ami. Il fait alors le choix de poursuivre son quotidien aux côtés de cet “être” à l’image parfaite de Hikaru. Mais au même moment, d’étranges incidents se produisent çà et là dans le village…

3 raisons de le lire :

C’est incontestablement un succès critique au Japon. The summer Hikaru died s’est démarqué très rapidement même avant sa publication. Son histoire, Mokumokuren l’a créé alors qu’il est encore lycéen et se fait remarquer dès 2021 quand il poste ses dessins sur internet. Vite repéré par un éditeur, il est instantanément publié dans le magazine web de Kadokawa Shoten : Young Ace Up. Le talent du mangaka ne réside pas que dans ses graphismes incroyables, mais aussi de par son écriture soigné. Notez que Mokumokuren (le nom de l’auteur) est un Tsukumogami, un yōkai-objet.

Il fait peur, mais sans exagération. L’histoire se déroule dans une petite ville de campagne tout ce qu’il y a de plus normale. Pourtant, après avoir disparu, ce n’est plus le même Hikaru qui est revenu. Il est devenu autre chose. Mais cet autre chose n’est pas, à proprement parler, effrayante. Bien au contraire, ce revenant est curieux de ce qui l’entoure, mais aussi du lien qu’avait son ancien lui avec Yoshiki. On ne sait jamais si Hikaru est bon ou mauvais. Et les alertes de certaines personnes qui en parlent avec Yoshiki le laissent décontenancé. Quelque part son instinct lui dit d’avoir peur de l’inconnu et de l’autre il ne veut plus perdre Hikaru.

L’ambiguïté des sentiments entre Hikaru et Yoshiki. Ne nous voilons pas la face, Yoshiki est amoureux d’Hikaru, son ami d’enfance. Il y a assez de sous texte rien dans le premier tome pour comprendre que ce n’est pas une simple amitié qui les lie, mais bien de l’amour. Et c’est ce qui rend le récit d’autant plus effrayant. Les histoires de yōkai regorgent de ce genre d’amour impossible, avec deux mondes qui ne peuvent cohabiter sans une fin atroce. Yoshiki ne veut pas qu’Hikaru meurt, pourtant il sait que ce n’est plus celui qu’il a connu… mais il a dû mal à se détacher de son ami.

Les choses à savoir : Le manga compte quatre tomes au Japon et il est toujours en cours de publication. Plus d’informations sur le site de Pika Éditions.

MonstrophobieKazuki MINAMOTO- Editions Akata

Le résumé : Parce qu’il a le teint plus foncé que la moyenne des japonais, Naruse est harcelé au lycée. Dans l’enfer quotidien qu’il vit, son seul soutien est M. Kuroda, un professeur qui le voit et l’encourage. Mais un jour, le lycéen entend son enseignant dire à une collègue que les gays le répugnent. Profondément choqué, car lui-même gay, il ne sait plus comment se comporter et décide donc de mettre fin à ses jours. Mais après avoir échoué, un étrange phénomène se produit : il se transforme en monstre. Dès lors, il se sent invincible et prêt à rendre la pareille à tous ceux qui l’ont blessé, et aussi à dénoncer l’hypocrisie des adultes. Mais une question subsiste : pourra-t-il redevenir humain ? Et de toute façon, le souhaite-t-il vraiment ?

3 raisons de le lire :

Il traite avec justesse de sujets de société comme le harcèlement à l’école, l’homophobie, les comportements toxiques, le suicide ou encore le mal être des adolescents. Écrire un one-shot (même épais) sur diverses thématiques complexes peut s’avérer casse-gueule. Mais Kazuki Minamoto s’en sort très bien et il nous offre un récit lumineux et très ouvert.  Il se paie même le luxe de nous fournir une fin brillante, teintée d’amertume. Il faut s’accepter tel qu’on est et accepter les autres tels qu’ils sont, sans jugement, car les paroles les plus anodines peuvent faire plus de mal qu’un coup de poing. Et surtout, vous pouvez apprendre de vos erreurs, les corriger et changer.

Son style graphique sort des canons habituels. Peut-être serez-vous interloqués par la tête de monstre quand le héros se transforme en kaijū. C’est vrai qu’il a un style très particulier : même au sein de l’univers du boys’ love ses récits sont très différents, tant graphiquement que sur le fond. Mais il ne faut pas que ça vous freine, bien au contraire c’est une alternative rafraîchissante, loin des canons du bara ou du BL. Un entre deux réaliste qui ne peut que plaire aux lecteurs.

Kazuki MINAMOTO est un mangaka talentueux qui tient des propos sincères. Il a fait son coming-out dans un de ses one-shot autobiographiques en parlant de sa rupture avec son petit ami et des difficultés qu’il a rencontré par la suite. Il avait écrit ce récit dans un doujinshi (fanzine) à la base avant de le voir sérialisé durant trois longues années. Il a souvent douté sur comment amener son récit, ce qui prouve son envie de parler de tous ces problèmes de la façon la plus juste possible.

Les choses à savoir : Kazuki MINAMOTO s’est illustré dans différents magazines dans toutes les catégories confondues : Boys’ love, Teens’ love, seinen et josei. Ses autres titres sont inédits en France. Plus d’informations sur le site des éditions Akata.

Tsugai – Daemons of the Shadow Realm – Hiromu ARAKAWA – Kurokawa Éditions

Le résumé : Du mystère, du surnaturel, de l’aventure, une histoire de fraternité : le nouveau Hiromu Arakawa est un manga inclassable qui réserve bien des surprises !  Chasseur aguerri, le jeune Yuru mène une vie paisible dans un village reculé au sein des montagnes, au contact de la nature. Il prend grand soin de sa jeune sœur jumelle, Asa, recluse depuis sa naissance afin de satisfaire un rituel divin. Quand de mystérieux oiseaux de métal attaquent la cité ancestrale, les rouages du destin se mettent en marche… 

3 raisons de le lire :

Un coup de crayon et une narration reconnaissables entre tous : Hiromu ARAKAWA propose aux lecteurs une nouvelle histoire dans un monde rempli de secrets ! Si vous êtes fan de son titre Fullmetal Alchemist ou si vous découvrez son univers, cette nouvelle série va très certainement vous séduire ! De son titre original, Yomi no tsugai, la mangaka présente l’histoire de personnages en plein cœur d’un village. Les habitants se connaissent tous et s’entraident. Puis, le récit se centre sur 2 protagonistes, des jumeaux nommés Yuru et Asa. Tous deux semblent remplir des devoirs importants pour la communauté. Dans le tome 1 de Tsugai – Daemons of the Shadow Realm, Hiromu ARAKAWA propose de nouveau une formule qui plait au lecteur dans son univers ! Les personnages ressentent des émotions fortes avec des visages très expressifs. Les dialogues sont teintés d’humour dans un univers relevant du dark fantasy. Petit à petit, la vie au village paraît ainsi lointaine, pour laisser place à des affrontements contre des ennemis dont les identités sont parfois très étonnantes…

Des personnages attachants aux valeurs fraternelles : Dès le tome 1 de Tsugai, les personnages sont rapidement attachants, à cause des événements surprenants et des valeurs qu’ils défendent. L’histoire débute dans un village dont les liens entre les habitants paraissent forts. Les thèmes de la famille et de la fraternité sont aussi au premier plan. Le récit se concentre ainsi autour de la relation entre Yuru et Asa. Chaque décision prise tourne autour de cette relation familiale entre le frère et la sœur. La thématique de la famille est donc un des sujets les plus importants dans Tsugai.

Un cadre de narration surprenant et rempli de mystères : Le cadre de l’histoire est extrêmement soigné ! Le mot « tsugai » en japonais se traduit par « moitié ». Les noms de « Yuru » signifie « la nuit » et « Asa » signifie, par opposition « le matin ». Les jumeaux de l’histoire sont ainsi unis par leurs noms. Dans Tsugai, le décor se dévoile au cours de la lecture. Ce cadre d’action s’élargit ainsi par la découverte de potentiels mondes, avec des duos et des esprits liés. Vous l’aurez compris si vous êtes adepte d’univers fantastique rempli de rebondissements ou si vous êtes curieux de savoir dans quel monde se passe les aventures de Yuru et Asa… Ce manga va vous suivre tout au long de l’année 2024 !

Les choses à savoir : Le manga est en cours de publication en France aux éditions Kurokawa. Il compte 2 tomes en France, dont le prochain volume est prévu pour le 8 février 2024 et 5 tomes au Japon.

Du Mouvement de la Terre – UOTO – Ki-oon éditions

Le résumé : Dans l’Europe de la fin du Moyen Âge, la religion régit la société et le moindre faux pas mène à la torture et au bûcher. Les sciences, au service du dogme, servent à prouver la centralité de la Terre et des Hommes, créations ultimes de Dieu. Gare à qui remettrait cette idée en cause… 
 
Le jeune Rafal, fils adoptif du maître de son école, prépare des études de théologie, la matière de l’élite. Brillant et bourré d’ambition, il compte bien réussir dans la vie… Pourtant, les certitudes du petit prodige s’écroulent au contact d’un homme, Hubert, tout juste sorti de prison. Son crime a un nom : l’héliocentrisme. Sous ses airs de repenti, Hubert continue son étude des astres, et sa ferveur déteint sur l’étudiant… À ses côtés, le monde de Rafal bascule. Tout concorde, c’est bien la Terre qui tourne autour du Soleil, et non l’inverse ! Pour la première fois de sa vie, il entrevoit la vérité sur l’univers… et par là même, sa beauté ! Il n’y a plus de retour en arrière possible : l’astronomie sera sa voie, quitte à mettre sa vie dans la balance…

3 raisons de le lire :

Parce que l’Histoire des sciences c’est le bien, et en manga c’est encore mieux. Enseigné depuis quelques années en classe de première (en enseignement scientifique) le mouvement de la Terre est l’un des débats les plus marquants de l’Histoire des sciences, avec la rotondité de la Terre, l’existence de l’atome et quelques autres. Il intervient surtout dans un contexte de religion écrasante et dogmatique, celle de l’inquisition, qui ne voit pas du tout d’un bon œil que la Terre ne soit pas le centre de l’Univers, car cela à revient à nier l’œuvre de Dieu, qui a créé un Univers parfait pour y mettre la Terre en son centre et le paradis juste au-dessus, au milieu des étoiles. Ainsi a donc eu lieu, au 16e et 17e siècle, le combat entre le Géocentrisme, qui remonte à Ptolémée (au IIe siècle) et qui dit que la Terre est au centre de l’Univers et ne bouge pas… et l’Héliocentrisme, l’hypothèse qui veut que nous tournons autour du Soleil. Des scientifiques célèbres comme Copernic puis Galilée se sont heurtés à la Sainte Institution, et de nombreux autres sont passés par la torture ou ont fini sur le bûcher comme Bruno Giodarno, le père de la Cosmologie. Mais derrière tous ces grands noms s’en sont cachés des plus petits dont Du mouvement de la Terre nous raconte les destins passionnants, sur plusieurs décennies. Des personnages plus communs, inspirés par des grandes figures justement, que l’on les reconnait à travers leurs découvertes ou leurs tourments, mais tout ceci est magnifiquement réorchestré pour en faire un récit nouveau.

La quête de la vérité, la curiosité, l’audace sont donc quelques uns des ingrédients qui animent ces hommes et ces femmes , des passionnés anonymes, en quête de lumière dans un monde obscur, qui ont donné leur vie pour quelque chose de plus grand. Le manga raconte comment leur vie, en perte de sens, frustrante, va basculer lorsqu’ils vont se retrouver confronté à cet énigme et aux erreurs que contiennent le géocentrisme : les planètes font des aller-retours, sur des boucles improbables, alors que la forme parfaite, depuis les savants grecs, a toujours été le cercle. Comment Dieu, être parfait créant un univers parfait, a-t-il pu créer un monde au fonctionnement aussi erratique. Pire, le modèle géocentrique ne parvient plus systématiquement à coller aux observations du mouvement des étoiles, observations qui ne cessent de se perfectionner en cette fin de Moyen-âge.

Face à ce modèle qui s’effrite doucement mais surement, l’Eglise résiste. A l’époque il ne suffit de pas grand chose pour qu’une femme finisse sorcière… alors des hommes capables de mettre à mal une vérité millénaire, pensez-donc, ce sont les ennemis publics numéro 1 ! Face à une mort certaine, face à la torture inhumaine que l’on croise régulièrement dans le livre, le courage des protagonistes, leur foi en l’Héliocentrisme fait d’eux de grands personnages, alors que la foi aveugle dans les paroles de l’Eglise les avait enfermé dans une vie sans issue.

Le rythme haletant. La série, en 8 tomes, débute par l’histoire d’un jeune prodige qui va rapidement comprendre que ses recherches sur l’héliocentrisme doivent rester secrètes. Mais, sans surprise car ce n’est qu’un jeune homme face à la puissante inquisition, il échoue. Mais il laisse un héritage : des boites et documents que retrouveront d’autres hommes et femmes après lui. Ce graal, ils vont tous l’étoffer, le cacher, le transmettre, dans une course poursuite effrénée avec l’inquisition. Chaque rencontre avec cette milice ecclésiastique donnera des sueurs froides au lecteur, car la mort n’est jamais magnifiée dans ce titre : elle est froide, sanglante, et tout aussi effrayante que les arrachages d’oncles, les droits brisés ou les yeux brûlés à la bougie qui vous attendent si vous êtes capturés. Après avoir posé les bases de son récit avec un premier tome d’une grande force narrative et scénique, la seconde épopée, qui se déroule ensuite du tome 2 au 4, est haletante, et vous happe comme probablement jamais l’histoire des sciences n’a pu le faire !

Les choses à savoir : le manga compte 4 tomes en France – le 5e arrive début janvier – et se termine avec 8 au Japon. Et c’est Alex Ponthaut à la traduction (pas vieux dans le métier, déjà vu sur Léviathan et Gestalt), et il fait plutôt bien le job.

Le Clan des Poe – Moto HAGIO – Akata

Le résumé : 1744, quelque part en Angleterre… Edgar et Marybelle, enfants illégitimes d’un aristocrate, sont abandonnés au fond des bois… Ils sont alors recueillis par la mystérieuse Hannah Poe. Mais cette dernière, issue d’un clan nimbé de mystères, cache un secret… Quelques années plus tard, le jeune Edgar découvre ce dernier : le Clan des Poe dont fait partie sa « mère » adoptive est constitué de vampanella, des êtres immortels qui se nourrissent du sang des humains. Dès lors, les vie d’Edgar et de sa sœur seront bouleversées à jamais… Suivez à travers différentes époques le destin tortueux d’Edgar, vampanella bloqué dans son corps d’enfant.

3 raisons de le lire :

L’attente d’un nouveau Moto HAGIO. Ça faisait près de 10 ans que nous n’avions pas eu de nouveau manga de la célèbre et incontournable Moto HAGIO… 10 ans que les éditions Kazé avaient sorti Le Cœur de Thomas et 10 ans que le « Groupe de l’an 24 » ne faisait plus trop parler de lui. Et pourtant, après tout ce temps, ce fut Akata qui réalisa le rêve de nombreux fans de shôjo en inaugurant leur nouvelle collection Héritages avec le célèbre Clan des Poe.

L’univers… Nous, Français, qui ne connaissions que vaguement l’histoire, nous avons enfin pu feuilleter les pages et vivre les aventures des vampires, pardon des vampanella, Alan et Edgar, dans cette Europe fantasmée propre aux récit homo-érotiques des années 1970. On redécouvre dans cette œuvre toute l’esthétique des shôjo manga telle qu’elle a commencé à être pensée par les mangaka Moto HAGIO et ses consœurs avec les premiers bishônen aux grand yeux, aux cheveux ondulées et aux visages très androgynes. On retrouve aussi cette élite sociale, ces enfants richement vêtus et ce surnaturel typiques de l’époque. Ce premier tome fait retourner le lecteur dans le temps, lui permettant par la même occasion de voir de plus près les balbutiements du manga moderne, de ses codes qui ont été développés, décantés, appropriés et qui ont ensuite insufflé une nouvelle dynamique graphique à la BD japonaise.

Le côté patrimoine. Retrouver de tels mangas aujourd’hui relève de la passion tellement les goûts ont évolué et de telles initiatives ne peuvent qu’être saluées. Hâte de voir les autres titres qui seront proposés chez Héritage et peut-être chez d’autres éditeurs. Que l’on soit fan de shôjo ou non, il est indéniable que Le Clan des Poe a impacté toute la sphère manga (shônen, seinen et autre) ne laissera personne indifférent. C’est vraiment un classique incontournable à avoir dans sa bibliothèque.

Les choses à savoir : l’édition premium du manga compte 2 tomes au Japon et 1 en France, les autres informations et un extrait vous attendent sur le site d’Akata.

Hirayasumi – Keigo SHINZÔ – Le Lézard Noir

Le résumé:  Héritant d’une petite maison d’une vieille voisine, Hiroto Ikuta, un employé à mi-temps de 29 ans, accueille sa jeune cousine Natsumi afin qu’elle puisse commencer ses études d’art à Tokyo. L’un semble insouciant et nonchalant, tandis l’autre semble plus inquiète pour ses études et son avenir. Les deux vont apprendre à cohabiter ensemble et à sortir de leur zone de confort. 

3 raisons de le lire: 

Une tranche de vie signée Keigo SHINZÔ. Si vous aimez les tranches de vie, Keigo SHINZÔ est connu pour dépeindre la jeunesse japonaise, qui peuvent être  tantôt des adolescents comme  dans Mauvaise herbe ou encore des jeunes adultes qui cherchent à s’adapter à la société. Le mangaka montre une vision réaliste de la jeunesse japonaise : à la fois dure envers elle-même et perdue, mais qui grandit au fur et à mesure. 

Un manga feel good Hirayasumi propose ici une histoire paisible et agréable à lire, sans action à proprement parler, Imaginez-vous vous asseoir sur un banc dans un parc pour observer ce qui vous entoure… c’est le même effet que nous pouvons avoir en lisant cette série : des moments qui semblent banals mais si apaisants, comme la préparation et dégustation d’un bon repas, voir des amis d’enfance, ou encore une fête entre amis et famille. Le personnage principal, Hiroto Ikuta est toujours souriant et positif, alors qu’il peut être critiqué par son mode de vie, de par son héritage et parce qu’il est freeter  (employé à mi temps, sans emploi fixe). 

Un  récit sur le passage à l’âge adulte : les deux personnages principaux sont dans deux périodes de transition et nous pouvons facilement nous reconnaitre dans certains et laisser une note d’amertume : comment faire pour avancer à notre rythme, sans avoir peur du jugement de la société? Par exemple, Hiroto est trentenaire et semble avoir du mettre ses rêves de côté et du mal à passer du temps avec son ami d’enfance comme avant car celui-ci vient d’être parent et, malgré lui, n’a plus le même temps libre. D’un autre côté, Natsumi est préoccupée par son objectif de devenir mangaka, quitte à avoir du mal à s’organiser dans ses études.. et sans savoir si celui-ci se réalisera! 

Les choses à savoir : Le manga est en cours de publication en France aux éditions Le Lézard Noir. Il compte 3 tomes en France, dont le prochain volume est prévu pour le 24 janvier 2024 ainsi que 6 tomes au Japon.

Silence – Yoann VORNIÈRE – Kana

Le résumé : Le jeune Lame et son village sont coupés du reste du monde. Les monstres, qui les repèrent grâce au son et plus particulièrement à la voix, les ont contraints à communiquer par la langue des signes.
Mais dans un monde où règne une nuit permanente, les ressources viennent à manquer. Alors que Lame accompagne Gris le chasseur du village dans une expédition de ravitaillement à l’extérieur, ils sont attaqués car le jeune garçon rompt par inadvertance le silence. Lame, rongé par la culpabilité, va tout faire pour se racheter et va faire une découverte qui pourrait bien changer du tout au tout le destin du village…

3 raisons de le lire :

Pour son scénario innovant, tous les échanges des personnages se font en silence (du moins au début) grâce à la langue des signes. Seule manière de pouvoir survivre dans un monde contrôlé par les monstres où le soleil a disparu derrière les nuages. Postulat de départ qui nous immerge complètement dans l’histoire, tant la tension est omniprésente. Mais comment inscrire cette idée dans la narration tout en étant cohérent ? En découpant les phylactères de manière astucieuse (en pointillé lorsqu’il n’y a pas de bruit et en gras lorsqu’il y a un dialogue oral) et en jonglant habilement sur le positionnement des personnages. En effet, chaque personnage doit être en capacité de pouvoir visualiser les gestes de son interlocuteur, sans quoi le scénario n’aurait plus aucun sens. L’auteur nous a d’ailleurs confié lors d’une interview que sa plus grande difficulté avait été de retranscrire fidèlement la langue des signes pour ceux dont c’est la seule manière de communiquer. Pour ce faire, il adapte le mot le plus important dans la bulle et dessine le signe associé.

Pour son univers, en tant qu’auteur français, Yoann VORNIÈRE puise dans le riche folklore que comprend nos vertes contrées pour nourrir son scénario. De l’effroyable souris verte, en passant par l’ignominieuse petite souris ou encore l’ardent sanglier, vous ne verrez plus jamais vos contes et comptines d’enfants de la même manière.

Pour ses personnages, nous suivons une cohorte de personnalités hautes en couleurs. Lame, héros de notre histoire sort complètement du modèle du « shônen nekketsu ». Entre abnégation et générosité, il est prêt à tout pour sauver sa communauté, quitte à se sacrifier. Ocelle, protagoniste féminin, au fort tempérament, souhaite à tout prix pouvoir être utile aux siens et reconnue pour ses qualités de cartographe. Compliqué, lorsque nous sommes dans une société patriarcale où l’homme joue un rôle prépondérant. C’est d’ailleurs Gris qui occupe la lourde responsabilité d’approvisionner le village où de nombreux périls l’attend. D’autres avant lui en ont font fait les frais tels qu’un certain Carne. Enfin arrive le personnage le plus énigmatique et le plus déterminant dans le cadre de l’avancement de l’intrigue, Lune, ayant l’outrecuidance de se parer de clochettes dans un monde sans bruits. C’est elle qui va redonner espoir aux villageois. Mais cette lueur sera-elle celle qu’ils attendaient réellement ? 

Les choses à savoir : Le manga est en cours de publication aux Éditions Kana. Il compte actuellement 1 tome en France, dont le prochain volume est à paraître le 26 janvier 2024. Un premier arc en 4 tomes est prévu avec espérons le, une suite à la clé. Retrouvez le titre sur le store officiel de Kana avec pour l’achat du tome, un masque de sommeil et une gourde exclusive au 9ème Store offerts !

C’est ainsi que s’achève notre sélection, qui aurait pu encore continuer un moment tant le nombre de sympathiques nouveautés étaient importantes cette année… sans compter quelques belles ré-éditions.

Et vous, quels ont été vos nouveautés coup de cœur cette année, qui mériteraient de figurer dans cette liste ? Dites-le-nous en commentaire, on attend vos arguments !

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